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Chapitre 18 - Consentement et maîtrise

Cendre et la Vallée Oubliée


La journée avait été longue. Cendre n’avait pas dormi et, après avoir couché les enfants, elle décida de discuter sérieusement avec Jessie. Cette dernière savait déjà que Cendre avait refusé la demande de Caleb la concernant et elle s’en trouvait affligée, bien qu’elle comprit qu’il était impensable de modifier les coutumes ancestrales de toute une communauté.

- Jessie, j’ai besoin de savoir si tu l’aimes vraiment ou si c’est juste un béguin passager.


Le regard pétillant de sa servante et l’enthousiasme dont elle faisait montre en parlant de Caleb, suffirent à Cendre pour se rendre à l’évidence que leur histoire n’était pas une lubie passagère. Jessie avait tout autant envie de se marier que son amoureux.


- Tu m’as convaincue, Jessie alors je me dois d’être honnête avec toi et te dire qu’il existe un moyen de rendre ce mariage possible. Seulement, c’est une solution qui risque de ne pas te plaire.

- Je suis prête à tout entendre, Madame Valrose, si cela peut me permettre de devenir l’épouse de Caleb.


- Il faudrait que tu deviennes toi-même un vampire. Je suis désolée, je ne vois que ça.


Jessie n’hésita pas une seconde.

- Si c’est la seule possibilité pour que Caleb puisse m’épouser, alors je veux devenir un vampire.

- Il va falloir que tu en parles avec lui dans ce cas, car d’après sa sœur, il est contre cette idée. Si tu te maries, Jessie, sache que tu me manqueras...


- Madame... me marier ne veut pas dire ne plus être à votre service. J’aime beaucoup trop mon travail et j’adore les enfants. Et puis comment feriez-vous pour vos leçons de mixologie ? Il vous reste encore beaucoup de choses à apprendre.


- Tes propos me touchent énormément mais comment envisages-tu les choses ?

- C’est simple : je prendrai mon service juste avant le lever du jour et je le quitterai à la nuit tombée ou lorsque les enfants seront couchés ; ce sera selon vos exigences. Et je passerai mes nuits auprès de mon mari. Après tout, les vampires vivent aussi la nuit, non ?


- Je serais honorée de te garder à mon service. La crypte ne serait plus la même sans toi.

- Merci Madame.

- Dis-moi, tu as l’air d’avoir pensé à tout. Tu avais donc pensé à une transformation ?


- Non mais si vous prenez les vies d’un humain et celles d’un vampire, elles sont différentes. Alors, j’avais pensé que pendant que Caleb dormirait, je pourrais venir ici m’occuper des enfants. Nos vies sont complémentaires.


 

Quelques jours plus tard, numéro dix-huit mourut de vieilles sans avoir l’occasion de toucher au dernier repas que Jessie lui avait apporté.


Malgré un état de santé très fragile à son arrivée dans le garde-manger, Moïra Fyres avait quand même tenu quatre ans avant de s’en aller. Elle rejoignit les seize autres tombes dans le cimetière de la chapelle et Cendre lui rendit un hommage silencieux mais sincère en compagnie de sa loyale servante.

- Ce n’est pas juste ! Elle ne méritait pas cela.

- Jessie... Franchement... Elle est morte de vieillesse ! Je ne l’ai pas achevée, que je sache. Je me demande si un jour tu cesseras de pleurer sur les tombes de mon cimetière.


Heureusement, la peine de Jessie ne durait jamais bien longtemps et elle était, de toute façon, bien trop occupée en ce moment avec son histoire de cœur.

- Au fait, Madame, Caleb viendra la nuit prochaine. Il souhaite vous entretenir. J’aimerais que vous acceptiez ma présence, si c’est possible.

- Bien sûr que c’est possible, mais tu ne diras pas un mot.


Caleb se présenta comme prévu à la chapelle la nuit suivante. Il exposa à Cendre son amour pour Jessie (qui trépignait d’impatience quant à la réponse de sa maîtresse) et lui affirma qu’il était d’accord pour que celle-ci soit transformée.

- Tu es d’accord ? C’est certain ? Elle ne sera plus la même lorsqu’elle aura perdu son humanité, tu en es conscient ?


- Elle restera la même, avec un côté vampire exacerbé cependant. Son caractère ne changera pas. C’est exactement ce qui s’est passé pour toi.

- Tu délires, mon cher.


Caleb ne poursuivit pas plus longtemps sur ce sujet qu’il sentit très délicat pour Cendre.

- Je veux passer l’éternité auprès d’elle, je veux que Jessie soit ma femme. Si je donne mon accord pour qu’elle soit transformée, me donneras-tu le tien ?


- Oui. Je vous donne mon consentement mais à deux conditions non négociables : un, c’est moi qui transformerai Jessie ; deux, Jessie restera à mon service. Cela te convient-il, Caleb ?

Jessie qui, conformément à la demande de Madame, n’avait pas ouvert la bouche de toute la conversation, émit un petit hoquet de contentement.


- Si cela me convient ? Bien sûr ! Je n’ai pas les mots mais je te remercie de tout mon cœur d’immortel.

- Parfait. Alors je vous laisse trente minutes puis je reviens pour transformer Jessie. Ce sera oui ou non. Mais ensuite, nous ne pourrons plus revenir en arrière. Réfléchissez bien tous les deux.


Lorsqu’elle revint au salon trente minutes plus tard, Cendre put constater à quel point elle ne s’était pas trompée en autorisant le mariage de Caleb et Jessie. Ces deux-là avaient l’air d’être des complices de toujours et, en les observant, elle se remémora combien, elle aussi, avait pu être heureuse auprès de Lucas.


Le moment était venu de transformer sa fidèle servante humaine en loyal sujet vampire.

Cendre et Caleb avait « revêtu » leurs formes sombres pour l’occasion, et Jessie souriait. Elle était confiante et Cendre aussi.

Cendre avait alors entrepris de planter ses canines dans la nuque de Jessie, sous le regard attendri et fier de Caleb qui semblait empressé de voir sa charmante promise passer l’éternité auprès de lui.


Puis il ne regarda plus. Il savait qu’une fois qu’elle aurait goûté au sang de sa maîtresse, la transformation serait irréversible.


Cendre regarda sa servante boire à son poignet. Avec ce geste, elle montrait à quel point elle lui était dévouée, ce, sans contrainte de sa part. Après tant d’années, Jessie lui était sincèrement fidèle de son plein gré.


Caleb avait ensuite porté sa Jessie affaiblie jusqu’à sa chambre et l’avait aidée à s’allonger, puis il était retourné voir Cendre.

- Merci pour ce que tu as fait. Tu as permis notre mariage.

- Je t’en prie. Mais sache que Jessie restera avec moi jusqu’à sa transformation et à votre mariage. Ensuite, ce sera à toi de te charger d’elle et de veiller à son éducation vampirique.


Caleb avait approuvé puis avait pris congé sans omettre de remercier une énième fois son amie.


 

Deux nuits plus tard, Cendre s’introduisit dans la cellule de numéro onze alors qu’elle venait de s’attabler pour dîner. La prisonnière sentit tout de suite que quelque chose clochait chez la Dame vampire.

- Vous êtes vraiment bizarre, ce soir, Madame... Quelque chose ne va pas ?


- J’ai soif !

Cendre avait un peu trop attendu avant de se nourrir et sa soif devenait intenable. Elle scrutait la nuque de Dina avec envie et entendait son cœur battre à tout rompre... Tout cet afflux de plasma la rendait folle.

- Madame... vous êtes sûre ?


Elle se rua sur sa proie et commença à boire goulument. Elle sentit qu’elle devait s’arrêter mais sa soif était la plus forte.


Elle ne contrôlait plus rien et vida presque la pauvre victime de la totalité de son sang. Seul le plaisir qu’elle en retirait, compta. Tant pis pour numéro onze. Elle s’en remettrait, comme d’habitude. Cette femme était incroyablement résistante.


Lorsqu’elle eut fini, elle observa sa prisonnière. Celle-ci tenait encore debout ainsi qu’elle l’avait imaginé, bien qu’un petit moins que d’ordinaire. Bref, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle rendrait l’âme.

Cependant, il se passa deux choses complètement inattendues...


En buvant ainsi, de façon tout à fait incontrôlée et irraisonnée, Cendre avait, cette nuit-là transformé, bien malgré elle, Dina Caliente en vampire mais cette nuit-là, elle devint aussi maîtresse vampire !

Elle dut faire appel de toute urgence à son ami Francis pour qu’il accompagnât Dina dans les catacombes et se charge de sa formation.

- Le Comte va être ravi. Puis-je lui annoncer ton nouveau rang ou comptes-tu le lui dire toi-même ?

- Ne te gêne pas. Annonce-lui la bonne nouvelle.


Cendre n’appréhendait pas son nouveau rang comme une bonne nouvelle, bien que ce soit le premier pas vers son avènement au titre de Grande Maîtresse Vampire.

Elle passa le reste de la nuit, seule dans sa crypte à réfléchir et exigea qu’on ne la dérangeât point.


Plus le temps passait et plus elle se rapprochait de ce moment où elle devrait devenir l’épouse de Vladislaus Straud, le quatrième du nom, pour permettre à la Vallée Oubliée de rouvrir ses portes.

Et même alors qu’elle devenait de plus en plus puissante et adulée par toute la communauté vampire, cette idée l’angoissait au plus haut point. Elle avait pourtant tout fait pour retarder l’instant où elle atteindrait son nouveau rang mais cette soif insupportable avait eu raison de ses efforts...


Le lendemain, elle alla discuter avec sa fidèle servante qui était devenue, après toutes ces années, une fidèle amie à qui elle confiait beaucoup de choses. Et, bien que Jessie pâtit d’immenses douleurs d’estomac à la suite de sa morsure, elle tendit vers sa maîtresse une oreille compatissante et bienveillante.


- Vous savez, Madame Valrose, je pense que le Comte n’est pas un homme pour vous. Ce que je vous souhaite est de connaître un amour aussi beau que celui que je vis avec Caleb. Votre vie n’est pas drôle. Tous ces géniteurs ne vous apportent rien sentimentalement parlant. Et après ça, vous voudriez encore épouser le Comte ?

- Jessie, si je ne l’épouse pas, les frontières de la Vallée Oubliée resteront fermées à jamais.


- Il doit y avoir une autre solution ! Je ne peux pas croire que vous passerez votre éternité auprès de lui. Vous ne l’aimez pas. Il ferait votre malheur, Madame.

- Je n’ai pas le choix, tu le sais. Et puis, Vladislaus n’est pas aussi horrible qu’on le dit, après tout. C’est un vampire cultivé et intéressant. Et c’est mon ami.


Cendre s’éclipsa ensuite pour profiter de ses enfants. Ils grandissaient à vue d’œil et elle ne désirait manquer aucune miette de leurs progrès. Les jumeaux auraient bientôt sept ans... Le temps semblait ne jamais vouloir s’arrêter. Alors, chaque instant auprès d’eux était précieux.


 

Le mois suivant, Cendre avait réuni tout le monde pour fêter l’anniversaire des jumeaux.


Samuel fut le premier, en sa qualité d’aîné de quelques minutes, à souffler les bougies...


...suivi de très près par sa sœur Isaure.


Les jumeaux avaient donc bien grandi et portaient, selon leur mère, leurs sept années à merveille.

Ils ne pouvaient toujours pas se passer l’un de l’autre et, comme lorsqu’ils étaient bambins, Samuel rejoignait toujours sa sœur Isaure dans sa chambre.


Il était toujours aussi dynamique, et elle était toujours aussi calme mais tous les deux n’étaient bien que lorsqu’ils étaient ensemble.

- Tu viendras voir mon dessin lorsque je l’aurai fini ?

- Evidemment ! Est-ce que tu as vu comment je maîtrise le ballon ?

- C’est toi le meilleur, Sam ! Bien sûr que j’ai vu !


Et quand ils ne s’affairaient pas à leurs occupations préférées, les deux, à la manière de complices, refaisaient le monde vampire, et ils s’en donnaient à cœur joie !


Cependant, ils n’étaient que des enfants qui n’oubliaient jamais leur petite sœur Blanche et adoraient jouer avec elle ou lui faire des câlins, ce qui ravissait la petite dernière.


De son côté, Jessie avait abandonné l’idée de faire cours aux enfants dans le coin salon et avait demandé à Cendre la permission d’ouvrir une salle de classe. Elle y enseignait les matières rudimentaires comme les mathématiques, les sciences et la littérature mais aussi l’histoire et la géographie de la Vallée Oubliée.


Cendre s’était réservé les cours de « coutumes vampiriques », qu’elle dédiait uniquement aux jumeaux, les seuls pour le moment à être en âge de comprendre le destin de leur maman et, par extension, le leur.


Ils finissaient souvent tous les trois, assis sur les coussins que Jessie avait installés pour les bambins, et leurs échanges dépassaient les espérances de Cendre. Mais, contrairement à ce qu’elle avait imaginé, lorsqu’il s’agissait de coutumes vampiriques, ce n’était plus Samuel qui entraînait Isaure mais bien Isaure qui, forte de ses idées, réussissait à captiver son frère.


 

A la fin de ce mois de décembre, les amis de Cendre se retrouvèrent autour d’elle pour fêter son accession au rang de Maîtresse Vampire. Samuel et Isaure étaient eux aussi présents car en âge de comprendre l’importance de cette cérémonie dont Cendre leur avait parlé à maintes reprises.

La tenue de rigueur était le violet, sauf pour Cendre qui avait revêtu le costume d’intronisation.

Tous avaient suivi les protocoles à lettre sauf Nathan Livinghell qui arriva, vêtu d’une veste rouge sous unique prétexte qu’il n’avait pas de violet dans sa garde-robe...


A la fin du discours du Comte, discours fort élogieux au demeurant à l’égard de Cendre, tous se présentèrent à leur Maîtresse, maintenant officielle, pour faire part de leurs joies et présenter leurs félicitations.


Nathan Livinghell fut le dernier. Ses propos furent brefs et il salua Cendre en lui disant qu’il devait se retirer pour affaires urgentes.

- Tu ne restes pas prendre un verre de plasmafruits avec nous ?

- J’aurais bien aimé, Maîtresse, mais d’autres obligations m’attendent.

Francis et Lilith s’étaient éclipsés à sa suite et Caleb avait joué une mélodie macabre sur l’orgue, qui exalta l’assemblée encore présente. Tous veillèrent en l’honneur de leur nouvelle Maîtresse et la fête se poursuivit jusqu’au lever du jour.


BONUS - Photos souvenir de la soirée d’accession au rang de Maîtresse Vampire

Tous ensemble : Lilith Vatore, Vidame Timothée Renard, Caleb Vatore, Jessie, Francis Caron, Samuel Valrose, Cendre Valrose, Comte Vladislaus Straud le quatrième, Bella Swan, Isaure Valrose.


Les femmes : Lilith, Jessie, Bella et Cendre.


Les Hommes : Vidame Timothée Renard, Caleb Vatore, Comte Vladislaus Straud, Francis Caron.


Le Comte Vladislaus Straud et la Maîtresse Vampire Cendre Valrose.




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