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  • Photo du rédacteurNathalie986

G4/ Chapitre 6 : mariage et double vie


Ce soir-là, je fis quelques brasses salutaires dans la piscine en repensant à ce que m’avait dit Bastien. Pour les missions, il fallait que je change de bijoux et que je ne porte plus le collier de mon arrière-grand-mère.


Je le ferai car il s’agissait de la mission, mais j’en avais gros sur le cœur : ce collier était un peu comme un porte-bonheur pour moi.


Puis je réfléchis à l’aménagement de la maison. Je ne savais pas trop comment faire mais je ne voulais plus de cette maison telle que l’avait conçue mon père.

Le Créateur le savait puisque dans les consignes qu’Il m’avait données, je pouvais, soit déménager, soit refaire la maison à mon goût. Et je ne voulais pas déménager.


J’y repensai encore le lendemain en jouant aux échecs pour essayer de parfaire ma compétence logique. Je voulais que ma maison soit à l’image de l’hôtel Majestic où j’avais eu la chance d’aller avec Quentin mais aussi à l’image de la planque que l’agence avait mis à notre disposition à Bastien et moi : moderne et confortable, et avec tout le confort de notre époque.


Tous ces meubles taillés dans le bois et tout ce bois alentour, commençaient à me désespérer. J’aspirais à plus chic et à plus confortable. Je ne suis pas spécialement péteuse mais je trouve que le moderne me va beaucoup mieux que le rustique. J’espère que la fratrie ne m’en voudra pas...


Pourtant, je continuais à m’exercer à la compétence bricolage... Je voulais être hyper-compétente pour les missions que j’aurais à effectuer auprès de Bastien.

Mais je savais que cela ne suffirait pas. Il faudrait aussi que je travaille ma compétence physique. Mais là, je n’en avais pas franchement envie.


Lorsque j’eus terminé ma dernière sculpture, je me décidai à appeler une entreprise en rénovation de bâtiment. Il était tôt, peut-être sept heures du matin mais ils répondirent.


Quarante-cinq minutes plus tard, un de leur maître d’œuvre était sur place. Elle s’appelait Mélaine.

- Bonjour Madame Chevalier, je suis ici pour refaire votre maison comme vous le souhaitez. Je m’appelle Mélaine.


J’essayai de lui expliquer dans les grandes lignes ce que je désirais et lui demandai d’éviter le bois à tout prix dans sa rénovation.


Je la fis ensuite entrer afin qu’elle puisse évaluer les travaux à effectuer.

- Je vois... dit-elle simplement.


Je passai un long moment à expliquer au maître d’œuvre ce que voulais faire de la maison et surtout ce que je ne voulais plus. Elle m’écouta très attentivement.


Puis nous prîmes place autour de la table pour discuter de ce qu’elle envisageait. Elle avait d’innombrables idées, plus intéressantes les unes que les autres. Je décidai donc de lui faire confiance. Il lui faudrait une dizaine de jours pour tout changer. D’ici là, il faudrait que je trouve à me loger ailleurs.


L’après-midi, je retrouvai mes frères et ma sœurs dans le petit jardin des archives de Willow Creek.

- Voilà, vous savez tout.

- Et ben... Que dire ? s’exprima Charles le premier.


- Je sais, je vais complètement transformer la maison de notre enfance et je suis consciente que ça pourrait ne pas vous plaire.

- Alléluia ! Moi je dis Alléluia ! s’exclama Olivier.

- Ouii ! Tout ce bois, ces fauteuils inconfortables et ce manque de modernité ! Il faut passer à autre chose, ajouta Claire.


- Vraiment ?

- Je suis d’accord avec Olivier ! En plus, c’est toi qui vis là-bas et il est essentiel que tu t’y sentes bien.

- Tout à fait !


- Et toi Charles ? Qu’en dis-tu ?

- Je suis triste de l’admettre mais j’approuve. Le rustique, c’était le truc de Papa. Pas le nôtre.


- Et il n’a jamais voulu de lave-vaisselle ! Tu vas en mettre un, j’espère !

- Oh oui ! Et c’est même la première chose que je vais mettre.


- Et où vas-tu dormir pendant les travaux ? me demanda Claire

- Je n’en sais encore rien.

- C’est tout vu. Tu viens chez moi ! proposa Olivier.


Claire contesta :

- Il me semblait que c’était moi qui avais posé la question, non ?

- Oui mais je suis le frère aîné et, en plus, Michèle habite non loin de chez moi, ce qui lui permettra de surveiller l’avancée des travaux.

- D’accord. Tu n’as pas tort. Et qu’en dit Michèle ?

- Que ce serait plus simple pour moi d’aller chez Olivier.


- Ok, je me rends ! Michèle ira chez Olivier.

C’est ainsi que je m’installai pour quelques jours chez Olivier et Amandine.


Sans mission, et bien que je passasse souvent au bureau pour y remplir de la paperasse, je me retrouvai avec beaucoup de temps libre.

Un après-midi, je me résolus donc à aller voir le fameux arbre majestueux de mon arrière-grand-mère Perrine. Il était aussi beau qu’elle le décrivait dans sa biographie. J’entrepris de m’occuper de lui en suivant les conseils minutieux qu’elle avait pris grand soin de donner.


L’arbre tint ses promesses et m’ouvrit le passage tant attendu.


Je découvris alors cette merveilleuse clairière. Elle était encore plus belle que ce que j’avais imaginé et je décidai d’y rester un peu pour pêcher.


Le temps passait très vite et les soirées se déroulaient sensiblement de la même façon, en la demeure de mon frère. Ce soir-là, j’avais promis à Emilie de faire des hamburgers. C’est donc moi qui pris possession du barbecue.

- C’est quand qu’on mange ?

- Tu es affamée à ce point ? Laisse-moi le temps de cuire la viande !


- Elle avait très faim, n’est-ce pas ?

- Oh oui. Comme d’habitude !


- Ta sœur nous prépare des hamburgers.

- Oui j’ai senti la bonne odeur.

- Ce sera bientôt prêt.


- Merci de te donner tant de mal Michèle.

- Oh ce n’est rien. Les hamburgers font partie de ces quelques plats que je sais cuisiner.


- Tu ne nous as peut-être pas cuisiné le bar grillé vendredi dernier mais c’est toi qui nous as ramené le poisson ! Un beau bar fraîchement pêché ! Nous avons été gâtés.

- C’était un vrai délice !

- Moi je préfère quand même les hamburgers !


- Je ne suis pas étonnée !


- Regardez qui je vous ramène ! Tonton Charlie !


- Je l’ai trouvé sur le pas de la porte. Il a senti les hamburgers, hein Charles ?

- Oui. Dommage que j’aie déjà dîner !


- Et la vie chez Olivier, ça se passe comment ?

- Je suis traitée comme une princesse ! Je leur fais même à manger tu vois !

- Je vois ça. Pauvre petite Cendrillon !


Comme chaque soir après le dîner, toute la famille se réunissait devant la télévision pour l’émission du soir... sur la chaîne enfants !

- Vous ne regardez jamais autre chose ?

- C’est très rare. Emilie tient absolument à regarder sa chaîne le soir...


- Je sais, ce n’est pas très intellectuel mais tu verras, quand tu auras un enfant !


J’avais l’impression que les parents avaient tout dit, chaque fois que j’entendais cette phrase. Et j’acquiesçais toujours pour ne pas les heurter. Mais je pensais, en mon fort intérieur, que jamais mon enfant n’aurait la primeur sur les programmes télévisés.

- Oui je comprends...


- En tous cas, je suis heureuse de partager tous ces moments en famille. Et je te remercie beaucoup de m’avoir acceptée son ton toit.


- Tu es toujours la bienvenue chez moi Michèle, sache-le.

Olivier qui nous écoutait jusque-là, semblait lui aussi pris par les inepties enfantines qui défilaient sous nos yeux. C’était irréel.


Et le voilà même qui discutait de « l’intrigue » du dessin animé avec Emilie ! Encore plus irréel !

- Je le sais. Tu es une vraie sœur pour moi, Amandine.


Après le manga du soir, durant lequel Amandine et moi papotâmes la plupart du temps, (je pense qu’elle était heureuse de trouver un adulte à qui parler), il me fallut aller me coucher dans le petit lit mis à ma disposition pour mes dix jours de présence.


Mais j’avais beaucoup de mal à y passer une nuit entière et je me levais donc très tôt le lendemain matin alors que toute la maisonnée dormait du sommeil du juste.


C’était ainsi tous les matins. Je buvais mon café, me préparais puis filais chez moi pour voir l’avancée des travaux (Mélaine activait beaucoup ses ouvriers) et, de ce que je voyais, ce serait terminé dans les délais. Heureusement, car j’avais vraiment hâte de me retrouver chez moi.


Le douzième jour pourtant, je n’avais toujours pas de nouvelles de mon maître d’œuvre. C’est ce jour-là que j’invitais Lucie au parc d’Oasis Spring.


- Alors raconte-moi un peu comment ça va pour toi.

- Tout va super bien !

- Et l’école ?

- J’ai que des bonnes notes et plein de copines !


- C’est une bonne nouvelle d’entendre tout ça !

- Oui mais à la maison, c’est un peu galère des fois...


- Mais pourquoi ça ?

- Papa et Maman n’arrêtent pas de se disputer. Papa reproche à Maman de faire trop d’heures au travail, et Maman reproche à Papa d’avoir un peu trop de fans féminines et beaucoup moins enrobées qu’elle ! C’est exactement ce qu’elle dit.


Je n’en doutais pas car il aurait été difficile pour une enfant de cet âge d’inventer un tel discours... Et je comprenais mieux pourquoi Charles passait autant de temps chez moi ou chez Olivier ou Claire.

- J’essayerai de parler à Papa si tu veux, pour que ça aille mieux...

- Ce n’est pas la peine je crois. Ils se bisouillent encore beaucoup et ils se prennent tout le temps dans les bras !


Cela me rassurait quelque peu.

- Tu viens ? On va jouer à l’aventure spatiale !

- Euh oui...

Ce n’était pas vraiment le genre de choses que j’affectionnait mais pour faire plaisir à une de mes nièces, que n’aurais-je fait ?


En fin d’après-midi, alors que je m’apprêtais à rentrer chez Olivier et Amandine après avoir déposé Lucie chez elle, un coup de téléphone m’arrêta en chemin. C’était Mélaine. Elle m’annonçait que la maison était terminée ! J’étais si heureuse que j’appelais immédiatement mon frère.


- Ne m’en veux pas mais je ne rentre pas ce soir. Je vais dormir chez moi... Oui... La maison est terminée.


- Ne t’inquiète pas pour mes affaires. Je sais où les récupérer.... Moi aussi je t’aime Olivier. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi.


 

Lorsque j’arrivais devant ma maison, j’étais époustouflée ! Elle ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait été. Elle était belle, claire, cosy mais moderne et je pouvais entrevoir la belle piscine que j’avais demandée.


Le blanc dominait partout ainsi que le noir et il y avait de la couleur sur les sièges de la cuisine pour rehausser le monochrome.


Mon salon était tel que je l’avais commandé. Plus petit mais chaleureux avec des plantes vertes et un échiquier. J’étais déjà folle de joie et je n’avais pas fini de découvrir mon nouvel intérieur.


Je découvris ma nouvelle salle de bain principale : moderne, spacieuse avec une baignoire-jacuzzi et une cabine de douche. Ce sera selon mes envies... Elle me plaisait beaucoup.


Mélaine m’avait aussi arrangé un bureau spacieux et y avait placé ma carte interactive d’espion. Elle ne savait bien sûr pas ce qu’elle représentait mais moi si ! J’étais aux anges. Il y avait aussi deux bureaux avec deux ordinateurs modernes et un canapé sur lequel je pourrais m’assoir tout en observant les mouvements de nos cibles potentielles. Cet endroit serait le mien, à n’en pas douter.


Et puis ma chambre. A l’étage, comme convenu...


...avec une séparation pour accéder à mon tapis de course (et oui, il faudrait bien que je m’entraîne !) et à mon tapis de yoga. L’antichambre des tapis, si j’ose dire !


Et de là, on pouvait accéder à une terrasse privative aménagée avec soin ! Le petit plus de Mélaine !


Je retournai en bas pour admirer ma belle piscine. Je rêvais depuis longtemps d’une piscine telle que celle-là. Mélaine y avait rajouté des bancs, des transats et même une petite table avec un parasol.


Mon maître d’œuvre avait aussi coupé la serre en deux. La première partie conservait le bain à remous de Mamie Perrine.


Et il y avait en plus un sauna. Et une table de massage. Ainsi qu’un bar tout neuf.


Dans la deuxième partie, elle avait regroupé toutes les plantations de mon père, sa tente ainsi que l’échelle horizontale. Ce qui restait de rustique à cette maison... en souvenir de mon père.


J’étais vraiment plus que satisfaite du travail qu’elle avait fourni et je décidai que, ce soir, je profiterai au maximum de ma nouvelle maison, mon vrai chez moi tel que je l’aime. J’étais très heureuse.


C’est ce moment-là que choisit Quentin pour arriver.


- Bonsoir mon amour ! J’ai failli ne pas reconnaître ta maison...


- Tu es là. C’est l’essentiel.

- Tu as fait les choses en grand dis-moi !

- Quand je décide de faire les choses, je ne les fais pas à moitié !


- J’ai bien vu, oui, mais qu’en aurait dit ton père, ça c’est autre chose.

- Mon père aurait compris. Je le sais.


- Bien. Tant mieux. Mais je ne suis pas ici pour cela.

- Et tu es là pour quoi ?


Je me levai pour préparer de la citronnade. Ainsi, je garderai une contenance, quoiqu’il ait à me dire.

- Je voudrais fixer la date notre mariage. L’attente n’a que trop duré...

- Tu as raison. Je suis d’accord.


- Et quelle date prévois-tu ?

- Samedi en huit. Je pense que ce sera parfait.

- Samedi en huit ? Mais la date est extrêmement proche ! Comment allons-nous faire ?


- Moi je ne sais pas. Mais toi, tu dois pouvoir le faire. C’est le genre de détails que les femmes savent résoudre, non ?

- Un mariage en huit jours ?


- Oui. Et je te sens imbattable sur ce genre de choses ! Ne me déçois pas !

- D’accord. Je me débrouillerai.


Pour ma première soirée tranquille en ma demeure, c’était un peu raté... Quentin avait le don pour me mettre la pression là où il devrait pas dû y en avoir... Je mis ma vaisselle au lave-vaisselle. Bienheureux lave-vaisselle.


J’allai ensuite me détendre dans le bain à remous en repensant à Papa. Il n’aurait certes pas été heureux de la transformation de sa maison mais il aurait approuvé. En tant qu’héritier, il savait que la mission était importante. Papa avait raison. Le Créateur savait exactement ce que nous voulions.


J’en étais à ce moment-là du fil de mes pensées lorsque je reçus un appel téléphonique de Bastien. Il fallait que je me rende immédiatement à la planque !


- Quoi maintenant ? .... Non. Je n’avais rien d’important à faire, je t’assure !


Sauf peut-être rester tranquillement chez moi et profiter de ma nouvelle maison...

Je sortis, attristée de mon bain à remous. Ce n’étais décidément pas ma soirée. J’en profiterai une autre fois. Il fallait que je me rende à la planque...


 

Bastien m’attendait en grande tenue.

- Bonsoir Mathilde. Va vite te changer. On file au Majestic.


Cela ne me prit pas longtemps. J’avais appris à changer de style en très peu de temps avec ce métier.


- Alors comment tu me trouves ?

- Eblouissante !


Nous arrivâmes donc au Majestic comme deux amoureux. J’étais décidée à ne pas faillir ce soir.


Je ne voulais pas que Bastien soit déçu une deuxième fois.


Nous nous installâmes au bar extérieur et commençâmes à discuter comme un couple ordinaire.

- Tu es de plus en plus belle chaque jour que Dieu fait mon amour.


Au bout d’une bonne heure, n’ayant rien repéré de suspect, Bastien me proposa de nous diriger vers le salon de l’hôtel.


Lorsque nous nous assîmes au salon, nous jouions notre rôle à la perfection. J’aperçus un homme qui ne m’était pas inconnu. Je l’avais déjà vu sortir de l’hôtel particulier que nous surveillions. Je chuchotais...

- Ce type, là. Avec le pantalon bariolé et le t-shirt blanc...

- Mais c’est tout à fait charmant.


- Il va vraiment falloir que j’y jette un œil.

J’adorais lorsque nous parlions un langage codé.


- Oui, ce serait une bonne chose !

- Tu es sûre que ça vaut le coup ?


- Oui, je l’ai déjà visité à plusieurs reprises.

- Bien. Dans ce cas, je te fais confiance mon amour.


Le type s’était installé à nos côtés...

- Un restaurant digne de ce nom.

- Et bien nous verrons ce que ça donne. Et si nous rentrions faire les fous à la maison ?


Bastien avait écourté notre soirée au Majestic car il avait peur que je fasse une gaffe alors que notre suspect était trop proche de nous. A peine arrivés à la planque, nous débriefâmes sur l’homme du restaurant puis Bastien envoya les infos à l’agence et me demanda de me mettre en tenue de sport.

- Tu as fait du bon boulot ce soir.

- Oui mais tu as préféré partir...


- Nous n’avions plus rien à faire là-bas. Ce soir, je vais t’entraîner au combat. Il faut que tu saches te défendre.

- Mais je déteste me battre...


- Je ne te laisse pas le choix ! Allez, défends-toi !

Bastien me sauta dessus !


- Mais qu’est-ce que tu fais ? me reprocha-t-il.


- Quoi ?

- Ce n’est pas comme ça qu’on frappe ! C’est comme ça !


- Tu m’as presque assommée !

- Est-ce que tu as vu comment j’ai fait, au moins ?


- Oh ma tête...

- Tu manques vraiment d’entraînement ! Il faudra qu’on recommence !


- Peut-être mais pour ce soir, je dis stop ! Tu es un grand fou !


- Je tiens juste à m’assurer que tu saches te défendre ne cas de problème !

- Et dire que je m’apprêtais à passer une soirée tranquille dans mon bain à remous !


- Désolé d’avoir bouleversé ton programme !

- Tu aurais pu frapper moins fort tout de même !


- Je sais. Je suis désolé !


- Mais j’ai une idée pour me faire pardonner. Je vais te faire un massage dont tu me diras des nouvelles.

- Un massage ?


- Oui. Et en plus, tu te familiariseras avec mes mains sur ton corps, ce qui t’évitera de sursauter lorsque je passerai mes bras autour de toi en public.


Bastien me fit allonger sur la table de massage. Ces dernières paroles m’avaient envoyé un frisson qui m’avait parcouru tout le corps.

- Tu es bien installée ?

- Oui.


- Nous allons commencer...


- Tu es très tendue... Attention, ça va faire un peu mal...


Un peu mal ? Tu parles ! J’en avais marre d’avoir mal.

- Détends-toi maintenant. Ça va être beaucoup plus relaxant.


Et en effet, je ressentis les mains de Bastien comme une caresse. Cela dura longtemps... très longtemps jusqu’à ce que...


- Voilà, c’est fini, murmura-t-il. Maintenant, tu vas te redresser doucement, très doucement.


Dommage... J’étais en train de m’assoupir tant le massage m’avait été bénéfique.


Je pris une douche puis Bastien me renvoya chez moi. Lorsque j’arrivai, il était déjà trois heures du matin. J’étais épuisée. Je décidais d’aller directement au lit.


Mais mon sommeil fut de courte durée. A cinq heures, je reçus un appel de mon oncle Chris. Nadège, sa femme, qui était aussi la mère de mon frère Charles, était décédée. Du coup, Céline perdait aussi son autre grand-mère. J’informai Chris que je me chargeais de prévenir Olivier et Claire.


- Tu as fait vite

- J’ai fait aussi vite que j’ai pu.


- Oh Charlie... Je suis tellement désolée... dis-je en prenant mon frère contre moi.

- Merci d’être là sœurette.


- Tonton, mon pauvre tonton, ça va ?

- J’ai connu mieux !

- Frérot, on est tous là, dit Olivier à Charlie en entrant dans la pièce avec Claire.


- Merci de votre soutien les frangins. Michèle, tu peux aller voir Céline s’il te plait ? Elle est en haut avec Elsa et elle a beaucoup de mal. Elle a déjà perdu son papi, Clémence qu’elle considérait aussi comme sa mamie et maintenant sa mamie. C’est beaucoup pour elle.


J’y allai sur le champ.

- Coucou les filles. Vous vous êtes isolées ?

- Céline a besoin de tranquillité.


- Viens me faire un câlin ma Céline.


- Tatie, je suis très malheureuse.

- Je sais ma chérie. Viens avec moi. Nous allons faire un gros câlin et parler toutes les deux. Tu veux bien Elsa ?

- Bien sûr. Je redescends voir Charlie et Chris. Ton oncle va dorénavant vivre avec nous. Charlie ne veut pas le laisser.


J’emmenai Céline dans la chambre de ses parents pour discuter tranquillement.

- Tu vois ma chérie, ta douleur te paraît insurmontable mais je te promets que ça va passer. J’ai perdu mon Papa et ma Maman, il n’y a pas si longtemps et pourtant je vais beaucoup mieux alors que je pensai que je ne m’en remettrai jamais.

- Mais tu as dû les oublier, non ?


- Bien sûr que non. Ce n’est pas parce que tu vas mieux que tu as oublié les gens que tu aimais. Ils seront toujours là, présents en toi.

- Je n’oublierai jamais mon papi et mes mamies...


 

Le mois suivant, je me mariais. Quentin avait accepté de repousser la date par égard pour mon frère Charles. J’avais invité la famille bien sûr mais aussi mes deux collègues et amies, Charlotte et Reine.


Je dis oui sous les exclamations de mes belles-sœurs et de mes amies mais je ne vis pas ma fratrie.


Ils apparurent après. Parmi mes nièces, seule Emilie avait été présente depuis le début. Je l’en remerciai en lui faisant un gros câlin.


Lorsque nos vœux furent enfin échangés, tout le monde vint sur la terrasse.


Même Quentin qui ne voyait jamais rien l’avait remarqué...

- Tes frères et ta sœur ont été les grands absents tout à l’heure...


- Ils sont toujours comme ça. Ne t’en fais pas. Mais tu vois, tout le monde est là maintenant.


Et j’étais ravie de voir tout le monde réunis autour de nous.


J’eus toute sorte de conversations ce jour-là. Notamment avec mes nièces.

- Tu as vu ma belle robe Tatie ? Elle te plaît ?


- Oh oui, beaucoup. Tu es magnifique !


Puis des conversations plus adultes...

- Ce que tu as fait de la maison de Papa est... comment dire... incroyable.

- J’ai fait selon mon goût.


- Et vous allez y vivre Quentin et toi ?

- Ça, je ne sais pas. Nous n’en n’avons pas encore discuté.

- Bien sûr que nous allons y vivre. Ne serait-ce que pour tout le mal que Michèle s’est donné. Et en plus, je ne nous vois pas vive avec ma sœur !


L’après-midi battait son plein. Céline avait encore besoin de câlins de sa tatie...


Claire et Alistair démontraient leur amour à qui voulait bien les voir...


...et mon Quentin se rapprochait de moi car je lui manquais follement.

- Vivement que tout ce monde soit parti...

- Tu as raison... Cela nous fera du bien d’être seuls...


Et il m’embrassa fougueusement.


- Ne t’en fais pas. C’est bientôt fini.

- Je l’espère bien mon amour.


Lorsque tout le mon fut parti, mon mari m’emmena directement dans la chambre à coucher... Je m’en serais bien passé mais je savais que je ne pourrais jamais m’affranchir du devoir conjugal.


J’en ressortais chaque fois meurtrie mais je n’en laissais rien paraître.

- Notre mariage a été un beau mariage, tu ne trouves pas ?

- Oh si ! Mais j’ai cru que nos invités ne partiraient jamais...


Quelques jours plus tard... Quentin prit plusieurs jours de congés après notre mariage pour rester avec moi. Moi, je savais que je n’aurais pas de mission avant une dizaine de jours, j’étais donc tranquille et je lui dis que moi aussi j’avais pris plusieurs jours.

- Tu sais ce qu’il me plait dans notre mariage ?

- Tu vas probablement me le dire...


- Maintenant, on va pouvoir profiter l’un de l’autre. Avec nos travails, on ne se voyait que très rarement.

- C’est vrai. Tu as raison.


- Nous pourrons nous voir tous les soirs. N’est-ce pas merveilleux ?

- Complètement, mon amour.


Ce jour-là, Olivier vint me rendre visite. Il m’annonça que Charles se remettait doucement de la mort de sa mère et qu’il ne tarderait pas à nous rejoindre. Tous deux voulaient savoir comment j’allais car nous ne nous étions pas revus depuis mon mariage.

- Ton mari n’est pas là ?

- Il est probablement au bord de la piscine. Nous y passons beaucoup de temps depuis que nous sommes en congés.


- Pas du tout, je suis là.


- Comment vas-tu Olivier ?

- Très bien. Je venais rendre une visite à ma petite sœur.


- Et tu es le bienvenu !


- Coucou tout le monde !

- Et voilà le deuxième frère ! Ne manque plus que ta sœur et vous serez au complet.


- Nous sommes la famille, Quentin. Celle de Michèle mais aussi la tienne maintenant. Tu n’aimes pas nous voir ici ?


- Mes frères, ma sœur, ils sont tout pour moi. Et chaque nouveau membre de la famille devient un frère ou une sœur.

- C’est vrai ?


- Bien sûr, mon chéri ! Demande à Charles lorsqu’Elsa est arrivée dans la famille ou à Olivier lorsqu’il nous a présenté Amandine...


- Oui. Amandine a été très bien accueillie. Et maintenant encore, elle qui n’avait pas de famille est heureuse d’avoir trouvé en Claire et toi, deux sœurs. Et en Charles, un frère.


- Alors tu vois Quentin, ne nous vois pas comme des ennemis. Nous sommes aussi ta famille.

- Merci Charles. Cela me fait chaud au cœur d’entendre cela.


- Et avec toi, nous serons trois contre trois. Les femmes prennent beaucoup de place dans cette famille.

Charles était incorrigible et Olivier approuva :

- Parfaitement d’accord !


- En parlant de femmes, je vais aller rejoindre la mienne.

- Et bien je te souhaite une bonne nuit, frangin.


- D’ailleurs, je vais y aller aussi. Bonne nuit les amoureux !


- Et bien je ne suis pas mécontent de voir tout ce petit monde s’éloigner...

- Ce sont mes frères. Ils t’ont accueilli à bras ouverts... Pourquoi les rejettes-tu comme ça ?


- Je n’ai pas besoin de frères. Toi seule me suffit. Bon je vais me coucher. A tout à l’heure.


Je décidais d’aller prendre l’air sur la terrasse, et j’y retrouvais Olivier. Il n’était pas parti.

- Tu es encore là...

- Je savais que tu viendrais ici.


- Tu as toujours aimé être dehors...

- Tu te rappelles lorsque j’étais encore une enfant et toi un ado, tu me rejoignais déjà dans le jardin. Nous parlions des heures dans le coin camping de Papa.


- C’était le bon temps, c’est vrai. Nous étions encore si innocents...

- J’aimerais parfois revivre ce temps-là. Et pourtant, à l’époque, je désirais tellement grandir.


- Ce temps-là est fini malheureusement. Tout va bien avec ton mari ?

- Bien sûr. Pourquoi me demandes-tu cela ?


- Je ne sais pas. Un sentiment, comme ça...

- Je pense que tu te fais des idées...


- Non, je ne pense pas mais il est légitime pour toi de penser que je me trompe...

- Olivier ! Tu parles de mon mari ! Je l’aime.


- Michèle, écoute ton grand frère. Je me trompe rarement sur les gens, tu le sais. Et là, j’ai un mauvais pressentiment.

- Pourquoi fais-tu cela ? J’ai accepté Amandine comme quelqu’un de la famille. Toi, tu rejettes Quentin.


- Non, Michèle. Je ne le rejette pas. C’est lui qui nous rejette. Ne le vois-tu donc pas ?

- Je n’ai pas ressenti ça, non.


- Je n’imagine pas, Michèle. Pense à ce que je te dis aujourd’hui et n’oublie jamais que ta famille est derrière toi.

- Tu me fais peur avec toutes tes paroles. Pourtant, il n’y a pas de quoi s’en faire, je t’assure.


Olivier me laissa ensuite.

- Ne l’oublie jamais Michèle.

Je regardai mon frère partir... J’avais le cœur noué. Mais j’ignorais pourquoi car je savais qu’Olivier avait tort.


 

Les mois qui suivirent, je partageais mon temps entre la maison et des petites missions solo de courte durée jusqu’à il y a deux semaines où l’agence me cantonna à du travail exclusif de bureau en me disant que j’étais en stand-by car Baptiste Vaughn pourrait avoir besoin de moi. Je traitai donc mes dossiers depuis chez moi mais cela ne me prenait qu’une petite partie de la journée.

J’attendis inutilement un appel de Bastien pour une mission plus sérieuse, bien que nous nous appelions régulièrement. Ma vie se résumait à des travaux de nettoyage dans la maison... Je n’en pouvais plus...


Heureusement, mes frères et sœur venaient souvent me rendre visite.

Et, lorsque j’avais un peu de temps, je le passais à m’entraîner...


Je souffrais, la plupart du temps, mais je ne voulais plus me retrouver en défaut face à Bastien/Baptiste lors d’un prochain combat.


Quelques jours plus tard, il m’appela pour me proposer de le rejoindre chez lui pour me changer les idées. Je déclinai l’invitation :

- Je ne peux pas. Cela deviendrait trop personnel...


- Ecoute Bastien... Non, ce n’est pas si simple... je suis mariée, j'te rappelle, et ça pourrait être mal interprété... Et pour la mission ?


- Quoi ? Attendre encore ? Notre cible n’est toujours pas de retour ?


- Mais quand est-ce qu’on aura une mission digne de ce nom ? ... Oui, je sais. Mais j’en ai un peu marre de travailler à la maison, pour tout te dire...


- Ok, j’attendrais ton appel. Comme d’habitude...


Je me remis donc au travail. Heureusement que j’avais maintenant un bureau où je pouvais le faire tranquillement. J’étais plongée dans mes dossiers depuis deux bonnes heures lorsque j’entendis un « bip » sur la carte.


Notre cible se rapprochait.


J’appelais tout de suite Bastien pour le prévenir. Il avait vu la même chose que moi. Pour le moment, il nous fallait surveiller son déplacement pour être prêts lorsqu’il reviendrait. Mais il se rapprochait.


Quentin rentra du travail une heure plus tard.

- Bonsoir mon amour.

- Bonsoir Michèle.


- Qu’est-ce que c’est que cette carte ?


- Un truc très important ! C’est une carte interactive liée à mon jeu vidéo sur la conquête du monde.


- Et tu as prévu quoi pour le dîner ?

- Pas grand-chose pour le moment.


- Tu es en train de me dire que tu joues à un jeu vidéo, et que mon repas n’est pas prêt.

- Je n’ai pas fait que cela. J’ai aussi tapé des rapports pour l’imprimerie. Je finis ça et je m’en occupe.


- Michèle, j’ai travaillé toute la journée, moi ! Quand je rentre à la maison, la moindre des choses est que mon repas soit prêt. Je pense que tu peux comprendre.

- Bien sûr.


- Tant mieux. Dans ce cas, je vais aller prendre une douche. J’ai bon espoir de pouvoir dîner lorsque j’aurai fini.

- J’y vais tout de suite.

- Bien.


Je me décidais pour des spaghettis à la bolognaise. Ce serait suffisamment rapide à faire pour que ce soit prêt quand Quentin sortirait de la douche.


- Et bien tu vois quand tu veux ! Il suffit d’y mettre un peu du tien.


- Et en plus, ça sent bon.

Les petits piques incessants de Quentin commençaient à me mettre sérieusement mal à l’aise, mais je me sentais démunie, et je ne savais pas que lui répliquer.


- Tu aimes au moins ?

- Nous allons voir ça.


- Et bien ma chérie, j’avoue que tu es la reine pour rater des pâtes bolognese ! Ce plat n’a aucun goût.


- Mais qu’est-ce que tu racontes ? Elles sont très bonnes !


- Si je te dis qu’elles sont sans goût, c’est qu’elles sont sans goût ! Elles manquent de sel et tu n’as pas mis assez d’herbes !


- Si tu le dis...

- Oui, je le dis parce que c’est vrai. Potasse des livres de cuisine au lieu de jouer aux jeux vidéo et tu feras mieux la prochaine fois, j’en suis sûr.


- Certainement.


Nous finîmes le repas sans mot dire et lorsque je débarrassai la table, je me fis la réflexion que mon cher époux avait tout de même terminé toute son assiette...


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