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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 5 (1/2) - Transition

Cendre et la Vallée Oubliée


La porte se referma sur eux. Cendre ne savait pas trop à quoi s’attendre de cet inconnu qui l’avait tout à l’heure, presqu’envoûtée...

Avait-elle rêvé tous ces regards échangés ?


Le vampire n’y fit aucune allusion et resta très pragmatique. Il indiqua à Cendre où se trouvaient les chambres et lui montra la cuisine.

- Faites comme chez vous. Je dois me reposer quelques heures. Je vais dans ma crypte. Utilisez la salle de bain, si besoin, et si vous voulez vous changer, il y a des vêtements de femme dans la commode de la petite chambre.


Elle aurait bien voulu discuter davantage avec le beau ténébreux mais il la planta là :

- A tout à l’heure, Mademoiselle Valrose

- A tout à l’heure, Monsieur le Duc


Lestat avait disparu derrière la porte arrière de la maison, la laissant seule dans cet endroit qu’elle ne connaissait pas.

Attristée par son comportement distant, elle décida d’aller se faire à manger. Elle avait faim et, cuisiner lui changerait les idées. Elle fit avec ce qu’elle trouva sur place : deux tomates et quelques pâtes. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y avait pas grand-chose dans le frigo et les placards de cet homme-là. Elle préférait ne pas penser à ce qu’il prenait lorsqu’il se restaurait...

Mais, alors qu’elle tranchait les tomates, une douleur immense la submergea, encore plus violente que celle qu’elle avait ressentie la première fois.


Malgré son malaise, elle réussit à finaliser ses spaghettis à la sauce tomate et même à faire honneur à son plat. Elle devait manger pour prendre des forces.

Tout en dînant, elle se demanda pourquoi il y avait autant d’ail dans cette maison. Cela lui semblait être un non-sens dans la demeure d’un vampire.


Après avoir terminé son repas, elle fit le tour de la maison et découvrit, dans une petite alcôve près de la cuisine, un bureau avec un ordinateur. C’était la première fois qu’elle en voyait un depuis son arrivée à Forgotten Hollow. Il faudrait qu’elle demande au Duc, s’il fonctionnait.


Elle trouva ensuite la petite chambre dont Lestat lui avait parlé plus tôt et là encore, il y avait de l’ail partout sur les murs. Elle s’interrogeait de plus en plus mais le sommeil était en train de la gagner.

Elle choisit quelques vêtements dans la commode puis s’endormit dans le petit lit.


Elle se réveilla au milieu de la nuit à cause de nouvelles douleurs à l’estomac. Le Duc n’était toujours pas revenu.

Elle boirait donc un café en attendant que monsieur ne se décide à se montrer. Cela lui ferait du bien. De toutes façons, elle n’arriverait plus à dormir.

A sa grande surprise, il n’y avait aucune cafetière dans la cuisine. Elle chercha dans tous les placards sans succès, mais, ce qu’elle découvrit, dissimulé derrière une boîte à biscuits vide, lui fit tout de suite oublier son café.

Il y avait là un très beau livre relié et qui paraissait vraiment ancien. Elle commença à en feuilleter quelques pages mais son contenu la captiva tellement qu’elle finit par aller s’asseoir au salon pour en reprendre la lecture depuis le début.


Ce livre était une vraie mine d’or, un recueil très ancien sur les vampires, écrit par les vampires eux-mêmes. Il était riche d’informations inestimables.

Absorbée par sa lecture et par ce qu’elle venait d’apprendre dans le recueil, Cendre n’entendit pas Lucas Lestat entrer dans la pièce.

- L’histoire vous plait-elle, Mademoiselle Valrose ?


- Oh... Monsieur le Duc... J’ai trouvé ce livre...

- Je sais où vous l’avez trouvé.

Puisque vous êtes réveillée, nous allons pouvoir discuter. Posez-donc cette encyclopédie et allez vous couvrir. Je vous attends ici.


Mince, le Duc n’était vraiment pas content, et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait tout de même fouillé dans ses affaires.

- Je ne voulais pas être indiscrète, je vous assure. Je cherchais juste une cafetière et j’ai trouvé ce recueil...


- Je m’occupe de votre café. Montez-vous couvrir.

- Merci beaucoup.

Cendre monta vite se changer. Elle avait compris qu’il ne tenait pas à la voir en tenue légère dans sa demeure. Il en faisait bien des manières, tout de même !


Lorsqu’elle redescendit, la cheminée était allumée et le Duc lui avait préparé du café.

Il la regardait de nouveau avec ce regard qu’elle lui avait vu chez le Comte, un regard intense et profond.

- Vous êtes magnifique !


Ne sachant que répondre à ce compliment inattendu, Cendre répliqua d’un banal « merci ». S’ensuivit alors une longue conversation durant laquelle il lui expliqua quelles étaient les obligations d’une future maîtresse vampire. Elle devrait s’entraîner à combattre, obtenir des pouvoirs et surtout, assurer sa descendance.



Cendre l’écouta avec précaution. La façon dont il présentait les choses semblaient si naturelle, si normale qu’elle aurait presque pu croire qu’elle avait un destin bien commun mais elle savait que ce n’était pas le cas. La vraie vie, ce n’était pas cela.

- Je ne suis pas sûre que je ferais une bonne maîtresse vampire, vous savez...


- Pourquoi dites-vous cela ? Je suis sûr, au contraire, que vous serez largement à la hauteur. Si le Comte vous a choisie, ce n’est pas un hasard.

Je ne regrette d’ailleurs qu’une chose, c’est qu’il vous ait vue et connue avant moi.


Cendre ignora volontairement sa dernière phrase.

- Je ne suis qu’une petite humaine apeurée, je n’ai pas l’envergure pour tout cela. Je l’avais dans mon ancien monde mais ici, c’est différent...

- Je ne suis pas du tout d’accord avec ça !


- Vous êtes courageuse et fière. Je vous ai bien observée lors de la cérémonie de la morsure. Vous étiez admirable. Et même avant, sur ce balcon. J’ai senti votre peur, c’est pour cela que j’ai levé les yeux vers vous. Et vous avez plongé votre regard dans le mien. Malgré votre peur, vous n’avez pas cillé, vous avez soutenu mon regard. Vous étiez remarquable de justesse et de beauté. Vladislaus ne s’est pas trompé sur vous.


Avait-elle bien entendu ? Il avait fait référence à ces regards qu’ils avaient échangés durant la cérémonie, et même avant... Quelque chose s’était passé. Elle ne l’avait pas rêvé.

Malgré tout, une nouvelle fois embarrassée par les galantes louanges du Duc, elle préféra dévier la conversation sur les tresses d’ail qui ornaient tous les murs de sa maison.


Ils discutèrent jusqu’au petit matin. Lestat lui expliqua qu’il avait eu une fille, humaine, avec une femme qui avait trépassé en couche. Il avait alors souhaité élever cette enfant, estimant qu’elle avait besoin de l’un de ses parents auprès d’elle.

L’ail servait à la protéger, elle.

Sa fille était décédée à l’âge de quatre-vingt-dix ans, il y a quelques années, après une vie heureuse et bien remplie. Depuis, il n’avait jamais pensé à enlever l’ail et s’en accommodait parfaitement. Cette maison avait d’ailleurs été surnommée par les habitants de la Vallée, la maison de l’ail.



Cendre s’étonna qu’il ne soit pas mort alors que sa propriété était envahie par l’ail. Elle ne comprenait pas qu’il puisse s’en accommoder aussi facilement.

- Je suis immunisé contre l’ail.

- Comment est-ce possible ? Je croyais que tous les vampires craignaient l’ail.


- Pas tous, non. Certains d’entre nous ont développé une immunité et ne le craignent absolument pas, comme moi. Il m’en faudrait beaucoup plus pour m’arrêter.

Devant l’incrédulité de Cendre qui ne s’expliquait pas comment, dans ce cas, elle n’avait pas encore servi de repas aux vampires du coin, le Duc révéla que c’était grâce au Comte qui avait informé la population qu’elle était sa protégée et que nul ne devait la toucher. Il lui apprit également que c’était pour cette raison que Lilith ou Caleb l’accompagnait toujours dans les catacombes. Il ne fallait quand même pas tenter ces pauvres diables !


Durant cette période de transition, Lucas Lestat ne quitta plus Cendre.

Il lui prodigua quelques conseils qu’elle jugea farfelus sur le coup mais qui lui serviraient probablement dans sa future vie, de judicieux conseils, en somme : construire une crypte, un garde-manger... Toute chose fort utile à tout vampire mais encore plus à une future maîtresse vampire.


Cendre avait découvert qu’elle pouvait rester parler des heures avec le Duc et que, plus ils parlaient, plus ils étaient proches l’un de l’autre.

Elle avait même fini par lui parler de son passé, de son amant et de Oba-san.

- Cet homme exploitait vos talents. Il s’est joué de vous. Je n’appelle pas ça un père, adoptif ou non.


Cendre se sentait protégée et en confiance auprès du Duc de Riverview.

Plus que ça, elle éprouvait pour lui une attirance irrésistible qui parvenait à lui faire perdre tous ses moyens.


Lestat avait décidé d’aider Cendre à construire son refuge et elle avait une idée bien précise de ce qu’elle voulait : une chapelle. Elle semblait croire en cet édifice qui la protégerait d’une emprise vampirique définitive. Soit. Il érigerait donc son abri comme elle le désirait.


Il avait donc réuni ses amis Caleb et Timothée pour leur expliquer son projet. Caleb était proche de Cendre et avait énormément de contacts dans la ville souterraine. Il pourrait donc les y introduire, Timothée et lui.


Ce fut fait. Dans les catacombes, les vampires virent cette nuit-là ce qu’ils n’avaient encore jamais vu, un duc et un vidame leur rendant visite. Deux nobles... Une première dans l’histoire de Forgotten Hollow.

Tous se proposèrent pour aider à cette fabuleuse construction que la future maîtresse voulait faire bâtir.


Chaque nuit, ces vampires de bonne volonté travaillaient dur pour répondre aux attentes de celle qu’ils appelaient leur maîtresse et en qui, ils mettaient tous leurs espoirs de voir un jour se rouvrir les portes de Forgotten Hollow.

Et au petit matin, ils rejoignaient les catacombes pour y retrouver leurs familles ou leurs boutiques, laissant les vampires résistants au soleil en compagnie de celle qui les sauverait tous.


Au lever du jour, Caleb, Lilith, Timothée Renard et Lucas Lestat se retrouvaient tous auprès de Cendre qui les conviait autour d’un bon feu, à de belles discussions.


Certes, la nouvelle maison n’avait pas encore de toit, à l'époque, mais qu’est-ce qu’ils avaient pu s’amuser, quand elle y repense...


Et elle revoyait le visage de Lucas à travers les flammes du feu de camp...

A cette époque-là, elle ne l’appelait pas encore Lucas.


Cendre s’était remise à la peinture et à revendre ses toiles. Dans les catacombes, tout le monde la reconnaissait et la saluait avec le plus grand respect.

D’ailleurs, ces toiles étaient dorénavant rachetées à prix d’or, ce qui soulageait énormément ses finances. Sa chapelle allait pouvoir avancer.


Le Duc de Riverview y veillait chaque jour et faisait travailler les pauvres bougres jusqu’à ce que leur énergie vampirique nécessite une régénération dans leurs cercueils.

Plus le temps passait, plus Cendre admirait les méthodes du duc sans s’en offusquer.


Le troisième jour, Lestat avait montré à Cendre ce qu’il avait été possible de réaliser avec ses deniers.

Il avait mis de côté tous ses effets personnels mais sa chapelle était là. Elle se dressait, avec des murs et un toit, prête à accueillir de fidèles humains ignorant qu’ils allaient servir à sa descendance.

Avait-elle réellement pensé cela ? Elle savait que oui et même si elle luttait contre, elle s’apercevait que sa façon de penser était en train de se modifier. Son estomac aussi. Il la faisait souffrir de plus en plus souvent et elle supposait que sa transformation aurait bientôt lieu.


Cela l’inquiétait un peu, mais sans plus. Il aurait été plus juste de qualifier ce qu’elle ressentait de petite contrariété. Elle en fit part à Lestat qui ne paraissait guère surpris.

- Vos pensées humaines sont en train de s’amoindrir. Vous vous rapprochez de nous, Mademoiselle Valrose, et je trouve que c’est une bonne chose.


Lestat lui avait alors montré l’intérieur de la chapelle qui n’était certes pas encore achevée mais Cendre était conquise.

Cet endroit était tout à fait tel qu’elle l’avait imaginé et elle le devait au Duc.

- Comment avez-vous fait ? Tous ces détails ?



- Je vous ai écoutée et j’ai entendu vos pensées. Je savais exactement ce que vous vouliez et je voulais le réaliser pour vous. Par amour.

A mon grand désarroi, je vous aime, Cendre. Je vous ai aimée dès que je vous ai vue sur ce balcon, alors même que je savais que vous étiez destinée à mon ami Vladislaus.


Cendre... C’était la première fois qu’il l’appelait par son prénom.

Elle se sentit complètement désorientée et tellement affligée, presqu’en colère.

- Mais pourquoi ? Pourquoi ne m’en avez-vous rien dit ? J’aurais évité de faire mon petit discours au Comte !


- Pourquoi ? Vous êtes promise au Comte, et surtout, vous êtes la future Maîtresse Vampire, celle qui va sauver la Vallée Oubliée et rouvrir ses portes. Tout le monde croit en vous. N’avez-vous pas remarqué la façon dont vous êtes accueillie dans les catacombes ? Vous êtes leur espoir.


- Peut-être, mais vous ? Suis-je aussi votre espoir ? Maîtresse vampire ? C’est un rôle que je n’ai jamais voulu, je tiens à vous le rappeler.


Le duc la prit alors dans ses bras et l’embrassa. Elle ne put que répondre à ce baiser passionné et sincère. Si ses paroles et ses regards l’avaient déjà séduite, elle acheva de l’être à cet instant.


Ils n’arrivaient plus à se détacher l’un de l’autre. Leur étreinte était fusionnelle mais surtout, Cendre ressentait quelque chose qu’elle n’avait jamais ressenti avant, un attrait puissant et passionnel envers cet autre qui la comprenait plus que quiconque ne l’avait jamais fait jusque-là.


Puis Lestat rompit le charme en s’éloignant brusquement d’elle, et ses paroles furent une véritable souffrance.

- Nous n’avons pas le droit...


- Comment ça, nous n’avons pas le droit ? Tu viens de m’embrasser fougueusement et tu me dis ensuite que nous n’avons pas le droit...

Elle était terrassée. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle venait de le tutoyer.


Le Duc aussi semblait anéanti.

- Il faut que vous compreniez... Vlad... enfin Vladislaus... Nous sommes amis depuis toujours. Et il attendait après vous depuis longtemps... Je savais au fond de moi, lorsqu’il m’a désigné pour être celui qui allait suivre votre transition, que je ne serais pas capable de résister. Caleb Vatore aurait dû être celui-là.


Cendre, émue par ce que le Duc venait de lui confier, et aussi par respect envers lui, se reprit à le vouvoyer :

- Il s’est passé quelque chose ce jour-là, n’est-ce pas, Monsieur le Duc ? Je l’ai ressenti. Et vous aussi...

Vous m’avez donné le courage et la force d’y arriver. Sans vous, je me serais effondrée comme une petite fille.


- Et sans vous, sans vos yeux rivés sur moi, je n’aurais pas eu la force de vous avouer aujourd’hui que je vous aime.

- Mais qu’allons-nous faire ?


Lestat mit son bras autour des épaules de Cendre.

- Rien. Ce serait beaucoup trop risqué. En espérant que personne ne découvre que je vous aime et que j’ai un jour, goûté à vos lèvres.


- Je ne veux pas vous compromettre et je ne me hasarderais pas à le faire car toute la communauté vampire vous lyncherait ou pire encore. Et je ne le supporterais pas. Vous êtes au Comte. Ils le savent tous. Vous et moi, c’est impossible.


Puis il la tutoya à son tour :

- Tu as un destin, Cendre, un grand destin. Il ne faut pas le gâcher. Et il n’est pas avec moi.


Lucas Lestat était alors parti, la laissant seule.

Tous croyaient que son destin était lié à Vladislaus Straud, le quatrième, mais ils devaient se tromper car jamais son cœur n’avait battu aussi fort pour quelqu’un que ce qu’il battait pour le Duc de Riverview.



Elle regarda alors la toile qu’elle avait commencé à peindre il y a un jour à peine. La Maison de l’Ail vue de la Fledermaüs. Cette toile représentait tellement de choses pour elle, une sorte d’union entre leurs deux habitations... mais l’union était impossible, il l’avait dit.

Elle n’avait plus envie d’achever cette toile à présent. Leur union avait été si brève, le temps d’un baiser, et encore... Comment avait-il pu être si proche d’elle et, l’instant d’après, la rejeter ?




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