top of page
  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 20 - Escapade interdite

Cendre et la Vallée Oubliée


Bella devait arriver vers seize heures pour prendre la relève de Jessie et s’occuper des enfants ainsi que de la chapelle.

En attendant, Cendre avait nourri les prisonniers puis avait passé une partie de la journée à enseigner aux jumeaux.


Que ce soit pour les matières généralistes ou l’enseignement vampirique, tous les deux étaient très attentifs et intéressés. Le cours de « Coutumes vampiriques » avait tout de même leur préférence et suscitait toujours beaucoup de réactions de leur part, Isaure étant toujours la plus enthousiaste des deux.


Ce jour-là, avant l’arrivée de Bella, Cendre s’était régalée de moments privilégiés auprès de chacun de ses enfants. A commencer par Blanche.


La petite bambinette, très pot de colle de nature, adorait tous ces moments passés auprès de sa maman, surtout lorsqu’elle recevait plein de câlins de sa part.


Cendre avait également profité de ses aînés et notamment de discussions fort encourageantes avec Isaure au sujet de leurs coutumes.

- Un jour, j’espère que je serai ton héritière. Tu crois que c’est possible ?

- Vous aurez tous votre chance, ma puce, mais ton frère est bien plus dynamique que toi...


Ce à quoi la petite fille lui avait répondu :

- Mais moi, j’observe, Mamounette. Samuel ne sait pas faire ça.

Cendre avait alors pris sa fille contre elle.

- Tu m’étonneras toujours, Isaure. Reste telle que tu es. Je te l’ai dit, chacun aura sa chance. Votre caractère et votre personnalité seront vos atouts. Et tu es une petite fille très intelligente.


Cendre avait aussi assisté à l’une des expériences scientifiques de son fils mais les odeurs provenant des différents tubes à essai avaient finalement eu raison d’elle et de son état gravidique.


Samuel avait alors cessé toute tentative de démonstration et avait lancé sa maman sur le même sujet que sa sœur.

- Tu crois que je pourrais un jour être ton héritier ?

- Bien sûr. Tous mes enfants pourront prétendre à ce titre.

- Et Isaure ? Elle pourra être ma grande maîtresse vampire ?

- Non... malheureusement, mon chéri.

- D’accord ! Alors moi, je veux pas être l’héritier parce que je me marierai avec Isaure !


Ne sachant que répondre à cela, Cendre avait pris Samuel dans ses bras. Le petit garçon avait un bon fond, tout comme sa sœur et elle se demandait comment l’avenir allait les transformer... quand ils sauraient.

Car, même si elle leur avait déjà appris qu’il n’y aurait qu’un héritier légitime, elle n’avait pas encore mentionné le fait qu’ils devraient combattre l’un contre l’autre et cela lui déchirait les entrailles d’y penser.


Bella était arrivée à seize heures, ponctuelle, comme à son habitude.

- Tu as prévenu tes filles que tu resterais ici pour la nuit ?

- Bien sûr. Je suis prête pour vous servir, Maîtresse, ne vous en faites pas.


Bella avait alors pris les enfants en charge et leur avait concocté un repas digne d’une humaine. Samuel, Isaure et Blanche s’étaient délicieusement régalés de ses macarons aux amandes.


Cendre en avait profité pour se préparer. Il lui restait quatre heures avant son rendez-vous avec Lucas, de l’autre côté de la rue, à la maison de l’Ail, et elle voulait être irréprochable malgré son ventre énorme. Elle avait donc opté pour deux heures de sommeil vampirique.


A son réveil, elle avait pris un bon bain parfumé dans la salle de bain d’Isaure, un bain de trente minutes dans lequel elle avait humé les huiles essentielles, se relaxant en pensant à Lucas.


Elle avait ensuite revêtu ses plus beaux atours en espérant que son Unique fasse abstraction de son ventre proéminent.


Mais Lucas n’avait pas semblé remarquer quoi que ce soit en lui ouvrant la porte.

Il l’avait tout d’abord dévorée des yeux puis lui avait « parlé » sans même ouvrir la bouche.


« Tu es aussi belle que dans mon souvenir ».

- Lucas... tu n’as rien dit... Comment puis-je t’entendre ?


- Toi et moi, nous sommes Uniques. Notre avenir est lié, notre amour va au-delà de ce qui est imaginable ou écrit. C’est comme lorsque tu me parlais alors que j’hibernais... Nous n’avons pas besoin de paroles. Nos esprits disent tout... Nous nous entendons...


Il l’avait alors embrassée, dans un baiser fou, passionné et désespéré, car malgré l’amour qu’ils se vouaient, ils savaient qu’ils étaient en tort et que primait, avant tout, la liberté de la Vallée Oubliée et de sa communauté vampire.


Non, Lucas ne remarqua pas le ventre de Cendre car il ne vit qu’elle... son amour... celle pour qui il avait hiberné plus de vingt ans et qui répondait à ses baisers.


Il ne vit encore qu’elle lorsqu’il lui proposa de le rejoindre dans son cercueil et que, malgré son air faussement dérangé, elle accepta de tout son amour.


Et il ne vit qu’elle lorsqu’elle atterrit, lourdement et grimaçante, sur le sol de la crypte, alors que leurs corps venaient de s'étreindre violemment.

- Comment te sens-tu, ma douce ? Je n’aurais peut-être pas dû être si enjoué... mais j'avais tellement envie de toi.

- Oh si ! Tu as bien fait. Ne t’en fais pas... Je vais très bien. Aide-moi à me relever. Je ne suis pas très légère en ce moment.

Lucas l’avait alors aidée et ils avaient passé la nuit la plus merveilleuse de leur existence.


Ils étaient remontés dans la maison et Cendre avait remarqué que Lucas avait refait tout son salon ainsi que l’entrée de sa demeure.

- Quand as-tu fait ça ? Il n’y a plus aucun vis-à-vis et le salon est bien plus chaleureux...

- Je suis heureux que cela te plaise. Lorsque je t’ai entendue venir me parler, après cette réunion chez Vladislaus, je me suis réveillé et j’ai eu besoin de réfléchir. Alors, j’ai passé le mois à changer l’agencement et la décoration de la pièce avec ce que j’avais au grenier. Cela m’a vidé l’esprit.

- C’est très réussi. Même la porte d’entrée a été changée et elle n’a plus de vitres.


- Je voulais que tu puisses venir ici tout en préservant notre intimité. Personne ne doit savoir ce qui se passe derrière les fenêtres de la maison de l’Ail.

- Tu penses donc qu’on va pouvoir continuer à se voir ?

- Je n’imagine pas les choses autrement.


- Moi non plus mais c’est très risqué et je me demande comment on va pouvoir faire pour garder notre amour secret.


- Nous serons prudents, si prudents que personne ne soupçonnera jamais rien.

- Serons-nous assez forts pour tenir dans la durée, Lucas ? Nous parlons d’une éternité, une éternité interdite pour toi et moi...

- Tu dois croire en notre amour, ma douce. Il peut soulever des montagnes. Je te sens inquiète...


- Il y a autre chose... Je n’ai pas encore mes six descendants... Non seulement, je te tromperai avec ces humains mais, en plus, je porterai leurs bébés et tu me verras grosse de leurs semences, comme maintenant. Pourras-tu vraiment le supporter ?

- C’est donc cela qui t’inquiète ?


- Tu as peur que je t’abandonne parce que tu es en train de sauver la Vallée Oubliée ? Crois-tu que je sois si minable au point de ne pas reconnaître tes sacrifices ? Si minable au point de ne pas pouvoir me sacrifier moi aussi aux dépends de la communauté ?

- Bien sûr que non mais je ne crois pas que ce sera si facile que cela.


- Lucas... J’ai mis presque vingt ans pour avoir trois descendants vampires. Rien ne dit que Clotaire en soit un, ni le bébé que je porte aujourd’hui. Je mettrai peut-être encore vingt ans pour en avoir trois autres, ou peut-être plus encore...

- Vingt ans, ce n’est rien... nous en viendrons à bout. Ce qui me chagrine davantage est que tu sois promise à mon ami Vladislaus.


- Nous n’en sommes pas encore là. Peut-être que nous trouverons une autre solution lorsque le moment viendra.


- Il n’y a pas d’autres solutions. C’est le seul moyen pour ouvrir les portes de la Vallée. Tu n’auras les capacités pour devenir Grande Maîtresse que lorsque tu auras épousé Vladislaus. Et ensuite seulement les portes se rouvriront. Seule l’union d’un couple de grands maîtres peut accomplir cette prouesse. Il n’y a pas d’échappatoire. Nous sommes condamnés à rester cachés pour le restant de notre existence.


- Alors, je divorcerai une fois que les portes auront été ouvertes.


- Mon amour... les vampires ne divorcent pas... Et même si cela était, cela signifierait que tu romps votre alliance... Le destin de la Vallée Oubliée est lié à son couple de grands maîtres... Les portes se refermeraient aussitôt. Je te l’ai dit, notre destinée est de nous aimer en secret.

- Soit, nous nous aimerons en secret. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Je n’abandonnerai pas.


Lucas avait tenu Cendre contre lui. Ils ne disaient plus rien et écoutaient le crépitement des bûches dansant dans la cheminée, tout en savourant ce précieux instant qui n’appartenait qu’à eux et qu’on ne leur volerait pas.


- Est-ce que Vlad sait que tu n’hibernes plus ?

- Non, pas encore. Je pense aller le voir demain.

- Il pourrait tout aussi bien débarquer ici et nous trouver ensemble, alors...

- Il pourrait mais il ne le fera pas. Il m’a fait une promesse et je sais qu’il la tiendra.


- Que vas-tu lui dire ? Cela va lui sembler étrange que tu apparaisses juste au moment où on a besoin de toi.

- Je lui dirai que j’ai senti une menace ou un danger. Cela n’aura rien de curieux puisque nous sommes des vampires. Nous ressentons ces choses-là.


- Il sera heureux de te revoir. Je crois que tu es le seul ami qu’il considère comme tel dans cette ville.

- Je le sais bien. Et cela me chagrine d’autant plus de le trahir de la sorte.


- Mais ne parlons plus de lui. Il va bientôt faire jour et j’aimerais jouir de ces quelques minutes qui nous restent à passer ensemble avant que tu ne partes.


Ils fermèrent les yeux, laissant leurs esprits ne faire qu’un, communiquant sans mots, apaisés de sentir que leur amour torturé résisterait malgré les obstacles innombrables qui jalonneraient sa route.


Cendre était rentrée au petit matin. Elle avait retrouvé Bella dans la cuisine. Celle-ci venait de nourrir les prisonniers et elle s’apprêtait à prendre le petit déjeuner avec les enfants.

- Venez vous joindre à nous. J’ai préparé un petit quelque chose pour vous aussi.


Remplie de bonnes intentions, Bella avait cuisiné une salade de plasmafruits pour sa maîtresse. Malheureusement, dès la première bouchée, Cendre ressentit un violent haut-le-cœur.

- Bella ne devait pas savoir que tu ne mangeais pas d’aliments humains, Maman...

- Je suis navrée, Maîtresse... Je pensais que vous auriez pu manger étant donné que l’ingrédient principal est le plasmafruit (ou fruit de sang).


- C’est moi qui suis navrée, Bella. Tu t’es donné du mal et j’apprécie sincèrement ton geste. Moi aussi, je pensais pouvoir manger cette salade mais ça reste tout de même de la nourriture humaine, j’en ai bien peur.


Après le départ de Bella, Cendre s’employa à passer du temps avec Blanche. La petite fille réclamait beaucoup d’attention et sa maman lui avait manquée la veille au soir.

- Z’ai pô aimé que t’étais pas avec nous hier soir, Môman... En plus, Zessie, elle était pô là aussi.

- Jessie va revenir dans neuf dodos. Ce n’est pas très long, tu verras. Et moi, je ne pars jamais bien longtemps, tu le sais bien. Et Bella ? Tu ne l’aimes pas, Bella ?


- Si. Elle est crô zentille ! Mais ze préfère Zessie !

- Elle sera bientôt là. Tu sais ce qu’on va faire ? Je vais te faire un calendrier avec neuf dessins. Chaque fois que tu iras dormir, tu pourras en gribouiller un. Et quand tu auras gribouillé le dernier, cela voudra dire que Jessie sera là à ton réveil, le lendemain. Ça te va ?


- C’est crô zuper ! Merci Môman ! Ce soir, tu restes avec nous, hein ?


Cendre tint sa promesse, passa la soirée avec ses enfants, les coucha puis sortit en quête d’un nouvel humain pour remplir une des cellules vides de son garde-manger.

C’est là qu’elle la vit. Elle ressemblait à un bonbon géant et s’était approchée d’un pas assuré vers la maison de l’Ail.


En un battement d’ailes, Cendre fut près d’elle, juste avant qu’elle ne frappe chez Lucas qui devait probablement être chez le Comte à l’heure qu’il est.

- Puis-je vous demander ce que vous faites ici ?


L’humaine s’était retournée.

- Je viens voir le Duc Lestat de Riverview. Et vous ? Que faites-vous ici ?

Elle ne manquait pas d’aplomb, la guimauve ! Et elle connaissait Lucas ?... Cendre se demandait comment cela pouvait être possible alors que Lucas s’était retrouvé enfermé dans la Vallée Oubliée il y a cent-quatre-vingt-dix-huit ans et que cette fille débarquait à peine !


- Vous ne m’avez pas répondu ! s’impatienta la guimauve.

L’insolence de l’humaine commençait à déplaire fortement à Cendre qui se para de de sa forme sombre et se jeta sur elle.

- C’est moi qui pose les questions, pas toi ! C’est compris ?

La jeune femme ne sembla pas impressionnée par le visage vampirique de Cendre. Elle soutint même son regard.


C’est alors que Lucas, qu’elle avait cru chez le Comte, sortit, alerté par le bruit.

- On peut savoir ce qui se passe ici ?

- Je suis en train de donner une leçon à cette insolente écervelée ! Il semblerait qu’elle te connaisse. Elle te cherchait.

- Tiens donc ! Et qui est-ce ?




12 vues

Posts similaires

Voir tout
bottom of page