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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 55 - Propositions

Cendre et la Vallée Oubliée


Cendre et Mélusine se changèrent puis s’envolèrent jusqu’au manoir de Bella. Cette dernière s’était éclipsée pour laisser la Grande Maîtresse rencontrer ses enfants.


Il n’y eut pas d’effusion de sentiments car il fallait d’abord apprendre à se découvrir. Cendre et Mélusine passèrent le reste de la nuit à discuter avec les enfants humains.


Mélusine s’était tout de suite trouvée des affinités avec Geoffroy et avait été ravie que son seul frère issu du même père caressait le désir de devenir vampire.

- Je peux t’arranger ça, si tu veux.


En entendant cela, Cendre avait proposé à ceux de ses enfants qui le souhaiteraient et, à condition que leur décision soit mûrement réfléchie, de les transformer en vampire.

Aucune de ses filles n’avait été tentée par la proposition mais Geoffroy accepta immédiatement. Bella confirma plus tard à Cendre que Geoffroy en rêvait depuis tout petit.


La soirée se termina dans la bonne humeur et tous promirent de ne pas passer trop de temps sans se voir. Les cinq enfants humains de Cendre venaient de trouver leur mère, des liens aussi minimes soient-ils commençaient à se créer et il n’était pas question pour eux qu’ils se perdent.


Peu avant le lever du jour et, alors qu’elle venait d’annoncer qu’elle devait s’en aller, tous ses enfants embrassèrent Cendre.


Et si l’émotion avait été absente lors de son arrivée, son départ fut chargé d’amour filial et d’affection profonde.


Mélusine aussi se laissa prendre au jeu des embrassades.



 

Ce soir-là, Gabin avait préféré laisser sa fratrie pour rentrer avec Louise.


Même s’il n’avait laissé sa tendre moitié que depuis une dizaine de jours, elle lui avait énormément manqué.


Mais Louise avait du travail car elle avait promis à Cendre de fabriquer quelques potions de son cru pour lui permettre de réaliser ses projets.


- Je suis impressionné. Je ne savais pas que tu étais capable de faire ça. Je ne t’avais jamais vue à l’œuvre.


- C’est une question de pratique. Je suis capable de beaucoup de choses. Dire que lorsque je suis venue retrouver mon Maître, je ne savais presque rien faire...

- Tu prépares quoi, au juste ?


- Oh... quelques potions qui vont faciliter la vie à beaucoup de personnes... et peut-être même à toi !

- Tu m’intrigues... mais je ne sais pas si je dois m’en réjouir.


- Je ne suis pas très tenté par ta mixture. La dernière fois que j’ai avalé une de tes potions, elle avait un goût abominable.


- Les potions ont toujours un goût affreux, mais si tu es si délicat que cela, je pourrai y rajouter un sirop de fruits quelconque, ironisa gentiment Louise.


- Ne te moque pas ainsi. Je n’ai pas besoin de sirop. Dis-moi plutôt quel genre de potion tu veux me faire avaler. Tu sais que je suis humain, maintenant.

- Oh mais oui ! Ne te soucie pas pour ça. Je te dirai bientôt de quoi il s’agit.


- Et voilà ! J’ai terminé. Il n’y a plus qu’à mettre tout ça en flacons. Tu m’aides ?


- Après avoir rempli les fioles de potion, Louise s’assit près de Gabin. Ma question va te paraître très directe mais... à quel point m’aimes-tu ? Es-tu prêt à passer ta vie auprès de moi ?


- Bien sûr, quelle question ! Tu sais bien que je t’aime, mon amour.

- Gabin... si je te demande ça, c’est parce qu’il faut que tu sois conscient que, même si tu as vingt-et-un ans aujourd’hui, tu mourras de vieillesse avant moi. Les sorcières vivent bien plus longtemps que les humains. Notre vie commune risque aussi d’être très longue.


- Ma chérie... qu’est-ce que tu essayes de me dire ? Je t’aime. Je suis prêt à t’aimer toute ma vie.

- J’aimerais savoir si, le moment venu, tu serais prêt à avaler une potion de jeunesse pour que l’on puisse vieillir ensemble.


Gabin n’avait pas répondu et il avait aidé Louise à remonter toutes les potions à l’étage.

- Et bien voilà, tout est là.

- C’est un de ces breuvages que tu aimerais que je prenne ?

- Non, ceux-ci ne sont pas pour toi.


- Me voilà rassuré. À quoi vont-ils servir ?

- Dans les flacons, se trouve la potion d’âge éternel. Elle permet à un humain de cesser de vieillir et de rester éternellement à l’âge qu’il a. Cela peut être utile pour le compagnons humain d’un vampire, par exemple. Son action est irréversible. Je n’ai pas encore trouvé de solution pour en inverser les effets.

- Et dans les verres à cocktail ?


- Ces verres sont destinés aux vampires qui souhaitent sortir en plein jour. La potion leur permettra de résister définitivement aux rayons du soleil.

- Impressionnant... La magie fait des miracles... Et cette décoction vert fluo ? Qu’est-ce que c’est ?


- Cette potion-là est particulière. Elle est pour la Grande Maîtresse.

- Pour ma mère ? Et quels sont ses effets ?


- Cet élixir permet à un vampire qui le boit de pouvoir transformer en vampire un humain qui a déjà été vampire. Sans lui, un vampire devenu humain ne peut pas redevenir vampire.

- Incroyable... Mère veut nous retransformer...

- Non. Elle veut vous le proposer.


 

Cendre et Lucas avaient réuni quelques jours plus tard ceux des enfants de Cendre qui avaient été autrefois vampires.

Mélusine était également présente, accompagnée de Ladislas, son tendre ami, qui était surtout un allié de poids pour Cendre qui avait de grands projets d’alliance avec les humains.

Ulysse, le fiancé d’Isaure, faisait lui aussi partie des invités à cette réunion informelle.


Cendre avait alors proposé à tous les humains présents de les transformer afin qu’ils redeviennent ce qu’ils étaient à la naissance : des vampires.


Ulysse s’était étonné :

- Comment est-ce possible ? Un vampire qui boit le remède ne peut théoriquement plus retrouver sa nature une fois devenu humain.


- Théoriquement est le mot juste, mon cher ami, avait répondu Lestat. C’est pourquoi nous comptons sur votre discrétion à tous pour ne rien dévoiler de ce qui se dit ici.

- Alors, c’est possible... avait murmuré Samuel, le regard plein d’espoir.


La proposition avait également été faite à Ladislas Baillol, dans l’hypothèse où ce dernier aurait envisagé de changer de vie mais il avait timidement décliné l’offre avant que Mélusine ne prenne la parole :

- Ladislas n’a jamais désiré être un vampire. Il a déjà refusé que je le transforme.


- Parfait, avait dit Cendre. Nous ne sommes pas là pour obliger quiconque.

- Merci Maîtresse. J’avoue que je n’aurais pas été très à l’aise avec ça. Je suis fier d’être humain et je compte le rester.


Samuel regarda sa mère :

- Moi, ce que je trouve très intéressant, c’est cette opportunité qui s’offre à nous. Peut-on savoir comment ce cas de figure impossible depuis des siècles peut se trouver réalisable aujourd’hui ? Dans la mesure, bien sûr, où tu ne trahis aucun secret, Mère...


- J’ai confiance en toutes les personnes qui sont ici, Samuel. Vous transformer devient possible grâce au talent de Louise. Elle a concocté une potion qui, lorsque je l’aurais bue, me permettra de vous rendre votre vraie nature. J’imagine que tu vas accepter.


- Tu me connais bien, Mère. Il me tarde de redevenir celui que j’étais.


- Et bien, ce sera sans moi ! avait clamé Blanche d’un air décidé. Si Samuel a envie de remettre ça, ce n’est pas mon cas. La vie humaine me convient très bien.


- C’est une proposition, Blanche, pas une obligation. Il n’est peut-être pas nécessaire de s’exprimer de façon aussi virulente. Remettre ça ? Mais tu es née ainsi, ma fille, alors ne m’offense pas, s’il-te-plait.


- Désolée, Maman. Mais j’avais trop peur que tu ne veuilles me convaincre alors que je n’en ai aucune envie.


- Mère ne ferait pas une chose pareille, dit Gabin. N’est-ce pas, Mère ?

- Ce n’est pas mon intention, je l’ai déjà dit. Vous êtes tous libres de faire vos choix, tout comme vous serez libres de changer d’avis dans quelques jours, quelques semaines ou quelques années. Et toi, Gabin ? As-tu déjà fait ton choix ?


- Oui. Je reste humain. Je suis trop heureux de l’être à nouveau et d’avoir cette chance de recommencer ma vie. Je ne changerai ça pour rien au monde. J’espère que je ne vous déçois pas.


- Pas du tout. Je dois admettre que je m’attendais un peu à cette réponse. Tu es né humain et il me paraît naturel que tu aies envie de le rester. Tu ne me déçois pas. Aucun de vous ne me décevra, peu importe son choix.


- Et toi, Isaure ? lança subitement Samuel. Tu n’as encore rien dit...


Isaure regarda Ulysse :

- Je veux passer mon éternité auprès de cet homme-là et auprès de toi, Samuel...


- Ma vie est celle d’un vampire et je ne l’imagine pas autrement. Alors oui, je veux être transformée. Plutôt deux fois qu’une.


Cendre était ravie de la décision d’Isaure.

Les conversations allaient bon train mais personne n’avait encore entendu l’avis d’Alaric, lorsque sa mère lui demanda ce qu’il comptait faire.


- Je n’en sais rien du tout ! Voilà le problème ! Je ne sais pas que faire.


- J’aime être un vampire et, même si la vie humaine est très plaisante, je ne me vois pas passer le reste de mon existence, humain. Ce n’est pas moi...


- Alors pourquoi cette indécision si tu sais que tu ne serais pas pleinement heureux en restant humain ?


- C’est Aliénor, n’est-ce pas ?

- Oui... Elle ne veut pas devenir vampire et je la comprends... mais je ne n’envisage pas non plus de la perdre...


- Si elle reste humaine et que je redeviens vampire, elle vieillira et je la verrai mourir. L’idée est insupportable.


- Louise a plusieurs solutions pour les humains qui souhaitent vivre aux côtés d’un vampire : une potion de jeunesse et une potion d’âge éternel. La première permet de rajeunir puis de poursuivre le cours de sa vie en vieillissant naturellement. La seconde arrête définitivement votre vieillissement à l’âge où vous la buvez. Vous pourrez toujours mourir, mais pas de vieillesse. Voilà, vous avez, tous, toutes les données en main.


- Ben voilà ! Ça pourrait être une bonne solution pour Aliénor et toi !

- Il va falloir que je lui en parle. Je prendrai ma décision ensuite. Nous n’avions jamais envisagé que je pourrais redevenir vampire, Maman.


- Prends ton temps, Alaric. Si tu n’es pas transformé en même temps que les autres, ce n’est pas très grave. Prends tout le temps que tu voudras.


- Pour les autres, les transformations auront lieu à la fin du mois, ici-même à vingt-trois heures.


- Préparez-vous à souffrir un peu. C’est une chose de naître vampire, c’en est une autre de se faire transformer.


- Ça ne pourra pas être pire qu’une transformation en humain... et, du moment que je retrouve mes canines, je suis prêt à tout.


 

Jessie n’avait jamais dit à son mari que la Grande Maîtresse lui avait avoué avoir ôté son esprit de vie des années auparavant mais, lorsqu’elle le fit, ce fut pour constater qu’il savait déjà tout.

- Comment ça, tu es au courant ?

- Et bien... tout le monde le savait, à l’époque...

- Ce n’est pas une réponse, ça, Caleb.


- Tu m’as épousée en sachant que j’avais déjà une famille ? En sachant que je ne pouvais pas me la rappeler ? Je n’arrive pas à le croire !


- Je t’ai épousée bien des années après cela. Je t’aimais. Je t’aime encore de tout mon être. Tu es mon Unique, Jessie. Que comptes-tu faire ?


Jessie n’avait pas répondu. Elle était très en colère après Caleb et elle entendait bien le lui faire savoir.


Oh oui, elle était en colère. Comment son mari, l’être en qui elle avait le plus confiance, avait-il osé lui cacher une information de cette importance ?


Caleb la laissa déverser sa rage puis, lorsqu’elle se fut calmée, il osa un :

- Je suis désolé. Je ne pouvais pas trahir Cendre et j’ignorais qu’elle t’aurait tout dévoilé. Ce n’est pas une excuse, mais je suis tout de même désolé.


- Que penses-tu faire, maintenant ? Vas-tu vouloir récupérer ton esprit de vie, ta mémoire ?

- Je ne sais pas du tout ! Je ne me souviens pas d’eux ! Je ne sais même pas où ils sont, ni à quoi ils ressemblent.


- Je peux faire des recherches et mener ma petite enquête. Ça te laissera le temps de prendre une décision. Qu’est-ce que tu en dis ?

- Je ne sais pas, Caleb... Je t’avoue que je suis un peu perdue... J’ai deux familles, tu te rends compte ? Deux maris et deux fils... qui choisir ?


- Je serai toujours auprès de toi, Jessie. Quoiqu’il arrive et quoique tu fasses. Je pense qu’il est important que tu le saches.

- Tu veux réellement mener une enquête ? Tu les retrouverais pour moi ?


- Bien sûr. Tout ceci est un lourd fardeau pour toi. Il faut que tu règles cette question.

- Très bien. Alors commence par interroger notre Maîtresse. Je lui ai forcément dit quelque chose avant de perdre la mémoire. Elle sait peut-être où j’habitais, ou mon nom de famille.


- Je le ferai.

- Tu sais... j’aimerais au moins les voir. Ensuite, j’aviserai.


- Je vais les retrouver. Je te le promets.


 

- Une potion de jeunesse ? Ça parait incroyable. Et elle nous permettrait de rester éternellement ensemble ?


- Oui. Et c’est ce que l’on souhaite, non ?

- On souhaite rester ensemble, Alaric, mais l’éternité n’était pas prévue au programme.


- Je le sais bien mais je n’avais pas prévu non plus de redevenir vampire, et je ne veux pas te perdre prématurément dans cinquante ans.


- Cinquante ans ? Mais je compte bien vivre encore soixante-dix ans, et même plus ! Il faut que j’y réfléchisse. Je ne peux pas me décider maintenant. Je suis humaine et une humaine n’a pas la vie éternelle. Cette idée ne me plait pas trop.


- Dans ce cas, je resterai humain et je vieillirai près de toi.


- Je ne veux pas que tu fasses une chose pareille. Tu irais contre ta nature de vampire si tu n’acceptais pas cette transformation et je ne veux pas être responsable de ton malheur.


 

- Alors ? Qu’est-ce que tu as décidé ? Tu vas prendre une de ces potions ou non ?


- Sans hésiter. Tu comptes pour moi plus que tu ne peux l’imaginer. Je boirai la potion d’âge éternel mais il y a une condition à cela.


- Tu poses tes conditions, maintenant ? Je peux savoir ce qu’il t’arrive ?


- Mélusine, si je dois vivre d’une jeunesse éternelle, je veux que ce soit une longue et belle éternité avec toi.


- Veux-tu être ma vampirette rien qu’à moi et m’épouser ?

Mélusine était sous le choc, loin d’imaginer que son amour avait de tels projets pour eux.


Elle regarda Ladislas sérieusement :

- Et si je disais non ? Tu me forces un peu la main, non ?


Le jeune homme leva les yeux au ciel :

- Pourquoi compliques-tu toujours les choses, même dans un moment pareil ?...


- La plupart des gens se contenteraient d’un oui ou d’un non... mais, pour répondre à ta question, si tu dis non, je ne boirai pas la potion.


- Oh mais bien sûr que je veux t’épouser ! Je t’aime ! fit-elle en le prenant dans ses bras.


- Moi aussi, je t’aime, mais si tu m’avais dit non, je t’aurais quittée.


- Mais je ne t’aurais pas laissé faire, mon amour.


- J’y compte bien. Tu es tout pour moi.


 

- Tu habitais près du marché des épices, à San Myshuno, dans un petit deux pièces. Ton mari s’appelle Arun Bheeda et ton fils Charlie. Arun est resté à San Myshuno. Il vit aujourd’hui dans le quartier chic avec Charlie, les appartements Alto, au douzième étage.


- Alors tu as réussi... tu les as retrouvés... Comment sont-ils ?

- Vieux.


- Arun ne doit pas être loin des soixante-dix ans et ton fils près des cinquante. Il est marié et a deux filles qui s’appellent Hannah et Line.

- Je suis grand-mère ?


- C’est ce qu’on dit dans un cas comme celui-ci, oui.

- Et Arun ? Tu crois qu’il a été heureux ?

- Il semblerait. Il s’est remarié sept ans après ta disparition et n’a jamais divorcé. Sa femme est morte l’année dernière.


- Pauvre homme... Il faut que je les vois. Peut-être que les souvenirs me reviendront.

- J’en doute et je trouve que c’est une très mauvaise idée. Ces gens sont heureux et tu vas faire l’effet d’un tsunami dans leurs vies.

- Quel âge ont mes petites filles ?


- Hannah a vingt-cinq ans et Line en a quatorze


- Hannah est née l’année de notre mariage... l’année où notre Maîtresse a fait de moi un vampire...


- Je n’irai pas à la chasse avec vous cette nuit. Je pars à San Myshuno. J’ai besoin de les voir.


- C’est complètement délirant. Je suis sûr que tu fais une grosse erreur.

- Caleb, s’il-te-plaît, respecte mon choix et préviens Giuseppe.


- Ne pars pas le ventre vide, au moins !

- Ne t’inquiète pas...


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