top of page
  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 15 - Une ombre au tableau

Cendre et la Vallée Oubliée


Cendre s’était rendu compte qu’en méditant auprès du cercueil de Lucas, elle entrait en communication avec lui, comme si leurs esprits étaient intimement liés.


Alors, elle y venait de plus en plus souvent, faisait le vide dans sa tête et laissait son Unique accéder à toutes ses pensées. Lestat n’ignorait plus rien d’elle car elle avait mis, en toute confiance, son esprit à nu, pour lui, lui dévoilant ainsi ses joies et ses peines, ses certitudes et ses doutes mais aussi le moindre de ses petits secrets.


- Lucas... J’aimerais tellement t’avoir près de moi... Tu me manques.

- Bientôt, ma douce... Lorsque ton destin sera accompli... je viendrai.


Le temps s’écoulait tranquillement dans la petite communauté vampire ainsi que dans la chapelle.

Cendre avait tout de même remarqué que depuis quelques temps, Caleb passait plus de temps chez elle qu’à son propre domicile.


Mais ce n’était apparemment pas pour lui faire la conversation puisqu’il lui préférait la compagnie de Jessie. Il trouvait toujours un prétexte pour aller lui parler, qu’elle soit occupée en cuisine ou à l’éducation des enfants, et leurs échanges pouvaient durer des heures.


Caleb s’invitait même régulièrement aux petites soirées quotidiennes que Cendre partageait avec sa servante et ses enfants. Cendre s’amusait d’ailleurs beaucoup du regard gêné de Jessie chaque fois que son ami la complimentait sur une chose ou une autre. Il lui paraissait évident que Jessie n’avait pas encore compris que le vampire la courtisait doucement.


 

Voilà deux ans que Cendre avait repris sérieusement les entraînements au combat avec le Vidame de Montsimpa.


Elle se défendait de mieux en mieux et avait même réussi à le mettre à terre une bonne dizaine de fois.


Mais le Vidame n’était jamais complètement satisfait et, bien qu’il reconnut les progrès de son élève, il voulait qu’elle aille encore plus loin.


Il s’était donc mis en tête de l’entraîner aussi sur un punching-ball mais Cendre n’était pas persuader de l’efficacité de cet objet, surtout lorsque Timothée la raillait en lui disant de ne pas le caresser alors qu’elle y mettait toute sa force.


- Et comme ça, c’est mieux ?

- Je crois que je préfère vous montrer une nouvelle fois. Vous manquez de vigueur.

Je lui en mettrai, moi, de la vigueur ! Mais Cendre lui cédait quand même la place.


Timothée lui expliquait ensuite comment positionner ses jambes et avoir des gestes précis et efficaces.

- Imaginez votre pire ennemi face à vous et réglez-lui son compte !



 

Les jumeaux venaient d’avoir cinq ans et ils grandissaient en devenant chaque jour plus proches l’un de l’autre. Il leur arrivait même parfois de s’endormir l’un contre l’autre après s’être épuisés à jouer.


Et si Isaure était sage et n’aimait pas beaucoup chahuter et faire des bêtises, elle se laissait toujours entraîner par son frère qui savait se montrer très persuasif.

C’est ainsi que Cendre avait dû changer, à deux reprises les lattes du sommier du lit d’Isaure. C’était tellement amusant de sauter sur ce lit !


Amusant aussi de plonger la tête la première dans le panier de linge !


Samuel était un vrai casse-cou !


Mais une fois coincé, il appelait sa maman à la rescousse pour l’aider à se tirer d’affaire.

- Coucou Mman ! Ze suis là !


- Et qu’est-ce que tu fais là-dedans, petit chenapan ?

- Ze zouais et ze suis tombé zans faire esse-près !


- Allez, viens ! Et je ne veux plus te voir dans cette panière, d’accord ?

- D’accord !

Mais Cendre avait changé la panière à linge et opté pour un modèle avec couvercle qu’elle pouvait fermer avec une sécurité enfant.


Elle passait beaucoup de temps avec ses enfants et ne refusait jamais lorsqu’ils venaient la chercher pour jouer avec eux.


Elle partageait auprès d’eux des moments de tendresse et d’amour. Ces petits êtres innocents qu’elle avait portés un jour dans son ventre étaient devenus toute sa vie.


Les jumeaux se disputaient rarement mais lorsque son attention se portait trop longtemps sur l’un des deux, l’autre ne manquait jamais de lui faire comprendre que, lui aussi, avait besoin de sa mère.


Et elle savait comment les apaiser.

Samuel et Isaure n’étaient pas jaloux l’un de l’autre puisque Cendre ne donnait jamais à l’un plus qu’à l’autre. Le frère et la sœur grandissaient donc ensemble, unis, et proches de leur mère.


Et tandis qu’Isaure appréciait les moments calmes et câlins dans les bras de sa maman, Samuel, lui, préférait des jeux plus audacieux.

Isaure n’aimait pas être bousculée mais elle était toujours en admiration devant son risque-tout de frère qui n’avait pas peur d’avoir la tête à l’envers.


Cendre les emmena très tôt faire des promenades nocturnes pour leur faire découvrir la Vallée Oubliée car, même si Jessie leur faisait prendre l’air durant la journée, elle ne pouvait, en sa qualité d’humaine, aller plus loin que le jardin.


L’autre raison était qu’elle voulait familiariser très vite les enfants avec le monde de la nuit car c’est ce monde-là qui deviendrait un jour leur univers.

- Moman, veux pas rentrer, moi !

- Il va pourtant falloir aller dormir maintenant.


- Veux zouer encore un peu !

- Oh oui ! On peut faire un nounours de neige, comme avec Zessie ?


Cendre se laissait souvent convaincre mais c’était pour son plus grand plaisir à elle aussi, il faut bien l’admettre.


Et puis, ce n’était pas bien grave si ses petits se couchaient tard puisqu’un jour, ils ne pourraient vivre que la nuit.



Francis Caron débarqua une nuit dans la chapelle pour prévenir Cendre de l’arrivée de nouveaux vampires dans les catacombes.

- Ils ne sont pas venus ensemble. Leurs arrivées se sont étalées sur plusieurs dizaines d’années, un par un. Cela ne nous a pas paru étrange puisque personne ne sait à l’extérieur qu’on ne peut pas ressortir de Forgotten Hollow. Ils se sont donc installés naturellement et se sont très bien intégrés à la communauté.

- Alors pourquoi venir m’en parler et pourquoi cette soudaine inquiétude ?


- Il semblerait qu’ils se connaissaient tous avant de débarquer ici. Certains d’entre nous les ont vus se réunir et sont persuadés qu’ils complotent. Contre qui ? Nous ne le savons pas encore mais une chose est sûre, ils ne se réunissent pas pour jouer aux cartes. Nous avons de bonnes raisons de croire que leurs survenances échelonnées sur des années étaient préméditées.

- C’est une accusation très grave. En as-tu parlé au Comte ?


- Non. Je comptais sur toi pour le lui dire. Je ne suis que le « petit peuple » à ses yeux, ne l’oublie pas. Et toi, tu es dans ses petits papiers.

- Très bien, mais j’espère que ces accusations ne sont pas des élucubrations. Le Comte est notre souverain à tous et je n’aimerais pas l’importuner avec de fausses rumeurs.

- Ce ne sera pas le cas. Tu as ma parole.


Cendre avait totalement confiance en Francis et elle se rendit donc au manoir Straud la nuit suivante pour rapporter au Comte les propos du propriétaire de la galerie d’art.

- Je suis bien d’accord avec vous, ma chère, ces nouvelles sont alarmantes et je ne pense pas qu’il faille les prendre à la légère.


- Si complot il y a, je suis persuadée qu’il ne peut être fomenté que contre vous. Il va falloir vous mettre à l’abri.

- Vous êtes touchante mais je suis puissant et, si je n’ai jamais tremblé, je ne vais pas commencer à le faire devant ces intrigants.


- J’aimerais que vous veniez à la chapelle quelques temps, le temps que cette histoire soit réglée ou que l’on soit sûrs qu’il n’y ait aucun complot contre vous. Je vous cèderai ma crypte, c’est promis, le temps de votre séjour.


- Votre offre est délicieuse mais je la décline. Je ne suis pas du genre à fuir devant l’ennemi, je ne l’ai jamais fait. Par contre, supporter vos petits braillards toute la journée, non merci, mais très peu pour moi.

- Vladi...


- Cessez de vous tracasser pour moi, je vous prie. Je ne vous ai pas encore tout dit.

- C’est-à-dire ?

- Je savais, avant même que vous ne m’en informiez, ce qui se tramait dans les catacombes. C’est moi qui vous ai envoyé Francis la nuit dernière et qui lui ai suggéré de vous demander de venir vous-même m’annoncer la nouvelle.


- Mais c’est complètement délirant ! Et dans quel but ? Si vous saviez déjà tout, pourquoi cette mise en scène ?

- Je voulais être certain que vous n’étiez pour rien dans ce conciliabule et m’assurer de votre loyauté.


Cendre était consternée. Comment le Comte avait-il osé imaginer, ne serait-ce qu’une seconde qu’elle avait pu conspirer contre lui ? Elle s’apprêtait à lui répondre lorsque Francis fit son apparition dans le salon.


- Francis ! Espèce de traître ! Comment as-tu pu me faire un coup pareil ? Tu m’as regardée dans les yeux en me mentant !

- Ne lui en voulez pas, ma chère. Il a agi sous mes ordres. Francis est lieutenant et voilà bien longtemps qu’il est aussi le commandant en chef de ma milice secrète.


- De mieux en mieux ! Maintenant, j’aimerais savoir pourquoi vous ne m’avez pas fait confiance, Vladislaus.

- J’avais confiance mais je voulais être certain que vous ne vous étiez pas mis en tête de prendre ma place en tant que souveraine de la Vallée Oubliée. Vos pouvoirs grandissent et votre force aussi. Cela aurait été du domaine du possible.

- Belle preuve de confiance ! Et moi qui m’inquiétais pour vous !


- De façon charmante, je dois bien le reconnaître mais ne soyez pas trop sévère avec moi. Les intérêts de Forgotten Hollow passent avant tout le reste, vous le savez bien, et je me devais de lever le doute.


Bien que vexée par l’attitude du Comte, Cendre dut reconnaître qu’il avait agi comme elle l’aurait certainement fait elle-même si elle s’était retrouvée à sa place. Elle décida de ne pas lui en tenir rigueur.

- Alors, quels sont nos plans maintenant, Francis ? demanda-t-il à son lieutenant.


Francis et Lilith, dont Cendre apprenait cette nuit-là qu’elle fait aussi partie de la milice secrète de Vladislaus (aussi appelée milice Straudienne), avaient établi que les vampires étrangers arrivaient régulièrement dans la Vallée Oubliée au rythme de tous les cinq ans.

Selon leurs calculs, le prochain devrait franchir ses portes dans quatre ans et il serait fermement attendu par la milice tout entière. Le bougre se verrait alors contraint d’avouer les raisons de sa venue ainsi que celle de ses acolytes et ce, par tous les moyens.


D’ici là, bien sûr, la milice continuerait à surveiller, dans l’ombre, les conspirateurs afin d’essayer d’obtenir plus d’informations sur leurs motivations. Ils étaient à présent au nombre de neuf, le premier ayant mis un pied sur le sol de la vallée en 1998, il y a quarante-et-un ans.

- Ah... et j’ai oublié de te dire cela, Cendre, mais ton précieux maître d’œuvre, Nathan Livinghell, fait partie de la clique.


- Oh, celui-là, j’ai de plus en plus de mal à le supporter. J’ai l’impression qu’il observe la moindre de mes réactions. J’envisageais justement de me débarrasser de lui

- Il ne faut pas. Cela éveillerait les soupçons. Continue à l’embaucher lorsque tu as besoin de lui mais reste tout de même sur tes gardes. Le problème, avec ces gens-là, c’est qu’ils se sont infiltrés partout au sein de notre communauté et que beaucoup d’entre nous sont amis avec eux. Il ne faudrait pas qu’ils en viennent à les mener, eux aussi, à comploter.


Le lendemain matin, Cendre aida les jumeaux à s’habiller puis resta un instant avec eux. Elle ignorait ce qui se tramait dans les catacombes mais cela n’augurait rien de bon. Son instinct maternel protecteur s’en trouva exacerbé. Personne ne toucherait à ses enfants.



Peu importe les intentions de ces comploteurs, elle serait prête à les affronter. Ils ne savaient pas encore à qui ils avaient à faire.

Le Vidame et elle convinrent donc de passer à des entraînements quotidiens intensifs. Une fois par semaine ne serait plus suffisant au vu de la sourde menace qui s’insinuait dans leur communauté.


Et les entraînements portèrent leurs fruits puisque Cendre venait à bout de Timothée Renard trois fois sur quatre. Elle avait la rage. Il était hors de question que qui que ce soit vienne perturber la petite vie paisible qu’elle menait avec ses enfants dans les profondeurs de la chapelle.




16 vues

Posts similaires

Voir tout
bottom of page