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  • Photo du rédacteurNathalie986

G4/ Chapitre 4 : surmonter et continuer


Après le départ de la Faucheuse, j’appelai mes frères, ma sœur et mon oncle Chris pour leur annoncer la triste nouvelle du décès de Papa.

Claire se jeta dans les bras de notre mère :

- Maman !


(Clémence) Vous êtes tous venus...

(Charles) Bien sûr, Clémence.


- Mais pourquoi ? Pourquoi lui ? J’aurais dû partir avant !


- Ne dis pas ça, Maman. Je t’en prie...


- Mais comment je vais faire maintenant qu’il n’est plus là ?


- Tu n’es pas toute seule, on est tous là ! la rassura Claire

- Claire a raison, Clémence. Regarde autour de toi, confirma Charles.


- Je t’interdis de te laisser abattre ! Personne ne se laissera abattre dans cette famille ! poursuivit Claire.


Je m’étais approchée de Maman :

- C’est vrai. Nous sommes suffisamment nombreux pour nous aider les uns les autres. Nous surmonterons son départ tous ensemble.

- Hum...


(Clémence) Mais c’est tellement dur...

(Claire) On va s’en sortir, c’est vrai. Ça nous paraît impensable pour le moment mais on s’en sortira.


(Clémence) Et toi, Michèle ?

(Michèle) Ma petite Maman...


(Clémence) J’espère que cela ne va pas mettre ta grossesse en péril...

(Michèle) Je vais bien. Je t’assure.


Maman ignorait tout de l’ultimatum que m’avait posé Quentin et je ne comptais pas lui en parler pour le moment.

- Ce serait terrible s’il arrivait malheur au bébé !

- Maman ! Je t’ai dit que j’allais très bien !


- Votre père ne connaîtra même pas son quatrième petit enfant. C’est si triste...


- Mais il a eu une belle vie avec une grande famille ! lui dit son frère.


- C’est ce qu’il voulait Clémence ! Une grande famille unie. Il est mort heureux, crois-moi.

- C’est vrai. Ça j’en suis sûre. Merci Chris.


Olivier la serra contre lui :

- Tu vois, Clémence, tu as ton frère bien sûr, mais tous les enfants de Maxime sont là pour toi ! Tu es notre mère à tous, pas vrai Charles !


- Complètement !

- Nous t’aimons très fort Clémence.


Pendant ce temps, Claire et moi discutions de ma situation délicate :

- Je ne sais pas. Je n’ai pas encore pris de décision. Ce n’est pas facile tu sais.


- Il ne va pas falloir traîner pourtant...


Maman s’était jointe à nous et il fallut improviser :

- Une décision à propos de quoi Michèle ?

- Oh... Savoir si nous organisons le mariage ici ou chez Quentin. Mais ce n’est pas le moment d’en parler...


Je m’éclipsais, embarrassée, pour aller débarrasser les assiettes qui traînaient ici et là et surtout, pour me donner une contenance.

- Ici, bien sûr ! me lança Maman. C’est ici que cela doit se faire !


(Olivier) Que se passe-t-il ?

(Chris) Ta sœur se demande si elle doit organiser son mariage ici ou chez Quentin.

(Moi) Et j’ai dit aussi que ce n’était pas vraiment le moment d’en parler !


(Clémence) Ici, c’est évident ! Ton père ne l’aurait pas envisagé autrement !

(Olivier) Michèle a raison. Ce n’est pas le moment pour débattre sur le sujet


(Chris) Je suis d’accord.

(Moi) Merci Tonton. Merci Olivier !


Puis mon frère dut nous laisser :

- Il faut que je vous laisse. Nous avons veillé toute la nuit et j’aimerais rentrer prendre une douche avant d’aller au travail.

- Merci d’avoir été là, Olivier, le remercia Maman.


Claire et Charles étaient partis depuis un moment déjà lorsqu’Olivier s’en allât. Seul mon oncle Chris restât encore avec nous. C’est Maman qui lui demandât de partir :

- Chris, il serait peut-être temps que tu y ailles aussi. Je suis fatiguée et je voudrais m’allonger.

- Très bien sœurette ! Je t’appelle tout à l’heure.


- Et voilà. Tout le monde est parti... Nous sommes seules.

- Je serai encore plus seule lorsque tu partiras à ton tour, après ton mariage.


- Maman, je ne partirai jamais.

- Il te faudra bien suivre ton mari pourtant.


- Ou lui me suivre.

- Tu veux dire que tu serais prête à vivre ici, avec moi, avec Quentin et le bébé ?


La conversation devenait de plus en plus pénible pour moi, mais je devais donner le change. Maman ne devait surtout pas soupçonner quoi que ce soit :

- Oui. C’est ce que je veux.

- Je suis si heureuse, tu ne peux pas savoir ! Je ne l’ai pas dit devant les autres mais ton bébé sera vraiment mon petit-enfant, celui de mon sang, le vrai !


- Pourtant j’aime déjà Emilie, Lucie et Céline. Mais je sais que ce ne sera pas pareil avec ton bébé. Tu dois me prendre pour un monstre.

- Mais pas du tout ! C’est normal. Et je suis tellement contente que tu nous acceptes ici. Je craignais que tu ne sois pas d’accord.


Je sentais que je la tirais vers le haut. Elle avait un objectif à présent pour se sortir de son chagrin. Par contre, je ne savais pas du tout comment j’allais me sortir de cette situation.

- Oh ma chérie, je t’aime tant !


 

La vie reprit tout doucement son cours mais les semaines qui suivirent furent compliquées pour moi. Après m’avoir une fois pour toutes présenté ses condoléances, Quentin m’appelait tous les jours pour savoir si j’avais pris une décision. Je lui répondais invariablement que non et lui demandais de me laisser encore un petit peu de temps. Maman, quant à elle, ne parlait que du bébé à venir. Elle me conseillait d’attendre sa naissance avant de me marier. « Tu seras ainsi plus jolie dans ta robe de mariée », me disait-elle.


Quant à moi, cela faisait dix jours que je faisais les allers-retours entre Newcrest et Granite Falls. L’agence m’avait envoyée en mission là-bas sous la couverture d’une touriste passionnée d’herboristerie. Je me levais tous les matins à cinq heures et je rentrais tous les soirs à vingt heures. J’étais éreintée. Et plus le temps passait, moins j’avais envie de me séparer du bébé.

Ce jour-là, on m’appela pour me signifier que le lendemain serait mon dernier jour en mission à Granite Falls. L’agence avait recueilli suffisamment d’informations.


Par contre, dans la foulée, le lendemain soir, il faudrait que je parte pour une nouvelle mission avec Charlotte et Reine, à la salle de sport d’Oasis Spring. Nous aurions cette fois pour couverture, trois adolescentes. On ne devait absolument pas nous reconnaître.

J’étais fatiguée. Je n’en pouvais plus mais il me faudrait réussir cette mission. J’appelai Reine et Charlotte puis allai prendre un bain bien mérité.


Le lendemain soir, mes collègues étaient au rendez-vous, sur le parvis de l’agence S.I.M.S. Je leur donnai les directives principales :

- Nous devons être méconnaissables et ressembler à des adolescentes.

- Alors, c’est tout trouvé ! Je me change en blonde ! s’enthousiasma Charlotte.


- Et c’est quoi la mission exactement ? demanda Reine

- La liste de nos agents doubles a été volée. Nous devons retrouver un petit paquet contenant le microfilm sur lequel se trouve cette liste.


J’expliquais rapidement la situation à mes deux amies : cette liste était tombée malencontreusement en la possession d’un adolescent qui a très vite compris qu’elle représentait beaucoup d’argent. Il s’est mis en tête de faire chanter la S.I.M.S. et a menacé de mettre le microfilm en vente sur Plopsy. Quel petit inconscient ! Il nous faut donc impérativement récupérer la liste avant qu’il ne la vende au plus offrant. Cela détruirait la couverture de tous nos agents doubles en mission.


- Voilà, vous savez tout.

- Ça veut dire que le nom de Baptiste Vaughn est sur cette liste. Notre super agent est donc en danger, s’inquiéta Reine.

- Nous allons le tirer de là. Nous sommes là pour ça, la rassuré-je.


- Et comment le microfilm est-il arrivé entre les mains de cet ado ?

- A cause de l’imprudence d’un de nos agents. Il a payé cher, d’après ce que j’ai cru comprendre...

- J’espère qu’on va pouvoir réparer tout ça.


Les filles et moi allâmes ensuite nous changer dans les vestiaires du bâtiment avant de nous rejoindre dans l’un des salons. Nous étions fin prêtes pour la mission.

Charlotte s’était, comme promis, déguisée en blonde tandis que j’avais arboré une perruque rose et que Reine avait opté pour des mèches bleues.

Nous avions revêtu des tenues de sport pour rejoindre tranquillement notre cible à la salle de sport d’Oasis Spring où il se rendait tous les lundis soir.


Nous ne mîmes pas longtemps à repérer l’adolescent en question. Il était vêtu tel que le Bureau nous l’avait décrit. Nous étions rentrées séparément mais nous sommes arrangées pour le cerner. Si nous ne pouvions agir pour le moment car il y avait trop de monde dans la salle, il n’était pas question qu’il nous échappe.


Lorsqu’il se dirigea vers les vestiaires une bonne heure après, Reine entreprit de le suivre. D’un signe de tête, je demandai à Charlotte de l’accompagner.


Reine le rattrapa juste avant qu’il ne s’enferme dans les douches.


L’adolescent leur donna du fil à retordre mais les filles finirent par avoir raison de lui et sa peur fut plus grande que l’appât du gain.


La salle était à nouveau noire de monde et Reine vint m’informer discrètement sur l’endroit que l’on cherchait avant de retourner dans les vestiaires, avec Charlotte et le prisonnier.


Je sortis dans la nuit noire.

Le gamin avait dit avoir caché le microfilm derrière la salle de sport, au milieu des ventilateurs.


Je trouvai effectivement sans mal le paquet. Le problème, c’est qu’il était tellement mal caché que n’importe qui aurait pu tomber dessus !


Après avoir vérifier qu’il s’agissait bien du microfilm que nous recherchions, j’appelai les filles :

- C’est fait, dis-je brièvement avant de raccrocher.

Mission terminée. Il était maintenant grand temps de rentrer à la maison.


Le jeune homme, quant à lui, allait être conduit dans les locaux de la S.I.M.S. afin d’être interrogé. J’avais laissé à Reine et Charlotte la charge de l’y amener sous bonne garde.


Le lendemain matin, je me réveillai avec de terribles douleurs. Je m’étais écroulée sur mon lit en rentrant de la mission et j’avais dormi d’une traite jusqu’à maintenant. Je savais malheureusement ce qui était en train de se passer...


Je me trainai difficilement jusqu’à la salle de bain puis appelai mon grand frère. Il avait demandé à être prévenu lorsque ma décision aurait été prise, et cela n’avait plus lieu d’être. J’avais un mauvais pressentiment et je savais qu’il serait à mes côtés dans cette épreuve.


- Viens tout de suite, s’il te plait, c’est urgent.


Olivier resta tout le temps avec moi. Il s’occupa lui-même de mon admission et exigea expressément une chambre individuelle. Il resta près de moi jusqu’à ce qu’on vienne me chercher pour m’emmener au bloc opératoire et il était encore là, à mon réveil, assis près de moi.


Mon moral était au plus bas. Il sécha mes larmes à plusieurs reprises puis lorsqu’il fut temps de quitter l’hôpital, il m’emmena faire un tour près de la rivière.


Nous nous assîmes sur un banc et il m’écouta parler pendant deux heures encore. Il me consola et parfois ne dit même rien. Il était juste là.


Lorsque je rentrai à la maison, je vis tout de suite que quelque chose n’allait pas avec Maman, et ce n’était pas dû au fait que j’avais perdu mon gros ventre. Je crois qu’elle ne le vit même pas.

- Michèle... Je me meurs... Je vais rejoindre ton père...

- Maman ! Qu’est-ce que tu as ? Maman !


- Je t’aime chérie... Promets-moi d’être heureuse !

- Maman !


- Promets, Michèle !

- Je te le promets, Maman...


Puis elle s’effondra. J’étais sous le choc.


Je ne m’étais même pas aperçue que mes frères et ma sœur étaient là...


Olivier m’expliquera plus tard qu’il avait appelé la fratrie pour être auprès de moi lorsque j’annoncerais à Maman le malheur qui venait de me frapper. Mais ma pauvre petite Maman n’en saurait jamais rien, et un second malheur nous frappait tous. J’étais effondrée.


 

Après le décès de Maman, Charles s’installa avec moi à la maison. Cela dura un peu plus de deux mois. La fratrie ne voulait pas me laisser seule à cause des chocs consécutifs de la mort de ma mère et de la perte de mon bébé, survenus le même jour. Charles s’était porté volontaire pour être près de moi, avec l’accord bienveillant d’Elsa. Malheureusement, parfois, j’aurais juste voulu être un peu seule.

Ce soir-là, je rentrais du boulot avec une belle promotion. J’étais officiellement agent secret et je travaillerai dorénavant exclusivement sous couverture. Charlotte, Reine et moi avions prévu de sortir fêter ça.

- Mais où vas-tu aller ?

- A l’Eruption Solaire avec mes collègues. Nous fêtons un gros contrat. Profites-en pour aller dîner avec Elsa et Céline. Je vais rentrer très tard ! Tout ira bien. N’aie crainte.


Je réussis tant bien que mal à persuader Charles de me laisser tranquille pour la soirée.

- Allez, trinquons au futur super agent !

- Parle moins fort Reine !

- A ta promotion, Michèle ! Tu l’as bien méritée.


- Tu seras peut-être la nouvelle coéquipière de Baptiste Vaughn. Tu sais qu’il recrute parmi les meilleurs agents secrets, me dit Reine tout à fait sérieusement.

- Et parmi les plus belles ! ajouta Charlotte.


(Moi) Nous verrons bien... Il paraît qu’il a déjà une coéquipière.

(Reine) Il s’en est séparé. Elle faisait bourde sur bourde et n’était pas assez crédible dans le boulot !

(Charlotte) La pauvresse a été rétrogradée agent de terrain.... Il n’est pas tendre notre super agent !


(Moi) Je trouve que vous en savez bien des choses !

(Reine) On s’intéresse, c’est tout !


(Reine) Ce que je trouve navrant, c’est que tu sois la seule à être fiancée, parmi nous, et c’est toi qui pourrais travailler avec lui !

(Charlotte) Tu es au courant qu’il n’a pas d’aventure avec ses coéquipières, Reine ?


Je les écoutais parler mais mes pensées vagabondaient au loin... Pourtant leur légèreté cancanière me faisait beaucoup de bien. C’est ce dont j’avais besoin en ce moment.

(Reine) Ça tu n’en sais rien ! Qui te dit qu’il ne se passe rien lorsqu’ils sont seuls dans les planques de la S.I.M.S !

(Charlotte) On en aurait déjà entendu parler. Certaines n’auraient pas manqué de se vanter d’avoir eu le cœur du beau Baptiste !


(Reine) Pas nécessairement. La discrétion me semble quand même de mise dans un cas comme ça.

(Charlotte) Si tu le dis... J’aimerais tellement savoir à quoi il ressemble.


Je m’éloignai pour aller m’asseoir un peu plus loin sur un fauteuil. Mais Reine me rejoignit bien vite car Charlotte ne l’écoutait plus. Elle était trop occupée à écouter le baratin charmant d’un beau brun qui s’était assis près d’elle.

- Ce nectar est divin !

- Oui, à n’en pas douter.


- Je suis heureuse que tu aies réussi à passer agent secret. Tu étais déjà super en tant que directrice de mission. Tu vas tous les bluffer !

- Merci Reine. Mais toi ? Tu n’as pas envie d’évoluer ? De devenir plus qu’un agent de terrain ?


- Non. Je n’ai pas l’étoffe pour ça. Les missions deviennent beaucoup trop dangereuses après. Et j’aime mon travail d’agent de terrain.

- Alors les filles ! On papote ? Moi, j’ai laissé tomber. Pas intéressant du tout celui-là, il est marié !


Je saluai ensuite mes amies. Il était temps pour moi de rentrer.

- Bonne nuit Michèle ! A demain.


- Elle va réussir, tu ne crois pas ? Un jour aussi, elle sera agent de diamant. Et nous ne connaîtrons même pas son alias...

- J’en suis sûre. Et je suis très heureuse pour elle, bien qu’il y ait encore du chemin avant cela.


En arrivant à la maison, je m’attendais à vois Charles en train de m’attendre. Au lieu de cela, je tombais sur Quentin. Il était assis sur la terrasse.


Même si nous nous parlions tous les jours au téléphone, nous ne nous étions pas revus depuis ce fameux ultimatum qu’il m’avait posé. Il n’avait jamais cherché à me revoir malgré les décès très proches de mes parents. Il n’avait pas cillé. Aujourd’hui, il était là parce qu’hier, je lui avais annoncé qu’il n’y avait plus de « problème ». Je m’avançais vers lui.


- Bonsoir Quentin.


- Mais où étais-tu donc ? Cela fait deux bonnes heures que je t’attends !

- Je suis sortie avec mes collègues. Nous avions un gros contrat à fêter.


- Ce n’est pas toi qui l’as décroché le contrat, j’imagine. Alors je ne vois pas pourquoi en faire tout un plat !

- Non, ce n’est pas moi. Mais les filles et moi sommes solidaires de l’imprimerie. C’est notre gagne-pain. Pas de contrat, pas d’emploi.


- Bien sûr. Où avais-je la tête ?

- Et si nous allions à l’intérieur ?


- Alors mon amour, comment vas-tu ? Tu arrives à te remettre du décès de tes parents ?

- C’est difficile mais j’y arrive. Mes frères, mon oncle et ma sœur sont là pour moi.


- Et le bébé ? Il n’y en a plus ? C’est sûr ?

On ne pouvait pas faire question plus directe. Mais c’était du Quentin tout craché.

- Oui, Quentin. Ça se voit, non ?


- Je m’en trouve fort soulagé. J’avoue que cette histoire m’a beaucoup chagriné.

Et moi donc !

- Vraiment ?


- Bien sûr. Je t’aime et je suppose que tu as dû souffrir de la situation mais pour le moment, avoue que nous sommes tous les deux pris par notre travail. Nous n’avons pas le temps pour pouponner.

- C’est vrai...


Mais que sait-il, lui, de ce que j’ai dû souffrir. Il a été le grand absent de ces derniers mois...

- Mais nous nous rattraperons, je te le promets. Nous allons faire les choses dans l’ordre.

- Et que veux-tu dire par là ?


- Nous allons nous marier, asseoir nos carrières, puis faire notre bébé ! Qu’en dis-tu ?

- Tu veux vraiment un enfant avec moi ?


- Bien sûr Michèle ! Enfin ! Je ne le voulais peut-être pas maintenant mais je veux un enfant de toi. Je t’aime.

- Je suis touchée d’entendre ça mon amour...


- Oh... Excuse-moi mais mon portable vibre. Ce doit être le boulot. Il faut que je réponde.

- Bien sûr !


- Oui Bernard ! Non, tu ne me déranges jamais ! Le dossier est sur ton bureau ! Ouvre un peu les yeux. Non ce n’est pas grave... Ma fiancée comprend très bien...

Mais la fiancée ne comprenait pas... Nous venions à peine de nous retrouver après toutes les épreuves que j’avais subies... Il finit son appel puis me plaqua un furtif baiser sur les lèvres avant de s’en aller...


Lorsque je montai dans ma chambre, je fus surprise d’y trouver Charles. J’étais persuadée qu’il était encore chez lui avec sa famille. Je le lui dis.

- Et bien non, figure-toi. J’ai dîné avec Elsa et Céline puis je suis rentré pour t’attendre. Et lorsque j’ai vu Quentin arriver, j’ai fait profil bas. Je ne voulais pas lui ouvrir et donc, qu’il sache que j’étais là. Honnêtement, je n’avais pas envie de lui parler...

- D’accord. Mais que fais-tu dans ma chambre ? Il y a d’autres endroits dans la maison, non ?


- Je t’attendais. Je te l’ai dit. En général, quand tu rentres du travail ou d’autre part, tu viens directement ici.

- Je vois que tu connais bien mes habitudes !

Charles avait pour trop mauvaise habitude de venir dans ma chambre sans y être invité. Cela faisait déjà plus de deux mois qu’il vivait chez moi et je n’en pouvais plus.


Jusqu’au jour où...

- Tu sais que nous avons une cuisine pour manger, non ?

- Oui mais je t’attendais.


- Charlie, je t’aime fort, tu le sais. Mais je crois qu’il est temps de rentrer chez toi. J’ai besoin de retrouver mon intimité et toi, tu as besoin de ta famille. Je vais m’en sortir, ne t’inquiète plus pour moi. Et tu peux faire un rapport positif à Olivier et Claire !

Nous parlâmes un moment. Charles, lui non plus n’en pouvait plus. Il voulait retrouver sa femme et sa fille et il voyait bien que son intrusion perpétuelle dans ma vie commençait à peser sérieusement sur mon moral. J’avais besoin de solitude. Je n’en avais pas eu depuis la mort de Maman. Charles, lui, avait besoin de sa famille. Nous nous mîmes d’accord pour mettre fin à son devoir de grand frère à mon encontre. Nous en avertirions le reste de la fratrie.

Ce soir-là, Charles refit ses valises et s’en retournât chez lui. Je pus enfin savourer ma tranquillité...


 

Quelques semaines plus tard, je reprenais ma vie en main et, entre deux missions, je décidais d’inviter Emilie au parc. Je l’avais un peu négligée ces derniers temps.


- Je suis si contente de te voir ma petite puce !

- Moi aussi. Tu m’as beaucoup manquée !


- Papa m’a dit que tu travaillais beaucoup !


- Papa a raison. On se fait un gros câlin ? Comme lorsque je te gardais chez toi, tu te souviens ?

- Oui, c’était génial ! Et on était seules comme maintenant !


- Après, tu pourras aller jouer sur le bateau pirate si tu veux. Je pourrai même faire le monstre marin !

- Non, je préfère rester là avec toi. Et puis, j’habite juste à côté. Je peux venir quand je veux !


- Ça m’arrange. Je n’aime pas trop jouer le monstre marin pour tout de dire.

- Ça je m’en doutais un peu, Tatie !


Nous restâmes ainsi tout l’après-midi à discuter. Emilie me parla de ses deux cousines qu’il lui tardait de voir grandir, puis de l’école, mais aussi de combien elle avait été triste lorsqu’elle avait perdu son Papi et sa Mamie. Puis il fût l’heure de partir.


- Il va falloir y aller maintenant !

- Déjà ?


- Et oui ! J’ai promis à tes parents de te ramener pour dix-huit heures.

- Les parents sont très embêtants parfois !


- Moi quand je serais grande, je laisserai ma fille sortir avec sa tatie, tout le temps qu’elle veut !

- On en reparlera plus tard !


- En attendant, il est temps de rentrer !

- J’arrive !


- Je te dis au revoir ma chérie. Je te promets qu’on se reverra très bientôt.


Le lendemain soir, je revenais de l’agence vers vingt-deux heures comme presque chaque soir, lorsque je reçus un appel du bureau des affectations des missions ultra secrètes (le BAMUS, dans notre jargon).

Il m’affectait à une mission de longue durée auprès de l’agent Baptiste Vaughn. Je n’en croyais pas mes oreilles.


La consigne était claire. Je devais me rendre demain en fin de journée à une de nos planques. Mon nom d’agent serait désormais Mathilde Paumier. Michèle Chevalier n’existait plus pour l’agence. Sous cet alias, on ne devait absolument pas me reconnaître, et je devais être élégante et sophistiquée. Je pouvais choisir ma couleur de cheveux à condition que ce ne soit pas le blond.

Chaque fois que je me rendrai à la planque, ce sera sous les traits de l’agent Paumier. « Est-ce que j’avais tout compris, est-ce que j’étais prête ? », me demanda l’agent du BAMUS.

- Oui bien sûr. Merci beaucoup.


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