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  • Photo du rédacteurNathalie986

G2/ Chapitre 9 : l'épicier


Ce qui était bien, avec les commissions que j’apportais aux habitants d’Henford-on-Bagley, c’est que je rencontrais des personnes toutes plus intéressantes que les autres. Et ils appréciaient toujours mon aide.


Enfin, presque toujours... car parfois, je ne pouvais pas aller au bout de leurs attentes, notamment lorsqu’il s’agissait de goûter aux cocktails expérimentaux d’Axelle, la sœur d’Aurélie, qui avait repris le pub de sa mère. Mes parents m’avaient toujours appris à ne pas consommer dans les bars. Ils disaient que cela ne convenait pas à une vie saine.

Alors, je posais discrètement mes verres sur une table voisine et... tant pis pour la commission. Il y avait toujours quelqu’un, au pub, qui avait besoin d’aide.


Quelques jours plus tard, je rencontrai Louis... Quelle chance, pour moi, que l’épicerie ne cessât de changer d’employé !


Je n’arrivais pas à détacher mon regard de lui, et je devais faire des efforts surhumain pour me concentrer sur ce qu’il était en train de me dire.

- Ah oui... de la laine de lama beige... Bien sûr, nous en avons.


Très vite, cependant, nous finîmes par passer à d’autres sujets, bien plus personnels, cette fois. Nous discutâmes à bâtons rompus. Louis était musicien et adorait la musique sous toutes ses formes, sauf pour les tendances actuelles. Il jouait de la guitare sèche, et m’avoua, également être un peu paresseux, mais... surtout, il était amoureux de la nature !


Nous en parlâmes pendant des heures. Nous avions tellement de points communs, je n’en revenais pas moi-même.


A l’heure de la fermeture, le mari d’Axelle nous donna les clés pour que nous fermions derrière nous, puis il s’en alla.

Je ne vous raconterai pas cette fin de soirée, car elle pourrait paraître indécente, mais je crois, sincèrement, que Louis et moi nous étions trouvés.


J’étais follement amoureuse de lui, et l’amour me donnait des ailes. Rien à voir avec mon coup de cœur du lycée.


Faire les poubelles ? Il avait trouvé ça tellement rigolo et intelligent !


Recycler ? C’était une idée tellement belle. Pourquoi n’y avait-il pas songé avant ?


Louis aimait la nature, et ma façon de vivre le séduisait. Je n’arrêtais pas de penser à lui, et j’en vins à vendre mes remèdes, en chantant.

Papa m’observait, au loin. Je l’avais remarqué, et je pouvais imaginer le sourire sur son visage. Après tout, c’était une façon comme une autre, d’attirer le chaland.


A la fin de la journée, j’avais presque tout vendu. J’étais vraiment fière de moi, même si ma modeste participation aux fonds du foyer ne faisait que ralentir la chute de la trésorerie, et ne l’augmentait pas, loin de là.


Maman, elle, continuait à tricoter. Mais elle gardait toutes ses créations pour notre famille. Elle ne voulait pas les vendre. Place à la jeunesse, disait-elle, et elle avait raison.

- Tu as entendu, Victor ? Il me semble que Juliane chantait...

- Oui, elle a chanté toute la journée.


Lorsque j’allais me promener le soir dans mon quartier, je découvrais encore quelques endroits insoupçonnables et particulièrement romantiques. Mais peut-être ne les avais-je pas vu sous cet angle, lorsque je n’étais pas amoureuse. Là, je ne voyais que ça. Ce petit pont où Louis et moi pourrions nous tenir la main jusqu’au matin, en regardant les étoiles.


Malheureusement, il me fallait, souvent, revenir à des pensées plus terre à terre que mes égards amoureux. Il y avait, chez nous, un lama qui attendait d’être tondu, des abeilles, qui souhaitaient qu’on récolte leur miel pour qu’elles ne sentent pas en souffrance, et des plantes qu’il fallait entretenir pour ne pas qu’elles périclitent.


Mais mes pensées ne pouvaient s’empêcher de vagabonder vers Louis...


Peu importe ce que je faisais, je ne pouvais m’empêcher de penser à ces moments où nous nous retrouvions seuls, loin des autres, à ces beaux moments qui nous réunissaient et qui me faisaient l’aimer encore plus, chaque jour. Alors, je sifflotais joyeusement, en pensant à lui.


Notre amour avait l’air tellement parfait, que je n’arrivais pas à imaginer ma vie sans lui. J’en avais même oublié de préparer l’engrais magique de Sophie, alors que j’avais tous les ingrédients en ma possession.


Oui, je crois que Louis était l’homme de ma vie, et j’espérais de tout cœur, qu’il en soit de même pour lui.


Le jour de l’Amour, je lui avais proposé de venir prendre l’apéritif, à la maison, pour qu’il fasse la connaissance de mes parents. Il avait accepté, tout de suite.


J’étais un peu tendue, à l’idée de cette rencontre, et j’espérais que tout se passerait bien.


Papa, lui, n’avait pas l’air de s’en faire. Il était concentré, comme souvent, sur un nouveau projet de mobilier.


Le courant passa tout de suite entre mes parents et Louis.


Nous passâmes un si bon moment que mon père eut envie de prolonger l’instant, et proposa à mon chéri de rester dîner avec nous.


Lorsque je me rendis à la cuisine pour sortir la viande du frigo, Louis me suivit et m’offrit une rose pour le jour de l’Amour, une bien jolie rose.


Durant le repas, il complimenta Papa sur les meubles qu’il avait créés, et lui posa beaucoup de questions sur la machine à fabriquer. Papa ne se fit pas prier pour parler de son sujet préféré.


Lorsque nous eûmes fini de dîner, il prit Maman par la main, et l’emmena un peu plus loin.

- Laissons-les un peu seuls, et puis j’ai quelque chose à te donner.


Il offrit, lui aussi, une jolie rose, à Maman.

- Joyeuse fête de l’Amour, ma chérie.


Avant que Louis ne parte, je lui fis part de mon intention de retourner à Granite Falls dans les jours prochains.

- Et si je t’accompagnais ? Tu voudrais bien de moi ?


J’étais folle de joie, face à cette demande inattendue.

- Oh mais oui ! On va bien s’amuser, tu verras !


J’embrassai mon amour. J’étais tellement heureuse que l’idée de camper dans la nature, lui plaise.


- Tu sais que je suis dingue de toi.

- Et moi, je t’aime, Juliane.

- Moi aussi, je t’aime.


Après son départ, je me tournai vers Papa et Maman :

- Alors, qu’est-ce que vous en pensez ? leur demandai-je.


- Je ne sais pas, dit mon père en se tournant vers ma mère. Et toi, Karine, tu en penses quoi ?

- Je ne sais pas, et toi ?

Ils avaient, tous les deux le sourire aux lèvres. Je savais qu’ils l’adoraient.


Je me mis au lit, rapidement après le départ de Louis, mais j’entendais encore mes parents chuchoter, et parler de lui.

- Ce garçon est très gentil, et il a l’air d’avoir la tête sur les épaules.


- Et tu as vu comme il s’intéresse à mes fabrications ! Je pense que je lui montrerai comment s’en servir.


- J’ignore pourquoi, mais je sentais que tu allais me dire ça.

- En tous cas, on a passé un merveilleux jour de l’Amour. On prend un selfie pour immortaliser cette belle soirée ?


Papa et Maman étaient comme deux enfants. Ça me faisait plaisir de les voir toujours aussi amoureux, à leurs âges.


- Et si on allait faire un tour dans le buisson ?

- J’allais justement te le proposer !


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