G6/ Chapitre 12 - Un nouvel héritier
- Nathalie986
- 8 juin 2024
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 juil. 2024
La veille au soir, j’avais ressenti les premières contractions de l’accouchement, au moment de me coucher.
Cette même nuit, je réveillai Christian et Maman, à cinq heures du matin, car je venais de perdre les eaux. Christian me conduisit à l’hôpital tandis que Maman resta à la maison pour s’occuper de Léandre.
Christian essayait de me rassurer :
- Ne t’en fais pas ma chérie, ça va bien se passer.
Pourtant, je n’avais aucune crainte, enfin... pas encore.
- Bonjour Monsieur, je viens pour accoucher.
- Très bien, je vais regarder si nous avons un médecin disponible.
J’eus l’impression que ma tension augmentait subitement :
- Comment ça, disponible ?
- Reste calme, ma puce, me chuchota Christian.
- Nous avons eu beaucoup d’urgences extérieures, et la plupart de nos blocs opératoires sont occupés.
Une infirmière nous conduisit, quand même, jusqu’au bloc 4, le seul disponible apparemment, en nous disant d’être patients.
- Tu vois, tu as un bloc. C’est déjà ça, non ?
- Oui... Heureusement, mes contractions se sont calmées.
Une aide-soignante vint m’apporter une chemise d’hôpital et des chaussons, puis elle repartit aussi vite sans rien nous dire de plus.
- C’est bon signe, ça, non ? Ils ne t’auraient pas donné la chemise sinon. Et puis, tu es trop sexy là-dedans !
- Tu en as de bonnes, toi !
- J’essaye simplement de détendre l’atmosphère.
- Oh non, ça recommence !
Au bout de deux heures, Christian était retourné à l’accueil pour s’enquérir du médecin.
- Alors qu’est-ce qu’ils font ?
- Le médecin va arriver, ma chérie. Ne t’inquiète pas.
- J’en peux plus, j’ai trop mal.
- Inspire, expire... Ça va aller.
- Non, je crois que ça ne va pas aller. Le bébé va finir par arriver tout seul.
- Je crois que ce n’est pas possible. Il faut bien qu’on l’aide à sortir, non ?
- Ben... tu es là, toi... Au cas où...
Christian n’était pas enchanté à l’idée de mettre son enfant au monde. Mes contractions s’étaient calmées, une nouvelle fois.
Deux heures encore plus tard :
- Je ne vois personne dans le couloir...
Je commençais à être vraiment inquiète.
- Qu’est-ce qu’il va se passer ? Je vais finir par perdre mon bébé...
Je voyais bien que Christian ne savait plus quoi dire pour me rassurer mais il prit une décision :
- Bon, ça suffit ! Je te ramène à la maison. Tu accoucheras à l’ancienne.
- D’accord mais il va falloir faire très vite !
Dans la voiture qui me ramenait chez nous, j’appelai Maman pour lui expliquer la situation, et lui demander d’amener le berceau du bébé au plus près de la porte d’entrée. Christian n’avait jamais conduit aussi vite.
- Il arrive ! Je crois qu’il arrive !
- Vite, rentrons !
Léandre s’éloigna un peu, et Maman arriva juste à temps pour voir naître sa petite fille, Morgane.
Puis je me suis mise à pleurer dans les bras de Christian.
- Je me sens complètement vidée, avouai-je à Christian.
- Tu es surtout épuisée. Je vais te faire couler un bain, si tu veux. Ça te détendra, après toutes ces émotions...
- Je vais plutôt aller m’allonger, si ça ne t’ennuie pas.
- Bien sûr que non. Va t’allonger, ma chérie.
J’allai m’allonger au plus près, dans le canapé, laissant Maman donner son premier biberon à Morgane, sous l’insistance de Christian. J’aurais bien eu besoin d’un bain, mais j’étais trop fatiguée pour cela.
Je m’endormis tout de suite. Léandre était venu s’asseoir près de moi. Maman et Christian m’avaient raconté plus tard qu’il était préoccupé, car je m’étais endormie au beau milieu de la journée.
Alors, il avait décidé de rester auprès de moi, et de veiller sur moi. Il avait dit que si je le sentais près de moi, je dormirais mieux.
Alors que je m’écroulai sur le canapé, Christian et Maman s’extasiaient encore sur notre petite Morgane.
- Tu peux être fier de vous. Cette petite est superbe.
- Nous avons de la chance, Cassandre et moi. Un garçon et une fille. C’est ce dont rêvent tous les couples.
- Félicitations ! Je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous les quatre.
- Merci Linette. Tes paroles me vont droit au cœur.
- Pour l’hôpital, tu comptes faire quelque chose ?
- Oui, j’y retourne demain pour aller chercher les vêtements de Cassandre. Nous sommes partis tellement vite qu’on a tout laissé là-bas. En même temps, je vais m’inviter dans le bureau du directeur, pour lui dire ce que je pense de son établissement.
- Tu fais bien. C’est inadmissible, ce qui s’est passé. Si Cass va mieux, je t’accompagnerai. Ainsi, nous ne perdrons pas de temps. Je récupérerai ses affaires et tu iras voir ce directeur.
- Comme tu veux. Ce sera avec plaisir.
Maman et Christian avait remonté le berceau, et Morgane, dans notre chambre, afin qu’elle soit au calme.
Christian me raconta que Léandre était parti fièrement me chercher une couverture qu’il avait délicatement déposée sur moi. Il avait déposé un baiser sur mon front et s’était rassit près de moi. Il ne m’avait jamais quittée, sauf pour aller aux toilettes. Je l’avais trouvé ainsi, près de moi, lorsque je m’étais réveillée, très tard dans l’après-midi. Au récit de Christian, je me sentis vraiment fière de mon petit garçon.
Plus le temps passait, et plus je me rendais compte que Léandre était un adorable grand frère pour Morgane. Chaque fois qu’il rentrait de l’école, il faisait ses devoirs, allait jouer un peu dehors puis se rendait dans notre chambre pour discuter avec sa sœur. J’entrebâillais alors la porte, et les observais...
- Bonjour petite sœur ! Tu sais aujourd’hui j’ai ramené un B de l’école. Je ne l’ai pas encore dit à Papa et Maman, mais je vais leur dire au repas. Comme ça, ils seront super surpris ! Tu sais, toi aussi, tu pourras ramener des bonnes notes, quand tu seras grande. Je t’apprendrai comment faire. C’est pas compliqué, il suffit de bien travailler, tu verras.
Léandre lui parlait très doucement, et Morgane gazouillait à ses paroles.
- Je te montrerai aussi plein de choses, comme les cubes et la maison de poupée. Et on pourra faire des jeux de cartes, et du lama, mais ça, ce sera quand tu seras encore plus grande. Et tu verras, on a un papa et une maman formidables. Ce sont les meilleurs de la terre !
Les larmes me montèrent aux yeux.
- Oh mais je sais ce que tu attends ! Tu veux tes chatouilles ! j’aime tellement t’entendre rigoler !
Quelques temps plus tard, alors que je désespérais de trouver un emploi, je reçus l’appel du restaurant « Aux bons petits plats », un restaurant connu de Willow Creek.
A la lecture de mon parcours universitaire et de mes compétences, le patron me proposait de m’embaucher directement en tant que sous-chef. J’étais sidérée. Je n’avais jamais postulé dans ce restaurant.
Il m’expliqua qu’il avait eu mon CV par un de ses amis, restaurateur lui aussi, qui savait qu’il cherchait quelqu’un. Et mon CV l’avait tellement emballé qu’il m’offrait une prime à la signature de 1424 § ! Après avoir discuté un moment avec lui, j’acceptais sa proposition. Je ne pense pas que j’aurais trouvé meilleure offre. Je devais commencer dans deux semaines. Ce serait l’occasion de faire mes preuves.
J’étais très emballée. Le train-train prenait le dessus, l’automne avait pointé le bout de son nez et moi, je passais beaucoup de temps en cuisine pour concocter des plats gastronomiques à ma famille, une façon de m’entraîner avant de commencer au restaurant.
Léandre s’occupait toujours autant de Morgane et la faisait toujours autant rire...
- Coucou ! Je te vois !
Il partageait aussi ces moments avec son père.
- Bon, je crois qu’il va falloir que je la change...
- Oui. C’est vrai qu’elle sent pas bon quand elle fait ça...
- Et voilà ! Tu es toute propre !
- Papa ?
- Oui, mon grand ?
- Est-ce que tu m’aimes autant qu’avant ? Avant Morgane, je veux dire ?
Christian avait fait asseoir Léandre près de lui.
- Bien sûr, mon Léandre. Mon cœur est suffisamment grand pour vous deux.
- Oh, mon Papa chéri !
- Je t’aime tellement fiston, qu’il me serait impossible de ne pas t’aimer. Tu es dans mon cœur pour toujours.
- A la vie, à la mort ?
- A la vie, à la mort.
- Je t’aime Papa.
- Moi aussi, mon grand. Tu es MON fils, ne l’oublie jamais.
Après cette conversation avec son père, Léandre n’émit jamais plus de doute sur l’amour que ce dernier pouvait lui porter...
Les deux semaines étaient très vite passées. Mon premier jour de travail allait commencer.
Je devais travailler de vingt heures à deux heures du matin. Cela n’allait pas être facile...
Mais ça me permettait aussi de passer la journée avec mes enfants, ce qui n’était pas pour déplaire à mon fils. Je partis le cœur léger.
Je savais que Maman irait s’occuper de Morgane. Christian la laisserait faire, car nous savions qu’elle ne ratait pas une occasion d’aller babiller avec sa petite-fille.
Et Léandre ? Il m’avait dit qu’il jouerait dans sa chambre avec son poupon. Pour apprendre à mieux prendre soin de sa sœur. Il m’avait promis qu’il irait se coucher, quand Papa le lui dirait.
Lorsque je rentrai, Christian m’attendait.
- Mon chéri ? Tu es encore debout ?
- Je voulais savoir comment s’était passée ta première journée.
- Très bien. Le chef a été épaté par mes compétences. Mais je suis crevée.
J’allai embrasser Léandre dans sa chambre...
...puis rejoignis Christian et Morgane dans la nôtre.
- Alors comme ça, ton patron a été épaté ?
- Oui, il ne pensait pas que j’avais autant de connaissances, même en sortant de la fac.
- Je lui ai expliqué que, pour moi, la cuisine était une passion, et que je cuisinais aussi chez moi. Mais que j’avais aussi suivi des cours, avant l’université, hein, mon bébé !
Je sentais que Christian était fatigué. J’avais donc reposé Morgane.
- Allez viens mon chéri, on va se coucher.
[...]
Trois ans plus tard...
Ce soir-là, Maman et moi étions seules dans la maison, à part Morgane bien sûr. Christian était sorti avec Léandre, pour une soirée entre père et fils, à l’auberge du vieux quartier.
- J’ai commencé à raconter l’histoire de la famille à Morgane, me dit Maman. Je veux qu’elle ait les mêmes chances que Léandre.
- Mais nous savons, toi et moi, que les chances de Morgane sont plus élevées que celles de Léandre. Morgane est une fille.
- Oui, mais au moment de choisir, je veux qu’ils soient sur un pied d’égalité et pour cela, il faut qu’ils aient reçu les mêmes informations.
- Je suis d’accord avec toi... Mais s’ils voulaient être tous les deux l’Elu.
- Le choix s’est toujours fait naturellement, sans opposition. Depuis mon grand-père Maxime, il y a toujours eu plusieurs héritiers. Et chaque fois, ça s’est bien passé.
- Plusieurs héritiers ? Mais moi, j’étais la seule, non ?
- Non, il y avait Corentin. C’est le descendant direct de mon oncle Charles, lui-même fils de Maxime. Si tu avais refusé, il aurait pu prétendre à devenir l’Elu.
- Mais je ne le savais pas...
- Pourquoi ne me l’as-tu jamais dit ?
- Parce que ce n’était pas nécessaire. Parce que la transmission des missions se passe toujours bien, je te l’ai dit.
- Et si un jour, elle devait mal se passer ? Qu’arriverait-il exactement ?
- Je ne sais pas si tu as vraiment envie de le savoir.
- Mamounette... Notre savoir doit se transmettre de génération en génération, tu le sais. Alors ? Que se passerait-il ?
- Il y aurait un combat à mort entre les héritiers prétendants.
- Ce serait dramatique...
- Oui. Mais il s’agit d’un cas extrême qui ne s’est jamais produit.
- Pour le moment. Mais nous ne sommes pas encore arrivés à la treizième génération.
- Le Créateur fait bien les choses. Je suis persuadée que ce cas de figure n’arrivera jamais.
- Tu as l’air bien sûre de toi.
- Non, mais j’ai foi en notre créateur.
- Léandre a tellement envie de devenir l’Elu... Mais il est le garçon...
- As-tu vu comme il aime sa sœur ? Crois-tu franchement qu’il lui ferait du mal, un jour ?
J’avais décidé d’oublier cette conversation pour moment. Mais je savais qu’il faudrait que je parle à Christian, tôt ou tard, de notre mission familiale. Cela n’avait que trop duré.
Ce jour-là, toute la famille s’était mobilisée pour aider Léandre dans son projet scolaire de château médiéval. Morgane s’était assise près de nous avec son inséparable tablette et donnait de temps en temps son avis ...
C’était ces moments en famille que j’adorais, des moments précieux qui me chauffaient le cœur.
Maman passait beaucoup de temps avec ses petits enfants. Elle désespérait un peu avec Morgane car celle-ci ne quittait presque jamais sa tablette, contrairement à son frère, qui, au même âge, jouait avec des cubes ou sa maison de poupée. J'avais de la chance de l'avoir.
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