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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 49 - Ultimes combats

Cendre et la Vallée Oubliée


Peu avant leur affrontement, Isaure avait rejoint Gabin pour lui exprimer son désarroi de devoir combattre contre lui.

- Tout va bien, ne t’inquiète pas. Peu importe l’issue, je suis serein


- Je ne sais pas comment tu fais. L’un de nous va mourir tout à l’heure. Le perdant devra avaler cette potion, tu es au courant ?

- Oui, Mère m’a tout dit.


- Et cela ne te fait rien ? J’ai tué Samuel. Même si je ne l’ai pas fait directement, je l’ai envoyé boire le breuvage qui l’a envoyé à la mort. Mourir est une chose mais tuer ton frère... je ne l’oublierai jamais...


- Essaye d’être sereine cette fois. La vie réserve parfois de belles surprises. Fais-moi confiance. Tu ne me feras aucun mal et je ne t’en ferai pas.

- Tu devras te battre.

- Je le ferai.


En se dirigeant vers la salle de combat, Isaure repensa aux paroles de réconfort qu’Alaric lui avait soufflées dans l’oreille après la mort de Samuel. Elle y avait cru un moment puis avait cessé d’espérer. Pourtant, aujourd’hui, la voix calme et le sourire de Gabin lui redonnaient espoir. Se pourrait-il que... ?


 

Il y avait de moins en moins de monde pour assister au combat des héritiers et, en tant que fiancé officiel d’Isaure, Ulysse avait été autorisé à assister au duel.


Gabin avait pris sa jeune sœur dans les bras :

- Tout ira bien. Dans deux semaines, tout au plus, tu n’y penseras plus.


Puis les deux adversaires se parèrent de leurs formes sombres.


Le combat avait été difficile. Isaure avait gagné en puissance depuis son dernier duel et Gabin, bien qu’ayant perdu ses pouvoirs, avait tout de même une grande expérience des combats.


Les deux adversaires ne se firent aucun cadeau, prenant l’un après l’autre le dessus.


On eut souvent du mal à déterminer qui d’Isaure ou de Gabin allait pouvoir réellement vaincre l’autre car aucun combat n’avait encore duré si longtemps.


Finalement, profitant d’un moment d’inattention de son frère, Isaure lui assena le coup fatal et l’envoya au sol.


- Je suis navrée, Gabin...

- Ne le sois pas. Pense à ce que je t’ai dit.


- Le problème est que je ne sais pas trop à quoi je dois penser. Tu ne m’as donné aucun élément concret... Que du mystérieux et de l’énigmatique...


- Tu comprendras très bientôt. Au revoir, douce Isaure. Je suis heureux que tu sois ma sœur.


Isaure avait alors rejoint sa place sous le regard d’Ulysse, encore éprouvé de ce combat qui avait duré des heures et dans lequel il avait cru, à plusieurs reprises, qu’il allait perdre sa fiancée. Il aurait voulu la prendre dans ses bras mais le protocole ne l’y autorisait pas. Sa pensée lui envoya alors tout son amour, amour qu’elle lui rendit.


Gabin s’était approché de la console et avait saisi le verre.


A l’instar de ses frères et sœurs, il avala la potion d’une traite.


Elle fit effet immédiatement, sans surprise.


Cendre prit son fils dans les bras, comme elle le faisait à chaque fois et eut le temps de lui murmurer à l’oreille quelque chose que personne n’entendit avant qu’il ne s’effondre.


 

- Il me manque, tu sais...

- Je le sais bien. Je crois qu’il ne se passe pas une nuit sans que tu ne me parles de lui.


- Je regrette que tu ne l’aies pas connu. Je suis certaine que vous vous seriez bien entendus.

- Tu crois ? Tu m’as pourtant dit qu’il était très exclusif, te concernant.


- Il t’aurait aimé, j’en suis convaincue, parce qu’il aurait vu à quel point je t’aime et combien tu prends soin de moi.


- Je me fais du soucis pour toi. Chaque fois que tu perds l’un des tiens, tu sembles te remettre un peu plus vite que la fois précédente. Tu ne devrais pas tout garder pour toi. Je sais que tu es triste.


- Je viens de tuer un autre de mes frères... Ma douleur est sans nom... mais si je craque maintenant, je ne pourrai jamais me battre contre Mélusine.


Isaure laissa malgré tout échapper une larme discrète et Ulysse l’embrassa sur le front sans un mot.


Elle se dégagea et l’embrassa à son tour :

- Cessons de nous apitoyer et allons-nous coucher. Nous nous étions promis de vivre ces semaines pleinement heureux, rappelle-toi. Je pleurerai lorsque les portes de la Vallée seront ouvertes.


 

Mélusine et Ladislas se promenaient dans les catacombes lorsque ce dernier remarqua que de nombreux regards se posaient sur eux.

- Tu crois qu’ils sont choqués de voir un vampire avec un humain ?


- Non, c’est autre chose. Cette loi ridicule a été abrogée depuis longtemps. C'est moi qu'ils regardent.


- Il va falloir que je te parle. Je voulais le garder pour moi mais, plus j’y réfléchis et plus je pense que ce ne serait pas une bonne chose.

- Ton mystérieux secret ?

- Oui.


Mélusine avoua alors à Ladislas qu’elle était la fille de la Grande Maîtresse et qu’elle participait donc au combats des héritiers.


- Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé avant ?

- Je ne voulais pas que tu saches que je risquais ma vie chaque fois que je te laissais...


- Tu réalises que tu aurais pu ne pas revenir et que je n’aurais même pas su que tu étais morte...

- Je sais... Ça me paraissait une bonne idée sur le coup.


- Et puis, j’avais un peu peur que tu ne veuilles plus de moi en sachant qui était ma mère.

- C’est une idée ridicule. Pourquoi aurais-je fait cela ?


- Mélusine, je t’aime. Je n’ai pas peur de ta mère et si je dois être puni pour t’aimer, j’en assumerai les conséquences.

- Là, c’est toi qui divagues. Ma mère est juste. Elle ne fera jamais une telle chose.


- J’aimerais beaucoup que tu me parles de ta famille.

- Il n’y a rien à dire, tu sais... Ils sont presque tous morts. Et, à la fin de la semaine, ce sera mon tour... ou celui d’Isaure.


- Jamais je n’aurais imaginé que tu aies eu une vie si triste, tu es tellement pétillante.

- Si je reste en vie, je serai seule. Il y aura mes parents... mais je serai seule.


- Je n’ai jamais voulu m’attacher à eux mais ils me manquent tous...


Ladislas avait porté Mélusine contre lui :

- Je ne veux pas te perdre. Je serai à tes côtés et je t’aiderai, car je compte bien te voir gagner.

- Si tu savais comme je t’aime, mon amour !


 

Isaure et Mélusine prirent place dans la salle de combat. Elles se toisèrent un moment, dignes et fières à la fois.


Aucune des deux ne semblaient vouloir amorcer cet ultime combat.


Après de longues minutes où chacun retint son souffle, se demandant si les deux jeunes femmes allaient s’affronter, Mélusine lança l’attaque.


L’aînée et la plus jeune fille de la Grande Maîtresse étaient de force égale et déterminées aussi bien l’une que l’autre.


Il fut impossible, une fois de plus, de deviner laquelle des deux pourrait emporter le combat.

Ulysse tremblait encore pour sa belle.


L’épais brouillard noir empêchait quiconque de voir ce qui se passait à l’intérieur.


Mélusine en ressortit la première.


Elle paraissait résolue à gagner. Ulysse se tourna vers son père, inquiet.


Puis Isaure immobilisa sa jeune sœur.


Elle ne la lâchait plus et serrait de plus en plus fort.


Tout le monde pouvait voir que Mélusine avait du mal à se sortir de cette situation qui semblait inextricable.


L’assemblée l’entendit parler à Isaure.

- Je n’abandonnerai pas...


- Moi non plus.


Mais Isaure, malgré tout, se sentit en train de faiblir.


La situation s’inversa subitement.


Mélusine mit à son tour sa sœur aînée en difficulté.


Le brouillard s’épaissit à nouveau... les spectateurs haletaient.


Non... il semblait qu’Isaure avait toujours le dessus.


Si le combat qui avait opposé Isaure à Gabin avait été long, celui-ci, riche en rebondissements, le surpassait de loin.


Le jour s’était levé et personne ne savait encore qui serait l’héritière.

Ulysse espérait...


... puis tremblait.


Mélusine fut celle qui sortit victorieuse de ce dernier combat des héritiers.


Isaure se laissa tomber jusque terre. Elle toucha le sol, épuisée, entendant la douleur d’Ulysse résonner dans ses pensées.


La voix de sa sœur la ramena à la réalité :

- Ça va, Isaure ?

- Oui... oui, ça va.


- Ce combat était super ! Tu as combattu comme une diablesse. J’ai cru que tu allais gagner... mais je suis tellement désolée pour toi, vraiment ...


- Il ne faut pas. Je m’en vais en paix. Tout cela devenait trop pénible... Félicitations, tu es maintenant héritière.


- Oui et je vais pouvoir participer aux projets de la Vallée !

- Entendons-nous bien, j’espère que tu soutiendras Maman, n’est-ce pas ?


- J’ai démontré ma loyauté et je ne faillirai pas. J’aimerais que tu me fasses confiance... s’il te plait...


- Bien sûr que je te fais confiance.


Mélusine avait rejoint sa place et Isaure s’était approchée de sa mère pour lui demander la permission de s’entretenir avec Ulysse avant de partir.

- Tu as une minute.


Ils ne se parlèrent pas. Leurs échanges se firent en toute intimité mais le regard triste d’Ulysse en dit long lorsqu’il vit s’avancer vers lui pour la dernière fois celle qu’il aimait plus que toute chose en ce monde.


Il la serra si fort qu’elle crut qu’elle allait suffoquer.

Mélusine se dit, à ce moment-là, qu’elle aurait pu être à la place de sa sœur et devoir dire adieu à Ladislas. Elle comprenait tellement leur chagrin que son cœur se serra.


- Je ne sais pas comment je vais faire sans toi... Je mourrai sûrement...


Isaure savait qu’il ne plaisantait pas.

- Si tu savais comme je suis désolée...


Elle attrapa la potion. Elle pouvait encore entendre les pensées inconsolables d’Ulysse.


Elle aurait tant voulu tout arrêter, pour lui, mais ce n’était pas envisageable et elle but le breuvage en ressentant la peine de son fiancé augmenter à chaque goulée qu’elle avalait.


La transformation commença, impitoyable. Au milieu de ses souffrances, elle envoya tout son amour à son Unique.


- Je t’emmène avec moi, je t’aime, je t’en prie, vis pour moi, ne meurs pas, sois heureux, lui transmettait-elle.


Autant de pensées désordonnées qu’Ulysse finit par ne plus entendre et, bien qu’il ne regardât pas le calvaire de son aimée, il sut ce que signifiait ce silence. Isaure était devenu humaine.


Isaure regarda sa petite sœur du coin de l’œil :

- Heureusement que tu n’as pas eu à vivre ça, tu n’aurais pas supporté !

Mélusine aurait voulu lui répondre sur le même ton humoristique mais le cœur n’y était pas. Elle réussit à esquisser un petit sourire mais son visage resta fermé.


Sa sœur aînée s’approcha alors de leur mère :

- J’imagine que c’est l’heure des adieux, Maman ?

- Oui, ma chérie.


Mais, à l’instant où Cendre allait prendre Isaure dans ses bras, celle-ci fut prise de vertiges :

- Je ne me sens pas bien du tout...


C’était la première fois que la potion agissait aussi rapidement.

Ulysse quitta son siège en voyant ce qui se passait...


... car même si les convenances et le protocole le lui interdisaient, il voulait être auprès d’Isaure.


Il alla plus loin dans le manquement aux règles puisqu’il demanda à Lucas de porter lui-même Isaure jusqu’à sa dernière demeure lorsqu’il la vit rendre son dernier souffle.

Cendre et le duc se consultèrent quelques secondes silencieusement puis Lucas accepta la requête du fiancé éploré.


Ulysse s’agenouilla près d’Isaure, la souleva et la prit dans ses bras.

- Je ne pourrai pas lui survivre, dit-il à Lestat.


- Tu y arriveras, mon garçon. Suis-moi. Nous allons parler.


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