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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 25 - Retour à la chapelle

Cendre et la Vallée Oubliée


Elle resta un moment assise sur ce banc, jusqu’à ce qu’elle se sente mieux et puisse en avertir Lucas.

- Je vais bien, mon amour. Je vais venir vers vous, alors ne te mets pas en défaut auprès du Comte et reste aussi froid que les autres.

- Je t’ai entendue, ma douce. Je suis heureux que tu ailles mieux.


Cendre s’était approchée doucement du petit groupe.

- Monsieur le Comte, si je puis me permettre, je vous ai entendu dire que vous comptiez vous occuper de Blaise Williams. Sans vous offenser, vous conviendrez que cette faveur me revient. Le bougre m’a prise en traître avec ses manières béotiennes. Je demande donc vengeance afin de lui montrer ce qu’est un vrai combat.

Jessie était si heureuse de voir sa maîtresse en bonne santé qu’elle encouragea Bella à cesser de se lamenter.


Le Comte regarda sa promise.

- Je suis fort aise de vous voir debout et pleine de répartie, Madame Valrose, mais sachez tout d’abord que vous devriez remercier Monsieur le Duc ici présent de vous avoir tirée des griffes de ce Blaise Williams.

- Merci à vous, Monsieur le Duc. J’ignorais ce détail.

- Je vous en prie. Ce bourgeois trivial n’aurait certes pas été à la hauteur s’il avait combattu loyalement.


Cendre ignora la remarque de Lestat, tout d’abord parce qu’elle ne voulait pas lui prêter publiquement trop d’attention et, ensuite, parce qu’elle avait retenu dans ses propos un encouragement évident.

- Monsieur le Comte, je vais vous paraître insistante mais vous n’avez pas répondu à ma sollicitation. Or, je m’obstine à revendiquer la tête de Blaise Williams.


- Très bien, ma chère, je vous la cède. Trouvez cet importun et débarrassez-nous de lui.

- Comptez sur moi. Il ne doit pas être bien loin puisqu’il ne peut pas quitter la vallée. J’en fais mon affaire, une affaire personnelle.


Francis avait alors indiqué à Cendre son plan de protection pour toutes les demeures de chacun des leurs. Personne ne pourrait s’en approcher, et surtout pas Williams.

Bella se permit d’émettre un doute.


Cendre pensait la même chose qu’elle, que personne ne pourrait arrêter Williams, et surtout pas quelques malheureuses sentinelles, s’il avait décidé de pénétrer chez eux. Elle pensait à ses enfants... Ils seraient une proie si facile.

- Que fais-tu encore ici à discuter, Francis ? Va-t’en donner des ordres pour protéger nos foyers, veux-tu ?

- J’y vais de ce pas.


- Vous avez entendu Madame Valrose, Monsieur Caron ? C’est une affaire qui presse. Ne nous faites pas languir.

Francis était parti rameuter les quelques sentinelles encore en vie de la milice straudienne et le Comte avait demandé à tout le monde de rentrer chez soi en restant vigilants.

- Nous n’avons plus rien à faire ici.


Cendre avait regardé tout le monde partir mais elle était restée dans les catacombes. Elle devait dire au revoir à Jeb.


- Pardonne-moi, Jeb, je n’ai pas su te protéger... Tu n’aurais pas dû finir ainsi... pas toi...


- Nous avons eu tant de pertes. Je te promets qu’il n’y en aura plus. Et je te fais une autre promesse, celle de prendre soin de jumeaux. Va en paix, mon ami.


 

Les combats dans les catacombes avaient duré trois nuits et deux jours. Cendre avait rejoint la chapelle au petit matin, pressée de revoir ses enfants.


Elle était heureuse de rentrer chez elle pour enfin serrer dans ses bras ces petits êtres qui devaient se demander où était passée leur maman, les embrasser avant de se mettre à la recherche de Williams.


Elle pensait d’abord aller faire un tour dans son garde-manger pour se retaper un peu. Elle avait encore soif, bien qu’elle se soit octroyée une bonne rasade de jus de plasma à l’auberge du vieux Luigi et elle ne souhaitait pas renouveler avec Louise, lorsqu’elle la verrait, la même expérience qu’avec Dina. Lucas n’apprécierait certainement pas qu’elle transformât sa bien-aimée servante en vampire, même malgré elle.


En arrivant dans son garde-manger, Cendre se rendit vite compte que quelqu’un s’était servi avant elle et ce ne pouvait être ni Louise, ni les enfants. Ce quelqu’un avait vidé de leur plasma, numéro vingt-et-un et numéro vingt-trois. Un frisson lui parcourut l’échine. Où étaient les enfants ?


Lorsqu’elle entra dans la cellule de numéro vingt-deux, elle vit que celui-ci était à terre et qu’il essayait péniblement de se relever. Elle s’agenouilla près de lui :

- Que s’est-il passé, Axel ?


Elle l’aida à se remettre debout puis le conduisit jusqu’à la deuxième cellule de géniteurs. Alexandre avait besoin d’une perfusion de toute urgence. Elle ne pouvait pas laisser sa dernière nourriture lui filer ainsi entre les canines.

- Un vampire... un grand blond...

Il ne put en dire plus mais Cendre sentit à nouveau ce frisson l’envahir.


Elle l’allongea sur le lit et le perfusa. Il n’avait presque plus de force mais il réussit quand même à lui dire :

- Vers ta chambre... Il allait de ce côté...

Les bébés ! pensa-t-elle immédiatement. Et elle abandonna Alexandre sur son lit.


La porte de la chambre était verrouillée. Cendre prit son jeu de clés et entra en trombe. Louise la regarda, soulagée de la voir entrer mais son visage était inquiet.

- Blaise Williams est ici.

- Je m’en suis aperçue. Comment vont les bébés ?

- Ils vont bien, ne vous en faites pas.

- Et les plus grands ?


Louise lui expliqua qu’elle avait jeté un sort d’invisibilité sur l’escalier qui menait au deuxième sous-sol dans le quartier des enfants, et sur cette chambre. Les seules pièces visibles de l’œil de Williams sont donc la chapelle, la salle de combat, le garde-manger, le vestibule et la chambre de Jessie. Pour lui, il n’y a personne dans la crypte.


- Les enfants ne se sont rendu compte de rien. Samuel et Isaure sont dans la salle de classe en train de travailler sur un projet scolaire que leur avait préparé Jessie, tandis que Blanche et Clotaire étaient dans leur chambre au moment où je les y ai laissés pour aller voir les bébés. Mais j’ignore s’ils s’y trouvent encore...


- Tu as très bien réagi, Louise. Tu as fait ce qu’il fallait faire. Tu n’aurais pas pu mieux agir et rester avec les bébés était une sage décision.

- Depuis qu’il est là, j’ai veillé à ce qu’ils ne pleurent pas, Madame, mais j’ai eu si peur.


Cendre la prit dans ses bras pour la remercier et essayer de la réconforter. Louise laissa échapper une larme. Elle espérait que les petits bambins de Madame se portaient bien.


- Continue à veiller sur les bébés, avait demandé Madame Valrose.

Louise l’avait regardé emprunter la porte dérobée cachée derrière la bibliothèque.

- Je suis là, maintenant. Je vais voir comment vont les enfants et ensuite, je règlerai son compte à Williams, une bonne fois pour toutes.

- Soyez prudente.


Lorsqu’elle était arrivée dans la salle de classe, Samuel et Isaure étaient tellement concentrés qu’ils ne l’entendirent même pas s’approcher.

- Et bien ! Je sens que Jessie va être fière de vous !


Les enfants étaient très heureux de revoir leur mère.

- Tu vois, Isaure, je savais que Maman allait revenir en vie, je te l’avais dit ! Elle est la plus forte.

- Je le savais, figure-toi ! lui répondit la petite fille avec un regard gêné.

- Et qu’attendez-vous pour venir embrasser votre mère ?


Les jumeaux se précipitèrent sur Cendre qui s’abreuva de tous leurs câlins pour se redonner des forces. Ils étaient tellement soulagés de la revoir.


Elle leur expliqua ensuite qu’un ennemi s’était introduit dans la crypte et que les pouvoirs magiques de Louise avaient permis d’occulter sa vision du deuxième sous-sol.

Elle demanda à ses aînés de l’attendre dans la salle de classe jusqu’à ce qu’elle se soit assurée que Blanche et Clotaire étaient en sécurité.


Si elle revenait, ils auraient pour mission de rester auprès des bambins et de s’assurer qu’ils restent sagement en bas.

Si elle ne revenait pas, eux-mêmes ne devraient pas bouger de la salle de classe.

- Tu vas revenir, Maman.


Cendre avait alors rejoint les bambins qui jouaient sagement dans la chambre de Clotaire.


Ils avaient sauté sur Cendre pour lui faire plein de bisous. Cendre leur avait alors parlé d’un nouveau jeu, un jeu dont le gagnant serait celui qui aurait fait le moins de bruit pendant son absence.

Samuel et Isaure allaient descendre les rejoindre et il y aurait deux équipes : les bambins contre les jumeaux. Clotaire et Blanche étaient enchantés et se jurèrent qu’ils gagneraient contre les grands :

- On parlera pas du tout, comme ça on gagnera !


Cendre avait prévenu ses aînés qu’ils pouvaient rejoindre les bambins dans la chambre de Clotaire, puis elle avait rassuré Louise en lui affirmant que tous les enfants allaient bien.

Elle avait ensuite rejoint le vestibule. Le seul endroit de la maison qu’elle n’avait pas encore exploré était la salle de combat. L’heure était venue de mettre fin aux agissements de Blaise Williams.


Il se dressait devant elle, fier et arrogant, comme s’il était le maître des lieux.

- J’ai failli vous attendre, Madame Valrose.

- Vous allez regretter la hardiesse que vous avez eue de pénétrer chez moi.


- Venez donc plutôt boire un verre, nous allons discuter.

- Je préfère d’abord vous tuer.


Cendre l’entraîna vers le cercle de combat. Elle sentit ses forces se décupler dès le début de leur affrontement et elle eut très vite le dessus sur son adversaire.


Le combat dura un petit quart d’heure et se termina par la défaite de Blaise Williams qui s’écroula sur la pierre, mortellement atteint.


Dans un dernier souffle, Blaise Williams leva les yeux vers elle en ânonnant :

- Straud... il n’est pas important...

Puis, bien qu’elle ne comprit pas le sens de ses paroles, Cendre le regarda s’éteindre, heureuse d’en avoir fini avec l’individu qui avait semé la terreur dans la Vallée et tué une partie de ses semblables.

La menace qui pesait sur Lucas, le Comte et elle-même était désormais levée.


 

Lorsqu’elle entra dans la chambre de Clotaire, elle put constater à quel point les jumeaux s’occupaient bien des petits et elle se rassura de savoir qu’ils n’avaient rien eu à craindre.


- Alors, c’est fini, Mamounette ?

- Oui, ma chérie. C’est fini.

- Normal ! Maman, c’est la plus forte. J’te l’dis toujours, Isaure.


Cendre avait une nouvelle fois remercié Louise d’avoir su protéger et sauver les enfants.

- Tu as été formidable. Je ne sais pas ce qu’ils seraient devenus sans toi.


- Oh, vous savez, je n’ai fait que mon travail.

- Tu as fait bien plus que ton travail, et tu le sais. Ce tour de magie, c’était un coup de génie.


- La magie fait partie de moi, tout comme vos pouvoirs de vampire font partie de vous. Je n’ai rien fait de si extraordinaire et je ne connais que des petits sorts... J’ai encore beaucoup à apprendre, Madame.


- Ne te dévalorise pas ainsi. Ce que tu connais déjà est impressionnant. Et cesse de m’appeler Madame, tu veux bien ? Tu es la servante de Lucas, pas la mienne, et ça me ferait plaisir.


- Je suis très touchée, Madame, mais permettez-moi de demander son avis au Duc. Je ne voudrais pas le fâcher.


Sachant que le comte craignait le soleil, Lucas Lestat prit le risque de venir voir Cendre le lendemain, au lever du jour.

- Comment vas-tu ?

- Pas très bien. Nous avons subi d’énormes pertes.


- Vlad m’a dit que tu en avais terminé avec Williams.

- Oui, je suis allée le voir hier soir pour le prévenir.

- Je savais que tu aurais sa peau. Tes pouvoirs grandissent.

- Ça a été plus facile que je ne le pensais. Il faisait moins le malin lorsqu’il a dû me combattre à la loyale. Et comment va Vlad ? Hier, je ne l’ai pas trouvé très en forme.


- Il ne m’a pas l’air d’aller fort. Il pleure tous les soldats de la milice qui sont morts et tous ceux de notre communauté qui ont sauvagement péri, mais je soupçonne que son indisposition vient d’autre chose...

- Et de quoi cela pourrait-il venir ? Tu as une idée ?

- Malheureusement, oui. Il faut que je te dise quelque chose.

- Je ne sais pas pourquoi mais tu me fais peur, tout à coup.


- Nous n’avons pas eu l’occasion d’en parler, mais lorsque je t’ai trouvée inanimée sur les pavés, la nuque presqu’entièrement brisée, je t’ai prise dans mes bras. J’étais fou de douleur et de chagrin car ton esprit ne me répondait plus. Je t’ai allongée sur ce banc, je t’ai embrassée puis je me suis allongée près de toi, sur le sol, complètement anéanti. J’avais tellement peur de te perdre que je n’ai pas vu Vladislaus avant qu’il ne me tende la main pour m’aider à me relever.

- Vlad était là ? Depuis combien de temps ?


- Depuis suffisamment longtemps, j’en ai bien peur. Et le Vidame était avec lui.

- Lucas... je ne sais vraiment pas comment on va se sortir de cette histoire. Mais ce qui me rend triste en cet instant, est d’avoir déçu Vladislaus, et un présence d’un témoin, ce qui est extrêmement fâcheux. Je comprends mieux son état. Le pauvre est complètement déshonoré et c’est de ma faute...


- Ce n’est pas ta faute. Il ne peut s’en prendre qu’à moi pour le moment et, bizarrement, il n’a même pas abordé le sujet lorsque je suis allé le voir. Toi, tu étais inconsciente, donc, tu n’es coupable de rien à ses yeux.

- C’est un cauchemar. Je vais forcément me réveiller... Je ne lui veux pas de mal mais je n’imagine pas ma vie sans toi, Lucas.


- Je subirai seul son courroux. Il est hors de question que tu sois impliquée à cause de ma maladresse. Tu dois sauver le Vallée Oubliée, j’y tiens. Ton destin était là bien avant de me connaître.


- Je ne suis pas du tout d’accord, Lucas... Justement, je pense que mon destin était de te rencontrer. Je le sens au plus profond de mes entrailles. Te sacrifier ne servirait à rien.


- J’ai pris ma décision, ma douce. Elle est irréversible et n’engage que moi. En te quittant, j’irai voir Vlad et lui avouerai un amour impossible pour toi, un amour dont tu ne sais rien. Alors, je t’en conjure, ne te compromets pas.


- Si tu fais ça, tu n’en sortiras pas vivant...

- Je reviendrai. Je te le promets. Peut-être pas tout de suite mais je reviendrai. Fais-moi confiance. Veux-tu te promener avec moi une dernière fois avec moi, cette nuit ? Une dernière avant que l’on ne se retrouve ?


Ils touchèrent du doigt, cette nuit-là, ce que pourrait être le vrai bonheur.


Seuls, dans la plaine enneigée, ils rêvèrent d’un avenir fait pour eux, un avenir fait de leur amour, un amour qui ne serait pas contrarié par une vallée fermée et des traditions impitoyables.


Elle s’était blottie contre lui pour une dernière étreinte avant longtemps, peut-être la dernière tout simplement mais elle avait décidé qu’elle n’irait pas contre sa décision.




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