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  • Photo du rédacteurNathalie986

G2/ Chapitre 12 : Dans les yeux d'une bambinette


Maman s’éteignit un beau jour d’automne. Elle avait vécu heureuse, entourée de sa famille, jusqu’à la fin, et avait pu profiter pleinement de la joie d’être grand-mère.


Elle avait même goûté au bonheur d’être draguée, alors que nous nous étions rendues, toutes les deux, à la foire de Finchwich, un samedi après-midi. Maman n’avait pas donné suite aux avances du charmant monsieur, mais elle m’avait avoué s’être sentie à nouveau belle et désirable, malgré tout.


Phoebe était une petite fille épanouie qui adorait courir partout dans la maison, ou dans le jardin. Elle y cueillait des fleurs qu’elle allait ensuite donner fièrement à sa mamie, pour qu’elle fasse de jolis bouquets pour décorer la maison.


Et Maman n’avait pas été avare de cadeaux. Nous lui devions le magnifique toboggan qui avait trouvé sa place sur notre terrain, et qui avait fait de notre fille, la plus heureuse fillette du quartier.


Phoebe n’avait pas été avare de câlins pour la remercier.


Maman lui avait également offert un jouet qu’elle avait tricoté spécialement pour elle. Elle l’avait emballé, à la manière des poupées russes, si bien que notre bambinette avait dû ouvrir plusieurs boîtes avant de trouver son cadeau. Elle avait trouvé ça très drôle.


La petite poupée de tricot, de sa Mamie, ne la quittait plus. Elle en avait fait son jouet préféré, et elle ne l’abandonnait que lorsque Maman lui proposait une partie de toboggan, ou qu’elle acceptait de jouer aux princesses, avec sa petite fille


Nous avions fêté mes quarante ans quelques jours avant de partir à Granite Falls.


Maman avait été très enthousiaste à l’idée de ces petites vacances en famille.


Phoebe avait beaucoup aimé son séjour à Granite Falls. Elle m’avait suivi partout, ramassant chaque bout de papier ou détritus qu’elle trouvait en chemin, pour les jeter dans la poubelle la plus proche. Mais ce qui l’intriguait le plus, c’était de me voir attraper des insectes.


Phoebe était une enfant qui s’intéressait sincèrement à tout ce qu’elle voyait, et qu’elle ne connaissait pas. Elle avait même trouvé le moyen de lier une amitié, avec un ours, ce que je n’aurais jamais fait, croyez-moi. Chaque jour à Granite Falls, avait été pour elle, une aventure.


Pendant que notre fille allait de découvertes en découvertes, à mes côtés, Louis avait retrouvé son passe-temps favori en pêchant, et Maman tricotait tranquillement au campement, après avoir fait sa marche quotidienne dans la forêt.


Nous nous retrouvions tous les soirs pour déguster le poisson du jour, fièrement ramené par mon mari, puis nous discutions quelques heures autour du feu de camp. Phoebe s’endormait très tôt, épuisée par ses journées à gambader, nous laissant entre adultes pour profiter de la sérénité de la nuit tombée.


Le lendemain, c’était reparti pour une nouvelle exploration. Phoebe était tombée sous le charme des feux-follets qu’elle avait trouvés « crô beaux ! ».


Elle m’avait encouragée à attraper un phasme qui avait bien failli m’échapper.


Et c’est aussi à Granite Falls, que ma fille eut la chance, alors que l’hiver n’avait pas encore pointé le bout de son nez, de voir sa première neige tomber. Je dois dire que j’étais secrètement fière qu’elle soit aussi enjouée face à toutes ces merveilles de la nature. Elles nous offraient tant de beauté.


Malheureusement, la neige à Granite Falls, j’avais déjà donné, et je savais que la situation pourrait devenir bien rude, pour une bambinette, et une personne de l’âge de Maman.


Nous étions donc tous mis d’accord pour lever le camp, et rentrer à Glimmerbrook.


 

Maman décéda peu de temps après notre retour. Nous l’enterrâmes auprès de Papa, et eûmes beaucoup de mal à faire notre deuil, mais aujourd’hui, nous y sommes parvenus.


Phoebe s’est remise à jouer de bon cœur, et à nettoyer tout ce qui se trouvait sur notre passage, lorsque nous partions en promenade.


Malgré tout, depuis le décès de Maman, nous avions observé, Louis et moi, que notre fille avait développé un caractère de cochon. Il pouvait lui arriver de piquer des colères pour peu de choses. Le médecin nous avait dit de lui laisser le temps. Alors, quand elle râlait, avec les larmes aux yeux, parce que le tas de feuilles que je faisais n’était pas assez grand, je lui faisais plaisir.


Et mon cœur de Maman était gonflé de joie et d’amour, d’avoir pu la faire sourire à nouveau.


Mais nous ne pouvions pas toujours accéder à ses caprices. Cette fois-là, elle avait eu une saute d’humeur, à se rouler par terre, car elle voulait absolument jouer avec la machine à fabriquer. Pour sa sécurité, Louis n’avait pu l’y autoriser, mais il avait trouvé une parade qui avait apaisé, et le père, et la fille. Louis lui avait montré, une par une, toutes les icônes dont il se servait pour fabriquer des meubles, ou des pièces écologiques.

Phoebe avait écouté, fascinée par les couleurs qui apparaissaient sur l’interface de la machine, puis elle lui avait donné un nom : Ecola. Parce que Louis lui avait beaucoup parlé d’écologie.

Je crois que Papa aurait été heureux d’entendre ça.


Après cet incident, nous n’avons plus jamais eu à combattre les fantaisies de notre fille, enfin... sauf celles inhérentes à son âge, bien sûr. Elle reprit goût à courir partout, même sous la pluie, à sauter dans les flaques, et s’éclabousser en riant. C’était tellement amusant pour elle, et tellement rassurant pour nous.


Je l’avais même surprise, à raconter des blagues à notre lama. La vie avait repris ses droits.


Un matin, de bonne heure, alors que je m’activais au jardin, Louis vint me chercher, complètement désopilé d’avoir trouvé l’interface d’Ecola, brisée.

En y regardant de plus près, il me sembla apercevoir un message, à peine lisible sur la vitre... « Je t’aime... ». Sûrement un vieux message de mon père à ma mère...


J’entrepris de réparer immédiatement la machine à fabriquer, qui comptait autant pour Louis, qu’elle avait, en son temps, compté pour mon père.


Nous n’avons jamais su ce qui avait pu provoquer ces dégâts. Heureusement, ils étaient facilement réparables. Cela restera sans doute un mystère...


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