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  • Photo du rédacteurNathalie986

G4/ Chapitre 28 : l'horloge tourne


Ce soir-là, je quittais le travail avec ma promotion d’agent double de diamant. Bastien m’attendait. Il avait ce petit sourire aux lèvres, qui me laissait supposer qu’il était au courant :

- Alors ma chérie ? Tu es contente de ta journée de travail ?


- Toi, tu sais quelque chose.

- Oui, j’ai participé à la commission pour ta promotion.


- Félicitations, ma chérie !


Mon mari m’avait préparé un délicieux cocktail dont il a le secret pour que nous fêtions cela.

- Je suis vraiment fier de toi. Cette promotion était totalement méritée. Ils ont tous été bluffés par tes états de service.

- Depuis le temps que j’attendais ce moment !


- Ça commençait vraiment à s’éterniser !

- J’ai aussi quelque chose à fêter ce soir ma chérie.


- Ah bon ? Et quoi donc ?

- Et bien, comment te dire ? Je suis ton nouveau directeur.


- J’y crois pas ! LE directeur ? THE directeur ?

- Celui-là même !


- Trinquons à ces bonnes nouvelles mon amour ! A nous deux !

- A nous deux !


 

Le lendemain, nous parlions encore de nos avancées de carrière lorsqu’on frappa à la porte.

- Je n’en reviens toujours pas ! Toi, directeur de la S.I.M.S ! Il n’y a personne au-dessus de toi !

- Si mon bébé. Le Président. Je ne reçois mes ordres que de lui. Sinon, j’ai carte blanche. On a frappé je crois.


- Je vais voir. Oh, mais c’est Emilie !

- Fais-la donc entrer. J’ai hâte de la revoir.


- Surprise !

- Ma chérie ! Tu es resplendissante !


Notre nièce nous parla beaucoup de sa profession de travailleuse sociale, et je trouvais son métier particulièrement difficile.

- Ne fais pas cette tête-là, Tatie !

- Je crois que je ne pourrais jamais faire ton métier !


Puis elle nous dit que son père et sa mère fêteraient leurs anniversaires dans la semaine. Elle souhaitait les leur fêter le même jour. Chez nous.

- Ce serait une surprise. Papa a tellement envie de venir te voir, mais son boulot lui prend de plus en plus de temps. Ce serait l’occasion. Il ne pourra se défiler.

- Et toi aussi, tu as hâte de revoir ton frère il me semble, ajouta Bastien.

- Oui. Il me manque trop. Qu’allons-nous leur dire ?


- Ne te casse pas la tête ! Un truc tout simple. Une invitation à un apéro ou à un dîner, comme tu veux. Il viendra de toute façon.

- J’adore cette idée de surprise, pas toi ?

Ils avaient achevé de me convaincre :

- Emilie, c’est d’accord. On fait comme ça. Amène-moi mon frère et ta mère. Je m’occupe de tout.


Le samedi suivant vit donc le jour des anniversaires d’Olivier et d’Amandine.


Nous entonnâmes un joyeux anniversaire en chœur avant qu’Amandine ne vieillisse.



Les sourires étaient sur toutes les lèvres et nous nous amusions bien. Olivier me prit à l’écart :

- Tu m’as vraiment manquée Michèle...


- Ne m’abandonne plus jamais comme ça !

- Plus jamais. Je te le promets. C’est si bon de te sentir.


La fête continua dans l’allégresse et l’euphorie des retrouvailles.


Amandine et Olivier étaient peut-être les premiers de nous huit à vieillir aujourd’hui, mais pas les seuls. Charles nous apprit qu’Elsa fêtait, elle aussi son anniversaire, en ce moment même, avec ses collègues au commissariat.


Mes nièces, elles, étaient devenues de belles jeunes femmes. Emilie avait laissé pousser ses cheveux, Lucie avait finalement choisi de détacher les siens, et Céline était toujours égale à elle-même, avec sa coupe échevelée d’adolescente...


Ces trois anniversaires furent les premiers de toute une série. Très vite, nous nous retrouvâmes chez Charlie pour fêter le sien. Je constatai qu’Elsa avait choisi de teindre ses cheveux gris, mais pas Amandine. Céline avait, quant à elle, une coiffure d’adulte beaucoup plus structurée.


Notre grande famille était donc à nouveau réunie. Ces instants-là m’avaient tant manqués , que je ne m’en lassais pas.


Mon second frère passa lui aussi à un âge vénérable...

- Ma petite Tatie, ne t’en fais pas. Tu as encore quelques années, toi.

- Emilie avait sans nul doute compris que j’étais un peu nostalgique même si elle n’en avait pas saisi le vrai motif. Elle resta un peu discuter avec moi, ce qui me fit très plaisir.


Je m’étais retranchée dans la cuisine avec Bastien mais Charles nous rejoint.

- Ma petite Michèle !


- Ce n’est pas si dramatique que cela de vieillir, me dit mon frère. C’est le cours des choses. Toi qui es une adepte du yoga et de la méditation, tu devrais le savoir. Je me sens très bien.

En réalité, je n’avais pas peur de vieillir mais j’en voulais beaucoup à la bande de Sébastien Martin de m’avoir volé deux années et demie de ma vie et de m’avoir privée des miens. J’étais revenue depuis peu et je les voyais vieillir les uns après les autres.


Je changeais de sujet de conversation...

- Eh bien mon chéri, ne te gêne pas. Fais comme chez toi surtout !

- Il aurait tort de se priver ! Vous êtes ici chez vous.


- Tu as vu la nuit que j’ai eu hier ! J’ai besoin de caféine !

- C’est vrai que Bastien a travaillé très tard et a très peu dormi.

- Tu es sûre que c’est le travail ?

Mon frère me taquinait et remettait mon moral en place.


Nous nous retrouvâmes Bastien, Claire, lui et moi sur la terrasse pour discuter tranquillement loin du bruit ambiant de la fête. Olivier ne tarda pas à nous rejoindre :

- Je suis heureux de vous découvrir ici. Je me demandais où vous étiez passés !


Nous discutaillâmes donc un moment, mes frères, ma sœur, mon mari et moi.


La nuit était douce et silencieuse, à peine troublée par le chuintement des chouettes.


Ce petit instant privilégié nous fit du bien à tous.


 

Même si mon anniversaire n’allait pas être pour demain, le temps s’écoulait tout de même sur notre maison. Nous étions souvent tous les deux, pour aider Linette à faire ses devoirs...


...ou même pour la sermonner lorsqu’on la surprenait à jurer devant un dessin animé...


- Oups... Désolée...


Ce jour-là, Céline et moi avions rendez-vous à la salle de sport d’Oasis Spring pour un entrainement intensif.

- Je ne sais pas ce que j’ai aujourd’hui, Tatie... mais je me sens un peu fatiguée...

- Fatiguée ? A ton âge ? Nous allons voir ça.


Devant le peu de motivation de ma nièce, je me résignai à appeler Bastien pour qu’il nous rejoigne :

- Tu avais raison. Je crois que je n’y arriverai pas toute seule.


Il arriva un quart d’heure plus tard.

- Alors Céline ? Tu as du mal, il paraît...


- Plus depuis que tu es là, on dirait ! dis-je à mon mari.

- C’est très bien ! Continue comme ça ! l’encouragea-t-il.


Bastien l’entraîna ainsi pendant deux heures. La pauvre petite n’en pouvait plus mais elle se donna à fond...


...jusqu’à ce que la douleur fût insupportable...

- Tonton. Je n’en peux plus. J’arrête !

- Vraiment ?


- Oui sinon mes muscles vont tous craquer. Je le sens, dit-elle d’une voix chevrotante.

- C’est signe que tu as bien travaillé !


Céline se jeta dans les bras de mon mari, les yeux plein de larmes.

- Oh, je n’en peux vraiment plus !

- Oui ma puce, je sais...


- Cela veut dire que tu as repoussé tes limites.

- Et c’est bien ? lui demanda-t-elle en hoquetant.


- Très bien même ! lui répondis-je. Quand tu as mal comme ça, c’est que ton corps a donné tout ce qu’il pouvait !

- Tatie a raison. Tu t’es surpassée aujourd’hui. Et dans notre métier, c’est nécessaire. Nous ne savons jamais à quoi nous devrons résister, le lendemain.

- Et on peut s’assoir maintenant ?


Bastien et moi l’emmenâmes dans le petit salon situé à l’entrée de la salle de sport.

- Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie !

- Cela me rappelle des souvenirs.


- Quels genres de souvenirs ?

- Et bien figure-toi qu’à une période, j’ai aussi entraîné Tatie !

- Et pas qu’aux haltères !


- A quoi d’autre ?

- Au combat. Mais ce n’est pas encore pour toi.

- Et ne sois pas pressée !


- Ah bon ?

Bastien se tourna vers moi :

- Ton entraînement au combat n’est d’ailleurs pas terminé ma chérie !

- N’empêche qu’une fois je t’ai battu !


- Elle t’a vraiment battu, Tonton ?

- C’est ce qu’elle a cru, oui.

- Tu vois, je le savais que tu m’avais laissée gagner.


Il était temps pour nous de rentrer. Linette nous attendait à la maison et Céline était aussi attendue par ses parents.

- Que dois-je faire, maintenant ?

- Continue à t’entraîner. Demande de l’aide à ton père. Je t’assure qu’il est très doué. Encore plus que moi pour les haltères.

- Fais-lui confiance, Céline. C’est un athlète professionnel et il sera ton meilleur allié. Il n’attend que ça.


- Mais il est vieux maintenant...

- Vieux ne veut pas dire incapable.

- Attend d’avoir nos âges, tu verras...


 

Le dimanche suivant, j’avais donné rendez-vous à Emilie au Centre de Bien-être. Comme prévu dans les consignes du Créateur, je continuai à m’y rendre tous les dimanches. Enfin presque : j’avais eu une coupure de deux ans et demi alors que j’étais à la planque pour sauver les enfants de la famille. J’espérais, au fond de moi, que ce défaut n’anéantirait pas tous les efforts des précédentes générations pour retrouver le monde de Mamie Perrine. J’avais Foi en notre Créateur que je devinais juste et compréhensif mais, quoiqu’il en soit, mon doute ne sera levé que lorsque Linette deviendra jeune adulte. Et ce n’était pas encore le moment.


Nous étions, Emilie et moi en train de discuter et d’enfiler un peignoir lorsque Claire, qui apparut de nulle part, nous interpella.

- Michèle ? Emilie ? Vous êtes là ?


Claire et moi sortîmes pour attendre Emilie qui ne s’était pas encore mise en tenue de circonstance.

- Je ne savais pas que tu venais au spa.

- J’y viens de temps en temps depuis que tu me l’as fait découvrir alors que j’étais enceinte. En général, je viens quand Alistair et Lucie sont au travail. Et là, je souffle vraiment !


- Alors les taties, on discute ?

- Oui mais pas pour longtemps. Je vais aller me faire masser.

- Et moi suivre un cours de yoga.


- Dans ce cas, je vais prendre un bain de boue !

- Nous n’avons qu’à nous retrouver sur la terrasse du haut après nos soins, non ?


C’est ce que nous fîmes.

- Quel bien ça fait ! Je maitrise de plus en plus de postures !

- Et moi j’ai adoré mon bain de boue ! Sauf qu’après, il a fallu que je prenne une douche pour enlever tout ça !


- Et toi Michèle ?

- J’ai savouré mon massage. Et je ne manque jamais de m’en faire faire un quand je viens ici.


- Pourtant Tonton t’en fait lui aussi.

- Mais ils doivent être différents...

- Je dirai qu’ils sont « personnalisés » ...


 

Le temps passait trop vite. La semaine suivante, nous étions de nouveau tous réunis autour des anniversaires de Claire et Alistair.


Ma sœur et mon beau-frère étaient, à leurs tours, devenus des personnes âgées... Je les vis se congratuler mutuellement, et ils semblaient heureux.


Claire et moi échangeâmes des regards entendus.


La fête se termina quelques heures plus tard dans une ambiance bon enfant.

Une fois à la maison, et Linette couchée, nous pûmes enfin profiter d’un peu de tranquillité.

- Tu crois que nous nous aimerons toujours autant lorsque nous serons vieux ? dis-je à Bastien.

- Je ne le crois pas. Je le sais. Et toi ? Tu en doutes ?


- Non. Je sais que nous nous aimerons encore très fort et pour longtemps. Mais je voulais te l’entendre dire.

- Tu es l’amour de ma vie. Et cela depuis que je suis enfant.


Bastien m’embrassa fougueusement et ne lâcha pas mes lèvres avant un long moment...


 

Nous faisions ce matin-là un petit sauna en amoureux...


- Tu as vu qu’il neigeait dehors ?


- Non. Je ne vois que toi.


- Tu ne veux pas aller voir ? C’est la première neige de l’année.

- Tu as l’air d’y tenir, n’est-ce pas ? Allons-y.


- C’est beau, tu ne trouves pas ?

- Magnifique !


- Maman ! Papa ! Je vous ai cherchés partout !


- Bonjour ma chérie. Tu es déjà levée ?

- Et oui ! Vous avez vu qu’il neige quand même ?!


- Mais oui ! lui répondit Bastien.

- Et si on allait tous dehors pour voir ça de plus près ?


Linette adorait la neige.

- Changez-vous ! Je vous attends devant le bateau pirate !


- Je crois que notre cocooning au sauna est bien terminé...

- J’en ai bien peur.


- C’est trop beau !

Linette ne cessait de s’émerveiller.


Nous restâmes un moment admirer les jolis flocons qui tombaient du ciel, puis Linette dut partir à l’école.


- Mais tu n’as même pas pris ton petit déjeuner !

- J’ai pris des toasts dans un sac en papier !


- J’espère qu’elle pensera à les manger.

- Mais oui.


Ce jour-là, après l’école, Linette se rendit directement chez Emilie. Il était prévu qu’elle dîne chez son oncle et sa tante puis qu’ils la ramènent à la maison où Lucie s’était proposée de la garder jusqu’à notre retour.

- Je suis vraiment contente ! Je croyais que la neige n’allait pas durer mais il y a eu ces petits flocons toute la journée.



- Oui mais c’est en train de se calmer.

- C’est dommage...


- Bonjour Tonton !

- Bonjour ma chérie. Ça a été, à l’école ?


- Très bien. On n’a pas beaucoup travaillé. On a surtout parlé de la neige.

- Ah oui. Tu as vu comme c’est beau ! Par contre, il fait très froid.


- Ça, ce n’est pas grave. Je n’ai pas froid avec mon gros chandail.

- Tu as raison. Rien ne vaut un bon gros pull.


- Elle est pas là, Tatie Amandine ?

- Non. Malheureusement, elle doit travailler tard ce soir.


- C’est Emilie qui va nous préparer le dîner.

- Ah bon ? Et qu’est-ce que tu vas faire à manger ?


- Des spaghettis à la bolognese !

- Tout ce qu’on aime ! Pas vrai Linette ?

- Oh oui !


- Est-ce que ça vous dit de faire une partie de cartes en attendant ?


- Moi je veux bien mais tu n’as pas de devoirs à faire ?

- Si. J’ai deux exercices de mathématiques.


- Dans ce cas, je vais lancer les spaghettis pendant que Linette fait ses devoirs.

- Je ne peux pas faire mes devoirs plutôt après la partie de cartes ?


- Non. Les devoirs d’abord, lui dit Emilie. C’est la priorité.

- Je suis d’accord.

- Ok, mais n’oublie pas le parmesan dans les spaghettis !


Olivier ramena Linette après le dîner, comme prévu...

- Profite bien du reste de ta soirée ma chérie. A bientôt.


...et Lucie arriva peu de temps après.

Elles passèrent toutes deux une partie de la soirée à jouer aux échecs jusqu’à ce que Lucie envoie Linette se mettre en pyjama.


- Ça y est je suis en pyjama !


- Alors, qu’est-ce que tu aimerais faire maintenant ?

- J’aimerais regarder TV préados. Tu veux bien ?


- Il n’y a qu’à demander !


Lorsque nous arrivâmes, les filles étaient toujours devant la télévision.


- Bonsoir, bonsoir !

- Je n’ai pas le droit à un petit bisou ?

- Si. J’arrive Papa !


- Alors ? La soirée s’est bien passée ?


- Très bien, répondit Lucie. On a joué aux échecs puis regardé la télé et vous voilà !


- Tant mieux. C’est très gentil à toi d’être restée avec elle jusqu’à notre retour.

- Ça me fait plaisir, tu le sais bien.


- Tu veux boire quelque chose ?

- Non merci Tatie. Je vais rentrer, il est déjà tard.


- Merci encore !

- Il n’y a pas de quoi ! On remet ça quand tu veux. Linette est vraiment une petite fille agréable.


- Tu as entendu ça Papa ?


- Oui ! Mais c’est normal, tu es ma fille, c’est pour ça !

- A bientôt Lucie. Embrasse tes parents pour nous.


- Ça y est, Linette est couchée.


- Tu te rends compte que nous allons fêter son anniversaire dans quelques jours.

- Et le tien avec mon amour !


- Ainsi va la vie ! Tu auras bientôt un mari poivre et sel !

- Je fréquente déjà un autre homme avec les cheveux blancs ! Baptiste Vaughn. Je ne serai pas dépaysée !


- Haha ! Bien vu !

- N’est-ce pas ?


- Je ne m’y attendais pas à celle-là !

- Pourtant tu es très bel homme. En blond, en blanc, en gris, et même en brun !


- Je peux te retourner le compliment mon amour.

- Pas pour tout. Tu ne m’as encore jamais vue avec les cheveux blancs ou gris...


- Je ne serai peut-être plus à ton goût.

- Impossible ! J’ai un goût très sûr.


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