top of page
  • Photo du rédacteurNathalie986

G4/ Chapitre 22 : guet-apens


Bastien se rendit au Jus de Crotale pendant que je rencontrai Houda à l’Eruption Solaire.


- Baptiste, mon pote ! ça faisait un bail !

- Sébastien ? J’étais tellement perdu dans mes pensées que je ne t’avais pas vu.


- Ta pimbêche n’est pas avec toi ?

- Elle m’a fichu dehors...


- Bon vent ! On va fêter ça !

- Si tu veux.


- Oh mais t’as pas l’air content. Je croyais que tu serais heureux, moi.

- Je le suis. Seulement, ça vient juste de se passer.


- Cette garce a gardé mon fils !


- Ah, je comprends mieux ta tête...

- Et il est hors de question que je le lui laisse ! Il faut juste que je trouve un moyen.


- Je pourrais peut-être t’aider.

- M’aider ? Comment ça ?


- J’ai pas mal de relations. On pourra peut-être te récupérer ton fils, sûrement même.

- Tu me remontes le moral, vieux ! Cela me paraît moins grave de dormir sur un banc du quartier cette nuit, du coup !


- Pourquoi veux-tu dormir sur un banc du quartier ?

- Je n’ai pas eu le temps de me retourner, et je n’ai pas d’endroit où dormir cette nuit...


- Mais si tu as un endroit ! Chez moi !


- C’est vraiment sympa mais je ne peux pas accepter. Je ne veux surtout pas déranger qui que ce soit.


- Mais si tu peux accepter ! Nous sommes potes, pas vrai ?

- C’est vrai. Même si on ne se voit qu’au bar, ça fait longtemps qu’on se connait !


- Des années, même ! La première fois qu’on s’est vus, ton fils était encore dans le ventre de ta pimbêche ! Tu t’en souviens ?

- Oh oui !


- La honte qu’elle m’avait mis ce jour-là ! Elle t’avait appelé l’iroquois !



- Alors tu vois ? Pourquoi refuser ? Viens chez moi cette nuit.

- Ok j’accepte ! Tu es un vrai pote !


- En plus quand je pense à toutes ces fois où tu m’as écouté pleurer sur mon sort de mari mal compris, il n’y a qu’un pote pour ça.


- Eh bien voilà Barman ! C’est arrangé. Mon pote Baptiste vient chez moi !

- Chouette...


- Je ne sais pas comment te remercier...

- Ne me remercie pas encore. Ma maison est toute petite.


- Mais j’ai deux chambres. Donc, tu auras ta chambre à toi.


- Et tu peux rester le temps que tu voudras.

- Je ne sais vraiment pas quoi dire !


- Allez, prenons une photo !


- Génial ! ça va nous faire un super souvenir de ce jour !


- Le jour de ta liberté, mec !

- Ouais !


- Mais c’est vraiment sympa chez toi !

- Attends de voir ta chambre... Tu risques de changer d’avis.


- Elle est très bien cette chambre ! Qu’est-ce que tu lui reproches ? Et tu sais ce qu’elle n’a pas ? Une femme !


- J’étais sûr qu’elle allait te plaire ! On retourne se boire un verre au Jus de Crotale pour fêter ça ?

- J’aimerais aller récupérer quelques affaires avant, si ça ne t’embête pas ?


- Pas du tout. Attends, je viens de recevoir un sms...

- Ok, lui répondit Bastien, qui, profitant de l’inattention de son hôte, profita pour glisser un sachet de bulles sous son matelas.


- Bon, j’ai un appel à passer. Je te laisse aller chercher tes affaires et on se rejoint au Jus de Crotale ?


- Merci vieux, t’es vraiment un pote.


- Et si je ne suis pas là, tu trouveras la clé sous le cactus près de l’entrée.


Bastien quitta les lieux à quinze heures.

Il m’envoya aussitôt un message auquel je répondis.


 

Pendant que Bastien/Baptiste jouait les maris malheureux au Jus de Crotale, j’arrivais à l’Eruption Solaire et allais m’assoir distraitement, l’air de rien, sur la même banquette que Houda Majbouri. C’est elle qui m’interpella :

- Bonjour. Vous êtes Mathilde, non ?


- Oui. On se connait ?

- Je m’appelle Houda. On s’est rencontrées l’année dernière au Majestic.


- Mais oui, c’est vrai ! Nous avions passé toute la soirée à discuter.

- Une très bonne soirée, je l’avoue. Nous avions bien ri.


- Oui. Il me semble que c’était il y a un siècle...

- Vous étiez avec votre mari... Je me souviens qu’il avait bu toute la soirée avec un autre type, un punk. Ça vous rendait folle.


- Un iroquois, Madame, un iroquois !

- C’est ce que vous aviez aussi dit à l’époque. Et votre mari, ça va ?


- Mon mari vient de me mettre dehors pas plus tard qu’il y a une heure ! Sinon, je crois que lui, il va très bien.

- Oh mon Dieu ! Mais qu’allez-vous faire ?


- Je n’en sais rien. Je suis un peu déboussolée, pour le moment. En plus, il a gardé notre petit garçon. Il ne veut plus que je le vois.

- Pauvre femme... Je ne sais vraiment pas quoi vous dire...


- Il m’est tombé dessus soudainement en me hurlant que le petit était mal coiffé !

- Il vous a frappée, n’est-ce pas ?


- Non mais il aurait pu le faire. Il était si violent parfois... Toujours pour rien. Mais pourquoi ?

- Ne cherchez pas à comprendre. Ces hommes-là sont des monstres. J’en ai connu un comme le vôtre dans le passé...


Il m’était malheureusement très facile d’être crédible. Il me suffisait de repenser à mon premier mariage avec Quentin...

- Je n’ai rien fait pourtant...

- Ça j’en suis persuadée !


- Mais je suis tellement triste. J’aime cet homme, vous comprenez...

- Il faut l’oublier. Il ne vous apportera que du malheur.


- Je suis désolée, je ne sais pas pourquoi je vous dis tout ça. On se connait à peine.

- Parce que vous avez besoin de parler. Et que ça fait du bien, j’en sais quelque chose.


- En tout cas, vous êtes très gentille.

- J’aimerais beaucoup vous aider, Mathilde. Qu’avez-vous prévu de faire ce soir ?


- Me prendre une chambre au Majestic !

- Au Majestic ! Ce n’est pas donné !


- Je sais. J’y passerai probablement toutes mes économies mais je n’ai pas le choix. Je ne vais tout de même pas dormir dans la rue !

- C’est sûr mais votre mari aura gagné. Il vous aura tout pris : votre maison, votre fils et en plus, il vous aura mis sur la paille ! C’est ce que vous voulez ?


- Non bien sûr mais que puis-je faire d’autre ?

- Venez chez moi. Je vous hébergerai quelques temps, le temps que vous trouviez un travail et un logement, ainsi vous ne toucherez pas à vos économies. Vous dormirez sur le canapé mais c’est toujours mieux que rien, non ? Qu’en dites-vous ?


- Houda, c’est très gentil mais pourquoi feriez-vous cela pour moi ?

- Parce que nous sommes des femmes, que j’ai vécu le même enfer que vous et que nous nous devons d’être solidaires.


- C’est vraiment très gentil...


- Je reste sans voix devant une telle proposition.

- Et si nous sortions d’ici ?


- Vous avez vu cette femme qui s’est assise à côté de nous ? me dit Houda. Elle avait plein de places ailleurs pourtant ! Qu’est-ce que ça peut m’énerver ce genre de choses !


- Bon, venez, je vous emmène voir ma petite maison.


- Vous savez, ce n’est pas très grand mais mon canapé est très confortable.

- Ce sera parfait, Houda. Merci beaucoup.


- C’est le destin qui nous a fait nous rencontrer, Mathilde.

- Tout ce que je sais, c’est que je vous dois une fière chandelle.


Tout en parlant avec Houda, je glissai ma main sous le bar et découvris une fissure dans laquelle j’insérai discrètement le sachet de bulles...

- Je vais vous remettre sur pied, vous allez voir !

- Je ne pourrai jamais l’être sans mon fils...


- Chaque chose en son temps. Faites-moi confiance. Et vous avez quelques affaires sur vous, des vêtements de rechange ?

- Non. Tout est resté à la maison. Pour bien faire, il faudrait que j’y aille maintenant. Il doit être au travail à l’heure qu’il est.


- Et bien qu’attendez-vous donc ? Filez vite. Je vous attends ici. Et piquez-lui un peu d’argent ! ça lui fera les pieds !

- Vous êtes géniale !


- Merci Houda ! A tout de suite ! Je vais me dépêcher.


Je sortis de la petite maison d’Houda à quinze heures.


Je m’apprêtais à envoyer un sms à Bastien lorsque je vis son message. Je lui répondis de suite que je venais moi aussi de terminer la mission.


 

- Coucou mon amour ! Mission accomplie !


- Je suis heureux de te serrer dans mes bras. J’avoue que je n’aime pas trop lorsque tu es en mission sans moi...

- Tout s’est bien passé, tu vois bien.


- Sais-tu que je t’ai fait passer, aux yeux de ce cher Sébastien, pour une vraie garce...

- Ce n’est pas grave. Je me suis aussi lâchée à ton sujet auprès de Houda...


- Ah bon ? Et qu’as-tu dit ?

- Que tu étais un monstre qui maltraitait sa femme !


- Tu as osé !

- Eh oui ! Elle avait l’air de compatir alors j’ai saisi la balle au bond !


- Vilaine fille, va !

- Et j’ai pu ensuite la coincer dans mes filets !


- Ma chérie, ça te dit de prendre un verre ? Je voudrais te poser une question avant de rentrer...

- Avec plaisir.


- Tu ne trouves pas que la vie à la planque est plutôt sympa, avec toute cette jeunesse autour de nous ? Cela m’a fait beaucoup réfléchir et j’aimerais avoir un autre enfant avant que nous ne puissions plus.


- Je ne peux pas mon amour. Je suis désolée...

- Tu ne peux pas ?


- Cela fait partie des directives données par notre Créateur pour la mission. Je ne peux avoir qu’un enfant unique.

- Et bien heureusement qu’on n’a pas fait de jumeaux ! Ou encore que Quentin n’ait pas voulu de son bébé !


- Qu’as-tu dit ?

- Je n’ai rien dit. Oublie. C’était méchant, inapproprié et injuste. Je suis juste déçu, c’est tout.


- Moi aussi je suis déçue. Un deuxième enfant avec toi, cela m’aurait bien plu...

- Ce n’est pas grave. Nous sommes une belle famille. Et il faut respecter les consignes du Créateur. Il a ses raisons.


- Oui et je veux surtout réussir à faire évoluer notre monde. Je pourrais faire un deuxième enfant, mais l’aventure s’arrêterait là.

- Et tu en es où de tes objectifs ?


- Tiens, ça t’intéresse ? Tu ne m’avais jamais posé la question.

- Parce que je ne savais pas si tu me répondrais... Mais oui, ça m’intéresse.


- Parmi mes objectifs, je devais aller au spa tous les dimanches et j’y vais. Je devais aussi me lancer dans une carrière de femme d’affaire ou d’agent secret.

- Ça aussi c’est fait. Et ta carrière est bien avancée.


- Je devais refaire la décoration de la maison de mon père à mon goût... Cela tombait bien car je n’aimais pas le style chalet.

- Et tu l’as magnifiquement redécorée d’ailleurs.


- Je devais aussi me marier deux fois. Cela m’avait beaucoup perturbée à l’époque.

- Il ne fallait pas ! Notre Créateur sait ce qu’il fait ! La preuve, tu as quitté Quentin et tu m’as épousé.


- Je n’ai pas quitté Quentin à cause de la mission mais parce qu’il me faisait souffrir.

- Bien sûr ! Nous le savons mais Lui aussi le savait, bien avant que tu ne te maries avec Quentin.


- Je n’y avais jamais pensé mais cela me semble logique.

- C’est ce que je te disais : il y a toujours une raison.


- Et si j’ai perdu mon premier bébé, c’était justement pour que mon unique enfant soit de toi.

- Evidemment ! Tu te rends compte ? Nous n’aurions pas pu avoir Linette sinon...


- En fait, il faut savoir souffrir, et accepter, pour pouvoir espérer être heureux.

- Je dirais plutôt qu’Il nous envoie parfois des épreuves et qu’il nous faut les surmonter pour en ressortir plus grands.


 

Nous finîmes par retourner à notre « planque familiale ». Les filles étaient dehors, devant la maison.

- Mais qu’est-ce qu’elles font là ?

- Ça, je n’en sais rien.


- On leur avait pourtant dit de ne pas quitter la maison il me semble.

- C’est ce qu’on avait dit...



- Allons voir ça de plus près.


- Maman ! s’écria Linette.


- Lucie voulait m’emmener cueillir des champignons !


- Mais Céline ne voulait pas, continua à me raconter Linette.

- Je suis déçu, très déçu, dit Bastien à mes nièces.

- Oui Tonton...


- Heureusement que vous êtes arrivés parce que je crois qu’elles se seraient disputées.


- Allez, tout le monde rentre ! Comme si on avait besoin d’attirer l’attention devant la maison.


- C’est vrai Tonton, je suis la seule fautive, dit Lucie à mon mari.

- Nous le savons bien. Nous avons entendu Céline essayer de te dissuader. Tu devrais vraiment prendre exemple sur elle parfois.


Le travail et les devoirs n’avaient pas été faits de la journée. Les filles s’étaient accordé une pause durant toute notre absence. Nous décidâmes de reporter le travail du jour sur le week-end et de leur faire faire leurs devoirs.


Bastien finit de s’entretenir avec Lucie puis ils nous rejoignirent tous les deux.


Leur conversation avait dû bien se terminer, car ils avaient tous les deux le sourire.


La corvée des devoirs s’acheva donc dans le calme.


Le lendemain soir, les filles et moi avions dîné seules. Elles s’étaient ensuite installée à la table de jeu pour une partie de Lama.


De mon côté, je guettais impatiemment le retour de Bastien qui avait été appelé à l’Agence.


La soirée m’avait parue interminable car je savais que mon mari me rapporterait des nouvelles...

- Ça y est ma chérie, c’est en train de se jouer maintenant.


- Les descentes ?

- Oui ! Ils se sont assurés que Houda et Sébastien étaient bien chez eux. Ils partaient en même temps que moi. Ils doivent être sur les lieux à présent.


- On ne devrait pas tarder à avoir des nouvelles. Elsa m’a promis d’appeler dès que c’est fini.


- On n’a jamais été aussi proches du but.

- C’est sûr.


- Ton téléphone ! Il sonne !

- Allô ?


- Tout s’est bien passé ? Comme je suis heureux d’entendre ça !


- C’est une très bonne nouvelle. On se rapproche de la fin !


- Ça y est, c’est fini ?

- Pas encore, mais on tient le bon bout. Ils sont tous été incarcérés à la prison d’Etat, même Charlotte. Elsa et Reine veulent nous voir. On a rendez-vous aux archives de Willow Creek tout à l’heure.


- Oh Bastien ! Au moins ils ne sont plus dans la nature...


- Il faut le dire aux filles !

- Non, on ne dit rien. On n’est pas encore sûrs d’avoir eu toute la bande !


- Les filles, on a quelque chose à vous demander. Est-ce que vous pourriez garder Linette cette nuit ? dis-je en m’asseyant près des enfants.


- Encore ! Mais c’est génial ! s’enthousiasma Linette.

- C’est la nuit. Il faudra dormir de toute façon, lui rappela son père.



- On est d’accord Tatie, bien sûr, affirma Lucie.

- Mais attention, pas d’escapade nocturne, et pas de bêtises !


- C’est promis ! Et cette fois, c’est une vraie promesse !

- Je compte sur toi alors !


- Et je pourrai dormir dans la chambre de mes cousines ?

- Bien sûr.

- Oui mais dans une heure tu es couchée. Il est déjà bien assez tard comme ça.


- Papa...

- J’ai dit dans une heure !


Bastien et moi retrouvâmes Elsa et Reine dans le petit jardin des archives de Willow Creek.


2 vues0 commentaire

Posts similaires

Voir tout
bottom of page