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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 44 - Blanche vs Clotaire

Cendre et la Vallée Oubliée


Lucas avait parlé à Cendre du désir de certains de ses enfants de voir participer Gabin au combat des héritiers, ce à quoi elle avait opposé un « non » catégorique.


Clotaire n’avait pas été ravi car il pensait sincèrement que leur nouveau frère devait au contraire se battre à leurs côtés et Cendre avait dû lui rappeler fermement que ce n’était pas à lui de prendre les décisions concernant les traditions.


Blanche avait craint que la discussion ne s’envenime mais son frère avait eu le bon sens de ne pas l’envenimer. Le sujet était clos pour tout le monde.


 

Gabin avait gardé le contact avec sa mère et appris à connaître le Duc de Riverview, Grand Maître et futur mari de Cendre. Mais il s’était surtout rapproché d’Alaric et Isaure.


Son frère et sa sœur lui rendaient souvent visite dans les catacombes et ils passaient beaucoup de temps à l’auberge du vieux Luigi pour y discuter autour de ses délicieux packs de plasma.


Alaric et Isaure en apprirent ainsi plus sur la vie de leur frère et Gabin put imaginer ce qu’avait été leur enfance, peut-être pas meilleure que la sienne finalement, car ils avaient été conçus et élevés pour ensuite s’entretuer, et cela leur semblait tout à fait naturel.


Il avait peine à imaginer toute une fratrie apprenant à s’aimer chaque jour mais consciente qu’à la fin, il ne restera que l’un d’entre eux.

Il savait combien les vampires pouvaient être parfois cruels mais le destin de sa famille, bien qu’il le comprit, dépassait son entendement.


 

Isaure, toujours affectée par la mort de Samuel, se changeait les idées comme elle le pouvait. Elle lui rendait toujours visite bien sûr, mais elle réussissait à lui parler sans pleurer.


Elle s’était trouvé un merveilleux passe-temps en gardant Giuseppe et Chiara, les bambins respectifs de Jessie et Caleb, et de Lilith et Thimothée.


Leurs parents adoraient chasser ensemble et ils avaient accueilli avec joie la proposition d’Isaure de gérer les cousins.


Elle aimait tant ces petits bouts plein d’énergie, déjà habitués à vivre la nuit. En rendant visite à Gabin, elle s’était même arrêté dans une boutique des catacombes pour leur acheter des jeux d’extérieur


Et ils le lui rendaient bien ces petits, si bien qu’ils l’avaient surnommée « Tatie Zizaure » !


Pour oublier Samuel, elle avait aussi son jardin. Il lui prenait beaucoup de temps mais elle s’y sentait surtout extrêmement bien.


Chaque fois qu’elle s’occupait de ses arbres à fruits de sang, elle repensait aux innombrables discussions qu’elle avait eues avec Samuel sur le sujet. Et quand elle y repensait, elle se disait qu’ils avaient été idiots de se disputer pour si peu.


Il lui manquait tant... Alors parfois, elle fermait les yeux, comme le lui avait dit Alaric, espérant entendre son jumeau quelque part... Mais il ne se passait rien. Si ! Une fois ! Elle avait cru l’entendre pleurer... mais Samuel ne pleurait jamais... C’était certainement le vent.


Alaric l’avait aidée à surmonter son immense chagrin mais elle allait mieux aussi grâce à Ulysse car, si les années n’avaient pas suffi à alléger sa peine, Ulysse avait toujours été là pour la soutenir. Il avait tenu la promesse qu’il lui avait faite la veille du combat.

Il la surprenait parfois au jardin et n’avait cure de son apparence débraillée.


Il avait séché ses larmes et réussi à la faire rire tant de fois... même s’il ne comprenait pas toujours pourquoi elle riait.


Et il l’avait surtout écoutée et comprise. Cela lui semblait tellement évident d’être à même de soulager celle qu’il aimait.


Jusqu’au jour où... l’amour et la passion avaient pris le dessus sur cette belle amitié amoureuse.

Elle l’avait trouvé si attirant...


Il l’avait trouvée si belle... C’était la première fois qu’ils se voyaient ainsi... Lui n’avait pas trop changé mais elle était merveilleuse.


Il avait alors caressé sa joue, son adorable joue. Isaure avait senti la chaleur de sa main au-delà de leurs corps si froids...


- Je t’aime, mon Isaure. A nous deux, nous soulèverons des montagnes.


Ils savaient où tout cela allait les mener. Ils y avaient pensé depuis longtemps, avaient reculé le moment mais ce jour-là était le leur.


Ils s’aimaient tant... Cette force-là était indestructible... Un regard, un sourire... Une pensée... unique...


Les chauves-souris tapies dans les différents coins de la crypte s’envolèrent, surprises par l’ambiance qui y régna soudain...


Et Isaure et Ulysse étaient tombés du cercueil, unis à jamais.


Ils surent à ce moment-là que rien ne les séparerait, pas même l’éternité.


 

Cette année-là, Cendre réunit plusieurs fois le conseil. Isaure et Blanche y étaient désormais conviées car elles avaient atteint l’âge requis.


Elle comptait préparer dès maintenant la Vallée à l’ouverture de ses portes en établissant de nouvelles lois.


La nouvelle avait tout d’abord surpris mais tous finirent par voter « oui ». Jessie n’en revenait pas : Cendre venait de proposer une loi déterminant que les servants seraient désormais rétribués pour leur travail, soit en numéraire, soit en nature sous forme de packs de sang ou autre.


Cendre cita en exemple le duché de Riverview qui était un duché paisible dans lequel une telle règle avait été mise en place.


Les servants auraient même le droit à des jours de congés, à la convenance de leurs maîtres, bien évidemment. Sa Maîtresse devait être devenue folle mais tous avaient accepté le projet, Jessie la première.


Le plus compliqué à présent serait de mettre la loi en place en en rédigeant tout d’abord des textes précis, ce qui nécessiterait plusieurs séances du conseil. Il faudrait ensuite la faire respecter.


Cendre clôtura la réunion en promettant qu’elle mettrait tout en œuvre pour faire de la Vallée Oubliée, une petite vallée où il fait bon vivre, et où tous, vampires, humains et sorciers, seraient les bienvenus.


Tous s’attendaient donc à ce que les mois ou les années qui suivraient la promulgation de cette première loi, Cendre fasse d’autres propositions inattendues. Elle avait l’air déterminée à dépoussiérer les usages.


 

Mélusine n’appréciait pas d’être tenue à l’écart des conseils. Elle était certes la petite dernière mais elle s’estimait plus forte et plus responsable que Clotaire et Alaric qui étaient aînés et qui, eux n’y avaient pas leur place, c’est certain. Cela la mettait hors d’elle.


Un jour où elle aperçut Gabin se diriger vers les Catacombes, elle ne put s’empêcher de le suivre, bravant l’interdiction de son père et de sa mère de sortir en plein jour.


Elle s’en prit ouvertement à lui. Sa famille lui tapait sur les nerfs (sauf Père et Mère, bien sûr) et elle avait besoin d’évacuer.


Gabin, ce faux-frère, avait bien évidemment essayé de la calmer, très diplomatiquement, cela va de soi mais elle avait senti son air agacé et ...condescendant.


Elle n’avait pas hésité... Elle voulait une confrontation, une vraie, avec celui qui ne se battrait jamais officiellement contre elle. Alors, elle l’avait provoqué.


Ils se firent face, les poings serrés... et elle le provoqua encore...


Mais ce que Mélusine n’avait pas anticipé fut la transformation de Gabin... Elle essaya de faire de même mais n’y parvint pas et recula d’un pas.


- Tu te rappelles ce coup de pied dans les tibias ? lui cria-t-il

- Oui, je sais... bafouilla-t-elle


- Un jour, je te le rendrai au centuple ! Maintenant, rentre chez toi ! Tu es en train de brûler, pauvre petite fille !


Mélusine s’était éloignée tranquillement. Il n’avait pas tort. Sa peau était en train de frétiller sous l’effet du soleil. Gabin ne l’avait pas quitté des yeux. Elle s’en allait sans même courir.


Sa jeune sœur était une personne très fière mais il se demandait si elle ferait un bon vampire. Elle lui faisait l’effet d’un électron libre. Il l’aurait à l’œil, c’est certain.


 

L’anniversaire de Clotaire eut lieu au mois d’août de l’année suivante. Personne n’ignorait ce que ce moment signifiait. Blanche s’angoissa... Sa mère et son beau-père essayèrent de l’encourager... Isaure et Alaric essayèrent de prendre le « bon » côté des choses « ou le moins bon ». Quant à Mélusine, elle s’enthousiasmait déjà à la pensée du combat à venir.

Pour ce qui est de Clotaire...


Le principal intéressé souffla ses bougies parce qu’il fallait le faire. Sa famille y assista tristement, sauf Mélusine qui retint un sourire mal dissimulé.


Le jour suivant, Clotaire fit face à Blanche devant sa famille. Venant de l’extérieur, seul Francis Caron était là, ami de tous, chef de la milice et garant du peuple pour ce qui concernait l’issue du combat.

Clotaire avait souhaité avoir sa belle Caroline auprès de lui...


... mais, après l’issue du dernier combat, sa mère avait décidé de ne plus autoriser l’accès aux « petits amis » de ses enfants. Trop dur... trop impressionnant... Et surtout elle avait jugé qu’ils étaient source de déconcentration durant le combat.


Clotaire et Blanche avait donc dit au revoir à leurs bien-aimées la veille au soir.


Ils leur avaient expliqué qu’ils pourraient ne jamais se revoir, que l’issue n’était pas certaine.


Mais toutes deux le savaient. Le combat des héritiers pouvait ne pas leur faire de cadeau mais chacune avait confiance en son couple et donnait pour vainqueur son amour.


Le duel avait commencé très rapidement...


...et, une fois encore, il avait été difficile de déterminer qui, de Clotaire ou de Blanche, serait plus fort que l’autre.


Ils se trouvaient chacun à leur tour mis en difficulté.


Mais finalement...


Clotaire gagna le combat.


Blanche eut du mal à se relever et refusa la main tendue de son frère.


Elle le félicita mais elle pensait à Virginie. Elle aurait le cœur brisé.


- Dis-lui de vivre sa vie... Remonte-lui le moral. Elle va avoir besoin de soutien. Fais-le pour moi, s’il te plait.


- Je te le promets.


- Merci, tu as été un merveilleux petit frère. Je suis sûre que tu le resteras. Prends soin de toi et des nôtres. Adieu.


Blanche s’était ensuite dirigée vers le guéridon et avait saisi le verre contenant la potion pour le porter directement à ses lèvres.


Les conséquences furent vraisemblablement aussi douloureuses que pour Samuel...


... et tout aussi spectaculaires.


Elle se tourna vers Isaure.

- Je t’emmène avec moi, dans mon cœur, tu as été une grande sœur formidable.


- Maman... je suis désolée.

- Ne t’en fais pas ma chérie.


Cendre eut le temps de serrer sa fille dans les bras et de lui murmurer qu’elle l’aime avant de la sentir glisser tout doucement le long de son corps.


Lucas se chargea une nouvelle fois d’emmener un enfant de Cendre pour lui donner une sépulture. Il ne voyait pas les larmes de son Unique mais il savait qu’elle pleurait.





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