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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 16 - Des bambins au top !

Cendre et la Vallée Oubliée


Trois mois plus tard, alors que Francis et Lilith géraient les catacombes et qu’ils avaient promis de la prévenir au moindre problème, Cendre rencontra Cameron Fletcher, un éternel étudiant qui aimait faire le pitre bien qu’il s’approchât, dramatiquement pour lui, de la quarantaine.


Le jeune homme n’avait jamais quitté l’université car elle représentait pour lui le terrain de jeu idéal à toutes ses idées de génie et aussi le lieu rêvé pour avoir toutes les jeunes femmes à sa botte.

Le garde-manger de Cendre laissait de plus en plus à désirer mais elle choisit de faire de ce « faux jeune » son prochain géniteur, et il lui fut très facile de le mener jusqu’à sa chambre.


Le petit génie lui donna cependant du fil à retordre malgré ses pouvoir de séduction accrus et il ne lui fallut pas moins d’une bonne demi-heure pour le séduire définitivement.

Qu’est-ce qu’il avait celui-là ? Il n’avait pas remarqué à quel point elle était séduisante ?


Heureusement, lorsqu’il fut convaincu, il ne se fit pas prier deux fois pour rejoindre la couche de Cendre.

« Non mais, c’est quoi ces hommes mûrs qui se prennent pour des ados ? Il n’y a qu’à voir sa coiffure... », pensa-t-elle avant de filer sous la couette.


Après une nuit fortement excentrique avec un Cameron parfaitement en forme et, somme toute, fort sympathique, Cendre put se ravir d’être une nouvelle fois enceinte.


Et si ses deux bambins étaient encore trop jeunes lorsque Blanche est née pour se rappeler que leur maman avait aussi, à l’époque, un gros ventre qui a ensuite miraculeusement disparu, ils ne manquèrent pas, cette fois, de lui faire remarquer qu’elle avait grossi :

- Maman, pourquoi ton ventre est si gros ?


- Mon ventre est ainsi car je porte un bébé, ma chérie, comme je l’ai fait pour Samuel et toi.

- Chouette ! Samuel avait raison alors ! Il dit que c’est un petit frère ou une petite sœur !


- Disons qu’on ne le sait pas encore. Si le bébé est un vampire comme nous, alors oui, ce sera un petit frère ou une petite sœur.

- Ah bon... mais s’il n’est pas comme nous ? Ce sera quoi ?

- Il partira vivre ailleurs où il sera plus heureux.

Samuel jouait avec ses cubes mais il n’avait pas perdu une miette de la conversation.


- Moi je sais que un autre bébé attend de grandir pour savoir si il est notre sœur, comme le bébé du ventre de maman. Alors, on aura peut-être plein de sœurs et de frères parce que le ventre de maman, il fait plein de bébés !

- C’est vrai Maman ce qui dit Samuel ?

- Oui ma puce. Je ne sais pas comment il sait ça mais j’aimerais que ces bébés soient tous des vampires.


- Ben c’est pas grave alors ! Si les bébés sont pas nos frères ou nos sœurs, le ventre de maman en fera des autres qui seront des fampires !


Samuel avait une logique bien à lui qui réussissait à coup sûr à convaincre sa sœur et à attendrir sa mère. Son innocence était sans faille et Cendre s’émerveillait chaque jour devant la candeur de ses propos pourtant si réalistes.


Et heureusement pour ses jumeaux immaculés, la réalité, la vraie, ne les avait pas encore entachés de sa cruauté, celle qu’elle constatait chaque nuit depuis plus de treize ans, après la naissance de sa première née.


Ce jour-là, c’était l’anniversaire de Jessie, et Cendre avait décoré la salle de combat afin de lui préparer une surprise.

- Alors ? Qu’est-ce que vous pensez de la déco, les enfants ?

- C’est cro beau ! Et elle va être cro contente Zessie !


Cendre avait réuni tout le monde ce soir-là car sa servante était depuis longtemps maintenant, appréciée par son cercle d’amis. Tous avaient répondu présents à l’invitation et la surprise avait été totale


Jessie ne quitta pas Caleb des yeux, les bambins dansèrent, trop heureux de faire la fête avec les grands, et Vladislaus se demandait pourquoi les enfants étaient autorisés à s’agiter ainsi au milieu des adultes. Bref, la fête s’annonçait joyeuse.


Jessie souffla ses bougies dans la liesse générale, extrêmement touchée par l’attention de sa maîtresse qui avait organisé pour elle cette superbe soirée.


Mais lorsque Cendre voulut la féliciter, elle fut devancée par Caleb qui la prit dans ses bras et, à voir le sourire de Jessie, Cendre fut désormais certaine qu’il se passait quelque chose entre ces deux-là.


Après la soirée, la vampire et sa servante débarrassèrent la salle de combat des vestiges de la fête puis elles s’installèrent à la cuisine pour boire un dernier verre.

- Est-ce mon imagination ou Caleb et toi ?...

- Comment avez-vous deviné ?

- Il suffit de vous regarder.


- Il ne s’est encore rien passé, vous savez. Nous flirtons, c’est tout. Mais c’est tellement agréable.

- Qu’il soit vampire ne te dérange donc pas ?

- Pas du tout ! Il est tellement charmant !


- Tu sais que c’est lui qui m’a suggéré d’organiser cette petite fête pour ton anniversaire ?

- Oui, il me l’a dit mais il a aussi dit que c’est vous qui aviez tenu à tout préparer, toute seule. Merci, Madame Valrose. Merci d’avoir fait ça pour moi !


 

Deux jours après, numéro dix-neuf décédait. Cela faisait un moment que ça menaçait d’arriver et que Cendre, pour l’épargner et ne pas l’affaiblir davantage, ne se nourrissait plus sur lui. Georges Cahill était le premier humain qui mourrait de vieillesse dans les cellules de la chapelle.


Numéro dix-huit serait certainement la suivante puisqu’elle avait pris un sacré coup de vieux ces derniers temps. La femme avait toujours été fragile depuis son arrivée et elle supposait qu’avec son âge avancé, les choses n’iraient pas en s’améliorant.


C’était la raison pour laquelle elle ne lui prélevait qu’une petite quantité de plasma et qu’elle finissait son repas dans la nuque plus savoureuse de numéro onze qui savait très bien à quoi s’en tenir quand Cendre arrivait dans sa cellule, ou dans celle de numéro quatorze.


Il devenait donc impératif de renouveler le garde-manger au plus vite afin d’assainir cette situation compliquée pour tout le monde.

Cendre partit donc chasser en quête de nourriture et tomba un soir sur Mark Eggleston, un humain de toute évidence friand de jeux d’échecs.


Numéro vingt-et-un était un homme de trente-cinq ans, en pleine santé et elle n’avait pas douté une seconde que son plasma serait parfait.


Elle ne fut pas déçue. Ce repas était de loin le meilleur festin qu’elle eût fait depuis longtemps.


 

Un soir, en lisant le volume trois de l’encyclopédie vampirique, Cendre lut à nouveau un passage faisant mention de la possibilité de guérir le vampirisme. Les écrits avaient l’air formels mais n’indiquaient toujours pas la recette de ce remède miracle.


Elle reposa le recueil. Avait-elle toujours envie de redevenir humaine aujourd’hui ? Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était plus posé la question. Il lui semblait qu’elle avait vécu dans la Vallée oubliée toute sa vie et elle n’était plus sûre de rien.


Quelques nuits après, elle ressentit les premières contractions annonçant l’accouchement et Jessie tint, cette fois, à être auprès de sa maîtresse pour le cas où elle aurait besoin d’elle.


Mais tout se déroula à merveille, comme les six fois précédentes, et Cendre mit au monde un petit Clotaire.


Et, comme à chaque fois, elle prit son enfant dans les bras et le serra fort contre elle afin de s’en remplir avant de le laisser à son père. Lui qui était un grand enfant, désespérait complètement de devoir s’en occuper mais il aurait été bien mal venu qu’il refusât.


Sept mois plus tard, en mars 2041, Blanche fêta ses trois ans et Cendre s’émerveilla de voir que sa bambinette était née vampire.


Elle ferma les yeux pour savourer cet instant magique où elle réalisa que Blanche allait pouvoir vivre dans la chapelle avec ses frère et sœur ; sa petite fille grandirait auprès d’elle et ferait partie de sa descendance officielle.


Salim qui, jusque-là, était resté à l’écart, s’approcha de Cendre, tout heureux.

- Alors, on part quand, la petite et moi ? Vous avez bien dit que je pourrais quitter ces lieux avec elle lorsqu’elle aurait trois ans, non ?


Non. Cendre n’avait jamais rien dit mais elle ne l’avait pas détrompé. Tout était dans la nuance.

- Bien sûr. Laisse-moi profiter d’elle une heure ou deux et lorsque je te la ramènerai, vous pourrez partir.

- Merci. Je vais attendre avec impatience.


Lorsque Cendre arriva au salon, Jessie était en peine conversation avec les jumeaux, un grand débat semble-t-il entre princesses et dinosaures, et Samuel s’était installé dans le fauteuil de sa mère.


- Bonsoir les enfants ! Je viens vous présenter Blanche. C’est votre petite sœur et elle fait désormais partie de notre famille. Je compte sur vous pour lui faire bon accueil.

- Quel bonheur, murmura Jessie.

- C’est trop bien, dit Isaure en souriant.

- Ben moi, j’aurais préféré un petit frère, rajouta Samuel en grimaçant.


Ce fut Isaure qui, la première, s’empressa de faire un gros câlin à sa petite sœur, sous les regards attendris de Cendre et de Jessie. Et Blanche, ravie d’avoir une grande sœur, lui fit plein de bisous.


Samuel, qui constata que finalement la petite dernière avait l’air sympa, se lança lui aussi dans la danse des câlins. Et elle le lui rendait bien, sa nouvelle petite sœur.


Cendre s’amusait de voir son fils faire le beau devant les filles. Samuel paraissait ravi d’avoir un auditoire aussi attentif à toutes ses histoires. Il était l’aîné, même s’il ne l’était que d’une minute ou deux de sa jumelle, mais on le sentait déjà protecteur envers ses sœurs.


En voyant que tout se déroulait au mieux du côté des bambins, Cendre se rapprocha de Jessie pour lui demander de rester auprès d’eux. Elle devait s’absenter pour régler un problème au plus vite.

- Evidemment, Madame. Vous savez bien que je les ai à l’œil, vos bambins. Et puis-je me permettre de vous dire quelque chose, Madame Valrose ?

- Je t’écoute, Jessie.

- Je suis très heureuse que Blanche soit parmi nous ce soir !

- Moi aussi, Jessie, moi aussi.


Cendre se rendit ensuite jusqu’à la cellule de Salim Benali et avança vers lui d’un pas déterminé. Elle n’avait pas le choix et, même si Salim avait été un bon père pour Blanche, elle devait s’en séparer.


Justement pour cette raison, elle choisit de ne pas le tuer. Elle se devait de le remercier pour lui avoir donné Blanche et pour s’être impeccablement occupé d’elle pendant trois ans. Alors, avant de le transformer, elle lui ôta son esprit de vie. Salim avait bien mérité de vivre sa prochaine existence en paix.


Une fois le rituel achevé, Cendre appela Francis pour qu’il vienne le chercher. Salim serait, avec lui, en de bonnes mains pour parfaire son éducation vampirique.


 

Au fil du temps, Jessie s’impliquait de plus en plus dans la vie des trois bambins de sa maîtresse et elle avait même installé, avec l’accord de celle-ci, un petit coin dans le salon pour leur apprendre les bases de leur héritage vampirique.


Les trois petits étaient sous le charme de cette institutrice improvisée qui savait leur expliquer, sans leur faire peur, les coutumes vampires les plus abominables.


Cendre s’invitait souvent durant ces heures de la journée pour observer les leçons que Jessie dispensait à ses enfants comme des histoires, des histoires vraies cependant, des histoires qui contaient aussi, avec douceur, l’arrivée de Cendre dans la Vallée Oubliée.


Et les bambins en redemandaient tant et si bien qu’ils allaient parfois chercher Jessie dans sa chambre au moment où elle s’apprêtait à dormir, Jessie qui ne se faisait pas prier pour les accompagner au salon et leur narrer la suite de l’histoire.


Toutes ces histoires suscitaient toutefois moultes interrogations dans les jeunes esprits des enfants et ces interrogations ne souffraient aucun délai de réponse.

Alors les filles se joignaient toujours à Samuel lorsqu’il avait dans l’idée de réveiller leur mère pour en savoir plus.

- Maman a dit qu’on pouvait la réveiller si c’était urgent.

- Mais M’man, elle aime pas qu’on la réveille ! Elle va être cro en colère !


Isaure : « Regarde ! Elle nous a entendus ! »

Blanche : « Moa veux pas qu’elle se fâche avec moa ! »

Samuel ! « Meuh non ! Maman, elle nous aime ! »


Cendre s’installait alors pour répondre à toutes ces questions fort innocentes et bien légitimes. « C’est vrai que tu étais humaine ? Et pourquoi Jessie n’est pas un vampire ? Moi, j’aime trop les nuggets, je voudrais pas boire que du sang ! » et cætera, et cætera...


Les questions fusaient dans tous les sens mais chaque fois, la maman qu’elle était, trouvait la parade adéquate pour contrer leurs inquiétudes. Et chaque fois, ils repartaient en riant pour aller jouer ensemble.


 

Une nuit, alors que tout le monde dormait, Caleb frappa à la porte arrière de la chapelle, là où se trouvaient l’orgue, le confessionnal, et l’escalier menant à la crypte.

- Il faut que je te parle, Cendre. Il s’agit d’un sujet qui ne peut plus attendre, et toi seule peut m’aider.





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