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G4/ Chapitre 7 : un peu de réconfort


Les jours, les semaines et les mois se suivaient. Je distribuais mon temps entre mon travail au bureau de la S.I.M.S, mes missions avec Bastien, et mes occupations à la maison. Les jours passant, je découvrais aussi que mon mari pouvait être très caractériel, et souvent, pour peu de choses. Je ne me défendais que très rarement. J’étais pourtant un agent secret qualifié, et j’avais à faire à beaucoup plus coriace que lui presque tous les jours. Mais, je ne sais pourquoi, je me sentais toute petite face à cet homme et, dès qu’il commençait à s’énerver, je me tétanisais. Je pense que les choses sont arrivées petit à petit sans que je ne les visse venir. Heureusement, ma sœur et mes frères me rendaient régulièrement visite et leur seule présence me remontait le moral.

Ce soir-là, C’est Claire que j’eus le plaisir de voir. J’étais déjà en pyjama, prête à aller me coucher car j’avais eu une journée harassante mais sa visite me fit un plaisir immense.

- Claire ! Quel bonheur de te voir !

- Ma petite sœur chérie !


De la terrasse, nous entendîmes Quentin tempêter des grossièretés depuis la salle de bain.


- Ce n’est rien. Ne t’en fais pas. Il a parfois besoin d’évacuer.

- Ça lui arrive souvent ?


- Quand il a des contrariétés au boulot, quand certaines choses sont mal rangées...

- Ah bon ?


- Et même parfois lorsqu’un plat est trop, ou trop peu assaisonné, ou que je rentre tard du travail.

- Mais qu’est-ce que tu me dis ? Il ne te frappe pas au moins ?


- Bien sûr que non ! Qu’est-ce que tu imagines ?

- Je ne sais pas, moi. Mais vu ce que tu me racontes, il a quand même l’air de s’énerver souvent.


Je me rendis compte qu’à vouloir vider mon sac, j’en avais peut-être trop dit à Claire et qu’il fallait que j’arrondisse les angles :

- Mais ce n’est pas mon problème ! Il s’énerve tout seul et ensuite ça lui passe. Et tout rentre dans l’ordre.


- Tout va bien alors !

- Mais oui ! Tu viens t’asseoir ?


- Tu dois bien connaître des moments similaires avec Alistair, non ?


- Et bien non, justement.

- Non ?


- Ne me dis pas que vous êtes toujours d’accord...

- Ce n’est pas le cas, en effet


- Eh bien voilà ! Qu’est-ce que je disais !

- Mais ce n’est pas pareil, voyons...


- Pas pareil en quoi ?

- Pour commencer, Alistair ne se met pas à crier comme une furie dès que quelque chose ne lui plait pas.


- Parce que ce n’est pas sa façon de s’exprimer. Mais mon couple est comme tous les couples. Il y a des hauts et des bas... C’est normal dans un couple, non ?

- Oui Michèle. Mais j’ai l’impression que c’est toujours toi qui t’écrases, sI je puis me permettre de m’exprimer ainsi...


- Tu peux. Tu es ma sœur.

- Tu vois, avec Alistair, ce n’est pas toujours lui qui a quelque chose à dire. Moi aussi, je dis quand quelque chose ne me plait pas.


- On peut discuter un moment sur notre désaccord, et je dis bien discuter? et non se crier dessus. Mais il arrive toujours un moment où l’un ou l’autre, de nous deux, va dire stop.


- Quentin aussi sait s’arrêter, je te rassure.

- Mais n’est-ce pas toujours lui qui initie le conflit, et qui le jugule ensuite ?


- Pas forcément, non.

- Tant mieux. Cela me rassure.


Je savais que Claire avait raison, mais après tout, je me disais que chaque couple fonctionne de manière différente.

- Allez ! Il est temps pour moi de rentrer petite sœur.


- Je t’aime fort. Prends soin de toi surtout.


Lorsque j’arrivais dans la chambre, Quentin était toujours habillé et, visiblement, il m’attendait.

- Me voilà, mon chéri !

- Il était temps ! On peut dire que tu te fais désirer !


- Qu’est-ce que j’ai fait encore ?

- Qu’est-ce que tu as fait ? Tu sais depuis combien de temps je t’attends, moi ?


- Je discutais avec ma sœur. Cela mérite-t-il de telles remarques ?

- C’est bien là le problème ! Tu ne te rends même pas compte à quel point ta famille interfère dans notre vie de couple ! Ils sont toujours là ! Ils nous envahissent !


- Tu ne vas quand même pas dire que ma sœur t’a dérangé ? Nous sommes restées sur la terrasse.

- Si tu estimes qu’attendre sa femme inutilement pour lui faire des câlins signifie ne pas être dérangé, alors peut-être que je ne le suis pas... Va savoir...


Puis Quentin se calma.

- Et oui, je voulais seulement câliner ma petite femme...


- Ma petite femme que j’aime comme un fou... Allez viens, on va s’allonger un peu...


- Tu crois que je fais ça sur commande ? Surtout après que tu m’aies fait une pléthore de reproches ? Et bien non.


- Soyons clairs Michèle. Je ne te fais pas une demande. J’estime recevoir ce qu’il m’est en droit d’attendre de ma femme ! Alors, ne m’oblige surtout pas à te supplier, je le prendrais très mal.


Et je cédai une fois de plus, sans me défendre... J’effacerai, de toute façon, cette pénible soirée de ma mémoire... Je savais si bien le faire.


 

Quelques jours plus tard, lors d’une journée de repos, j’emmenai mes nièces au parc de Willow Creek.


Elles étaient ravies toutes les trois mais je m’aperçus que Céline se mettait à part...

- Tu viens jouer avec nous, Céline ?

- Tout à l’heure !


Emilie était partie jouer sur l’échelle horizontale...


...tandis que Lucie jouait sur le bateau pirate.


Céline était venue s’assoir à mes côtés pour me parler de sa mamie. Elle avait du mal à faire son deuil de Nadège, la maman de Charles.


Nous discutâmes un moment un long moment durant lequel j’essayai de l’aider...


...puis elle se décida à rejoindre ses cousines.


Après avoir consolé, Céline, j’eus à réprimander Emilie qui avait mis du bazar partout sur le terrain de jeu. Je me trouvai une alliée en Lucie.

- Je suis désolée Tatie, mais des fois, c’est très rigolo !

- Rigolo en quoi ? lui demanda Lucie.


- Moi je ne trouve rien de rigolo là-dedans ! lui dis-je. Tu dégrades un lieu communautaire et je trouve ça grave ! Est-ce que cela te plairait que je vienne abîmer tes jouets ? Je ne crois pas...


- Et est-ce que tu te rends compte au moins que c’est ta cousine qui nettoie tes bêtises ?

- Je vais aller l’aider....


En fin d’après-midi, il était temps pour nous de rentrer. J’avais donné rendez-vous aux filles près de la fontaine et elles étaient toutes là. Elles s’étaient amusées comme des folles.

- Je suis heureuse de voir que vous êtes ponctuelles. Il est temps d’y aller maintenant.


Je ramenai d’abord Lucie puis Céline...


Et je finis par par Emilie.

- Tatie, je sais que tu n’es pas contente après moi...

- Et j’ai l’impression que tu sais très bien pourquoi.


- Oui...

- Tu crois franchement que ça me fait plaisir, quand je vous sors toutes les trois, et que tu me fais des trucs comme ça !


- Je passe pour un parent irresponsable, moi ! Et toutes les mamans présentes sur le terrain de jeu me regardent.


- Oui, Tatie...

- J’ai l’air de quoi à ton avis ?


- Je ne sais pas...

- J’ai l’air d’une personne qui ne sait pas cadrer ses enfants. Et cela ne me plaît pas du tout. Donc, si tu me refais un coup pareil, je ne t’emmène plus avec moi !


- Je ne le referai pas, Tatie... Est-ce que tu m’aimes toujours quand même ?


- Bien sûr que je t’aime toujours ! Et pour toujours. Pourquoi me demandes-tu cela ?


- Parce que tu as l’air tellement fâchée...

- Oui je suis fâchée. Mais cela ne m’empêche pas de t’aimer. Tes parents aussi te grondent et ils t’aiment quand même. Eh bien, moi c’est pareil. Allez, va vite les retrouver. Je ne leur dirai rien.


 

Le samedi suivant, j’apprenais tristement la mort de mon oncle Chris. J’avais rendez-vous à la planque avec Bastien, et je m’y rendis le cœur fort triste. J’avais l’envie de m’échapper de chez moi et de parler à quelqu’un.


Cependant, une fois arrivée, je voulus partir. Les missions de la S.I.M.S., les entraînements au combat rapproché... Je ne m'en sentais pas la force. Mais il me fut impossible de fuir, car Bastien avançait déjà vers moi, et il m’avait vue.


Je restai donc, plantée là...

- Bonsoir Mathilde. Comment te sens-tu ?


- Très bien et toi ?


- Tu es une mauvaise menteuse. Je sais que tu viens de perdre ton oncle.

- Tu sais ?


Il me serra dans ses bras. Son étreinte si sincère me fit monter les larmes aux yeux...

- Oui je sais. Nous allons rester tranquillement ici, cette nuit. Aucune sortie en public, ne t’en fais pas...


- Je ne sais pas quoi dire... J’ai tellement de peine... Merci Baptiste.

- Va te changer. Ce soir, c’est soirée pyjama. Je vais prendre soin de toi.


Nous nous retrouvâmes alors sur la terrasse en mode cocooning. Le seul fait d’avoir enfilé mon pyjama, et de me sentir à l’aise, me fit me sentir mieux.

- Et la mission ? Ne sera-ce pas un problème ?

- N’oublie pas qui est ton directeur de mission. Je sais ce que je fais, et l’agence me fait pleinement confiance.


- Merci encore. J’aurais eu du mal à faire face ce soir, je crois...

- J’en suis persuadé. C’est pourquoi il est mieux que tu restes ici, au calme. Ou si tu préfères, tu peux rejoindre ton mari. J’imagine que tu préfèrerais être avec lui.


- Non, pas ce soir. Je t’assure que non.

- Il pourrait pourtant te consoler, te câliner. Cela te ferait le plus grand bien et je ne dirai pas à l’agence que tu as « déserté » la planque.


- Il ne ferait rien de ce que tu dis. Je suis beaucoup mieux ici, je te le promets.

- C’est ton mari, Michèle. Il se doit de prendre soin de toi.


- Je pense qu’il ne doit pas être au courant... De toute façon, il est en déplacement professionnel, jusqu’à demain soir.

- Que me dis-tu là ? Que se passe-t-il dans ton couple ?


- Bastien... Je ne sais pas que te dire... Tu es mon ami, je sais, mais ce qui m’arrive est si difficile à dire, et à accepter surtout... Je suis un agent secret, je maîtrise de mauvais garçons, je les combats, les mets en prison. Mais, là... je me sens si... comment dire... fragile. Je ne sais plus comment faire....

- J’ai toute la nuit pour t’écouter. Alors surtout, ne te retiens pas.


Et je me mis à raconter à Bastien tout ce qui me mettait mal à l’aise dans mon couple. Je me sentis tellement en confiance, que je lui narrai tout même mes échanges intimes avec Quentin, ceux qui me faisaient tellement souffrir et que j’appréhendais, chaque fois que j’allais me coucher.

- Tu crois que tu pourrais lui en parler calmement ?


- Non. Malheureusement aucun dialogue n’est possible avec lui...

- Alors, poses-toi les bonnes questions. Quels sont tes avantages à rester avec lui, quels sont les inconvénients ? Es-tu heureuse ? L’aimes-tu encore ? Lorsque tu auras les réponses à ces questions, je pense que tu sauras quoi faire.


Bastien me proposa ensuite de regarder les étoiles avec lui.


Nous restâmes ainsi jusqu’au petit matin. Il me montra les constellations. Puis nous parlâmes encore de Chris et de Quentin, allongés à même le sol. Je me sentais bien et en sécurité, près de lui.


Au petit matin, nous finîmes par nous décider à nous relever.


- Michèle... Quoi qu’il arrive, sache que je serai toujours disponible pour toi. Jour et nuit. N’hésite jamais à m’appeler.

- Je le ferai. Merci Bastien.


- Je ne supporterais pas qu’il t’arrive quoi que ce soit.


- En attendant, je vais partir. Si tu veux rester à la planque, restes-y. Nous nous reverrons dans une semaine. Cela te va ?

- Bien sûr. Tu es si gentil. Je n’ai pas l’habitude...


- Tout ce que je te demande, c’est de prendre soin de toi. Tu me le promets.

- Je te le promets.


Je le regardai partir le cœur lourd. Je savais qu’il irait se changer, puis franchirait la porte sans repasser par la terrasse.


Pourquoi Quentin n’était-il pas aussi prévenant et attentionné que Bastien ? Pourquoi se sentait-il obligé de me rabaisser perpétuellement ?


Et pourquoi, en des temps anciens, n’avais-je pas tout simplement choisi Bastien, plutôt que Quentin ?


Il fallait que je rentre. Je n’imaginais pas rester à la planque, toute seule, sans Bastien. Cet endroit était mon havre de paix avec lui.


 

Les jours et les semaines continuèrent à se succéder. Un soir, alors que je rentrais du travail un peu plus tard que d’habitude, je vis Quentin sur notre perron, en train de m’attendre.

- C’est à cette heure que tu rentres ?


- On peut savoir ce que tu fabriquais ?


- Je travaillais, mon amour.


- Mais il est vingt-trois heures !

- Je le sais bien. Tu ne crois pas que je suis crevée et heureuse de rentrer chez moi ? Je n’en peux plus.


- Ça, c’est à voir...

- Tu sais très bien que j’ai des appels internationaux à passer. Cela me prend parfois beaucoup de temps, selon les contrats...


- Ce n’est pas une heure pour une femme de rentrer à la maison ! Je te veux ici à une heure décente !

- Et comment voudrais-tu que je fasse ?


- Débrouille-toi ! Ce n’est pas mon problème. Tu es une simple secrétaire dans une imprimerie. Ce n’est pas toi qui devrais t’occuper des contrats, que je sache.

- Je ne suis pas une simple secrétaire... Je suis adjointe de direction. C’est différent.


- Je vais me coucher. Trouve une solution, car je ne tolèrerai pas ça bien longtemps.


Lorsque Quentin s’éloigna, je me réfugiai sur la terrasse de l’étage.


J’avais envie d’appeler Bastien, et d’entendre sa voix réconfortante. Au début, j’hésitai. Je n’osais pas composer son numéro. Il était tard...


Puis je me lançai... N’avait-il pas dit que je pouvais l’appeler jour et nuit ?

- Bastien ? C’est moi, Michèle.

Il m’écouta, tout simplement.


Je lui fis part de mes craintes après la diatribe de Quentin ce soir.

- J’ai l’impression qu’il veut que je quitte mon travail.

Lorsque je raccrochai, je me sentis tout de suite mieux.



J’avais vraiment besoin de me détendre. Dès que Quentin rentrait du travail, je me sentais oppressée. Je n’étais bien que lorsque j’allais moi-même travailler ou lorsque j’étais de repos et lui au boulot. Je regardais alors Cuisine TV pour améliorer ma compétence cuisine et apprendre de nouvelles recettes.


Je me suis aussi remise à lire, profitant des fois où il partait en déplacement. J’ai trouvé dans ma bibliothèque un livre très triste que ma grand-mère Angélique avait écrit après le décès de mon grand-père. Il m’émouvait jusqu’aux larmes. Quelle magnifique histoire d’amour que la leur. La mienne n’était certes pas du même ordre.


Et je lisais également les biographies contant l’histoire de notre famille...


Et je jardinais beaucoup. Les voyages professionnels de mon mari étaient une bouffée d’air pour moi.


Le jardin était devenu mon havre de paix, et je pouvais y passer des heures. Et comme je m’intéressais de plus en plus à la cuisine, je trouvais essentiel de profiter de produits frais, de qualité. J’en prenais donc grand soin.


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