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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 30 - Dérapages

Cendre et la Vallée Oubliée


- Ce n’est pas vrai ! Lucas est enterré vivant quelque part ! Où est-il ?


- Je n’en sais rien ! Mon voile de protection magique s’est dissipé et j’ai dû partir. Si vous saviez comme je m’en veux.


- Il doit bien y avoir un moyen de le retrouver. Avec ta magie, tu n’as pas prévu un antidote, ou un contre-sort ? Un truc de sorcière, quoi...

- J’ai juste prévu que le sort serait rompu dès que vous le retrouveriez... mais je ne savais pas que le Comte allait l’enterrer...

- C’est bien ma veine.


- Je suis désolée, Cendre...

- Pas tant que moi.


Elle s’était levée et avait fait les cent pas dans la pièce sous l’œil de Louise qui n’osait plus rien dire.

Cinq ans que Lucas était enterré quelque part, seul. Elle en aurait hurlé...


Il valait mieux que Louise arrive à retrouver Lucas car Cendre se jura à elle-même que si cela n’était pas le cas, elle tuerait le Comte de ses propres mains. Et tant pis pour la Vallée. De toute façon, elle avait de plus en plus envie de le tuer...


- Je vais convoquer ma milice. De ton côté, trouve une solution. Si ta magie peut permettre d’aller plus vite, il faut s’en servir. Ouvre tes bouquins, potasse, il doit forcément y avoir un sujet pour retrouver les personnes disparues.

- Je vais m’y mettre tout de suite.


Trois soldats de la milice personnelle de Cendre furent conviés dans la crypte afin qu’elle leur explique ce qu’elle attendait exactement d’eux : Diego Lobo, Olivia Kim-Lewis et Nina Rocca. Ils furent enchantés de connaître leur mission. Ils devraient fouiller les moindres recoins des catacombes résidentielles ainsi que celles de la milice straudienne puisqu’ils y avaient leurs entrées, et la forêt bien sûr. Tout cela afin de retrouver l’un des leurs qui avait disparu il y a cinq ans environ, probablement enterré vivant.


Bien sûr, la mission était top secrète et le Comte ne devrait rien savoir. Ils ne devraient rendre compte qu’à Cendre, et à personne d’autre, pas même à Francis Caron.

- Bien sûr, Maîtresse, avait entonné Olivia.

- Nous sommes fiers de pouvoir vous montrer notre valeur, avait rajouté Diego. C’est un coup de ce Blaise Williams, à tous les coups. Nous avons entendu parler de lui lors de notre formation avec Francis.


- Et bien, je n’en suis pas sûre, justement. C’est pour cette raison que je compte sur votre discrétion absolue. Vous creusez, vous reboucher ensuite. Vous m’avez comprise ?

- C’est très clair, Maîtresse. On va réunir les autres et leur en parler. Diego répartira les tâches. Il adore faire ce genre de trucs.

- C’est vrai. Je pense quadriller la Vallée et envoyer des groupes de trois par secteur. Nous irons plus vite.

- Je n’en attendais pas moins toi, Diego.


Cendre était restée seule dans la salle des combats après le départ de sa milice, encore plus secrète que celle de Vlad.

« Je savais qu’ils me seraient utiles un jour... J’espère juste qu’ils vont retrouver Lucas... »


Quelqu’un avait observé furtivement derrière la porte ce conciliabule inattendu et n’en avait pas perdu une miette.

Samuel aimait bien se tenir au courant de ce qui se passait dans la Vallée et il n’aimait pas être tenu à l’écart, surtout que cette fois, il y avait du croustillant !


Lorsqu’il avait vu sa mère congédier les vampires présents, il s’était empressé de se diriger vers le garde-manger. Il avait hâte de raconter à Isaure ce qu’il avait entendu. Et puis, lui aussi, avait soif.


Mais lorsqu’il passa la porte du vestibule, il trouva sa sœur, presque en train de pleurer, devant la cellule de numéro vingt-cinq.

- Je crois que j’ai tué Duane, avait-elle dit.


- Tu en es certaine ?

- Il s’est écroulé... J’avais très soif et puis, il est tombé par terre. Je ne l’ai pas fait exprès, je t’assure.


- Ça, je le sais. Mais Mère ne va pas être contente... Je vais la prévenir.

- Merci. Je ne savais plus du tout quoi faire...


Samuel avait retrouvé Cendre dans la salle de combat et l’avait informée que son garde-manger avait été réduit de moitié.

Il avait alors suivi sa mère qui s’était précipité auprès d’Isaure.

- Que s’est-il passé exactement ? avait demandé Cendre.


- J’avais tellement soif que j’ai presque sauté sur lui... Ma soif était plus forte que tout. Je te promets que je n’arrivais plus à la contrôler... Je ne voulais pas ça...


- Et puis, tout à coup, il est tombé par terre. Il m’a glissé entre les bras... Je crois qu’il est mort.


Pour avoir perdu le contrôle elle-même le jour elle avait transformé involontairement Dina en vampire, Cendre ne tint pas rigueur de cet incident à sa fille.

- Je vais aller vérifier cela. La Faucheuse s’est-elle pointée ?

- Non... je ne l’ai pas vue...


Lorsqu’elle entra dans la cellule, Cendre sut tout de suite qu’Isaure ne s’était pas trompée (et la Faucheuse était là). Samuel regarda sa sœur, envieux.

- Tu avais raison. Tu l’as tué. Qu’est-ce que j’aurais aimé être à ta place ! Quel effet ça fait ?

- Ne me parle plus... Surtout, ne me parle plus...


Samuel s’était écarté de sa sœur pour la laisser pleurer tandis que Cendre, effarée, voyait une partie de son garde-manger se vider... Il allait falloir repartir en chasse et elle avait bien d’autres choses en têtes pour le moment... ça ne pouvait pas tomber plus mal.


Son fils avait l’air aux anges et sa fille complètement désemparée. Alors qu’elle était en train de se dire que ce constat était déplorable, la Faucheuse choisit ce moment pour lui adresser la parole, alors qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant.

- Vous êtes une mine d’or, Cendre Valrose. Je n’ai jamais eu autant de boulot que chez vous.


Elle avait fait face à la créature qu’elle détestait encore plus que son ami Vlad.

- Tu vois, Faucheuse, si un jour j’en ai l’opportunité, je te supprimerai. Je ne sais pas encore comment, mais ça pourrait arriver.

- Vous avez le droit d’y croire, Cendre Valrose. Je sais bien que vous ne m’aimez pas mais je suis la Mort et on ne tue pas la Mort.


- Je ne t’aime pas ? Le mot est faible, Faucheuse. Sors d’ici, à présent.

- Je reviendrai, vous le savez autant que moi.

- Oh oui... je ne le sais que trop.


Lorsque la Faucheuse s’en alla, Cendre se retrouva seule dans la cellule de Duane Talla. Elle s’occuperait de son urne plus tard. Les enfants étaient partis et elle se dit qu’elle aimerait ne plus vois la voleuse d’âmes aussi souvent...

Mais en attendant, il fallait qu’elle retrouve Isaure. Isaure n’allait pas bien et c’était son devoir de mère de la rassurer.


Sa fille n’était pas loin. Elle s’était réfugiée dans la cuisine, assise comme une âme en peine, en train de s’apitoyer.

- Ce n’est pas de ta faute. Cela aurait pu arriver à n’importe qui.


A ses mots, Isaure s’emballa.

- Ah non ! Ça, ça m’étonnerait. C’est pas un truc qui arriverait à Monsieur Parfait, ça ! Il fait tout tellement bien.

Cendre en déduisit que ce Monsieur Parfait devait être Samuel et elle n’était pas tout à fait d’accord avec les propos de sa fille, mais elle la laissa s’exprimer car elle sentit qu’elle en avait besoin.


Elle se demanda cependant si Isaure ne faisait pas une petit crise d’ado, façon vampire. Et elle criait plus qu’elle ne parlait, d’ailleurs.

- Il est meilleur vampire que moi ! Moi, je n’aime pas tuer les humains, je déteste ça ! Et je n’aime pas me battre et boire du sang humain ! Mais pourquoi n’ai-je pas le droit de ne boire que du plasmafruit ?!

- Mais personne ne t’en empêche...


Cendre était consternée, et un peu décontenancée.

- Mais si ! Samuel dit que ce n’est pas bien ! Que les vampires ne sont pas des frugivores ! Il me saoule toutes les nuits pour que je devienne une bonne vampire et que je sois ton héritière ! Mais je m’en fiche royalement de tout ça !


Cendre avait envie de soulager sa fille chez qui elle ressentait un malaise profond.

- Et est-ce que tu crois que c’est à ton frère de décider pour toi ? Crois-tu que tu serais vraiment une mauvaise vampire parce que tu te nourris uniquement de plasmafruits et que tu n’aimes pas te battre ? Que crois-tu au fond de toi, Isaure ? Et que veux-tu ?

- Je ne veux plus boire sur les humains. Moi, ça me plairait bien d’être végétarienne.


- Et bien, sois végétarienne et fais fi de ton frère. Mais veille cependant à manger régulièrement pour ne pas en arriver à avoir une soif incontrôlable. Les plasmafruits ne sont pas aussi nourrissants que le plasma humain.

- Ça ne te dérangerait pas ?


- Mais non ! Et puis, cela évitera que tu détruises les réserves de mon garde-manger !

Cendre crut apercevoir une ébauche de sourire derrière la moue de sa fille. De toute évidence, elle avait réussi à la calmer et à la rassurer.


- Il faut que tu t’affirmes par rapport à ton frère, Isaure. Tu te sentiras peut-être mieux ensuite.

- Merci, Mamounette. Te parler m’a fait du bien. Tu devrais parler, toi aussi, de temps en temps.


Après sa conversation avec Isaure, Cendre éprouva le besoin d’aller se détendre un peu. Sa fille n’avait pas tort... Elle aussi devrait parler... Mais comment raconter à ses propres enfants ce qui la minait au plus profond de son être ? Cette souffrance incommensurable et infinie... Comment ?

Elle avait à peine entamé quelques notes sur l’orgue que Samuel arriva dans la chapelle.

- Puis-je te déranger, Mère ? J’ai une question à te poser.


- Bien sûr. Qu’y a-t-il ?

Comme à son habitude, Samuel ne s’embarrassa pas de préliminaires de courtoisie.

- J’ai surpris, bien malgré moi, ta conversation avec ces trois vampires dans la salle de combat... J’aimerais savoir s’il est possible de connaître le nom de la personne que tu recherches. Je pourrais peut-être t’aider.

- Rien que ça...


- Qui est-ce, Mère ? Et pourquoi est-ce important au point de retourner toute la Vallée sans que le Comte n’en sache rien ?


Effectivement, Samuel n’avait rien raté de son entretien avec les vampires de sa milice...

- C’est un vieil ami, une personne chère à mon cœur... Le Comte n’approuverait pas et je ne ne peux donc pas lui faire part de mes recherches.


- Je le croyais ton ami, pourtant. Vous poursuivez le même but, non ?

- C’était vrai, mais les choses ont changé. L’ami n’en est plus un et nous nous sommes trahis mutuellement.

- A cause de cette personne que tu recherches ?


- Non, pas à cause de lui. Je t’interdis de dire cela, tu m’entends ?

- Lui ? C’est un homme ? Le Duc Lestat de Riverview ? Il s’agit de lui ? Isaure m’a dit que tu avais un portrait de lui dans ta crypte.


Cendre resta un instant silencieuse, les yeux dans le vague. Ses enfants en savaient beaucoup trop et elle songea qu’il était peut-être temps de leur dévoiler la vérité.

Elle prit une profonde inspiration puis se leva.


- Oui, Samuel. Il s’agit bien du Duc de Riverview.

Samuel parut soudainement inquiet.

- Mère... Si le Comte apprend cela, tu seras en danger.

- Le Comte sait déjà tout. Et si tu veux aussi tout savoir, ce n’est pas moi qui suis en danger mais lui.


Le premier fils de Cendre ne put s’empêcher de sourire.

- Là, j’avoue que je suis en admiration. Il n’y a aucune peur dans tes yeux. Tu es définitivement très forte si tu as réussi à inverser la vapeur dans ton intérêt. Mais ça, je l’ai toujours su. Alors, tu mes racontes ?

- Ce n’est pas un jeu, Samuel...


- Je pense réunir très vite un conseil de famille pour vous expliquer la situation mais, avant cela, j’ai quelques petites choses à régler. Tu tiendras bien une petite semaine, n’est-ce pas ?

- Ça risque d’être long, mais je survivrai, oui Mère.


 

Isaure, qui avait planté des arbres à fruits de sang au fond du jardin, avait très sérieusement entrepris de se mettre au jardinage après la discussion qu’elle avait eu avec sa mère. Elle passait ses soirées, et une partie de ses nuits, à les bichonner, au grand dam de Samuel qui finit tout de même par se faire à l’idée que sa sœur ne boirait plus de plasma humain.


Cette semaine-là, Cendre avait été trouver ses plus fidèles amis pour leur parler de ses intentions au cas où Lucas ne serait pas retrouvé, des intentions masquées, qui avaient évolué, mais tant qu’elle n’était pas sûre, elle ne pouvait pas tout dévoiler.

Elle avait commencé par les Vatore dont elle ne doutait pas de la loyauté et dont elle était persuadée qu’ils rejoindraient ses rangs.

Elle avait été moyennement surprise de trouver chez eux le Vidame de Montsimpa car il semblait que, depuis quelques temps, Lilith et lui se voyaient souvent. Tant mieux, ce serait une visite de moins à faire.


Elle s’était ensuite rendue chez Bella, sa vielle amie, même si elles ne se rencontraient plus qu’épisodiquement depuis les combats qui eurent lieu dans les catacombes.


Elle avait longuement hésité avant d’aller chez Francis car elle n’ignorait pas que, même s’il avait toujours été son ami, celui-ci était avant tout le chef de la milice straudienne. Si elle se trompait sur son compte, elle perdrait gros.


Elle invita chez elle Salim, le dernier vivant de l’ancienne génération de ses géniteurs, le seul de la milice de Straud à ne pas avoir été envoûté par Louise. Il devrait faire son choix en son âme et conscience.


Puis elle était retournée voir Louise pour savoir si elle avait avancé dans sa quête de retrouver Lucas. Celle-ci était affligée, manquait cruellement de sommeil car elle travaillait jour et nuit à chercher une solution, mais elle avoua à Cendre qu’elle n’y était pas encore parvenue.


Cendre attendit une bonne semaine supplémentaire avant d’avoir des nouvelles de Francis mais celui-ci lui affirma, par talkie-walkie interposé, qu’il la suivrait. Il lui dit avoir hâte de connaître ses raisons profondes.

Samuel était enchanté car cela faisait maintenant deux semaines que sa mère lui avait annoncé qu’elle lui expliquerait tout dans un conseil de famille, mais il attendait encore...


Cendre convoqua, cette même-nuit, tous ceux qui avaient adhéré à sa première idée afin de leur exposer ce qu’elle comptait faire concrètement. Les enfants avaient été mis à l’écart de ce Conseil extraordinaire car elle était consciente que lorsqu’elle aurait dévoilé ses intentions véritables, la majorité du Conseil pourrait très bien se retourner contre elle.

Le conseil de famille se tiendrait donc plus tard.




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