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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 26 - Cinq années...

Cendre et la Vallée Oubliée


2048 - Cendre se rappelait...

Cinq ans plus tôt, après les violents combats qui eurent lieu dans les catacombes, elle avait décidé de venir en aide à Vlad et de lui procurer de nouveaux soldats pour sa milice, soldats que Francis saurait former comme il le fait si bien. Vlad avait été tellement touché par la mort de tous ces jeunes vampires à son service qu’il avait du mal à s’en remettre.

A cette époque-là, la vallée était encore perpétuellement enneigée, telle qu’elle l’avait connue vingt-cinq ans plus tôt, alors qu’elle avait été abandonnée à son sort par les sbires d’Oba-san.


C’est une nuit comme celle-là, en pleine tempête de neige, que Nina Rocca avait tambouriné à la porte de la chapelle, une première proie de choix, sans même avoir à chasser...

Cendre lui avait ouvert la porte en toute « amitié » et la jeune femme sembla surprise.


- Je m’attendais à voir un prêtre...

- Je suis sa servante.

- Vous êtes la bonne du curé ? Vous paraissez bien jeune... J’ai besoin d’un toit pour la nuit. Croyez-vous que votre prêtre acceptera de m’héberger ?

- Bien sûr, voyons. Le père Lucas se soucie de chacun de ses paroissiens.


La dénommée Nina Rocca était donc entrée en terrain conquis dans la chapelle.

- Et savez-vous si votre père Lucas a une chambre disponible ? Je n’aimerais pas dormir sur l’un de ces bancs ?


Son comportement avait tellement agacé Cendre qu’elle s’était transformée, bien décidée à faire de cette rousse un futur soldat de la milice straudienne.


La femme avait pali devant le visage défiguré de Cendre.

- Qui êtes-vous ?

- Ton pire cauchemar, il me semble...

Cendre n’avait plus de pitié. Après les combats des catacombes et le départ de Lucas, elle s’était juré d’asservir tous les humains qui franchiraient les portes de la Vallée Oubliée, que ce soit en les transformant ou en les utilisant comme nourriture ou géniteur. Mais elle n’était pas égoïste, Cendre, car elle fournissait aussi le garde-manger des catacombes qui s’était retrouvé bien vide après les combats.

Quoiqu’il arrive, les vampires de Forgotten Hollow devraient survivre et elle y mettait du cœur à l’ouvrage.


Elle avait donc saisi la gorge de sa rousse victime dans l’intention d’en faire un vampire, un des siens, qui serait à la solde de Vlad, mais, surtout à la sienne.


Avec l’aide de ses pouvoirs surnaturels, Louise s’assura que la future vampire ne serait loyale qu’à Cendre.

Peu importe les ordres qui lui seraient donnés, Nina Rocca ne servirait que Cendre, en tout dernier lieu.


Et bien sûr, Louise avait réussi, tout comme Cendre...

Elle envoya directement la jeune femme à Francis Caron car elle avait autre chose à faire que gérer le mal-être des vampires en phase de transition


Cinq ans déjà que Cendre avait toujours quelque chose à faire pour oublier que Lucas lui avait été enlevé.

Il était parti cette nuit-là pour se rendre chez Vladislaus, bien décidé à lui avouer qu’il était amoureux de Cendre, tout en mettant cette dernière hors de cause.

Le comte avait été témoin de sa détresse lorsqu’elle avait été blessée dans les catacombes et il savait qu’ils ne pourraient plus le berner longtemps...

Lucas Lestat avait voulu jouer la carte de la franchise mais il n’était jamais revenu de chez son ami le comte.


La douleur était intenable parfois... Cinq ans qu’elle la prenait aux tripes et qu’elle ne disparaissait jamais complètement, telle une brûlure qui la consumait lentement.

Mais elle se devait de rester digne pour ses enfants et pour toute la communauté. Alors, elle ne pleurait pas, une grande Maîtresse ne pleurait jamais et elle ne ferait pas exception.


Elle préférait se rappeler la façon dont elle avait sombré dans la tourmente et les meilleurs moyens qu’elle avait eu d’y échapper.


Quelques mois avant de faire sa première victime désignée pour la milice du comte, elle avait entrepris de trouver un nouveau géniteur.

Elle espérait que les jumeaux Aliénor et Alaric seraient tous deux des vampires, mais pour le cas où ils ne le soient pas, il lui fallait une parade et elle ne désirait plus perdre de temps. Et si, un septième vampire venait à naître, tant pis ! Il ne ferait pas partie de sa descendance officielle, mais au moins pourrait-elle le garder près d’elle.


Cendre était donc sortie de la chapelle ce matin-là pour trouver un géniteur. La neige ne cessait de tomber, comme c’était souvent le cas à cette époque-là dans la Vallée et elle avait croisé Don Lothario.

Il y avait toujours un humain pour croiser sa route mais celui-là lui avait définitivement plu.


Brun, d’âge mûr, athlétique et apparemment aussi sûr de lui que romantique, il lui avait tapé dans l’œil et elle ne doutait pas qu’il serait un parfait géniteur.

Et il ne lui demanda pas son chemin... Seulement si elle allait bien...


Elle lui avait attribué sa première cellule de géniteur et, après la première nuit qu’ils passèrent ensemble, elle en vint à améliorer ses conditions de logement.

Car il sut la séduire dès leur première nuit, avec ses manières de gentleman, des manières qui lui rappelaient un peu celles de Lucas.

Alors Don devint l’amant attitré de Cendre, celui qu’elle n’hypnotisa jamais car il était toujours consentant.


Don comprit très vite qu’il était prisonnier de cette femme vampire qui avait fait de lui son esclave. Il décida d’en prendre son parti et il obtint très vite ce qu’il désirait : un tapis de course, dans un premier temps, puis un échiquier.

Le corps et l’esprit devaient travailler de concert pour ne pas devenir fou, et elle le lui avait accordé, en plus de la moquette et des murs de bois.


Et puis, il y avait tous ces moments où elle l’invitait dans ses appartements pour boire un verre. Sa conversation était riche et passionnante, et se terminait toujours par la bagatelle.

Ce qui le gênait le plus est qu’elle paraissait toujours triste... Quoi qu’il dise et quoi qu’elle réponde, son regard semblait éternellement triste.


Cendre, elle, se régalait aussi de la présence de Don. L’homme était intelligent et gardait une forme physique admirable, ce qui la séduisait au plus haut point, mais surtout, il lui changeait les idées et l’empêchait de penser à Lucas.


Sa première nuit avec lui avait été productive et elle espérait garder auprès d’elle, cet homme qui, quelque part, lui rappelait celui qu’elle avait perdu.

Don n’avait pas mal pris la nouvelle de sa grossesse car Don était intelligent et il savait qu’il ne serait pas son intérêt de se mettre à dos la belle vampire.


Lorsqu’elle voulait donner libre cours à sa tristesse, Cendre se réfugiait dans sa crypte qui était devenu territoire interdit pour les enfants ainsi que pour Jessie et Louise.

C’était son refuge, le seul endroit où elle s’autorisait à penser à Lucas. Elle l’avait cherché partout durant ces cinq années, essayant de la joindre par la pensée mais elle ne l’avait trouvé nulle part et il ne répondait pas.


Cendre allait souvent à la maison de l’Ail pour rendre visite à Louise qui était la seule à comprendre et à partager sa peine.

Après la disparition de Lucas, elle l’avait officiellement prise sous sa protection en annonçant à la communauté vampire qu’elle était sa servante.

Or, ce n’était pas tout à fait le cas. Louise dépannait souvent Cendre lorsque Jessie n’était pas là mais Jessie gardait son statut de servante et Louise, elle, faisait ce qu’elle voulait.


Cendre n’oubliait pas combien elle lui était redevable d’avoir sauvé ses enfants et, avec le temps, elles devinrent amies. Elle aimait beaucoup la jeune femme.


Durant ces cinq années, Cendre avait trouvé son dernier géniteur (du moins l’espérait-elle), elle avait transformé quelques humains en vampire et avait regarni son garde-manger pour remplacer Kayla Flemming et Mark Eggleston.


C’est ainsi qu’un jeune homme du nom de Duane Talla arriva, dans un premier temps dans les cellules de Cendre, suivi, deux mois plus tard par un certain Lieutenant Agnon qui ne voulut jamais donner son prénom.

- Ce n’est pas important, lui avait dit la maîtresse des lieux, ici, tu seras numéro vingt-six.


Ces années virent aussi se produire plusieurs évènements concernant les enfants, certains plus heureux que d’autres.

En août 2044, Geoffroy Valrose vit le jour dans la cellule de son père.


Le bébé était tout mignon mais rien ne disait encore s’il serait ou non un vampire.


En mars 2045, Blanche fêta ses sept ans, entourée de sa mère, de ses frères, de sa sœur et de Jessie.


La bambinette avait bien grandi et était heureuse de pouvoir enfin rejoindre le clan des « grands ».


En juin de la même année, Aliénor et Alaric fêtèrent leur trois ans.

Alors qu’Alaric allait rejoindre le clan Valrose, Cendre prit sa fille Aliénor par la main afin de la conduire vers une dernière promenade.

Le petit bambin avait babillé quelque chose pour savoir où allait sa sœur, et Jessie l’avait rassuré tant bien que mal.



Ce même soir, Cendre mit un terme à la vie de numéro vingt-deux, alias Axel Gageure, celui qui l’avait trahie autrefois, ne s’était pas occupé de leurs enfants alors qu’ils n’étaient que des bébés, et l’avait maintenant obligée à séparer leurs jumeaux.


Lorsqu’elle l’avait relâché et qu’il s’était lamentablement écroulé sur le sol de sa cellule, elle sut qu’elle était vengée pour tout le mal qu’il lui avait fait. Celui-là ne méritait pas de seconde chance et elle s’enorgueillissait d’avoir fait des dernières années de sa vie un véritable enfer.


Elle avait alors regardé la Faucheuse prendre son âme, avec délectation.

- Oui, vous pouvez y aller, avait-elle dit.


Jessie elle-même n’avait pas pleuré sur le sort du pauvre malheureux et Cendre en était ravie.

- Tu t’améliores, on dirait

- Non, je ne l’aimais pas, celui-là. Il aurait été capable de laisser mourir vos enfants !


Elle avait ensuite présenté Alaric à sa fratrie, qui l’accueillit comme un petit roi ; mais Clotaire était, sans nul doute, le plus heureux des quatre. Il venait de perdre avec Blanche, sa compagne de jeu et le nouveau petit frère arrivait vraiment au bon moment.


Cendre s’était alors chargée d’enterrer numéro vingt-deux dans le cimetière puis elle avait rejoint le « Jardin des Enfants », comme elle l’appelait, pour y déposer une nouvelle tombe.

Elle s’occupait elle-même de ce petit jardin et aucun fossoyeur n’y avait jamais mis les pieds. Le Jardin des Enfants était aussi son propre jardin secret.

Tout ce qu’elle espérait à présent est que le petit Geoffroy soit un vampire pour que le clan Valrose soit au complet car elle souhaitait en terminer avec ses grossesses à répétition et la disparition de ses enfants humains.


La veille de leurs anniversaires, Samuel et Isaure s’étaient retrouvés à l’arrière de la chapelle pour discuter tranquillement loin des oreilles indiscrètes des plus petits.

- Tu sais, Isaure, demain, nous aurons toutes nos aptitudes de vampire. Ça ne te fait pas un peu peur ?

- Non, au contraire, je trouve ça plutôt chouette.


- Oui, ça veut dire que tôt ou tard, on devra se combattre. Je n’ai pas envie qu’on en arrive là.

- Nous n’aurons pas le choix. La tradition est ainsi faite et on ne peut pas aller contre. Mais ce n’est pas pour demain, t’en fais pas.


- Je ne veux pas te faire du mal, et encore moins que tu deviennes humaine. Ce serait une catastrophe.

- Moi, je ne veux faire de mal à aucun de nos frères et sœurs, mais c’est notre destin...


- Mais tu ne m’aimes pas un peu plus que les autres, dis ?

- Je suis comme Maman. J’ai assez de place dans mon cœur pour vous aimer tous. Tous les deux, nous avons un lien particulier parce que nous sommes jumeaux, mais je les aime tous très fort même si toi, je t’aime un petit peu plus, c’est vrai.


- Ça me fait de la peine quand même, ce que tu dis... Moi, je n’aime que toi, même si les autres sont tous très mignons.

- Des fois, je ne comprends pas pourquoi tu es comme ça. Tu pourrais aimer les autres aussi, ça ne nous empêche pas de nous aimer.


- Je ne les aime pas car ils sont là à cause de cette maudite tradition de la descendance. On aurait été beaucoup mieux tous les deux, seuls avec Maman.

- Tu oublies une chose, Samuel, c’est que sans cette tradition, nous ne serions pas là non plus.


C’est dans cette ambiance un peu électrique entre eux que Samuel et Isaure fêtèrent leurs anniversaires.

Samuel en voulait à Isaure de ne pas l’aimer d’un amour exclusif et Isaure en voulait à Samuel des propos qu’il avait tenus sur leur fratrie.


Samuel fut le premier à souffler ses bougies, l’ordre d’aînesse devant être impérativement respecté. Isaure en fut tout émue et une larme coula le long de ses joues.

Cendre se rappela s’être demandé, à ce moment-là, ce qui se passait entre les jumeaux.


Samuel avait grandi et remercié sa mère qui l’avait félicité mais il n’avait pas jeté un regard à Isaure alors qu’elle avait été la première à lui dire combien il était beau.


Pourtant, alors qu’elle hésitait à souffler à son tour les bougies, il avait été le premier à entonner l’air de « Bon anniversaire » et tout le monde l’avait suivi. Encouragée de la sorte, la petite fille avait éteint toutes ses bougies en une seule fois.


Mais lorsqu’elle se tourna vers lui, Samuel fit mine de ne pas la voir.

- Tu ne me félicites pas ? lui avait-elle demandé. Je l’ai pourtant fait pour toi...

Sa voix s’était étranglée et Cendre devina qu’Isaure souffrait beaucoup de l’indifférence de son frère.


- Bien sûr que je te félicite. Tu es superbe, comme d’habitude, et encore plus maintenant.

- Alors pourquoi ne me regardes-tu pas ?


Il l’avait alors regardée, droit dans les yeux.

- Voilà, je te regarde maintenant. Alors, que dis-tu de cela ?

- Que je t’aime, grand frère et je n’aime pas que nous soyons fâchés.

Cendre était soulagée même si elle sentait une certaine tension entre ses aînés.


Mais Samuel prit Isaure dans ses bras sous l’œil attendri de leur mère.

- Moi aussi, je t’aime. Et il ne faut plus qu’on se fâche comme ça.

C’était en décembre 2046...


En août 2047, Clotaire fêta ses sept ans et, quelques jours après, ce devait être les trois ans de Geoffroy, le petit bout que Cendre avait eu avec Don Lothario.


Clotaire avait serré dans ses bras son petit frère Alaric. Ils avaient toujours été très proches l’un de l’autre depuis l’arrivée de ce dernier et ne s’étaient jamais quittés depuis.

- Tu vas vite me rejoindre, ne t’inquiète pas. Et je serai toujours avec toi. L’âge m’importe peu. Je vais t’apprendre plein de choses !


Blanche les aimait tellement tous et elle était heureuse pour Clotaire qui venait de fêter ses sept ans mais, du haut de ses neuf ans et demi, elle sentait bien que ses frères et sœurs ne la considérait pas comme la plus importante à leurs yeux.

Samuel avait Isaure et Clotaire avait Alaric... Elle se situait au milieu... La petite sœur... ou la grande sœur... celle dont personne ne voulait.

Heureusement que Maman était là.


Cendre sentait bien que sa petite fille n’en finirait pas d’être pot de colle. Elle ressentait sa tristesse mais ne pouvait malheureusement pas faire plus que lui donner son propre amour.

A part en parler avec Isaure. Isaure comprenait toujours. Elle était suffisamment empathique pour cela.






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