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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 5 (2/2) - Transition

Cendre et la Vallée Oubliée


Cendre avait alors eu besoin de se confier à la seule amie qu’elle connaissait par ici : Lilith Vatore.

Mais lorsqu’elle arriva devant sa demeure, celle-ci était en train de boire le plasma d’une pauvre humaine, une certaine Lili Feng, lui dit-elle plus tard.

C’était la première fois que Cendre assistait à une telle démonstration vampirique, mais, bizarrement, elle ne s’en choqua point. Elle fut juste surprise.


Et puis, sa préoccupation était ailleurs et son humanité partait à vau-l’eau.

Elle avait vu la Faucheuse apparaître et Lilith rester de marbre. Elle s’approcha d’elle

- Il faut que je te parle. Tu peux venir ? Elle n’a plus besoin de toi maintenant. La Faucheuse va se charger d’elle.




Cendre raconta à Lilith ce qui s’était passé dans la chapelle.

- Il t’a embrassée ? Mais ce n’est pas possible, ça ! Il est complètement fou. Le comte pourrait le tuer pour ça.


- Et qu’est-ce que tu voulais que je fasse ?

- Le repousser, par exemple. Ce n’est quand même pas si compliqué ! En plus, Lucas Lestat est un vrai bourreau des cœurs, et ton destin n’est pas avec lui. Alors, laisse tomber.


- Tu n’es pas obligée de me dire qu’il est un bourreau des cœurs pour que je sache qu’on a fait une bêtise, tu sais.

- C’en est un. Tout le monde le sait ici, surtout les femmes. Je n’arrive pas à comprendre comment il a osé te courtiser alors qu’il te sait promise au comte ! C’est indigne de lui.


- Je ne crois pas une seconde à cette histoire de bourreau des cœurs, Lilith. Je suis persuadée qu’il était sincère, je le sais.

- Non mais je rêve ! Ne me dis pas que tu es amoureuse de lui !


- Je n’en sais rien. Ça ne m’est jamais arrivé. Mais je crois que ça y ressemble.


- Alors là, c’est la poisse ! Arrange-toi pour que le Comte n’en sache jamais rien... De mon côté, je me tairai. Même mon frère ne sera pas au courant.


Cendre était retournée chez elle, dans la chapelle. Elle avait décidé qu’elle passerait la nuit ici, sur un des bancs. Elle s’imaginait mal aller chez Lestat comme s’il ne s’était rien passé entre eux.

Et il fallait qu’elle oublie cet homme...

Elle se mit à jouer frénétiquement sur l’harmonium.


C’est Lestat qui vint lui-même la chercher. Elle entendit la porte s’ouvrir et un pas décidé la franchir.

- Il faut que vous rentriez avec moi, Cendre. Il va bientôt faire nuit et les ouvriers ne vont pas tarder à arriver.

- Et alors ?


- Le Comte m’a chargé de prendre soin de vous. Si vous restez ici, sans moi, les ouvriers vont certainement le rapporter à Vladislaus et la situation risque de paraître suspecte à ses yeux. Il voudra savoir. Alors, soit, je reste avec vous, soit vous venez avec moi.


- Très bien, je viens avec vous. Mais sachez que je n’en ai pas envie.

- Vous m’en voyez navré.


Ce soir-là, le duc et Cendre évitèrent de se parler et chacun vaqua à ses occupations sans prêter attention à l’autre, du moins jusqu’à ce que le Comte vienne leur rendre visite.


Cendre avait bien entendu frapper à la porte mais ce ne fut que lorsqu’elle entendit la voix du Comte qu’elle réalisa qu’il était peut-être déjà au courant de ce qui s’était passé dans la chapelle.

Ce fut à ce moment précis que son estomac se mit à la faire violemment souffrir.


Elle entendit vaguement le Comte faire part de son étonnement que Cendre ne soit pas encore revenue au manoir. Cela faisait déjà trois jours que la cérémonie de la morsure avait eu lieu.


Quel soulagement ! Le Comte ne savait donc rien et il ne venait pas pour les tuer. Quelle peur elle avait eue !


Le Comte s’avança vers elle :

- Comment vous sentez-vous, Demoiselle Valrose ?

- Je vais bien, Monsieur le Comte. Merci.

- Vous m’en voyez heureux mais je suis tourmenté que vous ne soyez pas encore des nôtres.

- J’ai bien peur de subir le cours des évènements, Monsieur le Comte.


Lucas Lestat proposa alors de se retirer dans sa crypte afin de les laisser seuls.

- Je reconnais là votre délicatesse, mon ami, et je vous en sais gré.

Cendre fut rassurée par le départ du duc. Elle avait craint que Vladislaus Straud ne puisse surprendre leurs échanges de regards involontaires, ce qui les aurait mis tous les deux dans une fâcheuse posture.


- Que pensez-vous de mon ami le Duc, ma chère ?

Cendre se fit violence pour lui répondre de la façon la plus neutre qui soit.

- Que du bien. Il m’a bien fait la leçon sur la conduite à tenir d’une future maîtresse vampire. Vous seriez fier de lui.


Elle était mal à l’aise et espérait que son ton ironique avait échappé au comte. Il ne releva pas et lui parla de sa chapelle.

- Les travaux ont vraiment bien avancé et j’ai été heureux d’apprendre que presque toute la communauté se mobilisait pour faire votre demeure.

- Oui. Ceux qui ne sont pas là s’occupent de leurs familles. Ils se relayent. Ils m’appellent Maîtresse, c’est très bizarre.


- Ce n’est pas bizarre, c’est normal. N’en ressentez-vous pas de la fierté ?

- Je ne suis pas habituée à cela. Ce que je ressens, c’est plutôt de la joie à me sentir aimée et valorisée de la sorte. C’est très égocentrique, je l’avoue, mais j’aime qu’ils soient tous derrière moi.


- Je suis allé voir votre chapelle avant de venir. Ils ont déjà bien avancé votre crypte. Ils se sont attaqués au garde-manger. Je pense que demain, vous aurez une ou deux cellules de construites.

Apparemment, vos toiles se vendent très bien, m’a-t-on dit.

- Oui, je les vends à quelques collectionneurs fortunés qui veulent absolument avoir les toiles de la future maîtresse vampire dans leur salon. Quant aux autres, c’est Francis qui me les achète. C’est un vampire qui possède sa propre galerie d’art.

- Rien d’étonnant à ce que votre « chez vous » prenne forme ! Je suis heureux d’entendre cela.


Le comte resta encore un moment à discuter puis s’excusa auprès de Cendre.

- Mon repas m’attend. J’espère que vous comprenez.

- Oh, je vois...

Il s’agissait probablement encore d’un humain qui avait souhaité visiter Forgotten Hollow. Elle avait su par Francis, avec qui elle avait sympathisé, qu’un deuxième sous-sol existait sous les catacombes : le garde-manger de la population vampire. Le comte, lui, se faisait directement livrer son repas au manoir, deux fois par jour. Curieusement, Cendre ne se choqua pas de la raison pour laquelle le comte devait prendre congé.


Deux jours passèrent encore, deux jours durant lesquels Cendre évita soigneusement le duc et ne lui adressa pas la parole ; elle préférait passer son temps à peindre et à oublier sa déception... car le savoir si proche et si loin à la fois en ajoutait à sa désespérance.


Deux jours durant lesquels le Comte vint scrupuleusement leur rendre visite à la même heure chaque nuit, pour s’enquérir de l’avancée de la transformation de sa protégée.

Le comte commençait à s’impatienter face à cette transition qui n’avait que trop duré. Lestat et Cendre, de connivence tacite, lui assuraient alors que tout se passait bien et leurs propos étaient appuyés par les symptômes de plus en plus fréquents et visibles de cette dernière.

- Vous voyez, mon ami, tout se déroule comme prévu.

Et le comte repartait alors.


Ce furent également deux jours pendant lesquels la crypte de la chapelle fut achevée, pour le plus grand bonheur de tous.

Les ouvriers, les premiers furent heureux d’avoir un peu de répit. Leur maîtresse n’avait, pour le moment, plus les moyens de les payer et leur avait donné congé provisoirement. Elle ne voulait pas que leur travail ne fut pas monnayé.

Lestat, lui, était heureux car c’était lui qui avait conçu les plans de la chapelle et de la crypte, lui qui avait voulu satisfaire celle qu’il aimait. Il avait voulu que tout soit parfait pour elle, et tant pis si elle ne l’aimait pas. De toute façon, même si son cœur de vampire saignait, il savait que jamais il ne possèderait Cendre puisqu’elle était promise à son ami Vladislaus.


D’ailleurs, c’est avec lui qu’elle visita sa crypte, lui qui se satisfaisait de ce que sa future maîtresse vampire s’enthousiasmât de son logement. Il avait senti, à mesure de leurs discussions, que ses pensées humaines faisaient place à des pensées plus « vampiriques ».

Les ouvriers avaient construit un vestibule au premier niveau du sous-sol. Il était accessible par un escalier situé derrière la chapelle principale. Une porte menait au futur garde-manger, une autre à la salle d’entrainement au combat et un escalier descendait au deuxième sous-sol, directement dans la crypte de Cendre, qu’elle appellerait plus tard ses quartiers.


En visitant la crypte de la future maîtresse vampire, le Comte fit remarquer à Cendre que son cercueil était vraiment primitif.

- Il y a des cercueils qui correspondent davantage à votre futur rang, ma chère. Vous l’ignorez donc ? Le Duc ne vous en a-t-il pas informée ?

- Si, il l’a fait, Monsieur le Comte.

Cendre se sentait de plus en plus mal. Ses brûlures d’estomac ne faisaient qu’empirer.


- C’est dommage que vous ne l’ayez point écouté... Avec ce misérable cercueil de bois, vous ne pourrez vous nourrir que sur un humain par semaine.

- Ce n’est pas grave, Monsieur le Comte, je vous assure. Je suis un peu à cours d’argent mais j’aurai très vite un meilleur cercueil.

- Le diable vous entende. Vous avez quand même préféré investir dans une cheminée de luxe plutôt que dans un cercueil digne de vous...


- Ne pourrait-on pas en reparler plus tard ? Ces douleurs à l’estomac sont en train d’avoir raison de moi.

- Très bien, je vous laisse, Demoiselle Valrose. En espérant que ces douleurs auront VRAIMENT raison de vous très vite.


Au sixième jour, Cendre avait tellement faim malgré son estomac irrité, qu’elle décida de se préparer des pâtes à l’ail ! C’était son plat favori et elle savait que d’ici peu, elle ne pourrait plus l’apprécier. Ce serait donc son repas du condamné ! Après tout, il valait mieux en rire.


Elle avait à peine commencé à manger que le Duc prit place sur une chaise auprès d’elle. Il la regardait de ce regard qu’elle n’aurait plus jamais voulu voir, et lui adressa même la parole :

- Vous avez l’air affamée...


Cendre n’avait pas pu lui répondre. A la première bouchée, elle avait senti que les pâtes à l’ail ne seraient plus jamais son plat favori.


Lestat lui sourit. Il savait ce qu’elle endurait. Elle en était sûre.

- Est-ce que tout va bien, Cendre ?

- Non, tout ne va pas bien ! Fichez-moi la paix !


Elle avait laissé son assiette puis s’était levée.

- Laissez-moi vous aider, vous le voulez bien ?

- Non. Je veux être seule. Je n’ai pas besoin de vous, Monsieur le Duc de Riverview !


Elle avait ensuite pris une douche et s’était réfugiée dans la grande chambre de la maison. Elle avait tellement mal qu’elle aurait voulu que tout s’arrête. Être un vampire, ce soir... Tout mais pourvu que ça cesse ! Cela faisait six jours. Vladislaus avait pourtant parlé de deux à trois jours... Lui-même ne comprenait pas.


Ce soir-là, Cendre se rendit compte qu’elle n’avait plus besoin de lunettes pour voir clairement. Elle les posa dans un tiroir, se changea puis sortit prendre l’air.

Il faisait froid mais étrangement, elle se sentait bien dans son corps malade. Pourtant, des larmes se mirent à couler inopinément le long de ses joues.


Elle ignorait alors que, derrière l’une des fenêtres de la Maison de l’Ail, quelqu’un l’observait, le Duc de Riverview dont le cœur bouleversé aurait vraiment voulu soulager les souffrances de sa dulcinée, si obstinée à le rejeter.


Cendre ne cessait de verser des larmes ; des larmes de désarroi tout d’abord, puis des larmes de colère et de fureur contre ce destin qui l’avait conduite ici. Elle n’en voulait pas au comte, non. Elle en voulait, en tout premier lieu, à son amant, Axel Gageure, qui l’avait trahie et avait informé son père adoptif qu’elle l’avait volé. Elle en voulait aussi énormément à Oba-san, ce fameux père adoptif de pacotille, qui avait cru la vouer à une mort certaine en l’envoyant dans la Vallée Oubliée. Elle ne pourrait jamais se venger de lui, malheureusement...

Ses dernières larmes furent des larmes d’amertume car elle n’avait plus personne contre qui les diriger.


Elle s’apprêtait à quitter la maison de l’Ail lorsque Lestat la rattrapa par le bras.

- Ne fais pas ça. Sans toi, je ne pourrais plus être.

- Moi, je ne suis plus moi... depuis que je suis arrivée ici.


- Cendre, voilà trois jours qu’on ne se parle plus. J’aimerais vraiment t’aider. Je sais que ta transition est particulièrement difficile. Et mon amour pour toi n’a pas changé, tu le sais.

- Et qu’en sais-je exactement ? J’ai appris que tu étais homme de peu de foi envers les femmes, homme à les séduire et à t’en débarrasser dès lors qu’elles avaient accédé à tes demandes.


- Ma douce, ces ragots sont malheureusement vrais mais ils ne te concernent pas, crois-moi.

- J’aimerais tellement... mais tu es là à m’avouer tes frasques sans pudeur.


Le duc apaisa Cendre de quelques paroles amoureuses et sincères, et elle finit par rejoindre ses bras consolateurs et réconfortants.

- Je t’aimerai toujours. Tu es la seule pour moi et ce, même si je sais que ton destin te mène ailleurs.


Ils restèrent ainsi un moment. Cendre souffrait de plus en plus et ils savaient tous les deux qu’elle deviendrait bientôt un vampire. Et alors, seul son destin de futur maîtresse vampire compterait, seuls Vladislaus Straud et l’avenir de Forgotten Hollow compteraient. Il n’y avait plus que cette nuit...


Alors, cette nuit-là, Lestat fit descendre Cendre dans sa crypte. Ils savaient tous deux ce qui allait se passer mais ils convinrent de concert que jamais plus cela ne se reproduirait. Une première et une dernière nuit pour eux... mais ils seraient ensemble, coûte que coûte.


Ensemble pour une première vraie fois, la preuve de ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre et qui ne serait jamais plus. Ils en avaient pourtant connu d’autres... mais rien de ce qu’ils vécurent cette nuit-là ne les avait préparés à cela.


Des moments de pur bonheur, rien qu’à eux, des moments interdits, certes mais qu’ils étaient prêts à payer s’il le fallait...

Cendre, en y repensant, n’aurait jamais pensé qu’elle aurait pu risquer sa vie pour quelqu’un.


Mais Lucas était arrivé dans sa vie.

Lucas, Lucas Lestat, le Duc de Riverview. Il lui avait dit « je t’aime », le premier à le lui dire.


Quand ils eurent fini de s'ébattre dans le cercueil, Lucas lui ôta ses lunettes.

- Pourquoi les as-tu remises ? Tu vois très bien sans à présent, tu le sais. Et je ne t’aime pas pour tes lunettes. C’est toi que j’aime, ma douce, toi entière.


Cette nuit-là, ils dépassèrent les limites de l’acceptable pour le Comte Vladislaus Straud, et ils savaient que leur petit secret devrait à tout jamais rester caché au fond de leurs cœurs. Personne ne devrait savoir.

Ils se promirent de belles choses, tellement de belles choses.


Alors que Cendre dormait encore d’un sommeil agité, au petit matin, Lucas Lestat se demanda s’il faisait bien de la torturer ainsi avec l’amour qu’il lui vouait. Tout cela était-il juste ? Elle devrait dorénavant se concentrer sur son destin, sa mission et son rôle de future maîtresse vampire. Il devrait l’oublier.


Cendre s’était réveillée vers sept heures du matin.

- Qu’y a-t-il, Lucas ? Tu me sembles tourmenté...


Ils se serrèrent alors l’un contre l’autre comme deux âmes perdues, deux âmes qui ne se rencontreraient plus avant longtemps... Lestat, qui avait l’habitude des transformations, savait que Cendre ne lui appartiendrait plus dans une heure ou deux.


Ils finirent malgré tout par s’endormir l’un contre l’autre, s’étreignant désespérément. Il la pleurait déjà car, innocente encore qu’elle était, il savait que dans très peu de temps, un temps qui finissait par se compter en minutes, elle ne serait plus la même.


Vers neuf heures, ils s’étaient rhabillés et avaient rejoint le salon. Cendre avait été prise de douleurs si violentes qu’elle en avait hurlé. Lestat savait que c’était la fin de son humanité et même si cela transperçait son cœur comme un coup de poignard, il ne voulait pas le lui dire...


Lorsque sa souffrance cessa, elle le regarda alors.

- C’est la fin, n’est-ce pas, Lucas ? C’est la fin pour toi et moi...


- Toi et moi... Cela n’aurait jamais dû commencer... mais nous n’aurions jamais eu ces moments privilégiés que nous avons partagés cette nuit. Un jour, nous nous retrouverons, je te l’ai dit.


- Je t’en fais encore la promesse, Cendre. Dans cent ans, dans mille ans... mais toi et moi, nous serons ensemble.


Cent ans, mille ans, cela lui paraissait si lointain. Pourtant le duc l’assura que ce n’était pas le cas.

- Tu dois d’abord accomplir ton destin.


- Mon destin est funeste et encore plus pernicieux puisqu’il va me priver de toi.

- Lorsque tu l’accompliras, ne nous oublie pas. N’oublie pas mon amour pour toi, je t’en conjure.

Cendre le lui promit.


Cendre se transforma le septième jour de sa transition, en plein jour et à la vue de tous.

Vladislaus, qui avait senti le moment arriver, s’était même offert le luxe de sortir sous le soleil, affublé d’un parasol pour se protéger.

Caleb et Lilith Vatore aussi étaient présents, tout comme Lucas Lestat. Ils avaient tous tellement attendu cet instant.


Après la transformation de Cendre, le Comte s’était empressé de la mettre à l’abri des rayons du soleil, dans la chapelle.

- Nous attendrons ici la tombée de la nuit. Ensuite, je vous emmène au manoir. Comment vous sentez-vous ?

- J’ai soif.






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