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  • Photo du rédacteurNathalie986

G5/ Chapitre 7 : Projets


Je me retrouvai en salle d’accouchement sans même avoir eu le temps de dire « ouf ». Je sentais la présence apaisante de mon mari, non loin de moi. Il était trois heures trente-cinq.

- Ça va bien se passer mon amour. Ne t’inquiète pas.


J’avais très mal et la douleur ne semblait pas vouloir s’arrêter. C’était même de pire en pire. Jules me parlait toujours...

- Je suis là, ma puce. Je t’aime.


Et puis j’entendis le médecin crier :

- Allez-y Madame Leroy. On y est presque. Poussez !

Je n’en pouvais plus.


La douleur cessa comme par enchantement. J’entendis d’abord des petits cris très légers...


... puis ses pleurs, les pleurs de mon bébé. Et la voix de Jules.

- Elle est magnifique ma chérie. C’est une petite fille.

Une fille... J’étais aux anges


Mon amour était devenu complètement gâteux en une seconde :

- Oh oui ! Tu es très belle. Tu sais que Papa t’aime déjà.


- Je veux la voir, moi aussi.


- Tu entends ? Tu en as de la chance ! Tu vas rencontrer Maman.


- Mon Dieu, qu’elle est belle ! C’est nous qui avons fait cette merveille ?


- Oui mon amour. C’est bien nous.

- J’ai presque envie de pleurer, tellement elle est belle.


- C’était le prénom de ma grand-mère, la mère de Maman.


- Réfléchis-y. Tu me diras ça tout à l’heure.


Jules partit précipitamment en se rappelant qu’il devait aller travailler.

- Je t’aime, ma chérie ! Je t’aime !

- J’adore Cassandre, mon amour !


Mais je ne suis pas sûre qu’il m’eût entendue.

Je me retrouvai seule à la maison avec Cassandre. J’avais installé le berceau dans notre chambre. J’avais l’impression que ma fille me regardait.


Je me sentais sale et fatiguée. Après deux soirées à danser, et un accouchement au milieu de la nuit, j’avais beaucoup de mal à refaire surface. Lorsqu’elle s’endormit, j’allai me prendre un bain.


Celui-ci me fit le plus grand bien. J’étais à présent parée pour m’occuper de ma fille.


- Nous allons t’aimer très fort mon ange. Tu es notre petit trésor à Papa et à moi.


Je n’arrivais pas à réaliser. Ce petit être tout fripé devenait toute ma vie.


J’étais en train de me réchauffer près de la cheminée lorsque Jules rentra. Il était sept heures dix.

- Ma chérie, comment vas-tu ? Tu as l’air épuisée.

- J’ai juste froid.


- C’est la fatigue. Tu devrais te ménager.


- Cela va être compliqué, dans les prochains mois... Je ne crois pas que tu m’aies entendue tout à l’heure, alors sache que j’ai prénommée notre fille Cassandre.

- Si tu savais comme cela me fait plaisir !


Jules aussi avait l’air fatigué...

- Tu devrais aller t’allonger mon amour. Toi aussi, tu es éreinté.

- Je vais y aller, mais j’ai plusieurs choses à te dire avant. Tout d’abord, mon congé paternité a été accepté. Je vais pouvoir t’aider avec la petite.


- Qu’est-ce que je suis contente !

- Ensuite, ta cousine Céline a accouché. Et Hortense aussi ! Clément et Rangi sont papas !


- Nous avons toutes accouché, presque en même temps ! Mais comment as-tu su tout ça ?

- Le téléphone, chérie. Je m’apprêtai à appeler Maman pour lui annoncer la nouvelle, lorsque je suis tombé sur les sms de Rangi et Clément. Céline a accouché chez elle, et Hortense à l’hôpital. Elle devait être dans un bloc opératoire non loin du tien, je suppose. Ce sont deux garçons.


- C’est incroyable ! Je suis tellement contente !

- Moi aussi. Je vais aller m’allonger maintenant !


Je retrouvai Jules allongé auprès de notre fille.


Cassandre commençait à pleurer. Je la pris dans mes bras et la berçai.

- Chut. Ne réveille pas ton papa. Il a besoin de dormir.


- Il rentre à peine du travail... Laissons-le se reposer.


Cassandre s’était calmée. Je la reposai dans son berceau et restai un instant dans la chambre pour m’assurer qu’elle n’allait pas se remettre à pleurer. Il était huit heures cinquante-cinq, et c’était déjà la plus belle journée de ma vie.


 

- Tu as bien dormi ?

- Comme un loir ! Je n’ai même pas entendu Cassandre.


- Normal, j’y ai veillé !

- Tu es ma providence ! Et toi, tu as dormi ?


- Oui, j’ai fait une très longue sieste sur le canapé.

- Alors, tu es en forme !


- Très en forme, oui.

- Nous allons donc pouvoir batifoler, toi et moi ?


- Volontiers !

- J’espérais t’entendre dire ça.


On frappa à la porte, à ce moment-là. Il était onze heures vingt-sept.

- J’ai l’impression que nous batifolerons une autre fois, mon chéri. Tu vas ouvrir ?

- Non, vas-y, toi...


- Je suis bien ici. Je n’ai pas envie de bouger...

- Moi non plus...


Je me dévouai finalement pour aller ouvrir la porte à mes cousines.


Dans l’intermédiaire, Jules était allé chercher Cassandre et avait ramené son berceau dans le salon.


Lucie et Emilie étaient allées voir Corentin, le fils de Céline et Clément. Puis elles avaient entraîné Céline jusque chez moi pour voir Cassandre.

- Je n’en peux plus... J’ai tellement envie de dormir... Et on a le réveillon dans les pattes !

- Fais des siestes. Sinon tu ne tiendras pas le coup.


- Cassandre est vraiment trop chou ! s’extasia Emilie devant son berceau.


- Et je te présente, Cousine Lucie, ma chérie.

- Qu’est-ce qu’elle est mignonne !


- Et moi ? Je peux ?

- Bien sûr !


- Et tu vois cette gentille cousine ? C’est Cousine Céline.

- Qu’est-ce qu’elle est belle !

- Cousine Céline a un petit garçon. Nous espérons que vous vous entendrez bien tous les deux.

- Nous allons faire en sorte que... En plus ils sont du même âge.


Mes cousines finirent par se décider à partir. Jules ne cacha pas son soulagement.

- Nous allons pouvoir être enfin tranquilles !

- Ça m’étonnerait ! Samuel est derrière la porte. Il n’a pas encore frappé mais il est là...


Les visites s’enchaînèrent ainsi toute la semaine.


Le lendemain, nous eûmes la visite de Mélanie et Alexandra. Mélanie était très touchée que nous ayons donné à notre fille, le prénom de sa mère.


Je fis, moi aussi, ma tournée des nouveaux bébés, en commençant par le fils de Rangi, et en gardant le meilleur pour la fin : Corentin, le bébé de ma cousine Céline.

- Tu sais, Clément nous a proposé, à tous, d’intégrer les épouses dans la bande. Il regrette beaucoup de ne pas être plus souvent avec toi.

- Je suis heureuse de l’apprendre parce qu’il ne m’en a pas parlé.


- C’est normal. On n’en a pas encore débattu.

- Et tu crois que cela va être accepté ?


- Il ne reste que Samuel à convaincre mais j’ai bon espoir, oui. On est tous pour.

- Ce serait génial.


 

Le temps s’écoulait tranquillement à la maison. Je continuais à sortir avec la bande, allais souvent à la piscine, mais je passais aussi beaucoup de temps auprès de Cassandre.

- Qu’est-ce qu’on est bien au chaud ! Je suis allé faire un baby-foot avec Clément et Rangi. Je me suis gelé.

- Tu n’étais peut-être pas assez couvert.


- C’est sûrement ça, oui.

- Je vais te remettre dans le berceau mon ange. Il faut que je parle à ton papa.


- Jules... Te rappelles-tu que j’avais émis le souhait de déménager ?

- Je m’en rappelle très bien, oui.


- Tu avais dit qu’on en reparlerait après mon accouchement

- Et, apparemment, tu tiens à en reparler maintenant...

Je sentis mon mari, un peu bougon.


- Oui. J’aimerais qu’on en discute sérieusement.

- Honnêtement, tu ne crois pas que Cassandre est trop petite pour un déménagement ?


- Jules, si je devais t’écouter, il y aurait toujours quelque chose.

- Mais c’est vrai, non ? Elle est trop petite.


- Et avant, j’étais enceinte, donc, on ne pouvait pas non plus.

- Je prends soin de vous. Qu’est-ce que tu veux, on ne se refait pas.


- J’ai l’impression que tu ne veux pas déménager...

- C’est vrai que je me plais bien ici. Mais je ne suis pas du tout contre un déménagement.


- Au contraire ! Je serais même très heureux de vivre dans une maison que nous aurions choisi tous les deux.

- Tu es sérieux ?


- Au début, rappelle-toi, c’est toi qui m’as convaincu de venir vivre ici. Moi, je voulais notre chez nous.

- Je m’en souviens.

A cette époque-là, je voulais rester auprès de Papa, et j’avais convaincu Jules de venir habiter chez nous. Il s’était ensuite pris d’affection pour mon père, mais c’est vrai qu’il avait toujours rêvé d’un endroit rien qu’à nous.


- Alors, non. Je ne suis pas contre un déménagement. Je me fais juste du souci parce que Cassandre est encore très petite.

- Je peux commencer à chercher une maison, alors ? Tu ne seras pas fâché ?


- Cherche donc. Et trouve-nous notre chez-nous, l’endroit où on aura notre histoire et nos souvenirs.

- Merci, mon amour.

- Je t’aime, tu sais. Mon objectif principal est que tu sois heureuse.


- Moi aussi je t’aime.


 

Ce matin-là, nous avions rendez-vous avec Samuel à dix heures au café de la Place du sud. Notre ami nous apprit qu’il avait, à présent, une petite amie.


Après le départ de Samuel, je proposai à Jules de faire un tour du quartier. Enthousiaste, je lui fis remarquer que, juste en face du café, il y avait la bibliothèque, et que sur la même place, se trouvait également l’Usine, la discothèque du coin. Nous avançâmes un peu et arrivâmes à l’Auberge du vieux quartier.

- Tu vois, il n’y a qu’un pas à faire vers tous ces endroits que nous adorons, mon chéri.


- Oui mais je commence à geler et j’ai faim. Il est presque midi.

- Mais j’avais encore autre chose à te montrer !


- Puisque nous sommes à l’Auberge du vieux quartier, pourquoi n’irions-nous pas manger un morceau ? On reprendra la visite après, me persuada-t-il.

- D’accord, ça me va !


Nous commandâmes une assiette de charcuteries et de fromages.

- Ça a l’air très appétissant ! m’extasiai-je devant le plateau richement garni.

- Ça tombe bien, j’ai une faim de loup !


- Si nous avions, une maison près d’ici, nous pourrions venir y manger de temps en temps, essayai-je à nouveau de persuader mon mari.

- Quel est l’intérêt ? Tu nous fais très bien à manger.


- Parfois, je n’ai pas du tout envie de faire à manger.

- Ah bon ? me regarda-t-il d’un air sincèrement étonné. Pourtant tu as l’air d’aimer faire la cuisine...


- J’aime ça, oui. Mais il m’arrive aussi de ne pas avoir envie de préparer le repas.

- Je ne savais pas...


- Alors tu vois ! L’Auberge pourrait être une bonne alternative !

- Oui, ça pourrait être sympa !


- J’aimerais beaucoup vivre dans le vieux quartier, Jules, vraiment.

- C’est vrai que nous avons tout à portée de la main.


J’étais ravie. Jules semblait attiré par l’idée de vivre dans le coin :

- Oh mais est-ce une impression, ou je t’ai convaincu ?

- Ce n’est pas une impression, ma chérie. Tu m’as convaincu.


Je ne me le fis pas dire deux fois :

- On continue la visite du quartier, alors ?

- Avec plaisir. J’espère juste que la tempête se sera calmée...


J’emmenai alors Jules vers le quartier résidentiel situé non loin de l’auberge et de la Place du Sud.

- Que penses-tu de cette maison ? Elle est à vendre.

- Elle est mignonne... mais franchement, je la trouve un peu petite, me répondit-il.


J’étais d’accord avec lui, mais je ne m’avouai pas vaincue.

- Viens, allons plus loin, je vais t’en montrer une autre.


- Tu vois celle-là, en contrebas ? Elle est aussi à vendre.

- Laquelle ? Il y a trois toitures...

- C’est une seule et même maison. Mais tu as raison, on ne voit pas grand-chose avec toute cette neige. Descendons la voir de plus près.


- Elle est magnifique ! Tiens, tu as vu ? Il y a une antenne satellite...

- L’ancien propriétaire devait être un scientifique...

- Elle me plait beaucoup, Linette !


- J’aimerais beaucoup en faire le tour.

- J’allais te le proposer !


- Tu vois, il y a même un jardin à l’arrière ! tentai-je de le persuader.


- Et regarde ça ! Nous avons une vue sur la rivière, me dit-il. Imagine comme ce doit être joli au printemps, me fit écho mon mari. Cela veut dire qu’il n’y a aucun vis-à-vis. Cela me plait beaucoup.


- Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir ! Moi aussi j’adore cette maison !

Mon cœur débordait de joie à l’idée que Jules puisse aimer cette maison autant que moi. Sa réaction était au-delà de mes espérances, car cette maison, je la voulais, je la voulais tellement.


Je me blottis contre lui :

- Je nous imagine tellement bien vivre ici tous les trois !

- Moi aussi, me confirma-t-il.

- Je suis sûre qu’on y sera heureux.


Il nous fallut cependant, revenir à la réalité. Les rêves sont bien beaux, mais il faut aussi se donner les moyens de les réaliser :

- Il va falloir que j’appelle l’agent immobilier, dès demain, dis-je à Jules.

- Tu as raison. Il ne faut pas tarder. Il ne faudrait pas que la maison nous passe sous le nez !

Son enthousiasme me portait. Je n’en avais pas espéré autant, mais mon mari était sous le charme, tout autant que moi.


Nous rentrâmes à la maison, encore tout émoustillés par notre journée.

- Je t’aime.

- Moi aussi, je t’aime.


- On sera bien là-bas...

- Très, bien, j’en suis sûre.


- Tu entends ça, mon ange ? susurrai-je à notre fille, nous allons bien bientôt emménager dans une nouvelle maison, Papa, Maman et toi !


- J’ai tellement hâte d’y être !

- Moi aussi, ma chérie, moi aussi.


 

Quelques soirs plus tard, nous avions rendez-vous à la discothèque Pan Europa, avec les copains.

Nous avions investi la piste de danse, et tous les regards étaient braqués sur nous.


Nous nous sommes vraiment bien amusés.


Nous nous étions à peine assis, qu’un individu vint demander aux garçons la permission de m’inviter à danser.


L’individu restait quand même planté là. Samuel prit le relais.


La situation commençait à devenir pénible...


L’individu s’éloigna.


Nous étions de retour chez nous. Jules était très content du résultat des votes :

- Quelle bonne soirée ! En plus, notre groupe va évoluer. Je suis très content.

- Moi aussi, même si j’appréhende un peu ce changement, lui avouai-je.


- C’est-à-dire ?

- Eh bien je ne sais pas mais, après tant d’années, nous acceptons trois nouvelles personnes au sein de notre groupe. J’ai peur que l’ambiance ne soit plus la même...

Je m’en voulais un peu d’énoncer cette vérité, mais c’est ce que je ressentais au plus profond de moi, en cet instant.


- Je ne vois pas pourquoi, m’opposa Jules. Ces femmes font partie intégrante de la vie des membres. A mon avis, l’ambiance pourrait changer s’ils ne les voyaient pas assez à cause du groupe.

- Tu as probablement raison. Je suis idiote.


- Pas du tout ma chérie. Tes inquiétudes sont légitimes. Tu vois, je crois que les gars finiraient par ne plus venir aux réunions pour pouvoir rester avec leurs épouses et que, finalement, le groupe se décomposerait de lui-même avant de cesser d’exister.

- C’est très logique, ce que tu dis. En somme, c’est préférable d’intégrer les épouses.


Jules changea soudainement de sujet :

- Tu as réussi à joindre l’agent immobilier au fait ?

- Toujours pas ! J’essaye pourtant tous les matins et tous les après-midis. Ça commence à me désespérer.


- Persévère ! Tu vas finir par le joindre !

- C’est ce que je me dis... Tu sais que si nous n’avions pas eu le coup de cœur pour cette maison, je crois que j’aurais laissé tomber.


- Il faut qu’on se dise une chose, c’est que, si toi tu n’arrives pas à le joindre, personne ne peut le joindre. Donc, la maison ne nous passera pas sous le nez comme ça.

- Toi, tu sais me remonter le moral !

Il savait toujours me remonter le moral.


- Je n’aime pas te voir contrariée. Tu es bien plus jolie avec le sourire.

- Tu es un amour, Jules.


Deux jours plus tard, en début de soirée, je réussis enfin à joindre l’agent immobilier. Jules était parti passer la soirée avec sa sœur.


J’attendis Jules un moment mais, ne le voyant pas arriver, je finis par aller me coucher.

Le lendemain matin, il dormait, allongé auprès de moi. Je ne l’avais même pas entendu rentrer. Je descendis m’occuper de Cassandre.

- J’espère que ton papa ne va pas tarder à se lever. J’ai tellement hâte de lui annoncer la nouvelle.


- Nous allons avoir une nouvelle maison ! Dans deux mois. On va être les plus heureux du monde !


- Les plus heureux du monde, ma chérie ? Qu’est-ce qui se passe ?


- Tu ne devines pas ?

- Ben non... Dis-moi !


- On a la maison, mon amour ! On l’a !

- On a la maison ?


- Elle ne sera disponible que dans deux mois parce que l’ancien propriétaire veut faire des travaux avant de la céder. Mais oui, on l’a. L’agent immobilier me l’a bloquée.

- C’est une excellente nouvelle !


 

Notre Cassandre grandit dans les jours qui suivirent. C’était une petite charmeuse qui adorait rester avec nous, quoique nous fassions. Plus le temps passait, plus il devenait difficile pour nous d’avoir des moments de tranquillité. Mais je ne me sentais pas de l’envoyer dans sa chambre. Jules n’en pouvait plus. J’avais de plus en plus de mal à apaiser la situation.

- Allez, dis oui mon amour.

- D’accord. Mais parce que Maman me le demande. Tu t’installes avec nous mais tu nous laisses discuter entre grands. Maman et moi, on doit parler.


- Dablette, Papa.

- Elle veut dire qu’elle va jouer tranquillement sur sa tablette.

- J’ai compris ce qu’elle voulait dire.


- Te rends-tu compte qu’on ne peut même pas avoir de conversation d’adultes sans qu’elle ne soit là ? râla Jules.

- Je le sais bien, mon chéri...

- Quant à notre intimité, je n’en parle même pas !

- Ça ne va pas durer, mon amour.


- Tant qu’elle n’aura pas un endroit bien à elle, ça durera. Je le sais. Je te rappelle que c’est toi qui as voulu installer son lit dans l’ancienne chambre de tes parents. Ce n’est pas un endroit pour une bambinette, ça ! Et nous trimballons ses jeux d’une pièce à l’autre...

- Tu n’as pas tort, je le sais. Je ne voulais pas toucher à la chambre de mes parents parce que je pensais que nous aurions la maison plus tôt. Et ça ne va pas tarder. L’agent immobilier m’a appelée.

- Et que t’a-t-il dit ?


J’entendis frapper à la porte.

- Les travaux sont presque finis. Il veut savoir si nous souhaitons visiter la maison avant de l’acheter. Je lui ai dit que je devais d’abord t’en parler.

- Mais bien sûr que nous voulons visiter ! Nous voulons voir ce que nous achetons ! En plus ils ont un mois de retard !


J’entendis de nouveau frapper. Jules ne semblait pas y faire attention.

- Bien. Je le rappelle demain pour fixer une date de visite.

- Sais-tu s’il y a d’autres personnes sur le coup ?


Les coups devenaient de plus en plus insistants, et je n’osais pas tourner la tête pour voir qui c’était.

- Absolument pas. Il ne m’a rien dit à ce sujet.

- Ça veut dire qu’il n’y a personne.

- Papa ? On frappe porte ! babilla Cassandre.


- On va visiter dès que possible, me dit Jules.

Puis il se mit à hurler : « ENTREZ !!!! »


Pendant que Jules saluait Clément, Cassandre me racontait ses petites histoires...


Je me retrouvai assise entre les deux hommes, essayant de rester stoïque.


 

Le lendemain, nous nous retrouvâmes donc chez Samuel. Il resta cinq minutes avec nous puis partit travailler. Je pense qu’il avait « prémédité » son coup. Heureusement, Lilas était une fille charmante, et elle nous accueillit chaleureusement.

Nous lui expliquâmes le fonctionnement de notre groupe, à tour de rôle...


C’est à ce moment-là que Clément nous quitta. Il était chaque fois plus pressé de retrouver Céline. Jules avait bien raison sur ce sujet. Il était grand temps que les épouses rejoignent le groupes, ou nous perdrions tous ses membres.


Nous continuâmes à discuter avec Lilas. J’appris alors qu’elle s’appelait Lilas Chinon. C’était la fille du premier mari de Maman. Nous aurions presque pu être sœurs... Je gardai cela pour moi... Lilas était ravie de rejoindre notre groupe.


Nous avions admis Céline, puis Lilas. Ne restait plus qu’Hortense.

Je me rendis chez elle, à peine sortie de chez Samuel. J’y allais seule, comme convenu, et sortit le grand jeu. Je lui rappelai qu’elle avait connu Rangi en discothèque et lui demandai alors si elle aimait toujours danser.

- Bien sûr que j’aime danser ! J’adore ça ! Mais Frédéric est là maintenant... Je ne peux plus me le permettre.

- Et pourquoi ça ? Tu crois que ton fils préfèrerait avoir une maman frustrée, qui ne fait plus ce qu’elle aime dans la vie ? Ou une maman qui sort de temps en temps danser, mais qui, lorsqu’elle s’occupe de lui, est complètement disponible et épanouie ? Tu crois que je fais comment, moi ? Et Rangi, tu y as pensé ? Il t’a connue aimant faire la fête...


- C’est vrai mais je n’ai jamais laissé Frédéric une seconde depuis qu’il est né...

- Justement ! Je crois que ça te ferait le plus grand bien de te détendre. Et à ton fils de voir d’autres personnes, comme une nounou, ou d’autres enfants à la garderie... Crois-moi.


- C’est d’accord, j’ai bien envie de me laisser tenter... J’avoue que j’étouffe un peu dans cette maison !

- Hortense, je suis vraiment ravie de te compter parmi nous !

Mission accomplie !


Quelques jours plus tard, nous dûmes faire face au décès de Mélanie, la Maman de Jules.


Tous nos amis étaient présents, auprès de mon mari et de sa sœur.

J’avais tant espéré que Cassandre connaisse au moins une de ses grands-mères...


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