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  • Photo du rédacteurNathalie986

G4/ Chapitre 31 : des épreuves et des bonheurs


Le premier drame familial arriva ce jour où nous étions tous invités chez Olivier et Amandine pour dîner entre adultes. Nous avions laissé les filles aller au Jus de Crotale.

- J’aimerais franchement que nous allions tous les quatre en vacances à Granite Falls. Que tous les quatre, comme lorsque nous étions enfants, avec Papa. Charlie, Claire, toi et moi.

- C’est une merveilleuse idée, Olivier. Cela me tente beaucoup.


Bastien et moi étions arrivés les premiers. Je discutais avec Olivier lorsque l’impensable s’est produit. Il se leva soudainement. Je vis tout de suite que quelque chose n’allait pas.

- Qu’est-ce qu’il y a frérot ? ça ne va pas ?


Tout se passa très vite. Mon frère tomba sur le sol. Amandine et Bastien accoururent.


Charles et Claire, qui arrivèrent à ce moment-là, virent Olivier trépasser. Je n’arrivais plus à bouger. Amandine, sous le choc, se sentit mal, elle aussi.


Elle s’effondra sous nos yeux très peu de temps après. La Faucheuse était déjà là.


Nous venions de perdre notre frère et notre belle-sœur...


L’enterrement fut très éprouvant. Nous étions tous là. Emilie marchait la tête haute...


...mais je savais qu’elle était effondrée.


Après l’enterrement, Bastien et moi lui proposâmes de venir quelques temps à la maison...


...mais elle refusa. Elle préférait rester seule.


Nous restâmes un moment à discuter puis nous rentrâmes après avoir déposé ma nièce chez elle.


 

Les jours et les semaines qui suivirent furent très difficiles. Mon anniversaire approchait à grands pas. Et je ne voulais pas le fêter.

- Tu es sûre, me demanda Linette.

- Oui. Je suis encore trop triste pour faire la fête. Et je pense que Charles et Claire aussi.


- Ils comprendront, c’est certain.

- J’en suis sûre.


- Ma chérie, je sais combien tu aimais ton frère... mais ça ira mieux, je te le promets...


- Je te le promets, tu entends ? Je suis là, avec toi. Je t’aiderai à traverser tout ça.


J’étais tellement envahie par ma peine et Bastien tellement absorbé par moi...


...que nous ne vîmes même pas Linette quitter la pièce. Nous avions oublié qu’elle aussi pouvait avoir de la peine.


Le jour de mon anniversaire, Linette me confectionna tout de même un gâteau.


J’étais dans le bureau en train de pleurer lorsque Bastien vint me chercher pour me dire que notre fille m’avait préparé une surprise.


Le gâteau était là, orné de bougies. Je les soufflai donc...


...et je devins une personne d’âge respectable.


- Merci ma puce, merci pour ton gâteau. C’est une très belle attention.

- Je suis heureuse que ça t’ait fait plaisir, Maman.


- Tu sais, moi aussi, je suis triste Maman.


- Ma chérie, ton père m’a dit, il y a quelques jours, qu’on s’en sortirait. Et on va s’en sortir.


- Mais c’est tellement dur. Je pense à Tonton tout le temps.

- Je sais ma chérie. Moi aussi.


- Mais nous sommes trois à cette table. Et nous surmonterons cette épreuve ensemble.


Bastien s’éloigna. Je savais que lui aussi avait de la peine.

- Et tes copains, tu les as vus récemment ?


- Non. Pas depuis le décès de Tonton Olivier.

- Tu devrais les voir. Cela te remonterait un peu le moral de discuter avec eux.


- Tu crois ?

- J’en suis persuadée.


- Tu crois que je peux le faire maintenant ?

- Oui.


- Fais-le, vois-les, change-toi les idées.


- Mais je n’ai envie de parler qu’à Jules.

- Alors appelle Jules ma chérie.


Je partis me coucher. Linette était désespérée mais je savais que voir Jules l’aiderait.


- Que se passe-t-il Linette ? J’étais super inquiet. Cela fait des jours que tu ne nous réponds plus au téléphone.

- Je sais...


- J’ai perdu mon oncle ! Tonton Olivier ! Il est mort !

- Oh mon Dieu...


- Viens dans mes bras. J’aimerais tellement pouvoir te consoler...


Jules parla avec Linette pendant une bonne heure. Il essaya de l’apaiser comme il pouvait.


Linette me dira plus tard que leur conversation lui avait fait le plus grand bien.

- Linette, je serai toujours là pour toi. Tu le sais ?

- Oui, je le sais.


 

Lorsque la douleur se fut estompée et que nous nous sentîmes tous mieux, nous décidâmes de provoquer des réunions familiales régulièrement, sans raison bien précise, juste pour nous voir.


Les morts subites d’Olivier et d’Amandine nous avaient fait réaliser à quel point nous ne nous réunissions plus aussi souvent qu’avant.


C’est Charlie qui lança la première soirée.


Une semaine plus tard, ce fut à mon tour de nous réunir.


Nous étions tous heureux de nous retrouver. Personne ne manquait jamais à l’appel.


Nous étions ensemble, tout simplement, et profitions les uns des autres.


 

Un après-midi, alors que je me détendais dans le sauna, je vis Bastien débarquer en costume, de retour du B.P.E.H.

- Bonjour mon amour. Tu es déjà là ?

- Oui et j’ai bien envie de te rejoindre.


- N’hésite pas ! Il y a de la place pour deux.

- J’arrive !


- Alors ? Tu es rentré bien tôt. Qu’est-ce qui se passe ?

- N’oublie pas que je suis à la retraite ! Et c’est très calme au B.P.E.H.


- Et à l’Agence ?

- Je suis le grand chef, non ? J’ai donné toutes mes consignes et me voilà ! Ils savent qu’ils peuvent me joindre en cas d’urgence, de toute façon.


- En gros, tu te la coules douce !

- Mais oui ! Et je compte bien me la couler douce avec toi, dès maintenant !


- C’était merveilleux !

- Tu as raison ! Est-ce que ça te dit d’aller faire une petite promenade dehors ?


- Pourquoi pas ? Cela nous fera du bien de profiter de l’air frais.

- Génial.


- C’est sympa de se balader dans le quartier.

- Oui, ça fait une éternité que nous ne l’avons pas fait.


- Ma chérie, je voudrais te dire une chose importante.


- Je t’aime ! Je t’aime très fort.

- Moi aussi je t’aime mon amour.


- Il me semble que je ne te l’avais pas dit depuis trop longtemps. Toutes ces années avec toi m’ont rendu le plus heureux des hommes !


- Toi aussi tu m’as rendue heureuse Bastien. Très heureuse, même.

- Et c’est important de se le dire ! Le temps passe si vite.


- Je pourrais crier au monde entier tout mon bonheur !


- Tiens, le tram. Linette ne va pas tarder à arriver.

- Elle nous a peut-être même vus.


- Alors, avant qu’elle n’arrive, j’ai quelque chose à t’offrir.


- Cette rose qui n’a d’égale que ta beauté.

- Oh Bastien !


- Tu es l’homme le plus merveilleux du monde ! Et j’ai la chance de t’avoir !


Bastien m’attrapa par la taille, me fit basculer et m’embrassa comme il ne l’avait pas fait depuis longtemps.


- C’est moi qui aie la chance de t’avoir ! Tu es toute ma vie.


Nous décidâmes d’immortaliser (provisoirement) notre amour par deux anges de neige !


- Allez lève-toi maintenant ! Tu vas rester malade.

- Mais je suis très bien ici !


- Coucou les parents !

- Oh Linette ! Attends, je me relève...


- Nous avons vu le tram passer il y a un petit moment de ça ! Tu ne nous as pas vus ?

- Non, je viens juste de vous voir par la fenêtre de la cuisine.


- C’est pour ça que nous avons pu batifoler tranquillement, alors !

- Bastien ! me outrai-je gentiment.


- Papa, tu exagères ! Pense à mes chastes oreilles !


- On ne refera pas ton père à son âge, tu sais !

- Vous m’avez l’air drôlement heureux tous les deux, aujourd’hui !


- Oui ! La vie est belle, il fait beau et on s’aime !

- Génial !


- Et ta mère est la plus merveilleuse des femmes !

- Voilà ! Tu sais tout !


- Bon, soyons sérieux. Et si nous allions tous choisir cet objet qui mettra un terme à ma mission ?

- Très bonne idée !


Nous nous rendîmes tous les trois à l’espace détente pour trouver L’Objet.

- Bon, voyons voir... Quel est cet objet qui pourrait être transmis aux générations futures ?


- Et pourquoi pas ton tabouret de méditation, Maman ?


- Mais oui ! s’exclama Bastien. Je trouve que le tabouret convient parfaitement !

- Et toi, Maman ? Qu’est-ce que tu en dis ?


- Et bien j’en dis que oui ! C’est parfait ! Adjugé pour le tabouret !

- Formidable !


- Ça n’aura pas pris longtemps de le choisir finalement.

- Non parce que Linette a eu une riche idée.

- Si je peux rendre service...


- Je peux vous demander quelque chose ? j’aimerais organiser une soirée ici avec mes copains, demain soir.

- Une soirée demain soir ? Rien que ça ? lui répondis-je.


- S’il-te-plaît...

- Moi, je trouve que c’est une bonne idée, me dit Bastien. Cela nous permettrait de voir enfin ses fameux Inséparables.


- Tu as probablement raison. Mais tu vois ça comment ?

- Nous allons en parler tous les deux.


- Tu me fais confiance ?

- Toujours. C’est bon Linette. Appelle tes amis. Ton père et moi avons à parler.


- Allô Jules ? Est-ce que ça vous dit une soirée chez moi demain soir ? Thème noir et blanc.


Linette nous retrouva ensuite au salon.

- Alors, comme nous te l’avons dit, ta petite soirée aura quand même une condition...

- Mais rien de bien gênant pour toi, je te rassure !


- Et c’est quoi cette condition ?

- Papa et moi resteront avec vous.

- Toute la soirée, précisa Bastien.


- Vous plaisantez ? Mais que vont dire mes copains ?

- C’est ça ou il n’y a pas de soirée.

- Tes copains ne sauront même pas que nous sommes tes parents ! Grâce à une de mes fabuleuses idées de génie !


- Ah oui ? Racontez-moi.

- Ton père sera le mixologue de service, et moi le traiteur.


- C’est excellent comme idée ! Vraiment génial !

- Je savais que ça te plairait !


- Merci à tous les deux ! Vous êtes des parents formidables.

- Mais ça, on le savait déjà ma chérie, se vanta Bastien.


 

Le lendemain soir, nous étions fin prêts. Nous avions déplacé le bar dans la salle et Bastien faisait le beau en empilant des bouteilles tout en me faisant des clins d’œil.


Linette saluait ses amis par leurs prénoms à mesure qu’ils arrivaient. Nous sûmes donc que le premier était Clément. Il fut suivi de près par Jules et Samuel que Bastien détailla l’air de rien. Nous constatâmes que Jules et Clément étaient tous deux des jeunes adultes.


Bastien s’était arrangé pour mettre moitié moins d'alcool dans les verres des adolescents...


Alors que Rangi, Samuel et Clément palabraient sur cette histoire de costumes, Bastien et moi surprîmes les regards intenses de Jules et Linette. Ils se regardaient l’un l’autre sans mot dire. Ils étaient dans leur bulle au milieu du bruit. Il se passait quelque chose, quelque chose que seuls de yeux de parents avertis pouvaient voir. Puis Jules se servit une portion de mes œufs Bénédicte.


Mais Jules ne répondit pas. Il était reparti dans sa contemplation de notre fille.


Les jeunes restèrent encore un moment discuter autour de la table puis Rangi les pressa de venir danser.


Linette m'avait appris que Jules avait fêté son anniversaire, il y a peu. Je sentais bien que c’est un point qui chiffonnait Bastien, et j’avoue que moi aussi.


Les jeunes dansèrent encore un peu...


...puis Linette mit un terme à la soirée.


- Et ben voilà ! La soirée est déjà terminée.

- Et c’était une soirée très réussie. Tes amis sont tous très sympathiques.


- Ils t’ont plu, alors ?

- Et ils sont très bien élevés !


- Oui chérie, ils nous ont plu !


- Ils sont tous très polis, très respectueux et surtout, vous avez l’air de très bien vous entendre, tous les cinq.

- C’est vrai. Nous sommes unis comme les cinq doigts de la main.


- D’où cette histoire impossible avec Jules...

- Nous n’en parlons même plus depuis cette seule et unique fois au musée.


- Vous n’en parlez plus mais j’ai vu la façon dont il te regardait.

- Ah ? Tu as remarqué ?


- Oui. Je suis ta mère...

- Les autres n’ont jamais rien vu. Pourtant, Jules me regarde tout le temps comme ça.


- Ce garçon t’aime. J’en suis sûre.

- Oui, mais il ne veut pas de moi...


- C’est peut-être parce qu’il est adulte maintenant...

- Sûrement. Il avait évoqué ce truc là au musée... Mais surtout, c’est à cause de la bande.


- Oui, c’est ce que tu m’avais déjà dit. Mais il n’a pas tort. Cela pourrait semer la zizanie dans votre petit groupe.

- J’en suis bien consciente.


- En plus, il n’est pas le seul à n’avoir d’yeux que pour toi...

- Que veux-tu dire ?


- Samuel, tu n’as pas remarqué ? Il a le béguin pour toi.

- Non.


- C’est un peu inévitable. Tu es la seule fille du groupe. Et jolie, en plus...

- Maman ! En t’entendant, je crois que Jules a définitivement raison. Il vaut mieux qu’il ne se passe rien entre nous...


- Alors les filles ? Vous avez fini de papoter ?


- Oui, lui répondit Linette.

- Très bien. Parce qu’il faut encore remettre le bar en place et ramener l’échiquier.


- Quoi ? A cette heure-ci ?

- Tu as voulu une fête, il faut ranger après la fête ! la taquina Bastien.


Mais Linette n’avait pas saisi la plaisanterie :

- Papa par pitié, je suis crevée ! En plus, le bar pèse un lama mort !

Je finis par m’esclaffer :

- Bastien, arrête !


Mes éclats de rire mirent la puce à l’oreille de ma fille.

- Il plaisante ?

- Oui !


- Ce n’est pas très gentil, tout ça.

- Désolée ma puce. En fait, j’envisage de laisser le bar ici quelques temps, lui dit son père. J’en ai marre de le déplacer chaque fois qu’il y a une fête. Allons plutôt nous changer pour la nuit.


Nous nous retrouvâmes au salon.

- Maman et moi sommes vraiment contents d’avoir vu tes copains.

- Et nous aimerions les connaître vraiment.

- C’est-à-dire ?


- Que tu nous les présentes officiellement.

- Je ne sais pas... On n’a jamais rencontré nos parents respectifs...


- Et bien ce serait peut-être un truc à lancer, suggéra Bastien. Ce sont tes amis, non ? Demande-leur.

- D’accord. Je vais voir ça.


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