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  • Photo du rédacteurNathalie986

G2/ Chapitre 7 : Un hiver rigoureux


Point de vue de Juliane


Nous étions arrivés dans notre nouvelle maison, située au cœur de la forêt de Glimmerbrook, en fin de journée. Les déménageurs avaient installé tous nos meubles, et nous avions entrepris de replanter, une à une, toutes les plantes de Papa. Nous étions si fatigués, que nous nous étions endormis, comme des loirs, après avoir rapidement dîné.


Papa s’était levé de bonne heure, afin de s’assurer que ses plantes se portaient bien et n’avaient pas trop souffert du déménagement.


- Alors ? Elles vont bien ?

- Elles sont en bonne santé. Je sens qu’elles vont se plaire ici, tout comme moi. J’aurais dû quitter Britechester, il y a bien longtemps.

J’étais heureuse d’entendre ça car moi, je me sentais déjà revivre.


Nouvelle maison, mais habitudes de vie, inchangées. Papa et moi, nous rendions souvent à Evergreen Harbor pour dénicher des matériaux à recycler. Papa faisait le guet pendant que je fouillais la benne, dans l’intention de me prévenir si quelqu’un arrivait. Il était hors de question quelqu’un vienne


Bien que je ne fus pas la seule à mettre le nez dans les poubelles, je n’aimais pas qu’on me remarquât le faire, mais il était toujours difficile d’éviter les autres. Ce coin de Port Promise était toujours très fréquenté.


Ce jour-là, nous avions encore fait de belles trouvailles, et Papa constata que je manipulais de mieux en mieux, la machine à recycler.


Papa, Maman et moi avions très vite adopté Glimmerbrook. Nous en avions fait le tour, pour découvrir notre environnement, et nous avions été séduits par ces arbres et ces montagnes à perte de vue.

J’étais plusieurs fois allée m’y promener pour y chercher les grenouilles qui seraient nécessaires à la compositions de mes futurs remèdes. Glimmerbrook était un hameau où il faisait bon vivre.


Papa avait eu la mauvaise surprise, en déballant sa machine à fabriquer, de découvrir qu’elle avait été abîmée dans le déménagement. Quelle tristesse pour lui qui ne cessait de fabriquer des meubles dont la plupart étaient entreposés dans un box de Britechester, en attendant qu’ils servent, un jour, à quelqu’un de la famille.


Ce soir-là, Maman et moi nous retrouvâmes donc seules dans le salon pendant que Papa passa la soirée à réparer son jouet.

Nous avions trouvé, mes parents et moi, une routine qui s’installait doucement, et qui leur plaisait beaucoup. Maman s’était mise au tricot, et ses créations s’amélioraient de jour en jour. Elle disait que cela la détendait.


Mes parents avaient également trouvé un moyen pour pallier le manque d’intimité que nous avions dans notre petite maison.


Ils s’éclipsaient dès qu’ils le pouvaient, et chaque fois qu’ils devinaient que j’allaient être occupée pendant un petit moment, comme cette fois où nous avions installé un des lavabos, déniché à Evergreen Harbor, et qu’il avait fallu réparer.


Je leur avais fait part de mon désir de partir quelques jours à Granite Falls pour essayer d’attraper des insectes, car je n’en avais pas suffisamment pour concocter mes remèdes.


Ils m’avaient dissuadé de le faire, car l’hiver s’annonçait rude ; alors, je m’en étais remise, plus ou moins, à leur avis, mais aujourd’hui, j’avais préparé ma tente et mon nécessaire de camping. J’avais prévu de le leur dire, lorsqu’ils reviendraient de leur escapade buissonnière. Ils seraient en pleine forme, et moins enclin à me déconseiller de partir.


Ils avaient plutôt bien pris la nouvelle, malgré une once d’inquiétude, et m’avaient conseillé d’être très prudente.

Ce matin-là, j’étais passée chez le coiffeur, car j’en avais assez de voir mes longs cheveux, ressortir dans un état pitoyable, chaque fois que je plongeais dans une benne.

J’avais ensuite recyclé quelques matériaux, pour que Papa ait de quoi s’occuper pendant mon absence, et je lui avais promis d’être de retour pour son anniversaire.


Puis j’avais filé à Granite Falls pour passer Noël avec les insectes.


La météo était loin d’être clémente, mais la nature m’offrit de merveilleuses surprises, au détour des sentiers enneigés.


Contre toute attente, je réussis même à attraper quelques insectes qui n’avaient pas encore hiberné.


Le jour suivant, je m’enfonçai un peu plus loin dans la forêt et, alors que je m’apprêtais à faire demi-tour, tant il faisait froid, j’aperçus l’entrée d’une grotte.


Je décidai d’aller m’abriter à l’intérieur, en espérant qu’elle ne soit pas habitée par un ours. J’en avais déjà aperçu un, rôder dans la forêt. A l’intérieur, il faisait bon, et mes extrémités commençaient à se réchauffer, alors j’en profiter pour aller explorer une des deux galeries qui se trouvaient dans la grotte. Je verrai bien où elle me mènerait.


Le chemin me conduisit jusqu’à un endroit complètement isolé, dont j’étais sûre qu’il n’apparaissait pas sur la carte de Granite Falls.

Une jeune femme m’accueillit, avec le sourire, en me disant qu’elle ne recevait pas beaucoup de visiteurs. Elle me proposa de partager sa table.


Nous sympathisâmes rapidement. Elle s’appelait Sophie, et vivait, dans ce lieu, comme une ermite afin d’être au plus près de la nature. Nous avions donc beaucoup de points communs.

Je lui racontai mon projet d’élaborer des remèdes à partir des herbes de la forêt, et elle me donna beaucoup de conseils, pour leur fabrication, en m’indiquant que la meilleure saison pour trouver toutes les plantes médicinales, était l’été.

Avant que je ne parte, elle me donna la recette d’un engrais naturel, et efficace pour la croissance des plantes. Elle me fit également promettre de revenir la voir.


Lorsque je sortis de la grotte, la tempête avait doublé d’intensité, dans la forêt de Granite Falls. Il faisait très froid, et le sol était gelé. Je l’appris, à mes dépends, en glissant sur une plaque de verglas.


Il faisait nuit noire, et je ne voyais pas où je mettais les pieds.


Je sortis alors de ma poche, le téléphone portable que j’avais eu la bonne idée de prendre avec moi. J’allumai la torche, et ouvrit l’application « boussole ».

J’arrivai péniblement au camping, en faisant de tous petits pas pour éviter de tomber, puis je me glissai dans mon sac de couchage, dans la ferme intention de repartir, dès le lendemain matin.


Lorsque j’arrivai à la maison, Papa était au jardin, et il avait l’air très content de me voir.

- Tu ne devais pas rentrer que demain ?

- Oh, j’ai eu un temps pourri... mais j’ai quand même rapporté quelques insectes.

- Tu vas nous montrer ça !


Nous fêtâmes son anniversaire le lendemain.


Ça me faisait tout bizarre de voir mon père avec quelques rides en plus, et des cheveux gris, mais c’était toujours lui.


L’hiver était la saison idéale pour faire des activités... hivernales. De toute façon, j’étais coincée à la maison, donc autant s’amuser.


C’était aussi l’occasion de mettre en pratique mes connaissances en herboristeries.


Et cet hiver-là, je réussis à concocter plusieurs remèdes, en n’oubliant pas les précieux conseils de Sophie, mon amie l’ermite.

Bien sûr, je n’avais pas encore tous les ingrédients nécessaires pour réaliser toutes les recettes médicinales que j’avais en tête, mais j’avais déjà fait un petit stock de ce qu’il m’avait été possible de faire.


J’en étais très heureuse car bientôt, je pourrais vendre mes produits.

Depuis que nous étions arrivés à Glimmerbrook, Papa ne travaillait plus, et Maman avait arrêté la vente de ces fleurs. Elle ne réalisait, à présent, ses beaux bouquets, que pour décorer la maison.

C’est vrai que, dans le coin, tout le monde avait son jardin, et ses propres récoltes. Il était donc temps que je puisse rapporter un peu d’argent dans notre foyer car, depuis notre emménagement, nous vivions sur nos réserves.


La Faucheuse emmena Coton, une nuit d’hiver pour le conduire au Paradis des lamas.


Il fut remplacé par autre lama, que nous avions appelé Toudoux. Nous croulions sous la laine de lama blanche, alors cette fois, nous avions choisi un lama beige.


Je reçus, une semaine de décembre, la visite de ma meilleure amie d’enfance, Aurélie Scott. J’étais vraiment très contente de la voir, et l’avais invitée à passer la journée avec nous. Elle aussi avait coupé ses cheveux longs.



Elle n’en revenait pas de mon choix de vouloir habiter au milieu d’une forêt. Elle, avait préféré s’expatrier dans la grande ville et elle s’était installée à San Myshuno, dans un appartement au douzième étage d’une tour. Elle était très heureuse.


L’hiver pouvait parfois être très rude, à Glimmerbrook, aussi rude qu’à Granite Falls.


Mais Papa, malgré son âge avancé, continuait de braver la météo, pour aller s’occuper de ses plantes.


Il ne s’éternisait pas, quand même... Il préférait nous rejoindre, au chaud, dans notre maison. Nous y passions d’agréables moments, tous les trois, à discuter, Maman au tricot, Papa devant la télé, et moi au point de croix. A force de rester coincée à l’intérieur, je dois reconnaître que je m’améliorais de plus en plus.



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