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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 13 - Générations humaines

Cendre et la Vallée Oubliée


Fin 2034... Cendre avait déjà mis au monde cinq enfants dont les trois premiers, des filles, avaient rapidement dévoilé leurs natures humaines dès l’âge de trois ans, de tout petits êtres fragiles qu’elle ne souhaitait pas oublier et auxquels elle allait rendre visite chaque nuit. Ne pas les oublier... Surtout ne pas les oublier...


Sa première fille, Amandine, lui avait été donnée par Dirk Dreamer, une célébrité mondiale à l’égo surdimensionné. La deuxième, Hortense, était née en 2026, de sa folle nuit avec un certain Izzy Fabulous, un maigrichon soi-disant connu lui aussi (décidément !) mais dont elle n’avait jamais entendu parler, et pour cause, elle avait laissé son humanité depuis sept ans déjà, à l’époque. Folle nuit, disait-on donc et précipitations le jour de l’accouchement où Cendre n’eut même pas le temps de reprendre forme humaine.


Elle n’avait d’autre objectif qu’assurer sa descendance et elle voulait le faire vite. Pourtant, elle perdait chaque fois du temps car elle devait attendre trois ans pour savoir si sa progéniture deviendrait un vampire. Trois longues années perdues à chaque tentative... Et pourtant, elle y avait cru avec Akira Kibo, un sim lambda, sain de corps et d’esprit, et fort sympathique.


Une troisième petite fille était née de leur union, en 2030, une petite Violette qui s’avéra, elle aussi, être humaine lorsque ses trois ans furent atteints. Cendre commençait à se désoler de n’avoir pas encore eu de descendance et se navrait de devoir chaque fois se séparer de ses enfants.


Quelques mois après les trois ans de Violette, Cendre fit la connaissance de Jeb Harris, un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence et qui avait un sac en papier sur la tête. Il lui expliqua, que là d’où il venait, c’était chose courante lorsque quelqu’un faisait une mauvaise action. Il lui plut tout de suite, alors même qu’elle n’avait pas encore entrevu son visage. C’était un homme simple et bienveillant, bien qu’il se dégageât parfois de lui une certaine morosité.


Le jeune homme n’avait pas pris peur lorsqu’elle lui fit voir qui elle était, au contraire. Cela lui était égal de vivre dans une cellule tant qu’il n’avait plus de sac sur la tête. Il trouvait qu’il était bien traité et fut tout ému le jour où Cendre accoucha de leurs bébés !


Jeb lui avait donné deux bébés, des jumeaux qui braillaient de concert. Elle ne s’était pas du tout attendu à cela, une fille et un garçon. Son premier garçon... il serait peut-être sa chance, son petit vampire, puisque les filles n’avaient rien donné jusque-là.


Jessie avait émis le souhait de ne plus s’occuper des bébés de sa maîtresse car elle trouvait de plus en plus dur de les voir disparaître à l’âge de trois ans.

Cendre demanda alors sincèrement à Jeb s’il se sentait capable de s’occuper seul des jumeaux dans sa cellule. Jeb était aux anges. C’était la plus belle chose qui pouvait lui arriver et il accepta tout de suite.


Entre chacune de ses grossesses, Cendre reprenait les entraînements au combat avec Caleb car ceux-ci lui permettaient de se défouler et d’oublier qu’elle laissait ses enfants à la charge de quelqu’un d’autre. De plus, elle ne perdait pas de vue que son but, avant de devenir grande maîtresse vampire, était d’atteindre le rang de maîtresse vampire et elle voulait s’en donner les moyens. Elle n’avait que trop traîné jusque-là.


Parfois, elle perdait et parfois elle gagnait mais ce n’était pas suffisant car elle devait vaincre trois vampires au combat avant de devenir maîtresse vampire. Ces entraînements n’étaient plus suffisants et elle finissait pas se dire qu’elle n’atteindrait jamais son nouveau rang de vampire.


Avant qu’elle ne croise la route de Jeb Harris, elle fit appel au vidame de Montsimpa. Car elle le savait fort et puissant et, surtout, elle soupçonnait Caleb de la laisser parfois gagner. Le Vidame ne semblait pourtant pas partager son avis.

- Nous allons vérifier tout de suite si vos soupçons sont fondés, Cendre, mais je ne pense pas que Monsieur Vatore vous fasse de cadeaux. C’est quelqu’un d’intègre.


- C’est justement ce dont je veux être sûre. Ne soyez pas tendre avec moi. Je veux un vrai combat.

- Je ne compte pas l’être. Préparez-vous, jeune fille.


Ils s’étaient alors élancés l’un contre l’autre et la puissance du vidame était telle qu’elle sentit immédiatement qu’elle n’aurait pas le dessus. Caleb s’était donc joué d’elle. Elle en était intimement convaincue.


Le vidame la rassura.

- Monsieur Vatore est bien loin d’avoir tous les pouvoirs que je possède, ni les vôtres, mon amie. C’est pour cela que vous réussissez à le vaincre, pas parce qu’il vous laisse gagner. Cessez donc de le croire votre ennemi et ne vous en faites pas, je sens que votre puissance est en train de croître.


- Merci de vos paroles, Timothée. Grâce à vous, je garde espoir.

- Ce ne sont pas de simples paroles. Laissez-moi vous entraîner et vous verrez.


Puis Cendre avait rencontré Jeb Harris près du pont et il n’avait plus été question de combat pendant neuf mois et même plus...


Cendre trouvait qu’elle tardait à mettre au monde ses petits vampires et, alors qu’elle avait regarni son garde-manger depuis plusieurs années, après le décès de Dirk, et que numéro onze était toujours là, ce fut numéro quinze qui lui suggéra une nouvelle approche de sa descendance.


Numéro quinze, alias Catarina Lynx, conseilla à Cendre de se servir du seul homme qui se trouvait dans ses cellules.


Cendre fut d’abord surprise mais elle comprit vite que numéro quinze lui servait ses conseils en espérant avoir ses grâces.

- Tu penses donc que je devrais utiliser numéro quatorze comme géniteur ? Et pourquoi ça ?


- Pour éviter de perdre du temps. Vos bébés naissent et, chaque fois vous attendez plusieurs années, trois ans je crois, avant d’être enceinte à nouveau. J’avoue que je ne sais pas quelles sont vos raisons mais pourquoi patienter tant de temps alors que vous pourriez mettre en route une nouvelle grossesse tout en attendant les trois ans de la précédente ?


- C’est une idée très intéressante, numéro quinze.

- Me feriez-vous une faveur pour ce conseil ?

- Et quelle faveur, dis-moi ?

- J’aimerais devenir votre servante, comme Jessie.


- J’ai bien peur que ce ne soit impossible. Je n’ai pas besoin de deux servantes et Jessie compte trop à mes yeux pour que j’envisage de m’en séparer. Quant à toi, il me serait difficile de prendre à mon service une personne capable d’aussi peu d’égards envers ses compagnons d’infortune...


Cendre se débarrassa alors de numéro quinze, dont elle jugeait le comportement intolérable et se dirigea vers la cellule voisine, celle de numéro quatorze. L’homme, qui frisait la quarantaine, semblait blasé. Il s’attendait à servir de repas à la belle vampire une fois encore. Mais cette fois-là fut différente :

- Dis-moi, quel est ton nom, déjà ?


Il la regarda, un instant étonné, avant de lui répondre :

- Je m’appelle Salim Benali, Madame.


- Salim... C’est un très joli prénom. Quelle est son origine ?

- C’est un prénom marocain qui vient de l’adjectif « salim » qui veut dire « sûr » en arabe.


Elle l’avait alors invité à s’asseoir à ses côtés.

- Salim, que dirais-tu de rejoindre mes géniteurs ? Tu n’es pas sans savoir que mes prisonniers géniteurs sont mieux traités que ceux qui résident dans mon garde-manger, n’est-ce pas ?


L’homme s’était alors levé, retrouvant dynamisme et espoir.

- Bien sûr. Nous savons tous ici que vous voulez une descendance et que vos géniteurs repartent vivants avec leur enfant quand il a atteint ses trois ans.


Cendre était estomaquée. Il avait dû mal comprendre, c’est certain. Le bouche à oreille dans les cellules ne semblait pas être au point ou alors... Jessie... Il faudrait qu’elle lui parle.


En tous cas, elle ne détrompa pas l’homme et ils convinrent tous les deux qu’il serait son nouveau géniteur. Puis elle se retira et le laissa se reposer jusqu’au lendemain.


Salim était aux anges. Finie cette vie de misère et finies les ponctions inopinées de plasma ! Il deviendrait un géniteur et sa vie allait être bien différente. Il n’aurait qu’à s’occuper de son fils et, dans trois ans, il quitterait les lieux avec lui. Après tout, il avait toujours voulu un fils même s’il n’avait jamais trouvé la femme idéale pour le lui donner. Et Madame Valrose était, il faut bien le reconnaître, une superbe femme.


Cendre avait décidé qu’elle n’userait pas de ses charmes vampiriques avec Salim car celui-ci était consentant et elle désirait qu’il le restât.

Elle avait alors convié Jessie à se joindre à eux en tant que mixologue de service et celle-ci, pour l’occasion avait revêtu son ancienne tenue de travail.

Quitte à se reproduire, Cendre avait décidé de passer une bonne soirée.


Salim était heureux. Il sentait que sa soirée avec la belle vampire s’annonçait sulfureuse, à commencer par sa belle robe rouge et ce délicieux verre de Chablis qu’elle lui proposa. Sa vie allait changer, c’était certain.


La belle dame avait fini par congédier Jessie et ils s’étaient retrouvés seuls à discuter d’art et de créativité. Cendre Valrose était peintre et cela lui plaisait beaucoup.

Cendre, quant à elle, appréciait de pouvoir parler peinture et littérature avec un homme aussi cultivé que Salim. Elle imaginait déjà un futur petit vampire ayant les mêmes passions qu’elle.


Elle le laissa donc faire lorsqu’il s’enhardit à poser sa main sur la sienne. L’homme s’y connaissait manifestement en matière de séduction.


Il s’était alors levé, toujours en lui tenant les mains et Cendre sut qu’elle aboutirait au résultat qu’elle attendait de lui, en ayant cerise sur le gâteau, passé une soirée des plus agréables.


Elle ne fut pas déçue car la suite de la soirée fut au-delà de ses attentes.


Malheureusement pour Salim, après avoir satisfait la dame à plusieurs reprises, il fut tout de même reconduit dans sa cellule. Il ne comprenait pas... Il avait pourtant fait ce qu’il fallait... Mais il dut finalement reconnaître qu’il avait certainement manqué de jugement et qu’il finirait comme nourriture malgré tout.


Les intentions de Cendre étaient pourtant toutes autres. En deux jours, elle fit construire, avec l’aide de son maître d’œuvre et des ouvriers des catacombes, la nouvelle et deuxième cellule pour géniteur et y déménagea Jeb et les jumeaux.


Jeb fut égal à lui-même sur les changements qui s’opéraient dans sa vie et dans celle de ses enfants mais il exprima que la nouvelle cellule était parfaite même si elle se trouvait être plus petite que la précédente. Son enthousiasme n’avait aucune faille. Seul le bien-être des bébés comptait pour lui et Cendre le remerciait chaque fois, intérieurement, de lui faciliter les choses à ce point-là.


Salim rejoignit donc ses nouveaux quartiers lorsqu’elle se fut assurée (au bout de cinq mois) qu’une grossesse était en route, et Salim avait du mal à dissimuler sa joie, tant il semblait satisfait de changer de statut.

- Je pensais que vous m’aviez oublié... Et pourtant, vous ne buviez plus mon sang... Alors j’espérais tout de même.

- Tu as bien fait. Je n’ai pas pour habitude d’édulcorer la situation de mes prisonniers.

- Merci pour votre honnêteté, Madame Valrose.

- Tu sais donc que tu resteras dans cette cellule au moins jusqu’à la naissance du bébé.

- Oui Madame, je le sais.


Ces cinq mois avaient été très prenants. Le Comte, les Vatore, Francis et Bella venaient souvent lui rendre visite alors qu’elle-même ne sortait plus de la chapelle et de sa crypte, hormis pour se rendre de l’autre côté de la place et parler à Lucas. Les visites qui la comblaient le plus étaient celles de Bella. Bella, qui avait retrouvé le sourire et dont la morosité ne s’affichait plus sur le visage. Bella semblait tellement heureuse que Cendre ne pouvait qu’être heureuse, elle aussi. Et chaque fois que son amie lui racontait une des aventures palpitantes de sa vie, Cendre se voyait fondre comme un vampire au soleil.


Au début de sa grossesse, alors qu’elle le pouvait encore, elle poursuivit ses entraînements avec le Vidame de Montsimpa mais au bout de quatre mois, il lui fallut arrêter et Cendre reprit sérieusement ses cours de mixologie auprès de Jessie, près de laquelle elle progressait un peu plus à chaque leçon. Un jour, elle en profita pour lui posait la question qui la taraudait depuis son premier entretien avec Salim.

- Dis-moi, serait-ce toi qui fait courir le bruit que mes géniteurs repartent vivants de chez moi avec leur enfant ?

- Oui, dit-elle simplement.


- J’ai pensé que ce serait bien de leur donner un peu d’espoir. C’est quand même mieux que de leur dire ce qui arrive réellement à ces bambins et à leurs pères, non ?

- Ton idée n’est pas mauvaise, c’est certain mais, à l’avenir, j’aimerais que tu me consultes avant d’inventer ce genre de choses.


- Je vous le promets, Madame ! Il se trouve que j’ai été prise au dépourvu avec leurs questions. Il m’a fallu improviser.

- La prochaine fois que tu te retrouves dans ce genre de situation, dis que tu ne sais pas. Ce sera plus simple.


Cette année-là, trois mois avant les trois ans des jumeaux et après ses nombreuses incursions en la demeure de Cendre, le Comte débarqua un soir, exigeant de rencontrer ses bébés. Il était persuadé que l’un des deux serait immanquablement un vampire et il tenait à le rencontrer.

- Le mâle... Il va être le premier de votre descendance, j’en ai la certitude, ma chère. Ce sera un bon petit vampire.


- C’est pour cette raison que vous avez tenu à les voir ? Pour vous assurer que l’un d’eux serait un vampire ? Parce que depuis la naissance de ma première née, je ne vous ai pas beaucoup vu par ici...

- Vous avez déjà échoué trois fois ma chère mais là, je garde espoir car ils sont deux mais aussi parce que je constate que vous n’abandonnez pas. Preuve en est que vous êtes enceinte à nouveau.


Jeb s’était retiré derrière l’espace sanitaire car le Comte l’impressionnait beaucoup trop mais, l’air de rien, il suivait de près la conversation tendue qui concernait ses enfants.

- Bien sûr que je n’abandonne pas. Ma descendance est ma priorité. Ne me dites pas que vous en doutiez ?


- Non, évidemment. Mais tous les humains auxquels vous avez donné naissance ne présagent rien de bon. Et les présages, chez les vampires, sont légion. Alors, je voulais m’assurer que vous ne baissiez pas les bras.

- Je ne les baisse pas. J’aurai ma descendance. Renseignez-vous auprès de vos ouailles. J’ai fait construire de nouvelles pièces au deuxième sous-sol pour accueillir mes six petits vampires.


- J’ai visité votre deuxième sous-sol. J’ai vu aussi que vous aviez prévu un salon dans la crypte. C’est une idée fort sympathique.

- Je vous remercie. J’envisage cet endroit comme le lieu où nous nous réunirons, mes descendants et moi. Mais il n’est pas encore meublé.


- C’est parfait. En attendant, allez dans votre garde-manger. Avec le départ de votre numéro quatorze, j’ai pensé qu’il serait bienvenu pour vous d’avoir votre nouveau numéro dix-huit. J’espère que votre repas vous plaira.


Numéro dix-huit venait d’entrer dans les cellules de Cendre. Elle s’appelait Moira Fyres et ne semblait pas en pleine santé. Vladi n’avait pas forcément fait le bon choix en lui ramenant cette femme fragile et elle décida de la laisser en paix pour le moment.


Trois mois plus tard, Caleb, Jessie et Jeb étaient réunis autour de Cendre pour le grand jour, les trois ans des jumeaux.

Tous espéraient qu’au moins l’un des deux devienne un vampire, et Caleb se voulut rassurant :

- Ne t’en fais pas, ça va aller.


Le moment de vérité... Samuel et Isaure allaient grandir... Elle les regarda dormir paisiblement, loin des doutes qui la submergeaient, elle, leur mère... Dans un instant, ils allaient se réveiller et devenir de petits bambins... Il fallait qu’au moins un des deux soit un vampire, il le fallait... Cendre retint son souffle.





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