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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 11

Audric - Le diamant bleu


J’avais entendu sa voix alors que j’étais dans un demi-sommeil, bien lové au fond de mon lit. Elle devenait de plus en plus insistante, et je finis par ouvrir un œil, à contre cœur, m’extirpant de mes draps douillets.


Je m’assis au bord du lit et tachai de faire mon plus beau sourire à ma visiteuse matinale, alors que j’étais encore à moitié endormi.

- Salut Odely ! Quelle bonne surprise de te voir. Qu’est-ce qui t’amène ?

- Tu as dit que tu savais peut-être où se trouvait ce talisman, le diamant bleu...


C’était donc ça ! Elle avait changé d’avis depuis la veille au soir. Je me demandais bien pourquoi. Elle était pourtant déterminée à ne rien entendre.

- Alors ? Tu sais où il est ?

- Oui. Je pense que c’est Fantine qui l’a.


- Fantine ?

- C’est son père qui le lui a offert. Elle ne connait pas les propriétés magiques du diamant bleu, mais c’est elle qui l’a, oui. Je l’ai aperçu à son cou lors de notre soirée déguisée. Il est monté sur un joli collier mais c’est le talisman, ça ne fait aucun doute.


- Très bien, c’est une bonne nouvelle. Tu vas venir avec moi, nous allons lui expliquer la situation et elle nous remettra ce diamant bleu.

- J’espère. C’est un bijou de famille. Il a une valeur sentimentale pour elle.

- Il contient l’âme de la déesse, alors habille-toi, et suis-moi.


Quand elle voulait quelque chose, Odely ne s’embarrassait jamais de fioritures. Elle resta assise quelques secondes à me regarder puis me lança :

- Alors ? Pourquoi tu n’es pas encore habillé ?

- Et si tu sortais de ma chambre, avant ?


Quand je dis qu’elle ne s’embarrasse jamais de fioritures... Elle pénétra dans la chambre de nos amis sans même prendre la peine de frapper, mais finalement, ce fut elle qui sembla la plus gênée, alors que je trouvais la situation cocasse.


Evidemment, Amaël et Fantine n’avaient pas le même ressenti que nous et s’extirpèrent très rapidement de leur lit, en prenant soin de se couvrir.

Odely s’excusa platement puis demanda à Fantine de nous rejoindre à la cuisine.


Elle avait servi du café et sortit une brioche qu’elle avait elle-même préparé, la veille. Elle me laissa le soin d’exposer à Fantine la raison de notre intrusion dans son intimité.

Notre amie écouta attentivement, mais ses yeux s’écarquillèrent davantage à mesure que j’avançais dans mes explications.


- Mon père serait un sorcier ? C’est peu probable, je t’assure. Je ne l’ai jamais vu pratiquer la magie. Tu te trompes forcément de collier.


- Ecoute... Je sais que ça peut te paraître bizarre, mais celui qui a créé ce talisman s’appelait Eliott O’Connor. Et tu t’appelles Connor... Le O s’est peut-être perdu avec le temps, mais je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Sa lignée de sorcier a pu s’éteindre si Eliott a épousé une humaine...

Fantine avait failli s’étouffer avec sa brioche.

- Eliott était le prénom de mon arrière-grand-père...


- C’est une bonne nouvelle, ça, lui répondit Odely. Au moins, nous sommes sûrs de ne pas nous être trompés.

- Mais c’est délirant ! J’ai ce bijou depuis toute petite, et je ne savais même pas que je trimballais une déesse avec moi, depuis tout ce temps ! Heureusement que je ne me suis pas débarrassée du collier.


- Es-tu d’accord pour nous le remettre ? lui demanda doucement Odely. Tu es consciente qu’il est important que nous libérions la déesse Aurora ?

- Oui... Mais cette pierre est très chère à mon cœur. Elle me vient de mon père... Pourriez-vous m’assurer qu’elle ne sera pas détruite lorsque la magie permettra à Aurora d’en sortir ?


- Non, on ne peut pas te garantir une chose pareille.

J’avais décidé de ne pas lui mentir. Moi-même j’ignorais si la pierre resterait intacte après la libération de la déesse, la récupération de l’âme d’Ancelin, et la libération de celle-ci. La pierre allait devoir transiter par les Enfers, alors, je n’avais aucune idée de ce qui pourrait lui arriver.

J’exprimai donc mes craintes à Fantine, afin qu’elle sache qu’il était du domaine du possible, que le diamant bleu soit détruit.

- J’ai bon espoir, quand même, conclus-je, pour que le talisman ait été créé avec un sort puissant. Il doit protéger l’âme des dieux. Je ne l’imagine donc pas se briser à la première contrariété.


Faisant fi de ses inquiétudes, Fantine finit par accepter de nous remettre son précieux diamant bleu, en nous faisant promettre, toutefois, d’en prendre grand soin. Puis elle termina son café et s’en alla le chercher.


Elle revint quelques minutes plus tard, et le déposa devant elle. Odely était impressionnée par la beauté et la pureté de la pierre.

- Tu l’as retirée de ton collier ? lui demandai-je.

- Ne t’en fais pas. Il s’y réemboîte parfaitement. Et je ne voulais pas prendre le risque de perdre aussi la chaîne.


- Bien, souffla Odely, maintenant que nous avons ce magnifique talisman, il ne nous reste plus qu’à trouver comment faire pour libérer Aurora. Qu’en dis-tu Audric ?


- Ça, j’en fais mon affaire. Je vais me faire aider par Doreen, mais c’est comme si c’était déjà fait.


- J’adore ce genre de réponse ! Bon je te laisse le diamant bleu. Doreen et toi, rejoignez-moi sur le parvis de l’hôpital. Fantine ira mettre les autres au courant de la situation. Et rendez-vous pour tout le monde à quinze heures, au kiosque. J’ai encore des choses à vous dire.


J’avais retrouvé Doreen, au frais, dans sa chambre, en train de faire du point de croix. Elle s’était découvert une passion pour cette activité depuis que nous étions enfermés ici et je dois admettre que ces œuvres étaient de plus en plus jolies.

Je lui fis un bref topo au sujet du talisman puis nous rendîmes ensemble devant l’hôpital où Odely nous attendait déjà.


Elle nous parla du plan d’action de Yoram pour détruire les vénusiens. Grâce à des notes qu’il lui avait laissées, elle savait comment faire pour armer l’antenne satellite qui se trouvait sur le toit de l’hôpital, et que notre ami avait achetée chez Juju la semaine dernière. L’antenne pourrait détecter tous les vaisseaux vénusiens à plusieurs années lumières de notre position, et s’orienterait d’elle-même pour tous les pulvériser. A condition de faire les bons réglages.

Seuls, Odely, Doreen et moi, étions en mesure de pouvoir effectuer ces manipulations aussi périlleuses que délicates, Odely car elle pouvait accéder au toit, grâce à ses ailes de chauve-souris, et Doreen et moi, car nous pouvions voler grâce à nos balais magiques.


Odely décréta qu’elle irait seule car l’entreprise était beaucoup trop dangereuse.

- Elle l’est pour toi aussi, lui dis-je.

- Elle l’est moins. S’il y a court-circuit, vous mourrez électrocutés, alors que je risque seulement de griller un peu. Ça ne me fera pas de bien mais je m’en remettrai. Je suis immortelle.


- Dans ce cas, pourquoi tu nous as fait venir ?

- Je mets parfois un peu de temps à me remettre d’un choc mortel, alors si ce devait être le cas, je compte sur vous pour venir me chercher. Et ne touchez pas à cette antenne, c’est clair ?

- Très clair, mais promets-nous d’être prudente.


- C’est promis. Je peux y aller, maintenant ?


Doreen et moi acquiesçâmes d’un léger hochement de tête, et Odely déploya ses ailes jusqu’à devenir une petite chauve-souris.


Nous la vîmes prendre son envol, assurée. Elle nous avait dit avoir étudié scrupuleusement toutes les instructions de Yoram. Elle connaissait le schéma de cette antenne, presque par cœur.


Le « presque » nous faisait un peu peur, mais Odely ne faisant jamais les choses à moitié, nous imaginions aisément qu’elle avait envisagé toutes les possibilités.

Nous la vîmes arriver près du toit. Le satellite était tout proche.


La manœuvre dura un long moment. Nous avions du mal à voir ce qui se passait là-haut, et nous espérions qu’Odely n’était pas en difficultés. Nous avions chaud car la journée était caniculaire et, à tour de rôle, Doreen et moi allions remplir des bouteilles d’eau pour nous hydrater, pendant que l’autre surveillait le toit.


L’attente était interminable puis, soudain, nous aperçûmes un premier faisceau lumineux se diriger vers le ciel, et se perdre dans l’espace. Nous savions qu’il s’agissait d’une arme puissante dont la portée défiait tout ce que l’on connaissait sur notre planète, mais je ne pus m’empêcher de penser que le rayon était de toute beauté. Un deuxième lui fit écho quelques minutes plus tard, après que l’antenne ait modifié son orientation.


Un troisième faisceau, se dirigeant juste au-dessus de l’hôpital, se matérialisa une bonne dizaines de minutes après les deux premiers, nous laissant pantois face à la belle explosion qui s’ensuivit : le vaisseau qui venait de sauter devait avoir un diamètre trois fois supérieur à la surface du terrain de notre demeure, et il n’était pas très loin de nous. Il ne faisait aucun doute que c’est celui-ci qui nous avait attaqué ces derniers temps.


Odely redescendit une demi-heure après l’explosion, car elle avait voulu s’assurer que notre offensive envers l’ennemi était belle et bien terminée.

Nous étions soulagés de la revoir en pleine forme.

- Alors, qu’est-ce que vous en dites ? nous demanda-t-elle en souriant de toutes ses canines.

- Epoustouflant ! lui répondis-je sur le même ton. D’ici, on a assisté à un beau brasier. Tu as assuré !


 

A quinze heures tapantes, nous étions au rendez-vous pour le débriefing prévu par notre cheffe. Nous arrivâmes au kiosque, alors qu’Amaël et Fantine débattaient encore de l’explosion qui avait eu lieu au-dessus de leurs têtes et dont ils ignoraient la provenance.

Je me sentis revivre, à l’ombre de la tonnelle, même si nous n’avions pas beaucoup d’air, mais j’étais bien loin de l’atmosphère étouffante, et du cagnard, que j’avais dû supporter pendant plusieurs heures.


Odely expliqua ce qui venait de se produire, assurant à nos amis que les vaisseaux vénusiens avaient été détruits. Nous n’aurions plus à subir d’attaques de leur part, et Tempérance se trouvait, à présent, démunie de ses alliés extraterrestres.

Trois vaisseaux avaient été détruits mais nous n’avions pu observer, à l’œil nu, que la destruction de l’un d’entre eux, qui était en orbite au-dessus de nous. Nous n’avions plus aucune chance d’être pris à parti par cette race malfaisante car, avant qu’ils ne se rendent compte que leurs vaisseaux ne croisaient plus dans notre espace, il s’écoulerait un temps amplement suffisant pour que nous réglions les problèmes de cet endroit. Et, dans le meilleur des cas, les vénusiens comprendraient qu’il valait mieux pour eux ne plus envahir l’espace de la planète Sim.

Fantine et Amaël étaient ravis de cette bonne nouvelle.


Odely poursuivit ensuite son discours en mentionnant le talisman. Fantine avait mis au courant Amaël à propos de la discussion que nous avions eue le matin même mais, ce que nous apprenions tous, c’est que, pour sauver l’âme d’Ancelin, un humain devrait être sacrifié.


Odely ne savait pas encore comment cela devait se passer car, seule la Déesse Aurora serait en mesure d’apporter des réponses et une solution mais, ce dont elle était certaine, c’est que si, Amaël ou Fantine, les seuls humains présents dans l’aventure, faisaient le choix de sauver l’âme d’Ancelin, l’issue serait probablement fatale.

- Nous sommes amis depuis longtemps, Fantine, et toi, Amaël, même si je te connais depuis peu, tu fais partie de l’équipe et je ne te veux aucun mal, dit-elle à nos amis humains. Jamais je ne vous obligerai à faire quelque chose qui mettra vos vies en danger, c’est pourquoi j’ai imaginé une sorte de « sortie de secours ».


Elle se tourna vers moi.

- Vous, les sorciers, vous êtes certainement suffisamment puissants pour ramener à la vie un être humain. Vos pouvoirs sont immenses, et j’espère pouvoir compter sur vous.


Mon regard croisa celui de Doreen. Nous savions que nous pouvions faire quelque chose. Nous connaissions les sorts et les potions mais, aucun d’entre nous ne s’était réellement exercé à une telle magie. La pression était énorme.


Doreen ne semblait pas vouloir prendre le risque :

- Nous parlons de magie noire, Audric, de ramener quelqu’un à la vie, et tu le sais aussi sûrement que moi, cette magie n’est pas sans conséquence. Tu dois tout de suite oublier cette idée.


Je n’avais pas la même opinion qu’elle, et cela me navra :

- Je ne peux pas, je suis désolé. Si Fantine ou Amaël décident d’accepter, je ferai tout pour les ramener à la vie, peu importe le prix à payer.


Doreen me regarda un instant sans rien dire. Je pouvais lire de la tristesse dans ses yeux et, lorsqu’elle me répondit, ses mots furent sans appel :

- Comme tu veux. Mais tu devras te passer de moi.


Amaël et Fantine s’étaient rapprochés l’un de l’autre. Leurs regards plongeaient, l’un dans l’autre, désespérés. Ils ne savaient pas quoi penser de ce plan périlleux.


Odely donna congé à tout le monde et nous donna un ultimatum de vingt-quatre heures.

- Nous n’avons malheureusement pas beaucoup de temps pour nous décider, s’excusa-t-elle en s’adressant aux deux personnes concernées. Alors, demain, votre réponse sera oui ou non. Il n’y aura pas de mauvaise réponse, et je n’en voudrai à personne du choix qu’il aura fait. D’ici là, je vous souhaite à tous une bonne réflexion.


 

Après avoir effectué les corvées du jour, je me lançai, pour la première fois, dans la préparation d’une potion de résurrection. La recette était complexe, et il m’avait fallu soudoyer Juju pour qu’il m’obtienne les ingrédients nécessaires à son élaboration, aussi rares qu’onéreux.


Fantine vint se joindre à moi quelques minutes plus tard :

- Je tenais à te remercier. C’est cool de savoir que tu seras là pour me ramener, si je choisis d’accepter la mission.

- C’est normal. Il faut bien que mes pouvoirs servent à quelque chose, non ?


J’essayai de prendre un ton léger pour la rassurer, mais je n’avais aucune idée du résultat final de cette potion. J’en avais trouvé la recette dans l’un des grimoires de mes ancêtres mais, même si lui l’avait déjà éprouvée, j’étais anxieux à l’idée de la tester sur Fantine ou Amaël.

- Tu sais que c’est risqué, quand même ? Tu vas devoir mourir pour récupérer l’âme d’Ancelin aux Enfers. On ne sait même pas comment on va pouvoir faire ça...


- Hilda a dit qu’Aurora nous expliquerait la marche à suivre. On ne pourra être mieux guidés que par une déesse toute puissante et immortelle, tu ne crois pas.


Je l’espérais de tout mon cœur...

- Si, j’ai confiance en Hilda. En tous cas, j’ai hâte de savoir comment elle compte procéder pour qu’Amaël, ou toi, vous rendiez au Pandemonium. Lorsque j’aurai cette information, il me sera plus facile d’ajuster mon sort de résurrection.

- Tu vas aussi utiliser un sort, en plus de la potion ?

- Deux précautions valent mieux qu’une. On en saura plus ce soir, lorsqu’on aura libéré Aurora.


A la nuit tombée, j’avais terminé mon breuvage. Je m’empressai de le mettre en flacons, avant de rejoindre les autres dans le hall.


 

Si Doreen n’était pas favorable à l’idée de ressusciter l’un de nos compagnons, elle avait accepté de s’allier à moi pour extraire l’âme de la déesse Aurora du talisman de Fantine. A deux, nos chances de réussite étaient garanties.


Nous entamâmes nos incantations en même temps, les récitant de plus en fort.


Un chemin magique se créa jusqu’au diamant bleu, sous les yeux ébahis de nos amis, qui n’osaient pas bouger.


Grâce au lien qui s’est formé, entre la pierre et nous-mêmes, nous parvînmes à en libérer l’âme de la Déesse.


Nous la tenions entre nos mains, puissante et magnifique à la fois.


Et sa puissance était telle que nous sentions qu’elle voulait nous échapper.


Ce qu’elle réussit à faire. Elle avait disparu, nous laissant pantois devant ce qui restait d’étincelle magique, autour du talisman.


- La pierre est intacte, soupira Fantine.

- La question est, où est passée la déesse ? demanda Odely.


- Je pense qu’elle a été récupérer son corps. Si j’en crois ce que m’avait dit Ancelin, il n’est pas très loin. Il se trouve sur un îlot, au milieu du lac du village.

- Tu penses ou tu es sûr ?

- Attendons voir ce qui va se passer...


Une vingtaine de minutes plus tard, une jeune femme, à la démarche gracieuse, apparut sur le pas de la porte. Sa longue chevelure argentée tombait, en ondulant, sur sa poitrine. Elle avait le teint pâle et les yeux très clairs.

- Bonsoir, je m’appelle Aurora, s’annonça-t-elle simplement.


Elle s’approcha de nous.

- Je tiens à vous remercier sincèrement de m’avoir sortie de ma prison. Le temps commençait à être long.


Nous fîmes les présentations puis la jeune déesse s’installa parmi nous. Après avoir entendu le résumé assez bref que nous lui avons servi, sur les derniers évènements qui s’étaient déroulés ici, elle nous informa qu’il lui fallait s’entretenir, en privé, avec Hilda.

- J’ai besoin de savoir précisément quelle est la situation dans l’au-delà, avant de pouvoir agir, s’excusa-t-elle.


- Nous comprenons, ne vous en faites pas. Je vais aller chercher Hilda, et mes amis et moi vous attendrons au salon.


Je ne pus, cependant, m’empêcher de faire le curieux. Je les entendis parler des brèches qui s’étaient ouvertes, du diamant bleu, mais aussi d’Ancelin, et de Fantine.

Guidry choisit de faire son apparition nocturne au beau milieu de leur conversation, et les deux femmes se retranchèrent dans la cuisine pour y discuter tranquillement.

Le fantôme me croisa dans le couloir, puis nous décidâmes de rejoindre les autres.


Aurora nous retrouva au salon, une bonne heure après.

- Les nouvelles ne sont pas bonnes, mais Hilda m’a dit que vous le saviez déjà. Je dois rétablir l’équilibre entre les mondes, et refaire tout ce que la Tempête Rouge a défait. Pour commencer, il va falloir la mettre hors d’état de nuire, définitivement. Ensuite, il faudra que l’un de vous aille récupérer l’âme de votre ami Ancelin aux Enfers. Elle n’a rien à y faire, et participe à l’explosion de l’au-delà. Après, et seulement après ça, je pourrais réhabiliter le monde des vivants, et les mondes des morts. Enfin... c’est ce que j’espère.

- Audric et moi, avons un plan, pour Tempérance, s’exclama Doreen.


Guidry s’excusa, et prit congé. Il avait du mal, tout comme nous à se remettre du décès de Yoram mais, ce qui l’inquiétait, est qu’il ne l’avait pas encore aperçu dans l’au-delà. Il refusait donc d’entendre que quelqu’un d’autre puisse encore se sacrifier, car la réception des âmes et des esprits, de l’autre côté, était de plus en plus hasardeuse.

- Aurora ? C’est vrai ce qu’il dit ? demanda Fantine.

- Malheureusement, oui. Mais j’aiderai celui de vous deux qui ira là-bas, à se rendre directement auprès de l’âme d’Ancelin.


L’heure était grave, et nous voyions tous le moment approcher, de la confrontation finale avec Tempérance. S’il ne s’était agi que de cela, nous aurions sans doute été plus sereins, mais nous avions peur de perdre l’un des nôtres, et Amaël avait peur de perdre Fantine.

- Je me rendrai au Pandemonium, lança-t-il d’une voix ferme, contrastant avec ses yeux tristes. C’est moi qui irai.

- J’en prends note, lui répondit Aurora.


Fantine allait pour répliquer mais Odely le fit à sa place.

- Attendez ! Je leur ai laissé jusqu’à demain après-midi pour y réfléchir. Ils doivent en discuter tous les deux. Il ne s’agit pas de choisir entre la fraise et le chocolat.

- Très bien. Fantine ? Où est votre diamant bleu ?

- C’est Audric qui le garde.


- Remettez-le et ne le quittez plus. Il est hors de question que la Tempête Rouge s’en empare, et le talisman vous protègera. Je vais vous laisser pour ce soir, car elle ne doit pas savoir que je suis de retour. Je verrai, demain, celui qui descendra au Pandemonium.

- Merci de nous aider, lui dit Odely.

- C’est moi qui dois vous remercier. Sans volontaire pour sortir cette âme de l’Enfer, je ne pourrai rien faire. Alors, croyez-moi, je vous dois une fière chandelle. Passez une bonne nuit, et prenez des forces. Vous en aurez besoin.


Tout le monde était parti se coucher, enfin presque. Odely s’était transformée en chauve-souris pour aller faire un tour dans la nuit noire, et fraîche.

Je croisai Guidry au salon et lui donnai 400 § pour débloquer les deux dernières salles de bain du deuxième étage. Il m’informa que nous n’avions plus qu’une pièce à déverrouiller, une pièce qui nous serait accessible, sans condition, lorsque Tempérance serait vaincue. Il s’en faisait une joie, d’avance.


Après notre petite conversation, je m’employai à user de magie pour réparer la plomberie de plusieurs salles de bain, ainsi que les traces laissées par un ectoplasme, dans notre cuisine. Après toutes les émotions de cette journée, j’étais monté sur cent mille volts. Je n’avais pas du tout sommeil.

Je poursuivis mes travaux nocturnes en enlevant le lierre qui restait, sur les façades ouest et est (rien de très difficile avec quelques connaissances en magie), puis je décrétai qu’un peu de lecture superficielle, me ferait du bien. Je pris un livre et me rendis au salon.


Hilda était là, à faire un peu de ménage.

- Vous ne dormez jamais ?

- Je n’en ai pas besoin. Et vous ?

- Je suis inquiet pour mes amis. Je me demande si le sort et la potion que j’ai prévus pour eux, vont fonctionner.


Elle me regarda étrangement. J’avais même l’impression qu’elle esquissait un petit sourire :

- Vous n’avez pas besoin de la potion. Elle ressusciterait votre ami beaucoup trop tôt. Il serait encore au beau milieu des Enfers, et cette fois, c’en serait réellement fini de lui. Servez-vous uniquement du sort. C’est lui qui offrira la meilleure garantie de retour, à celui qui descendra.


- Vous avez raison. Je crois que je vais aller me coucher. Demain, je vais devoir bétonner ce sort, et je vais avoir besoin de toutes mes facultés.

- Alors, reposez-vous bien, Audric. Toute cette histoire sera bientôt derrière vous.


Je me félicitai d’avoir appelé Juju, dans la journée, pour débarrasser un des lits qui se trouvaient dans ma chambre, ainsi qu’une table de chevet.

Je pus ainsi y monter un coussin de méditation et me vider la tête. Demain sera un autre jour, et tout cela sera bientôt derrière nous... mais à quel prix ?


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