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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 54 - Quand Isaure retrouve Samuel

Cendre et la Vallée Oubliée


Point de vue d’Alaric

Samuel, Blanche et moi étions très inquiets et ne rien savoir nous faisait imaginer le pire. Voilà vingt-neuf heures que Clotaire ou Isaure auraient dû arriver au manoir de Bella... et toujours rien !


Lorsque nous vîmes Lucas arriver avec Gabin dans l’après-midi du deuxième jour, nous eûmes la confirmation que quelque chose avait dû mal se passer.


Nous avions donc décidé de rester près de Gabin afin de l’accueillir et de nous enquérir au plus vite de la situation dans la chapelle.


- Gabin n’étant pas avec nous puisqu’il est allé voir Louise, je laisse l’un de vous trois raconter son arrivée.


Samuel reprit la parole :

- Lorsqu’il s’est réveillé, nous avons été étonnés de constater que Gabin était heureux de nous voir mais il ne semblait pas vraiment surpris.


Point de vue de Samuel sur Gabin

Après les embrassades d’usage qui s’éternisèrent avec Alaric puisqu’ils sont assez proches tous les deux, Gabin a commencé à nous relater l’incident qui a eu lieu dans la crypte.


Nous étions atterrés d’apprendre que Clotaire avait trahi notre mère et qu’il avait été emprisonné après avoir essayé de s’échapper.


Blanche était la plus choquée de nous trois. Nous savions combien elle aimait Clotaire.


Quant à moi, je trouvais qu’il avait eu ce qu’il méritait. La trahison a un prix. Apparemment, la punition a été plus loin puisque Gabin nous informa que Clotaire s’est retrouvé humain en bousculant Lucas qui venait apporter la potion dans la crypte.

C’est ainsi que nous sûmes que tu lui avais proposé de remplacer Clotaire. Et évidemment, Isaure a gagné. J’en étais tout content.


Quand nous avons demandé à Gabin pourquoi il avait accepté de combattre pour une tradition dont on savait tous qu’il la trouvait barbare, sa réponse a été franche et honnête.


- Mère m’a expliqué son plan. Je savais donc qu’Isaure ne risquait rien au cas où elle perdrait ; et je savais également que j’allais tous vous retrouver, de même que j’allais rencontrer mes autres frères et sœurs.


- Et, cerise sur le gâteau, si je perdais, je redevenais humain, ce à quoi j’aspire depuis que j’ai été transformé. Pour moi, il n’y avait que du bon dans ce combat, et je considère à présent Mère d’un œil nouveau.


Je ne connaissais pas beaucoup Gabin car j’avais quitté la crypte très peu de temps après que nous ayons fait sa connaissance, mais il m’a beaucoup plu. Il savait ce qu’il voulait et prenait les bonnes décisions pour lui-même et pour les autres.


Alaric m’avait raconté combien sa vie avait été dure, et je voyais qu’il était heureux pour notre frère devenu humain.


Gabin s’est tout de suite senti à l’aise en tant que tel et il était heureux d’avoir une seconde chance de pouvoir mener une vie « normale ». Il a immédiatement adopté le reste de notre fratrie, et cela était réciproque.


Il avait été transformé à l’âge de vingt-et-un ans uniquement pour échapper à ses conditions de détention chez le Comte Straud, mais, être vampire n’était pas dans sa nature, contrairement à nous.


Il prenait donc énormément de plaisir à retrouver des gestes qu’il n’avait pas oubliés malgré les trente-six années qu’il avait passées dans la vallée.


Nos sœurs organisaient souvent des soirées pyjama dans la crypte de Bella. Ces soirs-là, chacun faisait ce qui lui plaisait et l’ambiance était très décontractée. C’est ainsi que j’ai découvert les talents en mixologie de Gabin.


- Vous vous rendez compte que si je n’avais pas été transformé, j’aurais à présent 53 ans ! C’est une chance inouïe de pouvoir recommencer ma vie humaine à 21 ans, l’âge où j’en ai été privé. C’est comme si toutes ces années à Forgotten Hollow n’avaient été qu’une parenthèse.


- Une parenthèse bien douloureuse quand même, lui avait dit Amandine.


- C’est vrai mais, à présent, je souhaite oublier tout cela.


Son optimisme semble à toute épreuve et j'avoue que je lui envie cette faculté qu’il a de pouvoir rebondir face à une telle situation. Moi, je ne peux pas.


La nuit du dernier combat, celui qui devait opposer Isaure à Mélusine, je n’ai pas beaucoup dormi.

Je pouvais sentir lorsqu’Isaure était en difficulté et lorsqu’elle reprenait le dessus sur notre jeune sœur. Parfois, je ne sentais rien... mais le combat avait l’air interminable.


Puis tout sembla s’arrêter soudainement. Je me suis assis sur le bord du lit et ai regardé la pendule. Il était une heure moins cinq... J’ai su que c’était fini pour Isaure et que je la verrai arriver dans les bras de Lucas, dès l’aube.


J’étais si nerveux que je me suis habillé pour aller faire un tour au jardin.

Dans quelques heures, j’allais la revoir et j’étais tellement survolté que je ne tenais plus en place.


- Et j’imagine que tu l’as accueillie dès son arrivée et que tu étais là à son réveil ?


- Oui et non. J’ai malheureusement oublié que la fatigue était un gros inconvénient chez les humains...


J’étais bien là lorsque Lucas nous l’a amenée, accompagné d’Ulysse Caron... J’étais fou de joie et complètement euphorique de la revoir enfin !


C’est moi-même qui l’ai portée jusqu’à la chambre que Bella lui avait attribuée et je me suis assis près d’elle.


Mais le sommeil me tombait dessus comme une chappe de plomb et je n’ai pas résisté à l’envie de m’allonger. J’ai pensé que ce serait pour quelques minutes mais cela a duré bien plus longtemps...


- Tu n’as donc pas vu ton frère à ton réveil ?

- Oh si ! Mais il dormait comme un loir, s’amusa Isaure.


Point de vue d’Isaure

Je me suis approchée de lui, j’ai même essayé de le réveiller mais il dormait si profondément que je ne suis parvenue à rien.


Alors, j’ai caressé sa joue doucement. Il semblait si paisible.

J’avais du mal à prendre conscience qu’il était vivant et que j’étais accroupie auprès de lui, à le toucher. J’avais l’impression d’être dans un rêve.


Jamais je n’aurais espéré un jour pouvoir vivre cet instant.

J’ai posé ma joue contre son bras. Je pouvais sentir la chaleur de son corps... Je suis restée ainsi contre lui de longues minutes avant qu’on ne frappe à la porte.

L’instant était magique mais je ne pouvais pas le prolonger. Je répondis d’entrer et la porte s’ouvrit sur Alaric.


- Isaure ? Tu es réveillée !

- Alaric ?! Toi aussi, tu es vivant !

J’allais de surprise en surprise.


Je me suis levée à la vitesse de l’éclair, abandonnant Samuel à contre-cœur.


Je pris Alaric dans mes bras. J’avais une foule de questions :

- Et Blanche ? Et Gabin ?


- Ils sont ici eux aussi ! Je suis tellement heureux de te voir ! Nous vous attendons depuis un moment mais, apparemment, Samuel est parti pour faire sa nuit.


- Il n’a pas dormi de la nuit. Il nous a dit qu’il avait tourné en rond à attendre l’heure de ton arrivée, mais son corps l’a rappelé à l’ordre, on dirait. Nous ne sommes plus des vampires.


Alaric me fit un topo détaillé de la situation. J’étais pantoise face à de telles révélations... savoir que tu avais sauvé tous tes enfants, Maman... et que j’allais revoir Geoffroy...


Il était si mignon et si petit lorsque nous avons cru, Samuel et moi que tu le destinais à une mort certaine. Cela nous avait bouleversés.


Alors, le revoir si grand, en vie et en bonne santé m’a émue comme je n’aurais jamais pensé l’être.


Le reste de la fratrie m’a accueillie à bras ouverts comme cela a été le cas pour tous avant moi. Gabin s’était mis en retrait pour me laisser faire connaissance de tout le monde mais je l’avais vu qui me regardait. Il semblait très heureux.


Je le pris dans mes bras comme je l’avais fait pour Alaric et Blanche. Comme c’était bon de tous se revoir. Je n’en reviens pas que c’était il y a trois jours à peine...


Dans l’après-midi, j’ai discuté au jardin avec une partie de la fratrie. J’étais passée voir Samuel mais il dormait toujours.


Dans le jardin de Bella, il y avait un magnifique arbre à fruits de sang que je me suis mise à admirer en pensant que, plus jamais, je ne pourrai boire ses délicieux fruits, et j’ai réalisé que je regrettais déjà ma vie de vampire.


Je n’ai pas eu le temps de m’appesantir sur ma nouvelle condition humaine car Blanche est arrivée pour m’avertir que Samuel avait refait surface.


Je m’apprêtais à le rejoindre lorsque je le vis arriver en courant vers moi.


Il m’arriva dessus... Son élan était si enjoué qu’il a manqué de me faire tomber à la renverse.

- Isaure... tu es là... C’est bien toi...


Je me blottis contre lui, mon frère, mon jumeau, celui que j’avais cru avoir tué il y a si longtemps. Il était là et me serrait contre lui avec tout cet amour qui m’avait manqué... et son corps me berça.

- Samuel...


- C’est fini... On est ensemble maintenant... Ne pleure plus, m’a-t-il dit.

Mais je pouvais sentir ses propres larmes mouiller ma chevelure...


- Samuel... je t’ai cru mort...

- Je sais...


Nous avons passé le reste de l’après-midi ensemble. Samuel avait quelques corvées à accomplir mais je ne voulais pas le lâcher. Nous étions si bien.


Je lui ai raconté que j’avais trouvé en Ulysse l’homme de ma vie, mon Unique, et lui ai énoncé à quel point il me rendait heureuse.

- Un Unique ? Il ne va pas me détrôner dans ton cœur, j’espère ?

- Il ne prendra pas ta place, ne sois pas jaloux comme ça.


- Mais je n’étais pas jaloux du tout !

- Bien sûr que si !

- Pour tout te dire, je suis même très heureux !


- Tu es très heureux mais tu es jaloux !

- Peut-être un petit peu... mais j’arriverai à vivre avec !

- Ah tout de même ! Tu le reconnais !


- J’espère que les portes de la Vallée vont réellement se rouvrir, sinon nous serons coincés à jamais ici et je ne reverrai plus Ulysse. Il était si désespéré lorsque j’ai perdu. Il croyait que j’allais mourir. J’aimerais qu’il sache que je vais bien.


- Il le sait.

- Il le sait ?

- C’est lui qui t’a amenée ici. Mère et Lucas l’ont mis dans la confidence.


- Quand est-ce que Mère et Lucas doivent s’épouser ?

- Après-demain, dans la nuit.

- Nous saurons très vite si les portes vont se rouvrir ou non, dans ce cas.


- La seule chose qui pourrait empêcher leur ouverture est que Maman ait voulu nous garder tous en vie.

- Mère sait ce qu’elle fait. Les portes vont s’ouvrir.


Cette nuit, Bella nous a laissés pour assister à votre mariage et, deux heures plus tard, nous eûmes la certitude que les portes de la Vallée s’étaient ouvertes.

Une merveilleuse aurore boréale emplissait le ciel d’une lumière étonnante. Nous étions tous sans voix devant ce phénomène inattendu.


Bella rentra quelques temps plus tard pour nous annoncer que tu nous attendais, Samuel, Blanche, Alaric, Gabin et moi, à la chapelle, Maman.


Comme tu le sais, Gabin s’est excusé.

Lorsque Louise est venue libérer le manoir de son dôme magique, il n’a pas pu résister à l’envie de la raccompagner, et nous, nous sommes arrivés.


- Et nous voilà tous autour de toi !

Cendre reprit la parole :

- J’ai eu grand plaisir à connaître vos histoires à tous et je tiens à vous dire que je suis fière de vous tous et de la façon dont vous avez accueilli votre nature humaine. Je devine que cela n’a pas été facile pour tout le monde.


Elle prit une inspiration avant de continuer :

- Mais si aujourd’hui, vous connaissez vos frères et sœurs, ni Mélusine, ni moi ne les connaissons, et il est grand temps de remédier à cela...


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