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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 53 - Jumeaux

Cendre et la Vallée Oubliée


- Tu t’es mieux adaptée à cette nouvelle situation que Samuel, on dirait...

- Oui, Samuel déprimait souvent mais moi, j’ai découvert une nouvelle façon de vivre.


Point de vue de Blanche

Lorsque je me suis réveillée, j’ai été étonnée de voir Bella et, encore plus, de réaliser que j’étais en vie.


Bella m’a tout expliqué et m’a invitée à la rejoindre en bas pour me présenter mon frère et mes sœurs qui se languissaient de me connaître.

- Il y a des vêtements dans la commode et une salle de bain juste à côté. Fais comme chez toi, tu vas rester ici un moment.


En arrivant dans le couloir, la première chose que je vis, fut l’orgue. J’étais vraiment très heureuse de savoir que j’allais pouvoir jouer ici aussi.

- Il y en a un autre au salon.


La voix de Samuel m’avait fait sursautée et j’étais tellement heureuse de le voir que je lui sautais au cou.

- Quel bonheur de te voir ! Alors comme ça, tu étais en vie depuis tout ce temps ?


Lorsque nous sommes arrivés au salon, Bella nous attendait, entourée de ce frère et de ces sœurs que je ne connaissais pas encore, tous ces enfants humains qu’elle et toi aviez sauvés. J’étais très émue.


- Blanche, je te présente tout le monde. Tout le monde, voici Blanche.


Ils m’ont accueillie comme une reine. Tous s’étaient levés pour me saluer et j’étais submergée par tout l’amour que je lisais dans leurs yeux.


J’avais ici aussi une grande famille et j’étais comblée de savoir qu’un jour, nous serions tous réunis, les enfants de la crypte et ceux du manoir de Bella.


Comme je te le disais tout à l’heure, je me suis très vite adaptée à ma nouvelle vie même si vous me manquiez tous.

Tout d’abord, je découvris la joie de profiter de la lumière du jour et des rayons du soleil.


Samuel aussi aimait beaucoup le soleil mais il préférait la nuit de loin et s’attristait souvent sur sa condition d’humain. Je voyais bien qu’il en souffrait mais, lorsqu’il était ainsi, je ne pouvais rien pour lui.


J’adore la nourriture humaine. J’avoue avoir hésité à manger le premier plat qu’on m’a servi mais je me suis régalée. Tout le monde m’a encouragée, y compris Samuel, et je n’ai pas regretté.


En fait, la vie d’un humain est bien moins violente que celle d’un vampire et je reconnais que je préfère nettement me nourrir d’aliments variés que boire toujours du sang.


Chez Bella, j’ai appris beaucoup de choses dont je ne m’étais jamais souciée auparavant comme le ménage ou la lessive, ou encore la vaisselle. Ce n’est pas si facile que l’on croit d’entretenir une maison. Les humains sont vraiment très courageux.


Ce qui m’a le plus dérangé au début fut de me brosser les dents. J’avais tellement l’habitude d’avoir de longues canines que j’allais trop vite avec ma brosse à dents et, qu’une fois sur deux, je me brossais la lèvre inférieure. Enfin, ce n’est qu’un petit détail...


...car j’ai adoré les huit années que j’ai passées chez Bella, cette vie tranquille et insouciante faite de petites choses toutes simples.


Au mois de mai dernier, presque huit ans après mon arrivée, nous nous sommes tous réunis au salon pour attendre le perdant du combat.

Les spéculations allaient bon train et nous savions qu’Alaric et Mélusine s’étaient combattus durant la nuit.


Samuel croyait dur comme fer que Mélusine allait gagner :

- Si elle est adulte comme elle était enfant, je suis certain qu’elle gagnera.


De mon côté, j’espérais voir arriver Alaric, non pas que je souhaitais sa défaite mais je ne me suis jamais entendue avec Mélusine et j’avais beaucoup de mal à la supporter lorsque j’ai quitté la crypte. Alors, je préférais voir Alaric.


- Je suis désolée, Mélusine, mais, à l’époque, tu étais une véritable petite peste.

- Je peux encore l’être, si ça te manque tant !

- Oh non merci !


Hortense nous dit que, peu importe qui arriverait, il s’agirait d’un frère ou d’une sœur et nous l’accueillerions avec joie, que les anciennes querelles n’avaient plus cours ici, et elle avait raison. Hortense est toujours pleine de sagesse et de gentillesse.


Aliénor, elle, ne disait rien mais elle n’avait pas besoin de s’exprimer. Son regard était plein d’espoir et nous savions qu’elle attendait son jumeau.


Elle ne tenait pas en place et faisait les cent pas entre le canapé et la fenêtre pour guetter Lucas. Puis on finit par savoir. Le trouble et l’émotion dans sa voix ne nous laissèrent aucun doute.


- C’est un garçon ! Il est blond, comme moi... Alaric est là...


Elle nous laissa en plan et partit à la rencontre de Lucas et d’Alaric.


- Elle était près de toi lorsque tu t’es réveillé, n’est-ce pas ?

- Oui, je ne la voyais pas mais je sentais sa présence.


Point de vue d’Alaric

C’était beaucoup plus fort que toutes les fois où il m’avait semblé l’entendre.

Je me suis alors redressé sur les oreillers et là, je l’ai vue.

Nous nous regardions sans rien dire en souriant bêtement. J’étais fou de joie. Pour la première fois de ma vie, je me suis senti entier.


Nous nous découvrions, elle et moi, après toutes ces années. Je savais, en la voyant, que je ne pourrais plus la quitter. Jamais.

Après de longues minutes d’un merveilleux silence, j’entendis la voix douce d’Aliénor :

- J’ai tant espéré que ce soit toi...


Puis elle m’a pris dans ses bras... une étreinte si douce que mon corps tout entier s’enveloppa d’une immense quiétude... Nous étions enfin réunis.


A ce moment-là, je ne me suis pas interrogé une seconde sur l’endroit où j’étais et je n’ai même pas pensé au fait que je n’étais pas mort. J’étais au Paradis, c’est sûr et je la tenais contre moi. C’était cela le bonheur.


Aliénor me raconta ensuite le rôle de Bella dans le plan que tu avais imaginé et mis en œuvre, et j’eus la joie de savoir que notre fratrie était plus riche de cinq membres.


La surprise a été encore plus grande lorsque j’appris que Samuel et Blanche se trouvaient ici. Bien sûr, tu m’avais dit, lorsque j’étais enfant, que je reverrai Aliénor... Tu m’en avais fait la promesse... mais le temps a passé et je n’y croyais plus.


Aujourd’hui, j’entends encore les paroles que tu as murmurées à mon oreille. Tu as dit exactement « Je t’ai fait une promesse, tu te souviens ? Tu la retrouveras... tout à l’heure. »

C’était juste avant que je ne perde conscience, après avoir avalé la potion. Je n’ai pas eu le temps de comprendre mais c’est devenu une évidence lorsque j’ai vu Aliénor.


Aujourd’hui, je veux te remercier, Maman. Merci d’avoir sauvé notre frère et nos sœurs humains, merci de m’avoir permis de retrouver ma jumelle et merci de nous avoir tous permis de rester en vie. Je pense que je peux parler en notre nom à tous.


Tous les enfants de Cendre présents acquiescèrent d’un signe de tête, trop émus pour répondre verbalement.

Cendre ne trouva pas non plus les mots devant tant de reconnaissance de la part de son plus jeune fils, et des larmes coulèrent silencieusement sur ses joues...


Elle les avait tous sauvés, bien sûr, mais n’était-ce pas là son rôle de mère ? Tous ces remerciements n’étaient pas nécessaires. Elle les avait protégés, sans rien attendre en retour, juste par amour, l’amour d’une mère.


Mélusine rompit le silence.

- Alors ? J’imagine que tu as fini par rencontrer le reste de notre fratrie ?


Pas immédiatement. J’ai d’abord raconté à Aliénor ma vie dans la crypte. Mais elle en savait déjà beaucoup puisque Samuel et Blanche étaient déjà passés par là. Elle était très enthousiaste, cependant, de connaître mon propre vécu.


Au bout d’un moment, elle m’a dit qu’il faudrait qu’on se décide à rejoindre les autres au salon, mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Nous étions si bien ensemble :

- On vient à peine de se trouver... Ils vont comprendre, tu ne crois pas ?


- En réalité, on a très vite compris et on a abandonné l’idée de vous attendre, n’est-ce pas Blanche ? s’amusa Samuel.

- Oh oui !


Lorsqu’Aliénor et moi sommes finalement descendus, il n’y avait plus personne au salon et il faisait déjà nuit.

- Chacun doit vaquer à ses occupations, m’a-t-elle dit. Nous les retrouverons au dîner.

Nous sommes donc allés au jardin.


Je découvris que, tout comme moi, Aliénor m’avait parfois entendu ou ressenti lorsque nous étions séparés et, tout comme moi, c’était toujours plus intense le jour de nos anniversaires.


- J’ai toujours su que je n’étais pas seule. Depuis toute petite, je t’ai attendu...

- Moi aussi... Je n’ai jamais douté un seul instant que tu étais en vie.


Nous dûmes finalement nous résigner à aller dîner avec les autres. Je découvrais la faim et ce n’était pas très agréable.

Bella me souhaita la bienvenue...


...tandis qu’Aliénor allait s’asseoir et que Samuel et Blanche se levaient pour m’accueillir.


Je te laisse imaginer notre joie de nous revoir.


Une bonne odeur flottait dans la salle à manger.

J’ai fait la connaissance de Geoffroy et de mes sœurs dans une ambiance conviviale et chaleureuse. Le repas préparé par Aliénor en mon honneur était délicieux en plus d’être un remède efficace contre mes maux d’estomac.


Ils m’ont plu tout de suite, chacun à leur manière, et j’étais très heureux de les connaître.


Au fil des jours, je les ai informés des décisions que tu avais prises pour la Vallée et de ce qui avait été décidé pour les humains.

Bella leur avait déjà fait un portrait politique de la Vallée actuelle mais tous avaient été ravis de m’en entendre parler, Aliénor y compris.


Samuel, lui, s’inquiétait pour toi, Isaure.

- Comment va-t-elle ?

- Elle va bien mais elle a peur de perdre au combat et de devoir laisser Ulysse tout seul.


Je n’ai pas pu mentir à Samuel :

- Elle souffre énormément de ta perte. Elle te croit mort, comme nous tous, et elle supporte de moins en moins.


- Elle gagnera contre Clotaire, c’est évident. Il ne fait pas le poids contre elle.


Le jour du combat devant opposer Isaure à Clotaire, nous attendîmes vainement la venue du perdant et l’inquiétude grandit lorsque Bella vint nous rejoindre pour nous dire que Lucas aurait dû être là depuis longtemps déjà.


- Il s’est passé quelque chose. Lucas n’est jamais en retard.

J’ai senti que Samuel était extrêmement anxieux, même s’il essayait de nous le cacher, mais nous savions tous qu’il avait raison, et nos craintes firent rapidement écho à son angoisse.



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