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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 6 - Premiers pas dans une nouvelle vie

Cendre et la Vallée Oubliée


Les semaines et les mois qui suivirent sa transformation, Cendre apprit à étancher sa soif aux côtés de Lilith.


Elle ne s’était encore jamais nourrie sur les humains mais avait déjà vu faire Lilith et Caleb, ainsi de que le Vidame de Montsimpa, à maintes reprises. Elle ne se sentait pas prête, alors elle évitait de sortir lorsqu’elle voyait des humains traîner dans les rues. Lilith la rassurait en lui disant que lorsqu’elle serait prête, elle le saurait.


Ce fut Caleb qui se chargea de l’entrainer au combat, le combat étant l’un des domaines où la future maîtresse vampire devait absolument exceller.


Cendre était encore loin d’avoir un bon niveau mais elle progressait un peu plus à chaque rencontre avec son ami vampire. Ces combats étaient grisants et elle découvrait qu’elle adorait ça !


- Si tu continues ainsi, tu deviendras très vite une vampire mineure. Tu es sacrément douée.



- Et je pourrais utiliser le charme vampirique sur les humains ?

- Bien sûr. A l’allure où tu assimiles les techniques de combat, tu gagneras bientôt un rang de vampire.


Le comte, en parallèle, enseignait les méthodes de méditation obscure à sa protégée et il se félicitait de la voir appliquée et attentive, même si elle avait parfois quelques ratés.


De son côté, Cendre était très réceptive à cette pratique qui lui permettait de régénérer son énergie et de faire le vide dans sa tête.


Elle avait tellement souffert le jour où elle avait vu Lestat user de son visage séduisant sur une petite humaine rousse à couettes !



Elle avait d’abord cru qu’il allait s’en nourrir mais il l’avait enlacée et embrassée sous ses yeux. Il l’avait ensuite prise par la main et Cendre les avait vus se diriger tout droit vers la maison de l’Ail. Il ne fallait pas être née de la dernière pluie pour imaginer ce qui allait s’y passer.


Comment avait-il osé se jouer d’elle de la sorte ? Après tout ce qu’ils s’étaient dit ? Cendre sentit la fureur s’emparer d’elle. Il valait mieux pour la « miss à couettes » que le duc se charge d’elle après avoir fait son affaire, car, s’il ne s’en occupait pas, elle le ferait elle-même.


C’est la hargne au ventre qu’elle s’approcha d’un humain qui avait contourné la place, sûrement prêt à rentrer dans son foyer à cette heure tardive, et ignorant qu’il ne pourrait pas sortir de la ville. Elle se sentait prête à boire son plasma. Lestat l’avait vraiment énervée.


C’est alors que l’humain se mit à lui parler :

- Ça alors ! Je ne m’attendais plus à trouver quelqu’un à cette heure du soir. Vous êtes du village ?


Pourquoi avait-il entamé cette discussion ? Il lui faudrait le tuer à présent. Le Comte avait été clair sur le sujet :

« Ne jamais s’entretenir avec un humain, ou alors il vous faudra le tuer ou le transformer, Demoiselle Valrose. ». Ses paroles résonnaient encore à ses oreilles, car, bien qu’il en doutât, le comte évaluait le risque que les portes de la Vallée Oubliée ne s’ouvrissent inopinément. Un estimation à un pour cent, lui avait-il dit, mais une menace beaucoup trop grande pour que l’on prenne le risque de laisser s’échapper un humain.

« Vous pouvez aussi choisir de l’enfermer dans votre garde-manger si vous le souhaitez. »


Très bien. Qu’à cela ne tienne. Elle avait très soif et elle n’avait encore aucune denrée dans son garde-manger. Cendre fit alors son plus beau sourire à l’humain.

- Oui, je suis du village. J’allais justement prier dans notre chapelle. Vous devriez m’accompagner, c’est un joyau de notre patrimoine. Elle vaut vraiment le coup d’œil.

- Avec grand plaisir. Je m’appelle Vladimir Gothik.


Cendre ne lui répondit pas. Elle l’emmena jusqu’à la chapelle et lui proposa de lui faire visiter les chambres des religieux, qui se trouvaient au sous-sol. Vladimir la suivit sans se méfier et recula de trois pas, effrayé, lorsqu’il la vit bondir et se transformer. La jeune femme, qui semblait si fragile la seconde d’avant, était devenue un monstre.


Cendre s’essaya à l’hypnose sur sa proie. Ce n’était plus un entraînement, ni de la théorie. C’était la réalité et sa victime était là, devant elle. Elle entendit son cœur battre à tout rompre et elle se sentit brutalement exaltée. L’hypnose avait fonctionné, elle allait pouvoir s’abreuver de plasma chaud pour la première fois.


Elle n’avait jamais rien goûté de tel, un régal tel qu’elle revint se nourrir sur l’homme à plusieurs reprises.


Vladimir se sentit faible et trembla face à cette créature sauvage à la voix de glace.

- Tu es mon prisonnier à présent, numéro un. Cet endroit est ta nouvelle demeure et je me servirai sur toi chaque fois que l’envie m’en prendra.


Cendre reprit forme humaine et tourna le dos à l’humain insignifiant qui trouva la force de balbutier timidement quelques mots.

- Mais qui êtes-vous, bon sang ? J’ai une famille, je ne peux pas rester ici...

- Sois heureux, tu as la plus grande cellule.


C’était la première fois qu’elle utilisait son garde-manger et elle en était très heureuse. Le sang humain lui donnait de la puissance et une vigueur qu’elle n’avait jamais eue avec les plasma fruits ou les packs de plasma. Il ne lui restait plus qu’à espérer que numéro un serait suffisamment solide pour lui servir de repas à plusieurs reprises, ou tout du moins suffisamment longtemps pour qu’elle se trouve une nouvelle proie. En attendant, il faudrait qu’elle apprenne à calmer son enthousiasme, car elle lui avait pris beaucoup trop de plasma en une seule fois.


 

Au même moment, de l’autre côté de la place, Lucas Lestat, lui aussi se nourrissait, mais sur la jeune femme qui lui avait servi d’appât pour détourner le cœur de Cendre du sien. Une jeune femme qu’il n’avait jamais possédée.


Il n’avait jamais eu l’intention de la courtiser. Il était plutôt du genre à bondir sur ses proies et à s’en nourrir jusqu’à ce mort s’ensuive. Mais Cendre était apparue sur le pas de sa porte, et l’occasion avait été trop belle, il n’avait pas pu faire autrement.


Il hurla de désespoir devant l’urne de sa victime, non pour elle, mais pour son amour qu’il savait désormais perdu à jamais. Cendre ne lui pardonnerait pas, et elle ne devait pas lui pardonner...


Elle avait un destin à suivre... Elle devait rouvrir les portes de la Vallée Oubliée. Chaque vampire de la communauté comptait sur elle et lui, Lestat, le sanguinaire, ne pouvait pas s’élever contre cela. La vie de la Vallée passait avant les desideratas de chacun et il ne faisait pas exception à la règle.

Alors il avait fait son choix : ce soir, Cendre devrait le détester et le considérer comme le plus abominable des bourreaux des cœurs, et tant pis si cela lui coûtait !

Un coût astronomique puisque jamais il n’avait ressenti une telle chose, jamais il ne s’était senti aussi proche d’une femme, qu’elle soit humaine ou vampire, et sa vie éternelle lui sembla désormais bien trop longue...


Cette nuit-là, le Duc appela son ami Vladislaus pour lui faire part de son intention d’hiberner. Il lui fit promettre de n’en rien dire à personne et ne lui en donna pas la raison.


- Mais pour combien de temps, mon ami ?

- Le temps qu’il faudra. J’ai besoin de repos.


 

Après avoir planté Vladimir Gothik dans sa cellule, Cendre était remontée dans la chapelle. Il lui avait semblé entendre un hurlement au loin mais elle l’avait ignoré et regardé cette toile non terminée qui représentait à ses yeux tout l’amour que Lucas et elle se portaient. L’amour ? Lui seul lui avait dit « je t’aime » et cela l’avait bouleversée... Mais elle ? Qu’avait-elle répondu ? Rien. A aucun moment. Elle aurait peut-être dû, finalement...


Est-ce qu’elle l’aimait seulement ? Oui, elle en était sûre, maintenant qu’elle l’avait perdu. Mais Lilith ne s’était pas trompée... Lestat n’était qu’un vulgaire bourreau des cœurs...


Il lui avait fait croire le contraire mais elle n’était plus dupe à présent. La petite humaine apeurée et influençable qu’elle était, n’existait plus. Qu’il aille au diable ! Il ne méritait rien d’autre.


Le cœur lourd et asséché, elle accrocha tout de même la toile dans sa crypte, car, même si tout avait une fin, elle ne voulait surtout pas oublier ces merveilleux moments que Lucas et elle avaient partagés... à la maison de l’Ail... Ces heures-là avaient été les plus belles de sa vie.


Cendre avait continué à suivre assidûment les cours de Vladislaus, qui lui retraçait chaque chapitre de l’Encyclopédie Vampirique, au détail près. Le Comte tait pour elle un professeur exemplaire, ce genre de professeur qui était passionné par son sujet et qui savait vous le transmettre.


Une nuit, alors que son mentor l’écoutait lire à haute voix le deuxième volume de l’Encyclopédie et lui faisait part de ses commentaires, un des chapitres fit une brève mention d’un remède contre le vampirisme. Cendre était tout excitée mais n’en laissa rien paraître, continuant sa lecture de façon fluide, pour ne pas éveiller les soupçons du Comte.


« Il existe donc. », pensa-t-elle. Mais le Comte l’écouta sans l’interrompre cette fois-ci.

« Très bien, il ne veut pas m’en parler. Tant pis, je découvrirai bien de quoi il s’agit. ».

Son regard s’arrêta ensuite sur une recette de boisson prisée par les vampires : le plasma-mary. C’était la boisson idéale, semble-t-il, pour se nourrir dignement en public, et, en plus, elle avait les vertus d’un nectar.


Cendre prit alors le parti de questionner le Comte sur cette boisson. Il serait moins suspicieux que si elle l’interrogeait sur le remède. Elle lui demanda donc si elle pouvait fabriquer elle-même une telle boisson.

- Vous le pourriez, oui, mais il vous faudrait avoir un niveau de mixologie élevé.


La vampire néophyte qu’elle était réalisa alors qu’elle avait encore beaucoup de choses à apprendre, mais ce qu’elle voulait maintenant par-dessus tout, c’était apprendre la mixologie.

Si cet art lui permettrait de concocter de bons plasma-mary, elle subodorait qu’il lui permette aussi de fabriquer le remède. C’était clairement indiqué dans le livre qui en parlait comme d’une recette ancestrale. Mis où se trouvait cette recette ? Dommage que le recueil ne la lui donnait pas.



A défaut de mixologie, le Comte lui enseigna l’orgue, et, comme dans chacun de ses enseignements, il maîtrisait son sujet et savait le transmettre. Elle n’avait certes pas encore le talent de Caleb dont elle avait entendu les prestations, mais cela l’aidait beaucoup de savoir déjà jouer du piano. Il y avait de nombreuses similitudes entre les deux instruments et sa tâche n’en devenait que plus facile.



Le Comte, lui, était très fier de son élève et se félicitait à chaque instant de l’avoir choisie comme sa future Maîtresse Vampire.

Cendre, de son côté, s’aperçut qu’elle appréciait de plus en plus ses moments passés auprès du comte. Son savoir, son intelligence et sa distinction révélèrent un homme dont la compagnie était des plus agréables, et leurs conversations pouvaient durer des heures.


Trois mois passèrent... Cendre n’avait jamais revu le Duc depuis la nuit où elle avait essuyé son affront, cette nuit où son cœur avait commencé à se durcir. Elle s’était longtemps demandé où il avait bien pu passer mais personne ne semblait le savoir et elle finit par le rayer définitivement de sa vie et de ses pensées.


Au fur et à mesure que le temps passait et qu’elle gagnait en puissance et en force, Cendre s’était couverte d’une cuirasse de plus en plus imperméable aux sentiments humains, et, si elle était encore un peu nostalgique de sa vie humaine, elle savourait chaque jour davantage sa vie de vampire.


Elle adorait se nourrir des humains même si elle n’en avait goûté qu’un pour le moment. Leur plasma lui procurait une sensation une sensation de puissance et un bien-être inégalé.

Aussi, quel ne fut pas son agacement lorsqu’elle descendit ce jour-là au garde-manger pour y découvrir que son repas avait périmé !


Tant pis ! Numéro un n’était pas assez résistant.

Elle sortit alors à la recherche d’une nouvelle proie, et la chance lui sourit en la personne d’un jeune brune à lunettes. Elle avait l’air en pleine santé. Elle serait donc parfaite.

Elle aborda la jeune femme :

- Je peux vous aider ? Vous avez l’air perdue.


Elle lui répondit, un peu gênée.

- Je cherche à sortir de cette ville. Je vais vous sembler ridicule mais ça fait une heure que je tourne en rond et je ne retrouve pas mon chemin. Pourtant, votre ville n’est pas si grande que cela.


- Oh... Ce n’est pas ma ville. Je ne suis pas d’ici moi non plus et vous n’êtes pas ridicule du tout ! Moi aussi, je me suis perdue et ça me rassure de voir que je ne suis pas seule.


- Alors, je crois que nous sommes dans la panade, vous et moi.


- Pas tant que ça. Vous voyez la petite chapelle derrière nous ? Je l’ai visitée tout à l’heure et, au sous-sol, il y a des chambres. C’est plutôt spartiate mais ça fera l’affaire pour une nuit. Demain il fera jour et nous pourrons quitter cette ville.




La jeune femme s’appelait Tina Tinker. Cendre l’emmena jusqu’au garde-manger et elle sentit tout de suite de que Tina n’était pas rassurée. Pourtant, il fallait que son numéro deux entre dans la cellule.

- C’est bizarre, vous ne trouvez pas ? On dirait une prison.



Cendre ouvrit la porte.

- Ça ressemble plutôt à des dortoirs abandonnés, si vous voulez mon avis.


Elle s’était alors assise sur le lit, avait pris un visage rassurant et avait ainsi attiré la jeune femme dans sa future cellule.

- Vous voyez, c’est quand même beaucoup plus sympa que dehors !


- Vous avez raison. Heureusement que vous avez trouvé cet endroit. Autrement, nous aurions pu mourir de froid par ce temps glacial. Vous êtes ma providence.

- N’exagérons rien !


- C’est vrai, l’endroit n’est quand même pas terrible...

- Ne nous lamentons pas ! Moi, je vais voir comment est ma chambre !


Cendre avait fait mine de partir puis était revenue sur ses pas, sous son apparence de vampire, alors que Tina s’était approchée du lavabo.

Cette dernière avait eu le même mouvement de recul que Vladimir Gothik.

- Mais qu’est-ce que...


La pauvre fille n’eut pas le temps de finir sa phrase. Cendre l’hypnotisa et la saisit par la nuque. Il était grand temps pour elle d’étancher sa soif.







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