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G6/ Chapitre 11 - Petites cachotteries en famille

  • Photo du rédacteur: Nathalie986
    Nathalie986
  • 31 mai 2024
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 juin 2024


Ce matin-là, Christian m’accompagna jusqu’aux toilettes. J’étais de plus en plus malade, chaque matin, et il imaginait que j’étais enceinte. Il m’avait acheté un test de grossesse et voulait que je le fasse.

-          Alors, tu le fais, ce test ?

-          Ma première grossesse ne s’est pas passée comme ça. J’étais malade toute la journée. Je te dis que je ne suis pas enceinte.

-          Les grossesses sont différentes, d’une fois sur l’autre. C’est ce que disent tous les médecins, non ?

  

-          Et si je n’étais pas enceinte ? J’ai l’impression que tu serais très déçu.

-          Jamais. Mais de toute façon, je sais que tu attends notre bébé.

  

-          Mais comment peux-tu dire une chose pareille ?

-          Je ne sais pas. Je le sens, c’est tout. Tu es enceinte. Alors ? Tu le fais ce test ?

  

-          D’accord, je le fais. Mais tu me promets de ne pas être déçu si le test est négatif.

-          Je te le promets. Tu y vas ?

  

-          Tu es obligé de rester là ? J’arrive pas à faire pipi...

-          Cassandre ! Fais le test !

  

Mon mari, n’ayant apparemment pas l’intention de quitter la pièce, je m’exécutai. Le test était positif.

-          Tu avais raison ! Je suis enceinte ! Nous allons avoir un bébé.

-          Je le savais ! Tu prétendais le contraire, mais ton corps t’a trahie.

  

-          Et ce petit ventre rond, si adorable, me prouve encore que j’étais dans le vrai.

J’étais heureuse, si heureuse d’attendre un enfant de Christian, et de donner un petit frère ou une petite sœur, à Léandre.

  

Le lendemain, j’annonçai la nouvelle à Maman.

-          Je suis enceinte, Mamounette !

-          Quoi ? Mais c’est inespéré !

  

-          Et pourquoi ça ?

-          Inespéré pour moi, mon ange. Plus le temps passe, et plus j’approche de la fin.

  

-          Mamounette, qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’es quand même pas en fin de vie !

-          Je me sens bien, mais je n’en sais rien. J’ai déjà beaucoup vécu, tu sais. J’espère juste connaître mon autre petit-enfant.

  

Les paroles de Maman m’avaient bouleversée, mais j’essayais de ne rien en laisser paraître.

-          Mamounette, je t’aime tant. Bien sûr que tu vas le connaître. Et arrête de dire des bêtises ! Tu lui raconteras des histoires, tout comme tu le fais avec Léandre.

  

Maman avait une façon bien à elle de raconter les histoires car elle ne contait jamais à Léandre ce qu’il était écrit dans ses livres de bambins. Elle lui racontait l’histoire de la famille Chevalier.

-          Han ! Ils sont tous morts, Mamie ?

-          Non. Mais ils se retrouvèrent dans une ville, et une petite maison qu’ils ne connaissaient pas. La maison était toute petite. Même leur apparence avait changé. Ils se retrouvaient vêtus de vêtements très simples, et coiffés de coiffures tout aussi simples.

  

-          Ça veut dire qu’ils ont perdu tout l’argent qu’ils avaient, et qu’ils sont pauvres maintenant ?

-          Oh oui ! Ils n’avaient plus rien. La maman de Perrine s’est alors mise à hurler de désespoir.

  

-          Bien fait ! Elle était pas gentille, de toute façon.

-          Ils ne comprenaient pas ce qui leur arrivait. Alors, ils décidèrent d’allumer la télé.

  

Christian m’avait rejoint à la cuisine :

-          Hum, ça sent bon !

-          Oui, je sens que mon curry va être particulièrement réussi !

  

-          Tu entends les histoires que raconte ta mère ? Je ne sais pas où elle va chercher tout ça.

-          Elle a toujours eu beaucoup d’imagination.

  

-          En tous cas, Léandre adore. Il est même captivé. Ma chérie, tu sais que tu es très belle avec tes cheveux lâchés.

-          Merci mon amour.

  

-          J’espère que tu vas les garder comme ça.

-          C’est mon intention. Pourquoi crois-tu que je les garde ainsi depuis notre mariage ?

-          Parce que je t’ai dit que tu étais magnifique. Et tant mieux ! A bat tes vilaines couettes !

-          Christian ! Je te rappelle que tu es tombé amoureux de moi alors que j’avais des couettes !

  

-          C’est vrai mais tu es une vraie femme maintenant, et tu es tellement mieux sans elles.

  

Le temps s’écoulait tout doucement sur notre petite vie familiale, une vie pleine d’amour dans laquelle j’étais entourée de ma mère, de mon fils, et de mon mari.

 

Ce matin-là, j’étais avec Maman dans le salon.

-          A ton avis comment ça va se passer ? J’ai toujours cru que Léandre serait mon héritier mais maintenant que je suis enceinte...

-          Si tu as une fille, c’est elle qui deviendra l’Elue, sauf si elle refuse. Et si c’est un garçon, Léandre deviendra l’Elu, car il est l’aîné.

 

-          Dans ce cas, nous verrons bien.

-          Rien ne presse. Ne te torture pas avec ça, maintenant. En général, les choses se font naturellement.

  

-          Tant mieux. Je n’aimerais pas que mes enfants se chamaillent plus tard à cause de ça.

-          Ne t’inquiète pas. Il y a peu de chance pour que ça arrive.

  

Maman s’était remise à jouer du piano. Elle emplissait le salon d’une musique douce, tandis que Christian s’amusait avec Léandre...

  

Je m’étais isolée à l’étage, car j’avais décidé d’écrire à mon tour ma biographie, comme tous les élus de la famille. Il me fallait du calme et du silence. J’intitulai ce premier livre « Mon expérience à la Fac ».

Je voulais montrer aux futures générations qu’il était possible de mener une vie normale, tout en étant l’Elue.

 

Mais pouvais-je prétendre que cette vie était normale alors que je cachais à mon mari cette facette de ma vie ?

  

Nous filions le parfait amour, allions avoir un bébé, et pourtant, ne rien lui dire, c’était lui mentir.

  

Maman m’avait fait promettre de n’en rien faire, en souvenir de ma tante Céline, mais plus le temps passait, et plus je culpabilisais. Et que dirais-je à mes enfants ? De mentir à leur père sur notre famille ?

 

A la fin de ce mois-là, nous fêtions l’anniversaire de Léandre. J’étais au dernier trimestre de ma grossesse, et il me tardait vraiment que le bébé arrive. Heureusement, Maman m’avait aidée à tout préparer.

 

Lilith avait accouché il y a quelques temps d’un adorable petit garçon. Elle n’était plus enceinte mais je la trouvais toujours aussi affamée que pendant sa grossesse.

 

Il était maintenant temps pour Léandre de souffler ses bougies. Nous avions réuni pour l’occasion notre seule famille composée de Corentin et de sa femme Lilith et, par extension d’Aldéric, Angela et de leurs enfants Maewenn et Yann. Corentin et Lilith n’avaient pas amené Antonin car il était encore trop petit pour se joindre à une fête.

  

Léandre avait soufflé toutes ses bougies.

 

  

 

Léandre était venu me faire un gros câlin, puis était parti discuter avec son père.

 


  


 

Depuis la fin de nos études, nous allions régulièrement, Christian et moi, donner un coup de main à la boulangerie.

 

Après la mort de Papa, Maman avait engagé un boulanger-pâtissier, car, bien qu’elle pratiquât la pâtisserie et les recettes de mon père, elle était loin d’arriver à sa hauteur.

  

Mais Maman n’avait pas fait que cela. Après les décès de Karl et Louis, il ne restait plus qu’Éric Roussel. Maman avait donc engagé deux nouvelles employées, la première étant Becca Clark, une copine de Britechester.

-          Cassie ! Tu travailles là, toi aussi ?

-          Non, cette boulangerie est celle de ma mère.

  

La deuxième employée était une certaine Elodie Vatore. Je ne la connaissais pas mais elle m’avait l’air très compétente.

  

Becca était amie avec presque tous les clients qui entraient. Cela pouvait être un atout pour nous, mais cela la distrayait aussi de ses autres tâches. Je ne pus m’empêcher de lui en faire la remarque. Elle n’apprécia pas du tout. Mais peu importe... Je protégeais l’affaire de Maman. Et Eric était mon allié. Lui aussi m’aidait. Il était fidèle à ma famille.

  

Un soir, après le dîner et la soirée télé, nous nous retrouvâmes, Christian et moi dans notre chambre. Je n’en pouvais plus. Je voulais accoucher. Mon mari travaillait, et moi je continuais à aider à la boulangerie. Je désirais un autre travail, un vrai. Mais étant enceinte, il m’était difficile de trouver.

-          La boulangerie, ça ne me plait pas. J’ai envie d’arrêter.

-          Pourquoi ne le dis-tu pas à ta mère ?

  

-          Elle ne comprendrait pas. C’était leur truc à Papa et à elle.

-          Et c’est quoi, ton truc à toi ?

-          J’aimerais devenir un grand chef et ouvrir un jour mon propre restaurant.

-          Tu as les fonds pour ça ?

  

-          Bien sûr, mais je ne peux pas décevoir Maman.

-          Tu devrais lui en parler.

-          Elle va être déçue. La dernière fois que je suis allée à la boulangerie avec mon père, il me voyait déjà prendre leur relève.

-          Dans ce cas, continue à l’aider à la boulangerie, et cherche un emploi de chef à côté.

  

-          Tu crois ? Ça risque de faire beaucoup, non ?

-          Si tu arrives à mener les deux de front, tu ne décevras pas Linette.

 

-          Mais te rends-tu comptes que le métier de chef est très prenant ? Jamais, je ne pourrai concilier les deux.

-          Alors, il faut en parler à ta mère. Contrairement à toi, moi je suis certain qu’elle ne t’en voudra pas. Et ce serait quand même dommage de mettre ton beau rêve de côté.

  

-          Tu as raison, je vais lui parler. Mais j’espère que tu ne te trompes pas, et qu’elle ne va pas m’en vouloir.

-          Ma chérie, ta mère veut que tu sois heureuse. Donc, je ne me trompe pas.

  

Le lendemain matin, Maman arriva dans la cuisine, alors que je préparais le petit déjeuner :

-          Hum, c’est quoi cette bonne odeur ?

-          Du pain perdu.

-          Je sens qu’on va se régaler.

-          Mamounette, je voudrais te parler d’une chose...

  

-          Je t’écoute, ma chérie.

-          Voilà, je compte travailler dès que le bébé sera né...

  

-          C’est une très bonne chose. Mais pourquoi as-tu l’air si embêtée ?

-          Parce que je serai moins disponible pour t’aider à la boulangerie.

  

 

 


Je voyais bien que Léandre s’attristait de la nouvelle mais il s’y ferait. Il n’était pas le premier enfant à avoir deux parents qui travaillent.

 

 

  

 

 


  

 

 

 

Quelques jours plus tard, nous fêtions les quarante ans de Christian. J’avais réuni tous ses amis. Seuls Corentin et Lilith n’avaient pas pu venir car leur petit Antonin était souffrant. Inès, qui était, tout comme moi, à son troisième trimestre de grossesse, avait accepté de rempiler comme mixologue pour l’occasion. Maman s’était installée au piano et Léandre, qui avait déjà souhaité un bon anniversaire à son père, s’était réfugié dans sa chambre pour jouer. Il y avait beaucoup trop d’adultes à son goût. Et pour cause, c’était une soirée entre adultes.

  

Alexis et Alexandra avaient fait garder leur petite Violette tout comme Aldéric et Angela avec les jumeaux. Raphaël, Henri, Mathieu et Jade n’ayant pas d’enfant, le problème ne s’était pas poser à eux. Quant à Daniel, le meilleur ami de Christian, il était venu avec sa femme Cyrielle, enceinte, elle aussi, bien que moins avancée qu’Inès et moi.

 

 C’était le grand moment. Mon mari allait devenir quadra...

  

 

  

Lilith nous avait rejoints au cours de la soirée. Elle avait laissé Antonin avec Corentin.

 

Tout le monde s’était rapproché du bar.

  

 

  

Maman s’était rapprochée de ses platines.

 

Christian, Jade, Daniel et Mathieu avaient investi la piste de danse.

 

La soirée d’anniversaire de Christian se termina au petit matin dans une ambiance du tonnerre et après quelques verres de nectar.

 

Christian avait décidé de se reprendre en main, et il faisait à présent deux heures d’activité physique par jour.

 

De mon côté, je m’étais lancé très sérieusement dans la recherche d’un emploi, et je passais mon temps à envoyer des curriculums vitae et des lettres de motivations, à tous les restaurants du coin.

 

Maman, quant à elle, continuait à lire à Léandre l’histoire de notre famille.

-          Ce jour-là, Michèle et Bastien rentrèrent à la planque pour annoncer une grande nouvelle aux filles. Linette et Céline étaient en train de prendre leur petit déjeuner dans la cuisine.

 

-          Tout est fini, leur dit Bastien. Nous allons pouvoir tous retourner dans nos maisons. Tous les méchants sont en prison. Ils ne feront plus jamais de mal à personne.

-          Mamie ? Tu ne trouves pas bizarre que la petite fille de l’histoire s’appelle comme toi ?

 

-          Peut-être pas tant que ça. Tu devrais aller en parler à ta maman.

 

Léandre ne vint pas me voir le jour-même, mais quelques jours plus tard. Il me dit avoir réfléchi à ce que lui avait dit sa mamie, et a réalisé que l’histoire qu’elle lui contait était peut-être une histoire vraie.

-          Tu es très intelligent, mon grand... Ce n’était pas évident de trouver ça tout seul.

-          C’est l’histoire de notre famille, c’est ça ?

 

-          Oui. Une histoire qui a eu des hauts et des bas. Mais aucun d’entre nous ne lâche rien, pour réussir la mission.

-          C’est tellement dingue. J’ai souvent entendu parler de la Prophétie de l’Elue, à l’école, mais je ne savais pas que c’était nous.

 

-          Personne ne doit le savoir. Il en va de notre vie. Même Papa n’est pas au courant.

-          Mais pourquoi ? Ce serait normal qu’il sache, non ?

 

-          Parce que je ne lui en ai pas encore parlé. Et c’est à moi de le faire, tu comprends ?

-          D’accord. Je ne dirai rien.

 

-          Alors dis-moi, qu’est-ce qui t’a mis la puce à l’oreille ? Comment as-tu su que c’était une histoire vraie ?

-          Ça a commencé parce que la famille de l’histoire a le même nom de famille que nous. Et que celui qui les a écrites s’appelle Olivier Chevalier.

 

-          Olivier était le frère de ma grand-mère, Michèle.

-          Oui. C’est ce que j’ai compris quand Mamie a avancé dans l’histoire. Et là, elle est en train de me lire le dernier livre « Michèle, l’agent secret ». Et il est question de Linette Chevalier. Et j’ai vu à quel point elle était émue en me lisant certains passages...

 

-          Oui, ça peut se comprendre. Ta mamie a vécu plus de deux ans loin de sa maison lorsqu’elle était petite fille. Ça a été très dur pour elle.

-          C’est ce qu’elle m’a lu. Je sais aujourd’hui que l’histoire s’est bien terminée et que les méchants ont été arrêtés. Maman ? C’est Mamie, l’Elue maintenant, ou c’est toi ?

 

-          C’est moi. Si tu as bien compris comment ça se passait, tu dois savoir que la passation de pouvoir se fait à l’âge jeune adulte de l’héritier, sauf si le précédent élu n’a pas terminé sa mission. Dans ce cas, il faut attendre.

-          Mamie a donc fini sa mission... Et moi, je pourrais être l’Elu un jour, même si je ne suis pas une fille ?

 

-          C’est possible. Seul l’avenir nous le dira.

-          Notre ancêtre Maxime a été Elu, pourtant, c’était un garçon. Tu dis ça à cause du bébé ? Au cas où c’est une fille ?

 

-          Oui mon chéri. Mais, même si c’est une fille, on ne sait pas si elle acceptera la mission.

-          Maman, je peux toucher ton ventre ?

 

-          Bien sûr mon grand.

-          Oh, il bouge beaucoup ! Tu sais Maman, j’aimerais beaucoup être l’Elu après toi, mais j’aimerais aussi une petite sœur. J’espère juste que Papa n’arrêtera pas de m’aimer...

 

-          Léandre ? Pourquoi dis-tu cela, voyons ?

-          Parce que le bébé, c’est son vrai bébé alors que moi, non.

 

-          Heureusement que Papa ne t’entend pas. Il t’aime comme un fou.

-          Mais peut-être qu’il ne voudra plus de moi, quand le nouveau bébé sera là.

 

-          Tu crois que ce n’est pas une belle preuve d’amour de t’avoir adopté ? Personne ne l’y a obligé, tu sais.

-          Oui, c’est vrai.

-          Papa a voulu t’adopter parce qu’il t’aime. Il t’a choisi parce qu’il t’aime. Ne doute pas de son amour.

 

-          Et si tu as des doutes, va lui en parler, à lui. Tu verras qu’il te dira la même chose.

-          D’accord Maman.

 

-          Et moi aussi, je t’aime mon chéri !

 

-          Moi aussi, Maman.


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