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  • Photo du rédacteurNathalie986

G5/ Chapitre 1 : Windenburg


Peu de temps après mon anniversaire, la famille dût faire face au décès de ma tante Elsa.


Il y eut également du changement dans nos vies car Céline partit vivre avec mes cousines Emilie et Lucie, et Tonton Charlie vint habiter définitivement chez nous, Maman ne voulant pas le laisser seul.

Tonton et Maman étaient les deux derniers de leur fratrie, et Papa avait très bien compris qu’il leur serait salutaire, à tous les deux, de se retrouver ainsi.

Cela leur avait d’ailleurs permis de soigner leurs blessures plus vite et de retrouver un moral meilleur un peu plus rapidement.


Ce soir-là, nous étions réunis au salon. Maman venait de m’offrir le collier de Mamie Perrine, ce collier transmis à toutes les femmes de la famille, génération après génération, le seul objet que mon ancêtre avait pu ramener de son monde. J’étais fière de le porter.

Papa avait lancé la conversation sur la nouvelle ville qui était apparue, et que nous n’avions pas encore visitée car notre tristesse ne nous en avait pas encore donné le cœur, ni l’envie.


Le lendemain soir, nous appelâmes mes cousines pour qu’elles se joignent à nous à la découverte de l’Auberge du vieux quartier.


- Tu vois, Papa, pas besoin d’une télé dans un bar ! ajouta Céline.


- N’empêche que c’est pas mal quand même !

J’étais complètement d’accord avec lui. Je me demande d’ailleurs pourquoi personne n’avait jamais envisagé ce concept avant.


Papa et Maman trinquaient ensemble. Ils avaient l’air heureux...

- Et le jeu de fléchettes ? Nous n’en avons pas parlé.

- C’est la première chose que j’ai remarquée !

- Moi aussi !


Papa et Maman, complices de toujours...

- Cet endroit est parfait pour passer de bonnes petites soirées !


Après ce moment familial très sympathique à l’Auberge du vieux quartier, je rejoignis mes amis à l’Usine, une des deux discothèques de Windenburg. Les garçons avaient déjà bien entamé la soirée.


- Alors ta soirée en famille ?

- Très sympa. Cette soirée nous a fait du bien à tous. Et l’auberge du vieux quartier est vraiment très chouette !


Je décidai de changer de sujet de conversation car il y avait une attraction palpable entre Jules et moi.


Je ne pouvais pas leur dire pourquoi. Pour eux, Windenburg avait toujours existé. Ils ne s’étaient même pas demandé pourquoi nous n’étions jamais allés en discothèque, nous qui adorions danser...


Nous décidâmes de nous rapprocher des banquettes pour discuter tranquillement. Tout le monde dansait autour de nous. J’étais hypnotisée par cet endroit que je découvrais et qui était bien supérieur à tout ce que j’avais imaginé.


Rangi et Clément s’étaient endormis sur la banquette...


Rangi s’était subitement réveillé...


... et il nous confirma vouloir rester avec nous.

Clément se réveilla lui aussi, mais nous salua très vite en argumentant devoir prendre son service de bonne heure, le lendemain matin. Il avait besoin de son quota de sommeil.


Samuel remit en ordre nos priorités, mais Jules et moi étions trop occupés à nous manger du regard pour entendre ce qu’il disait.


Ce fut Rangi qui nous sortit de cette torpeur envoutante en nous rappelant que nous devions aller danser.

Sur la piste de danse, je remarquai une jeune femme qui s’était arrêté de danser et qui ne cessait de regarder Jules...


Elle s’approcha très près de lui tout en continuant à marcher. Jules lui fit un sourire.


Samuel mit les pieds dans le plat, Jules lui fit signe de se taire et la jeune femme quitta la discothèque.


Nous dansâmes encore un peu mais pour moi, le cœur n’y était plus. Je décidai de rentrer.


Lorsque j’arrivai à la maison, vers quatre heures du matin, tout le monde dormait. Je pris une douche très rapide, histoire d’ôter la transpiration de la nuit puis me revêtit de mon pyjama.


Je me plongeai alors dans la lecture de « Marc, mon amour », cette si belle histoire d’amour écrite par mon arrière-grand-mère, Mamie Angélique après la mort de Papi Marc. Elle y racontait tout ce qu’ils avaient vécu ensemble même si la fin en était forcément tragique.


Elle ne s’était jamais remise de sa mort. Heureusement, Papi Maxime, mon grand-père, l’avait soutenue jusqu’au bout. J’étais d’une humeur si triste ce soir, que lire ce livre m’avait paru d’une évidence sans faille. De toutes les façons, je n’avais pas sommeil. Mon cœur se dirigeait vers Jules et les regards que nous avions échangés, des regards que je savais sincères. Alors pourquoi ?


Le lendemain matin, le réveil fut très dur. J’avais promis à mes parents et à mon oncle de les accompagner pour prendre le petit déjeuner dans un des cafés de Windenburg.


Je m’étais couchée à six heures (mais j’avais fini de lire tout le livre !) et nous avions prévu de nous rendre au Café de la place du Sud pour huit heures. J’avais beaucoup de mal et Papa ne fut pas dupe.


C’était un de ces matins d’hiver où la tempête de neige était chose courant, et où le ciel était si sombre que nous avions besoin de lumière pour y voir clair.


Mon oncle Charlie ne put s’empêcher de me questionner sur les objectifs de ma mission. Pourtant, je n’avais qu’une envie... fermer les yeux et dormir.


- Que des choses qui lui plaisent, continua Papa. A commencer par Windenburg et tout ce qu’elle a apporté !

- C’est vrai, Papa a raison, confirmai-je.


Nous convînmes de rentrer à la maison. Le temps s’assombrissait de plus en plus.

- Voilà ! nous avons notre nouvelle Elue ! s’enthousiasma Maman.

- Je suis fier de toi, ma fille. Tu as d’autres objectifs ?


- Oui. Je dois aller en discothèque ou à la piscine au moins une fois par semaine. Cela ne sera pas un problème. Et puis choisir un objet de ma génération.

- Tu vas réussir, je le sais !


Ce midi même, j’eus envie de faire plaisir à ma famille. J’avais une grande envie de cuisiner car Maman m’avait donner le goût de manger des bonnes choses avec des produits frais.


Je me lançai alors dans la préparation de macaronis au fromage. Un plat simple et sans ambition, mais qui me paraissait facile à réaliser d’après la recette que j’avais consultée sur Internet.

Mais comment avais-je pu en arriver là ?


Je ne cuisinai que des pâtes mais je mis le feu à la cuisinière...


En proie aux flammes, je me mis à crier. Heureusement, Tonton Charlie prit l’extincteur et m’arrosa copieusement !


J’avais le sentiment de me sentir brûler malgré cela, mais le feu s’atténuait...

Mais qu’est-ce que j’ai fait mon Dieu ?


En entendant mes cris, mes parents se précipitèrent.


- Et que voulais-tu nous faire à manger ? me demanda Tonton Charlie.

- De simples macaronis au fromage !


- Pas trop réussis, hein ? rigola-t-il.


Il continua en me rassurant :

- Tu feras mieux la prochaine fois.

- C’est sûr ! Pour faire pire, il faudrait y mettre de la mauvaise volonté ! railla mon père.


- Merci Papa ! Très sympa !

- Pas de quoi, ma chérie ! me nargua-t-il.


Alors que je me dirigeai vers la salle de bain, j’entendais encore les propos de ma famille :


Je décidai de les rassurer :


- Linette, ça va ma chérie ? me demanda Maman lorsque je revins de la salle de bain.

- Ça va mieux, oui. La douche m’a fait du bien.


Nous nous mîmes enfin à table. Mon père avait cessé de me taquiner avec cette histoire d’incendie.


 

Ce samedi soir, Clément nous appela tous afin de nous réunir pour une petite soirée. Au téléphone, il m’informa que Jules ne pourrait pas venir.

Pourtant, lorsque nous arrivâmes au Cuba Libre, nous le trouvâmes assis à une table avec la jeune femme que j’avais vue lors de notre soirée en discothèque. Ils avaient l’air très proches. Cela me fendit le cœur mais je décidai de ne rien laisser paraître. Jules ne nous vit même pas tout de suite.

- Je n’ose pas aller le déranger, me souffla Clément. Il m’a l’air un peu trop occupé !

- Tu as raison, mieux vaut le laisser.


Jules aperçut finalement Rangi et Samuel.

- Salut les gars ! Qu’est-ce que vous faites ici ?

- On se réunit. Je croyais que tu n’étais pas dispo.

- Ben, il n’est pas dispo, tu le vois bien !


- Puisqu’on est tous là, je vais me rendre dispo alors ! dit Jules en se levant.

- Et ta copine ?

- Chantal allait partir, de toute façon. Elle comprendra.


Clément semblait navré pour moi :

- Je ne lui avais pas dit que nous serions ici. Je suis désolé Linette.

- Pourquoi dis-tu cela ?


La dénommée Chantal avait apparemment compris puisque je la vis quitter le bar.

- Parce que je sais que tu craques pour Jules, et que tu dois être triste en ce moment.

- C’est vrai, tu es très malin. Mais ne t’en fais pas, ça va.


Je présentai mes excuses à Clément et quittai moi aussi le bar. Je ne tenais pas à être là lorsque Jules se rapprocherait du comptoir. Clément m’assura qu’il trouverait une justification à mon départ.

Le lendemain soir, sur une pulsion soudaine, je filai directement chez Jules. Je voulais lui demander ce que représentait exactement cette femme pour lui et, en arrivant devant sa porte, je vis ce que je n’aurais jamais dû voir. Ils s’embrassaient.


Je tournai immédiatement les talons, accablée par ce que je venais de voir, mais que je savais pourtant déjà au fond de moi.


En rentrant, je m’assis dans la cuisine, bien décidée à broyer du noir et à laisser pleurer mon cœur.


Mais au lieu de cela, je finis par préparer une salade de fruits pour le petit déjeuner du lendemain. Cela me fit le plus grand bien.


J’avais pris une décision : j’allais quitter la bande. Je ne supporterais plus de voir Jules en compagnie de cette Chantal, ni même tout seul d’ailleurs, le sachant avec elle. J’appellerai Clément dès demain.


Sauvée par le gong ! Le téléphone sonna mais... c’était Jules. Bien que je n’eusse vraiment pas envie de décrocher, je pris tout de même l’appel pour éviter de répondre à la question de mon père...

- Allo ? Oui ?


Jules souhaitait discuter, et m’invitait à venir le rejoindre pour boire un café.

- Je n’ai pas vraiment envie de venir, là...


Devant son insistance, et peut-être aussi parce que le son de sa voix me faisait trembler de bonheur, je finis par lui accorder ce qu’il voulait :

- Bon d’accord... Mais juste un café, alors.


 

Jules m’avait donner rendez-vous au café du port.

- Je ne sais pas si j’ai bien fait de venir... lui dis-je.

Il parut étonné :

- Mais pourquoi dis-tu cela ? Allez viens, rentrons nous mettre au chaud.


Il s’occupa de notre commande.

- Un expresso et un americano s’il vous plait.


Il savait exactement ce que je voulais. Cela avait toujours été le cas. Il me connaissait par cœur.


- Allons-nous asseoir, tu veux bien ?

J’aurais voulu avoir le courage de fuir. Je le savais avec une autre. Cela aurait dû être facile, et pourtant... je ne parvenais pas à m’éloigner de lui.

- Si tu y tiens.


- Oui, j’y tiens.

- Je suis passée chez toi hier soir...

Et voilà ! Je dévoilais mon jeu, telle une petite poupée vulnérable.


- Oui, je sais, m’avoua-t-il. C’est pour cette raison que je devais te voir. Chantal t’a aperçue à travers la vitre de la porte d’entrée. Assied-toi Linette. S’il te plait.


- Et arrête d’avoir ces yeux si tristes. Je suis désolé, si tu savais...

- Pas tant que moi...


- Je t’aime... Je t’aime depuis toujours.

- Ça ne compte pas. Tu es avec une autre femme.


- Une femme que je n’aime pas.

- J’ai cru à tes belles paroles, tu sais... J’étais plus jeune et très naïve. Alors, j’y ai vraiment cru. Mais maintenant, c’est fini. Tu m’as brisé le cœur.


- Je ne t’ai jamais menti, Linette. A aucun moment.

- Pourtant, tu avais dit qu’on se retrouverait...


- Je vais la quitter. Je t’en fais la promesse. Seulement, ce n’est pas si facile que ça. Chantal est une gentille fille.

- Arrête... Je préfère ne pas entendre ça... Ce n’est facile pour personne... De toute façon, j’ai pris ma décision.


- De quelle décision parles-tu Linette ?

- Je quitte la bande. J’avais prévu de prévenir Clément mais, puisque tu es là, c’est toi que j’informe.


- Tu ne peux pas faire ça ! Tu ne peux pas tous nous quitter à cause de moi !

- Ce n’est pas à cause de toi. C’est à cause de nous.


- Ne fais pas ça. Je ne supporterai pas de ne plus te voir...

- Moi non plus... mais je ne supporte pas de te savoir avec elle.


- Je te promets de la quitter. Laisse-moi un peu de temps...

- Je ne peux pas... C’est au-dessus de mes forces.


- Ma décision est prise. Je ne veux plus te voir. Jamais.

- Je ne m’en remettrai pas.


Je quittai le bar au bord des larmes...


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