top of page
  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 10

Odely - Invocation

Les Mercenaires de l'impossible


Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ? Nous avions perdu Opaline, puis Yoram... Quant à Ancelin, je n’osais envisager de le perdre, lui aussi. Cette seule pensée était complètement insupportable, et j’avais de plus en plus de mal à donner le change.


Pourtant, il faudrait que j’y parvienne, car la situation était critique et n’autorisait aucune lamentation.

L’impact violent des bombes vénusiennes avaient permis l’ouverture de nouvelles brèches, un peu partout autour de l’hôpital. A ce rythme-là, l’Enfer ne tarderait pas à se déverser sur notre monde, accompagné de son lot de malheurs et de désolation et, si cela devait être le cas, nous n’y pourrions plus rien.


J’avais décidé d’aller souffler quelques minutes, auprès de mon bien-aimé mari, avant d’affronter cette nouvelle journée, mais je dû constater que Guidry, que l’on croyait tous déjà parti, m’avait devancée et se trouvait debout devant son cercueil.

- Que faites-vous là ? l’apostrophai-je gentiment.


En entendant ma voix, il se retourna subitement ; sûrement l’avais-je arraché à quelques pensées ectoplasmiques. Le pauvre avait l’air tendu.

- Je réfléchissais à une solution pour votre mari.

- Vraiment ? S’agirait-il de cette solution dont vous avez parlé à Doreen, mais pour laquelle nous ne sommes pas encore prêts ?


Guidry sortit de la pièce et je lui emboîtai le pas.

- Vous m’avez percé à jour, c’est vrai. Mais je ne peux rien vous dire, pour le moment. Non seulement l’entreprise sera très risquée pour l’un d’entre vous, et c’est sur ce point que je ne vous estime pas prêts, mais, en plus, il me manque un objet. Sans lui, nous ne pourrons rien faire.

- Et si vous me disiez de quoi il s’agit ? Je pourrais peut-être vous aider.

- Je crois que vous devriez invoquer Hilda, elle pourra vous en dire plus.


- Qui est Hilda ?

- Il faut vraiment que je m’en aille ! Je ne sais pas comment j’ai fait pour rester matérialisé aussi longtemps, mais je n’y arrive plus.

Guidry s’était levé en grimaçant puis m’avait lancé un "Ne soyez pas surprise, en la voyant", avant de disparaître.


Quand je suis redescendue, le jardin ressemblait à la tanière d’un sorcier. Audric était en train de travailler sur je ne sais quelle potion étrange et malodorante, tandis que Doreen avait inventé un nouveau sort afin de refermer les petites failles qui apparaissaient, ici et là. Je les encourageai rapidement puis filai entretenir le jardin et donner à manger à notre ménagerie.


Je voulais me débarrasser au plus vite de ces tâches ingrates, mais pourtant indispensables à notre survie. C’est en arrosant les plantes que j’aperçus une de ces âmes égarées qui tourbillonnait, non loin du kiosque. Elle avait l’air si triste, que je lui offris un pot du miel que j’avais fraîchement récolté dans nos ruches.


Le petit spectre, sûrement satisfait, se volatilisa, laissant à mes pieds, une sorte de muffin gélatineux, et une aura joyeuse qui m’envahit, bien malgré moi.

Je regardai autour de moi, mais personne d’autre ne semblait avoir subi l’effet secondaire du spectre, contrairement à cette première fois où j’avais tenté d’entrer en communication avec l’un d’eux.


Je venais de ramasser l’étrange petit gâteau, lorsque Fantine vint me trouver pour me signaler que nous avions encore des problèmes de plomberie.

- Il y a de l’eau partout ! J’ai bien essayé d’arranger le truc, mais je crois que j’ai empiré la situation.

- Ne t’en fais pas. Je vais m’en occuper.


Je sus, à ce moment-là, qu’une grande partie de ma journée serait vouée à réparer trois de nos sanitaires, ainsi que notre récent micro-ondes. Cette tâche m’était dévolue car j’étais, aujourd’hui, celle qui prenait soin de l’équipe et de son bien-être et, en tant que chef, il n’était pas question que je m’y soustraie. Je me devais de montrer l’exemple, ainsi que je l’avais toujours fait.

Malgré tout, je décidai quand même de commencer par finir de déblayer les deux traces mystiques et horrifiques, que Doreen n’avait pas eu le temps d’effacer et, lorsque je vins à bout de la marque imprimée sur le sol du salon, j’entendis les gonds grincer... les gonds qui annonçaient l’ouverture d’une nouvelle pièce.


Aussitôt, je déployai mes ailes de vampire pour me rendre au deuxième étage, là d’où le son provenait. Nous avions débloqué une chambre supplémentaire, aussi déplorable que les pièces qui nous avaient été précédemment accordées, aussi je m’employai à nettoyer la pièce toute seule, ma vitesse surnaturelle me permettant d’aller plus vite que plusieurs humains réunis.


Je m’attaquai, ensuite, à la besogne proprement dite. J’avais choisi de d’entreprendre l’électricité, dans un premier temps, puis de réparer la baignoire, pour ce qu’il s’agissait de la plomberie du premier étage. Je gardai les toilettes du rez-de-chaussée pour la fin. Cet équipement-là ne m’emballait pas du tout.


Pourtant, j’avais dû me résoudre à arranger cette foutue plomberie défaillante, à cause de cette maudite Tempérance... Elle devait bien pouffer, à l’heure qu’il est, la Tempête Rouge ! Mais ce qu’elle ignorait, est qu’ainsi accroupie devant ce trône de déperditions organiques, je pus observer, à loisir, qu’un des carreaux, m’apparaissait en relief, par rapport aux autres.


Je me saisis de mon tournevis et, m’en servant comme levier, je réussis à soulever le revêtement incriminé. Aucun joint ne m’avait résisté et, la dalle au mur s’était détachée toute seule. Derrière le carreau, se trouvait un journal, dissimulé récemment, à en croire la facilité avec laquelle j’avais pu le retirer de sa cachette. Je le posai alors sur le lavabo, afin d’éviter qu’il ne soit souillé par ma réparation et m’en retournai à la tâche.


Je finis mon œuvre en rendant les toilettes opérationnelles puis je fermai la porte à double tour afin de me plonger dans la lecture du journal. Il avait été écrit par Susumu, notre ami fantôme, et je découvris ici que ses derniers jours avaient été des plus tristes. Enfermé pour dépression, sa vie avait pris fin pour folie, dans cet hôpital maudit.

Je ne pouvais m’empêcher d’être extrêmement chagrinée pour lui car il n’avait pas mérité le sort que lui avait réservé le directeur de ces lieux mais, en lisant ces pages, je me disais aussi que le pauvre Susumu ne nous avait rien appris de plus que ce qu’il était écrit dans les journaux que nous avions trouvés dans les autres chambres, y compris celle que j’avais précédemment réussi à ouvrir, et je ne comprenais pas pourquoi quelqu’un avait tant tenu à cacher ce journal.

Pourtant, en y regardant de plus près, je m’aperçus que la dernière de couverture était plus épaisse qu’elle n’aurait dû être... Alors, peut-être que, finalement, Susumu avait plus de choses à nous dire que les autres...

Mais lequel d’entre nous avait dissimulé le journal derrière ce carreau ?


Après la réparation des sanitaires, il avait été urgent que j’aille prendre une douche pour me rafraîchir. J’enfilai des vêtements secs puis allai déposer une enveloppe contenant 300 §, à l’attention de Guidry, sur le comptoir du salon, pour qu’il débloque une salle de bain dans l’aile ouest du deuxième étage, puis je m’employai à démolir les deux vestiges de bombes vénusiennes qui avaient fait tant de dégâts la nuit dernière.

A ma grande surprise, j’arrivai à en extraire quelques pierres que Juju accepta de m’acheter pour une petite somme.


Heureuse d’avoir passé mes nerfs sur ce gros caillou, il me fallait à présent tenter d’invoquer cette Hilda dont Guidry m’avait parlé. Je me demandais qui était cette femme et ce qu’elle pourrait nous apprendre. En outre, je me posais des questions sur cet objet mystérieux que Guidry recherchait.


Mes pensées vagabondaient, allant d’Ancelin à Tempérance. La tristesse m’envahissait, alors que j’aurais dû être concentrée pour créer un cercle parfait, parce que mon impuissance devant les morts de nos amis, et le sort qui avait été réservé à Ancelin, me tourmentait insidieusement. J’eus beaucoup de mal à obtenir le cercle idéal.


Cependant, lorsque j’y parvins enfin, au bout de presque deux heures, ce fut pour constater que deux spectres rouges, ces âmes égarées au service de Tempérance, étaient campés derrière moi, et arboraient un air inamical.

- Hilda, Hilda, viens à moi... décidai-je cependant de les ignorer.


Pour toute réponse, le sol se mit à trembler, la voix d’outre-tombe de Tempérance envahit la pièce, et ses petits soldats menacèrent de me faire griller sur ma chaise, qui rejoignit le sol, dans un fracas épouvantable. Mon dos de vampire n’eut heureusement pas à souffrir de cette manœuvre grotesque. Tempérance éructait :

- Arrête ça tout de suite, Odely ! Ce passage est à moi, cet hôpital est à moi ! Hilda n’y est pas la bienvenue !

- Si tu savais comme je m’en moque. Va au Diable, Tempête Rouge, et brûle en Enfer !

J’avais choisi de continuer. Ma motivation était d’autant plus grande que Tempérance semblait contre la venue d’Hilda dans notre monde. Lui faisait-elle peur ? Que savait-elle qui pourrait contribuer à lui nuire ?

J’y étais presque... je le sentais... et il était hors de question qu’elle m’empêche d’invoquer cette femme.


C’est alors que je sentis le feu me lécher les épaules, et l’atmosphère qui devenir chaude et irrespirable. Je savais que si je persistais davantage, la folle furieuse n’hésiterait pas une seconde à lâcher ses petits soldats sur moi.


Je finis donc par me lever, faisant mine d’abdiquer, mais restant non loin de ma chaise. Je jouais le tout pour le tout. Je sentais que la connexion avec le cercle était encore active mais j’espérais que Tempérance et ses sbires croiraient avoir interrompu la séance de spiritisme et qu’ils me laisseraient tranquille.

Ce fut le cas. La Furie semblait avoir disparu, et les âmes égarées se calmèrent puis finir par disparaître.


Tempérance croyait sincèrement que j’eus pu avoir peur d’elle et reculer devant son animosité ? Elle ne me connaissait pas encore, malgré toutes ces années.

A peine les spectres disparus, je me jetai sur la chaise et me mis à crier de toutes mes forces. Le cercle avait repris sa forme initiale et je n’ignorais pas que le temps m’était compté :

- Hildaaaa !!! C’est maintenant ou jamais ! Magne-toi !


Guidry m’avait dit de ne pas être surprise lorsque je rencontrerais son amie, et je compris mieux pourquoi, en la voyant. Cette femme n’en était pas une... ou peut-être l’avait-elle été... Mais, devant moi, se tenait un squelette avec une tenue de soubrette des années trente. Elle avait même un petit serre-tête de dentelles sur le crâne.

- Bonsoir Odely, me salua-t-elle simplement. Claude m’avait prévenue de votre appel, mais j’ai été retenue, pardonnez-moi.

- Oh, ne vous en faites pas, j’ai géré la situation.

- Je n’en doutais pas une seconde. Je m’appelle Hilda Bone. Je suis la gardienne de Purgo, le couloir de la purification. Il semblerait que vous ayez besoin de mon aide.

- Pour tout vous dire, Guidry... enfin, Claude... m’a confié que vous pourriez savoir comment sauver l’âme de mon mari. Mais il a besoin d’un objet. Savez-vous où il est ?

- Bien sûr que non, sinon, je le lui aurais déjà dit. Je sais juste que l’objet est ici, dans l’hôpital, et qu’il n’a toujours pas réussi à le trouver.


Hilda s’était levée et avait continué à parler en marchant. Ses os tintinnabulaient lorsqu’elle se déplaçait, mais le timbre de sa voix était très doux, et reposant.

- Comme vous le savez certainement, Purgo est le passage obligé des esprits qui ne savent pas encore s’ils doivent s’orienter vers le bien ou le mal, comme votre ami Susumu. Je suis là pour les aider, et maintenir l’équilibre entre les deux. J’étais autrefois aidée par Aurora, une déesse juste, et aimée de tous, qui officiait sur votre planète. En tant que sœur de la Lune et du Soleil, elle veillait à ce que l’équilibre soit maintenu entre les créatures du jour et de la nuit, ainsi qu’entre le Bien et le Mal. Rien de ce qui est arrivé dans cet hôpital n’aurait pu se produire si elle avait été là, et encore moins ce qui a été fait à votre mari. Nous travaillions de concert. Elle, pour la planète, moi pour l’au-delà. Jusqu’à ce jour où Tempérance a décidé de la tuer pour servir des intérêts personnels.

- Je ne comprends pas. Les dieux et les déesses ne sont-ils pas supposées êtres immortels ?

- Ils le sont. Aurora n’est pas morte. Son âme est provisoirement prisonnière d’un talisman. Ce talisman a été créé par un puissant sorcier de la fin du dix-neuvième siècle, un Écossais qui s’appelait Eliott O’Connor. Nous avons perdu sa trace et celle de ses descendants, peu après la création du talisman mais, nul doute que l’âme d’Aurora y a trouvé refuge. L’amulette avait été conçue pour protéger les dieux, ce qui faisait d’O’Connor une cible potentiel pour les ennemis des dieux. C’est pour cela qu’il a certainement dû jeter un sort sur sa descendance, pour que le talisman ne soit jamais retrouvé, hormis pour ceux dont l’âme en aurait besoin.


L’histoire d’Hilda était bien jolie mais je n’arrivais toujours pas à me projeter dans le sauvetage d’Ancelin. En quoi tout cela pourrait-il m’être utile ? Ou être utile pour que nous détruisions Tempérance pour de bon ? J’en fis part à ma nouvelle amie.

- Il faut retrouver le talisman. Grâce à lui, vos amis sorciers pourront permettre à Aurora, non seulement, de libérer le talisman, mais aussi de rétablir la balance entre le Bien et le Mal. Cela nous sera bénéfique à tous. En ce moment, des brèches s’ouvrent un peu partout, dans votre monde. Tempérance s’est assuré l’alliance des Vénusiens. A chaque nouvelle frappe, Inferno redouble de forces, et Purgo a de plus en plus de mal à orienter les esprits qui y résident. Quant à Edenia, elle est sur le point de disparaître. Les forces ne sont plus équilibrées. Nous avons besoin d’Aurora, et si elle libère l’amulette, l’âme d’Ancelin pourra y prendre place, avant que vous ne la lui rendiez.

J’étais interloquée :

- Ancelin n’est pas un dieu, vous le savez.

- Ancelin est une créature immortelle. Il ne peut pas rejoindre seul le talisman, mais si vous l’y menez de force, son amour pour vous sera sauvé, car nous ne parlons pas d’âme, avec un vampire... Vous le savez, n’est-ce pas ? Mais nous l’appellerons tout de même une âme.

Je le savais, bien sûr... mais comment trouver ce talisman ?

Hilda changea de sujet de conversation :

- Et si nous allions rejoindre vos amis au salon ? Vous pourriez me présenter.


Je m’inclinai devant la demande d’Hilda et, en arrivant au salon, je me rappelai soudain que nous avions prévu de nous y retrouver pour célébrer la mémoire de Yoram, comme nous l’avions fait, auparavant, pour Opaline.

Je m’en voulais d’avoir oublié cet évènement important de notre petite communauté mais, la visite d’Hilda avait séduit tout le monde, et personne ne sembla me tenir rigueur de ce manquement.

Hilda avait été accueillie chaleureusement, comme l’une des nôtres, et tous mes compagnons étaient ravis de sa présence.


C’est à cet instant-là que Guidry apparut, encore triste de la mort de son ami Yoram, et décrétant vouloir nous parler, à toutes les deux.


Hilda, Guidry et moi, nous étions donc éloignés du reste du groupe, pour discuter tranquillement.

- Qu’est-ce qu’ils se passe, Guidry ? lui demandai-je, inquiète. Ce n’est pas dans vos habitudes d’agir ainsi, et de venir aussi tôt.

- Les Vénusiens vont vous assaillir ce soir. J’en ai eu la confirmation d’une source sûre. Personne ne doit sortir de l’hôpital. Ils ne le toucheront pas car Tempérance veut le protéger.


- Personne ne craint rien. Nous sommes tous réunis dans cette pièce et nous ne sortirons pas ; mais j’aimerais savoir une chose, pourquoi les Vénusiens s’acharnent-ils ainsi sur nous ? Quel est leur intérêt ?

Ces attaques nocturnes à répétition commençaient à me taper sur les nerfs.

- La planète Sim est le territoire de Sixam, pas le leur, mais ils entendent bien agrandir leur territorialité, grâce à Tempérance, qui leur a promis toute la planète, s’ils réussissaient à la faire définitivement sortir des enfers. C’est pour cela qu’ils créent des impacts, pour ouvrir de grandes failles, promptes à recevoir l’enfer sur les terres sims. En plus, ils ont eu vent du talisman qui protégeait la déesse Aurora.


- Comment ça ? finis-je par déglutir.

- Aurora est la seule qui puisse rétablir l’ordre du monde, tel qu’il devrait être. Les Vénusiens en ont peur, tout comme Tempérance, car ils savent que leurs projets seraient voués à l’échec si elle devait réapparaître. Ils n’auraient aucune chance.


Je finis par m’asseoir.

- Que devons-nous faire, dans ce cas ?

Ma question pouvait paraître naïve, mais Hilda me répondit tranquillement, de sa voix douce:

- Vous devez retrouver le talisman, et en faire sortir Aurora.


- C’est ce que vous m’avez dit tout à l’heure, oui, mais comment fera-t-on pour récupérer l’âme de mon mari et la mettre dans le talisman ? Nous ne savons même pas ce que Tempérance en a fait.

- Elle au Pandémonium.

Cette révélation m’explosa au visage. Le Pandemonium... le feu... les flammes... l’Enfer. Comment l’un d’entre nous pourrait-il aller chercher cette part si précieuse d’Ancelin, sans y laisser la vie ? C’était impossible.

Il y eut un long moment de silence avant qu’Hilda ne reprenne :

- L’un d’entre vous devra se sacrifier. Quelqu’un qui n’a aucun pouvoir surnaturel. Un humain.

Je sentis mes entrailles se serrer. Guidry me regarda :

- Je vous avais prévenus. Aucun de vous n’est prêt à cela.


Je respirai un grand coup :

- Il faudra trouver une autre solution. Il est impensable que je sacrifie qui que ce soit, même pour sauver Ancelin. De toute façon, on ne sait même pas à quoi ressemble ce talisman. Donc, la conversation est close.


- Vous devriez peut-être demander leur avis aux deux personnes concernées par ce sacrifice, non ? Quant au talisman, il s’agit d’une pierre très rare, un diamant bleu. Il agit sur les plans physique et mental, ce qui lui donne la propriété de fusionner le corps et l’esprit. Le bleu de cette pierre est d’une pureté exceptionnelle. Vous la reconnaîtrez lorsque vous la verrez.

- Je ne la chercherai pas.


Hilda s’était alors levée. Difficile de dire si son visage exprimait de la colère, de la déception, ou autre chose, mais elle alla rejoindre mes amis sans me dire un mot de plus.

- Vous êtes bornée, me dit simplement Guidry.

- J’ai laissé une enveloppe sur le comptoir pour le déblocage d’une salle de bain. J’ajoute à cela 1000 simflouz pour débloquer les deux dernières chambres du deuxième étage. Je crois que nous avons rempli toutes les conditions, non ?

- Tout à fait. Je vais vous les déverrouiller de ce pas.


Guidry avant donc fini par me laisser, lui aussi, mais je ne fus pas seule bien longtemps car Audric s’était rapproché de moi.

- J’ai entendu votre conversation. Je crois savoir où est le talisman. Il pourrait changer les choses. Tu es vraiment sûre de ne pas vouloir l’utiliser ?


Je soupirai, laissant apparaître mon exaspération. Je ne voulais plus entendre parler de ce talisman, pour ce soir.

- Laisse-moi, Audric, s’il-te-plaît.

- Comme tu voudras, mais si tu changes d’avis, rappelle-toi que j’ai l’info.


Nous subîmes, cette nuit-là, une nouvelle attaque vénusienne. Personne ne fut blessé car nous étions tous à l’intérieur du bâtiment et, comme Guidry nous l’avait annoncé, nos assaillants ne s’en prenaient pas aux murs.

Tous partirent se coucher après l’assaut, laissant Guidry et Hilda discuter dans la cuisine. Cette dernière s’était aimablement proposée pour débarrasser le salon, faire la vaisselle et le ménage, ce qui enchanta tout le monde.

De mon côté, j’avais besoin de m’activer et j’entrepris de finir de débarrasser la façade avant de l’hôpital, de tout ce lierre qui ne la mettait pas en valeur. J’enlevai également toutes ces plantes grimpantes disgracieuses, qui avaient aussi pris racine sur les façades intérieures de notre cour.

J’envoyai ensuite un message à Juju pour qu’il envoie une benne dès le lendemain matin, puis je montai au deuxième, dans le bureau de l’infirmerie, pour voir les consignes que Yoram avait laissées pour nous permettre de détruire le vaisseau vénusien.


Peu de temps avant sa mort, Yoram m’avait conduite jusqu’au bureau de l’infirmerie pour me montrer où se trouvait son plan d’attaque. Il avait dissimulé les informations dans une tablette sixamienne qu’il avait accrochée au mur, en évidence, afin qu’elle ressemble à un tableau, puis il avait enregistré mes empreintes pour je puisse la déverrouiller facilement.

En quittant la pièce, il m’avait confié un petit carnet sur lequel étaient notés les clés qui me permettraient de déchiffrer le document codé.


Le jour commençait à se lever lorsque j’arrivai dans le bureau. La tablette était toujours là.


Je m’en saisis et, munie du petit carnet de Yoram, je me lançai dans le décodage du texte sixamien crypté.

Ce ne fut pas une mince affaire, mais les indications de feu mon ami étaient explicites, et je pus boucler ma traduction en moins d’une heure. Le plan était très simple, juste un peu dangereux, mais rien de bien compliqué.


Je sortis de la pièce, et me dirigeai vers la porte en face afin d’aller voir Ancelin. A peine avais-je pénétré dans sa chambre que je ressentis un courant d’air frais me transpercer. Tempérance venait de se joindre à moi.


La Furie beugla quelques insultes à mon encontre, me reprochant d’avoir invoqué Hilda alors qu’elle m’avait fortement conseillé de ne pas le faire.


J’ignore si ce sont ses cris qui réveillèrent Ancelin, mais toujours est-il qu’il émergea de son cercueil à ce moment-là.


Ancelin se retrouva entre nous deux, ne disant mot. Son regard allait de l’une à l’autre, froid comme la glace, et il n’intervint à aucun moment pour faire cesser le flot d’incriminations qui sortait de la bouche spectrale.


En colère devant cette indifférence, je saisis Tempérance par le cou, et la sortit de la pièce.


- Mais tu es devenue complètement hystérique, ma parole, osa-t-elle me dire.

- Hystérique ? Tu veux rire ? Cherche-moi encore et tu auras l’occasion de goûter à mon hystérie ! En attendant, je ne veux plus que tu t’approches de moi, ou de mes amis.


La Furie se calma un peu :

- La seule chose que je t’avais demandée, était de ne pas faire venir Hilda dans l’hôpital, et tu n’en as fait qu’à ta tête. Ce squelette est un danger ambulant pour nous tous.


- Pour nous tous ? Nous ne sommes pas dans le même camp, toi et moi. C’est toi, le danger, pour nous. Toi, et tes amis vénusiens qui bombardent chaque soir notre abri, êtes un danger. Hilda est notre amie, et son aide est très précieuse, au-delà de mes espérances, je dois bien l’avouer.


Tempérance ne répondit pas, mais un petit rictus au coin de ses lèvres, trahit son malaise.

- Oh mais tu as peur, on dirait. Tu fais bien, car lorsque je t’aurais vaincue, je te fais la promesse que, cette fois, ce sera définitivement. Je m’en assurerai personnellement, et plus jamais tu ne reviendras hanter qui que ce soit.


Elle tourna les talons sans même répliquer.

- Tu vois, Tempérance, tu as fait une grosse erreur en volant à Ancelin l’amour qu’il avait pour moi. Car je n’ai plus rien à perdre, à présent.


Il m’avait semblé apercevoir mon mari dans l’encadrement de la fenêtre de la porte de sa chambre. Je poussai la porte mais, en pénétrant dans la pièce, je pus constater qu’il avait replongé en hibernation.

Les premières lueurs du jour avaient fait leur apparition. Il était temps que j’aille me reposer, à mon tour. Ensuite, j’irai réveiller Audric, et il faudrait aussi que je convoque tous nos amis pour décider de la suite des évènements. J’avais une petite idée pour mettre en place le plan de Hilda.


5 vues0 commentaire

Posts similaires

Voir tout
bottom of page