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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 46 - Une affaire de famille (1/2)

Cendre et la Vallée Oubliée


Quatre ans plus tard...

Cendre avait promulgué la loi sur les humains, baptisée Humanum Lex, partant du fait que les humains pouvaient entrer dans la Vallée sans pouvoir en ressortir. Cette loi devait préparer la Vallée à la prochaine ouverture de ses portes vers le monde extérieur dans le but principal d’une vie harmonieuse entre vampires et humains. Mais ce n’était pas si simple...


Il avait fallu plusieurs années pour mettre en place les différents alinéas du texte législatif et le consolider mais c’était chose faite.

La communauté était plusieurs fois passée par les urnes et la loi avant finalement vu le jour.


Chaque humain qui entrait dans la Vallée se voyait accueilli par un « comité de bienvenue » chargé d’expliquer au nouvel arrivant, qui avait déjà constaté de lui-même l’impossibilité de quitter les lieux, la nature véritable de ses habitants. Les réactions pouvaient être diverses, allant de la peur à la suspicion, mais tous se rendaient à l’évidence lorsque leurs hôtes dévoilaient leurs vrais visages.


Ils étaient ensuite conduits dans leurs quartiers, dans un coin retiré des catacombes, quartiers où leur était fourni un logement comprenant tout ce dont avait besoin les humains.


Les nouveaux arrivants avaient dans l’obligation de se rendre chaque jour durant une semaine à des cours spécifiquement élaborés pour eux sur les habitudes alimentaires de la communauté locale, ainsi que sur leurs traditions et coutumes.

Jessie et Louise comptaient parmi ceux qui s’étaient portés volontaires pour dispenser ces cours, cours qui démontraient à chacun qu’un humain pouvait parfaitement vivre parmi les humains.

Tous avaient la promesse d’être libérés lorsque les portes s’ouvriraient.


A la fin de la semaine, la question primordiale était alors posée à ces élèves involontaires : Accepterez-vous de votre plein gré de donner votre sang à un vampire ?


Il faut savoir qu’avant d’en arriver là, cette question avait d’abord été posée à tous les humains prisonniers des garde-mangers de la Vallée. Tous avaient accepté bien sûr puisque la contrepartie non négligeable de cet arrangement avait été leur liberté.


Ce sont eux qui, les premiers, se prêtèrent au jeu de la démonstration devant un public, parfois fasciné, parfois mitigé ou apeuré, et qui, discourraient ensuite sur les bienfaits du don de sang.


Les nouveaux arrivants étaient, après cela, conviés à ne plus quitter leurs quartiers durant une semaine. Une semaine de réflexion avec, à la clé, la liberté pleine et entière de pouvoir circuler en toute sécurité dans la Vallée et d’y travailler.


La plupart acceptait et découvrait que, même si cette ponction de plasma les épuisait dans un premier temps, l’expérience était magnifique et leur apportait une exaltation qu’ils n’avaient jamais connue auparavant. Tous ceux qui profitèrent de cette ivresse mystique y revinrent donc volontiers et en firent une publicité convaincante auprès des autres. C’était allé très vite.


Ceux qui refusaient, et ils étaient de moins en moins nombreux avec le temps, se voyaient proposer une transformation qui était, elle aussi refusée dans la majorité des cas. Il était donc nécessaire de les vider de leur esprit de vie avant de les transformer malgré tout.

A mesure que le temps passait et que les humains se portaient volontaires avec enthousiasme pour donner leur sang, Cendre espérait atteindre un taux de 0% de refus.


Les vampires étaient heureux des changements survenus dans la vallée suite à l’Humanum Lex. Leur vallée revivait et les humains libres participaient activement à la vie de la communauté. Certains s’en firent même des amis, et plus si affinités... Il avait donc fallu modifier la loi interdisant aux vampires de se marier avec des humains.


La chasse, telle qu’elle existait auparavant avait aussi été prohibée car les humains libres étaient également intouchables ; mais elle n’avait pas été complètement supprimée car certains humains s’étaient proposés pour être chassés. Des parties de chasse étaient donc organisées régulièrement et tous s’en donnaient à cœur joie.


 

- Quel merveilleux moment ! Tu es sûr que nous sommes seuls ?

- Oui. Isaure est chez Ulysse et le reste de la famille est parti chasser. Nous avons la chapelle pour nous seuls.


- Chasser ? La chasse est devenue une véritable parodie.

- Moi, je m’y amuse beaucoup. Je trouve qu’il y a actuellement plus de piment qu’il n’y en avait. Les humains courent et se cachent, et parfois ils ont l’art de trouver des cachettes très ingénieuses. Je suis admiratif.


- Si tu le dis...

- Franchement, c’est quand même mieux que sauter sur un humain qui ne s’y attend pas. Il n’y avait jamais aucune surprise. Les parties de chasses sont maintenant bien plus excitantes qu’avant. Et ce sont des humains qui en ont eu l’idée !


- Tu ne vas pas me dire que tu approuves ?!

- Je ne désapprouve pas.

- Et qu’en est-il de notre projet de faire tomber ta mère et de régner sur la Vallée ?


- Notre projet est toujours d’actualité mais je pense que nous maintiendrons ce type de chasse. Cela me plait beaucoup.

- Dans ce cas-là, il faudra corser les règles !

- Il faudrait aussi qu’on ait plus de vampires de notre côté.


Mélusine, dont la chambre était située face à celle de Clotaire, sortit à ce moment-là et ne manqua pas d’entendre ce qui se tramait dans la chambre de son frère.


 

Isaure avait eu une petite faim et venait de se régaler d’un plasmafruit juteux, lorsqu’elle tomba nez à nez avec Francis en sortant de la cuisine, alors qu’elle n’était que légèrement vêtue.

- Isaure ?...

- Oh... Bonsoir Francis...



La gêne était palpable entre la fille aînée de la Grande Maîtresse et son chef de la milice.

- Je... je suis venue voir Ulysse...

- Et bien... Je n’en doute pas un instant...

- Je crois que je vais remonter...


- C’est une bonne idée... J’ai des choses à faire. A plus tard.

« Et mince ! », pensa Isaure


- Ulysse ! Je viens de croiser ton père ! Il m’a vue en petite tenue ! Quel embarras !

- Mon père est là ? Mais je croyais qu’il était à la chasse !...


- Il faut croire que la partie s’est terminée plus tôt que prévu.

- C’est fâcheux. Il risque de raconter à ta mère que tu étais en nuisette chez moi, et elle va savoir que nous ne nous voyons pas uniquement pour discuter...


- Parce que tu crois qu’elle ne s’en doute pas ? Nous sommes ensemble depuis bien longtemps maintenant... Certaines choses semblent inévitables.


- Peut-être mais j’aurais aimé qu’elle pense que je m’étais comporté honorablement envers toi avant de lui demander ta main


- Tu veux lui demander ma main ?

- Uniquement si tu veux m’épouser, bien sûr. Mais c’est une évidence. Je t’aime comme un fou ! Tu es la lune de mes nuits.

- Oui, je désire t’épouser. Ce serait la plus belle chose qui puisse m’arriver. Mais, même si Maman accepte, nous ne pourrions pas nous marier avant la fin des combats, à condition que je sois encore en vie d’ici-là...


Isaure avait alors embrassé son promis. Ils n’ignoraient pas que le destin pourrait se jouer d’eux et leur mariage ne jamais voir le jour mais elle se battrait pour lui, pour eux, pour leur amour.


 

Mélusine entra en trombe dans le boudoir de Cendre :

- Père ! Mère ! Il faut que je vous parle, c’est très important !

- Je crois que tu as une nouvelle fois oublié de frapper à la porte, la sermonna Lucas.

- Oui je sais, Père, mais cette fois j’insiste sur le fait que c’est VRAIMENT très important.


- D’accord, viens te joindre à nous, lui dit Cendre, mais essaye VRAIMENT de frapper avant d’entrer. Tu vas bientôt devenir adulte et ce ne sont pas des manières. Alors ? Qu’y a-t-il ?


- Je crois que Clotaire et sa douce sont en train de comploter contre votre souveraineté, Mère.

Le visage de Lucas s’assombrit :

- Et d’où tiens-tu ces renseignements ? Ce que tu allègues est très grave.


- Je sais que c’est grave mais ce ne sont pas des on-dit. Je l’ai entendu de mes propres oreilles. J’étais derrière la porte de Clotaire !

- Et voilà ! s’énerva Lucas. Tu écoutais encore aux portes ! J’espère que tes oreilles sont fiables au moins.

- Que se sont-ils dit exactement ? lui demanda Cendre dont le cœur se serrait à la perspective d’une éventuelle trahison de l’un de ses enfants.


Mélusine rapporta alors à ses parents la conversation qu’elle avait entendue.

- C’est tout ?

- Oui, mais si vous voulez mon ressenti, Clotaire n’est pas nettement contre nous. Je crois que c’est sa Caroline qui le manipule.

- Et tu peux nous dire ce qui te fait penser ça ?


- Clotaire est très logique. Et là, son comportement ne correspond pas à ce que l’on connait de lui... Il doit être très amoureux de cette fille et il se laisse manœuvre comme un pantin.


- Pantin ou non, je n’accepterai pas d’être trahie par un de mes enfants. Et si Clotaire me trahit ou qu’il envisage de le faire, il en subira les conséquences.


- Mélusine... intervint Lucas. Est-il possible que tu aies mal entendu ou mal compris les propos de ton frère ?

- Non, Père.


La jeune fille n’était pas dupe. Son père cherchait à savoir si elle ne tentait pas de jeter le discrédit sur son frère ou si elle ne mentait pas.

- Je sais que j’ai beaucoup menti par le passé mais je vous promets que je dis la vérité. J’ai bien entendu et j’ai bien compris. Seuls me ressentis ne sont que supposition.


- Nous te croyons, ma chérie, et je te remercie d’être venue nous informer aussitôt que tu as eu connaissance des faits.

- Merci de me croire, Mère. Je sais que je ne suis parfois pas un cadeau mais jamais je ne vous trahirais.


- Très bien. Tu peux te retirer maintenant. Ton père et moi allons devoir discuter. Pour le moment, j’aimerais que tu gardes ce que tu sais pour toi. Nous en reparlerons plus tard.

- Bien Mère, cela va de soi.


- Et moi, j’aimerais que tu fasses un effort pour frapper aux portes. Tu vas devenir une adulte dans quelques jours et j’aimerais que tu te comportes comme telle.

- Oui Père, je vais faire des efforts, c’est promis.


Cendre raccompagna sa fille jusqu’à la porte.

- Merci, Mère. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis soulagée que vous m’ayez crue. Merci beaucoup.

- C’est mon devoir de mère de t’écouter, Mélusine, et c’est mon cœur qui te fait confiance.


Mélusine prit sa mère dans les bras, geste infiniment rare de sa part :

- C’est énorme pour moi, Mère. Merci encore.


A peine Mélusine s’était-elle éloignée qu’Isaure vint frapper à la porte du boudoir.

- Je pense que nous remettrons à plus tard notre petite conversation... dit Cendre à Lucas

- Je le crains, ma douce.


- Je suis navrée de tomber si mal mais il faut que je te dise quelque chose avant que tu ne l’apprennes par Francis... balbutia Isaure.


Cendre s’était levée, inquiète. Y avait-il un nouveau problème politique dans la Vallée ? Décidément, cette nuit ne finissait pas :

- Francis ?... Qu’y a-t-il, Isaure ?


- Je ne sais pas trop comment te dire ça. C’est assez délicat...


Encouragée par sa mère, Isaure se lança et raconta sa brève rencontre avec Francis alors qu’elle était allée rendre visite à Ulysse.


Cendre fut rapidement soulagée :

- C’est donc cela qui contrarie ?

- Oui... Je sais que ce n’est pas un comportement très honorable et je crains que tu ne m’en veuilles ou que tu n’en tiennes rigueur à Ulysse.


- Et pourquoi ferais-je une chose pareille. Ulysse et toi êtes adultes depuis longtemps et je me doute que votre relation a évolué.

- Quel soulagement, je me demandais comment tu allais le prendre.


- Je le prends bien. Par contre, il serait judicieux, à l’avenir, que tu te rhabilles lorsque tu sors de la chambre d’Ulysse.


- Ne t’en fais pas, ça m’a servi de leçon. Je ne veux plus croiser Francis en petite tenue !


Isaure prit alors congé. Lucas s’était rapproché de la porte.

- Où vas-tu ? lui demanda-t-elle. Il va falloir que nous parlions de Clotaire.


- Je n’y tiens pas. Le jour va bientôt se lever et j’ai d’autres projets pour nous avant qu’un autre des enfants ne franchisse le pas de cette porte. Cette affaire peut attendre la tombée de la nuit, non ?


- Je ne sais pas... peut-être bien. Clotaire ne s’envolera pas, de toute façon. Quels genres de projets as-tu ?


- De ce genre-là, dit-il en l’embrassant.


Je t’emmène avec moi à la Maison de l’Ail.



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