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  • Photo du rédacteurNathalie986

G6/ Chapitre 6 - Une erreur assumée


Je quittai la maison familiale en fin de journée, et appelai immédiatement Jonathan. Il me donna rendez-vous au pub. Sans doute voulait-il me faire croire qu’il vivait toujours sur le campus...


J’aperçus Christian au loin. J’aurais voulu courir vers lui, sentir ses bras autour de moi... Nos regards se croisèrent mais je choisis de l’ignorer. Ce n’était pas le moment...

 

Une fois à l’intérieur, nous montâmes à l’étage, Jonathan et moi. Je croisai à nouveau le regard inarticulé de Christian qui ne devait pas comprendre pas pourquoi je le snobais ainsi, et j’ignorai aussi totalement, Anaïs qui me salua pourtant d’un grand sourire.

 

Jonathan et moi nous installâmes donc à une table à l’étage, seuls. Il n’y avait que nous.

- Tu as vu l’heure qu’il est ? J’espère que tu ne m’as pas fait déplacer pour rien.

 

Ça commençait bien... Je n’avais jamais ressenti autant de froideur chez Jonathan.

- Jonathan, que ressens-tu pour moi ?

- Tu plaisantes, j’espère. J’étais au chaud chez moi, tu me fais venir ici en me disant que c’est important et tu me poses cette question idiote.

 

- Pour moi, ce n’est pas une question idiote, et d’ailleurs, tu n’y as pas répondu...

- Et que veux-tu que je te dise ? Toi et moi, ça n’a toujours été qu’une histoire de coup, tu le sais bien, non ?

 

Première nouvelle... Je ne savais pas que c’était à ce point-là, entre lui et moi...

- Non... Je pensais qu’il y avait quelque chose entre nous...

- Cassie, arrête d’être aussi naïve. Il y avait quoi entre nous ? Nous avons fait quoi ensemble ?

 

- Je pensais que tu avais des sentiments pour moi...

- Je n’en ai pas. Je t’aime bien, tu es très sympa, mais c’est tout. Et on s'amuse bien ensemble, tu ne trouves pas ?

 

Je ne lui répondis pas.

- Tu m’as demandé ce que nous avions fait ensemble. Je vais te le dire ! Nous avons fait ça ! J’attends un bébé. Je suis enceinte. De toi, bien sûr.

- Impossible. J’ai fait très attention. Justement parce que tu m’as dit que tu n’avais pas de contraception.

 

- Pourtant ce bébé est bien là...

- Tu as forcément couché avec quelqu’un d’autre !

 

- Comment oses-tu ?

- Je sais très bien que cet enfant n’est pas de moi ! J’ai toujours fait attention.

 

- Il faut croire que ça n’a pas suffi...

- Ecoute, concentre-toi sur tes études, et oublie ce bébé. C’est ce que tu as de mieux à faire, et moi aussi.

 

Je restai sans voix... De toute évidence, Jonathan n’avait pas l’intention l’intention de s’impliquer, de près ou de loin, dans la vie de notre futur enfant, aussi, je décidai de ne surtout pas le contrarier :

- Tu as raison, je vais faire ça...

- Evidemment que j’ai raison ! Tu vas te mettre un fil à la patte pour pas grand-chose, sinon.

 

Ses paroles m’avaient bouleversée, et mon estomac choisit ce moment-là pour faire des siennes.

- Reprends ta vie, Cassie. Moi, je vais reprendre la mienne.

 

- Et surtout, ne me rappelle jamais. Toi et moi, c’est fini, me dit-il en s’en allant.

Ça ne s’était pas du tout passé comme je l’avais imaginé...

 

Je m’étais doutée que Jonathan n’aurait pas sauté au plafond en entendant la nouvelle, mais je ne m’étais pas attendue à ce qu’il me rejetât de la sorte...

 

J’étais perdue dans mes sombres pensées, et je n’entendis pas qu’on s’approchait de moi.

- Cassandre ? Je peux m’asseoir avec toi ?

 

Oh non... Christian... Je me levai pour lui dire bonjour, lorsque je fus prise de violents hauts-le-cœurs.

- Qu’est-ce qui se passe ? Ça n’a pas l’air d’aller...

 

- Ça va passer, t’inquiète...

- Ça n’a pas l’air.

 

- Je suis un peu malade, ces temps-ci. Rien de bien méchant.

 

- Tu es bien pâle. Tu serais mieux, au chaud dans ton lit, que dans un pub, tu ne crois pas ?

- Je ne te le fais pas dire !

 

- Mais que faisais-tu avec Jonathan Moreau ?

- On avait rendez-vous. Il vient de me plaquer.

 

Et voilà que ça recommençait... Ces fichues nausées...

- Je ne savais même pas que tu sortais avec lui. Depuis longtemps ?

 

- Depuis le premier semestre, ça va faire sept mois.

- Et comment te sens-tu ? Tu sais que si tu as besoin d’une épaule pour pleurer, je suis là.

 

- Je le sais bien mais ce ne sera pas nécessaire. Je ne suis pas peinée par cette rupture. Jonathan est un pauvre type, comme dirait Angela.

- Et tu as mis sept mois pour t’en rendre compte !

 

- Là, tu n’es pas gentil...

- Je sais mais je n’ai pas pu m’en empêcher.

 

- Tu veux bien me ramener au Mas ? Je ne me sens pas très bien...

- Bien sûr. On y va.

 

Le lendemain matin, j’allais beaucoup mieux. Je commençai par appeler Maman.

- Alors ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

- Oh, d’oublier le bébé, et de ne plus jamais l’appeler.

- La grande classe, ce garçon !

- Je t’avoue que je me sens un peu soulagée. Je ne me voyais pas rester toute ma vie avec lui.

 

- Peut-être mais il n’en reste pas moins un mufle. Et toi, comment te sens-tu ma chérie ?

- En pleine forme. J’ai dormi jusqu’à dix heures et ce matin, je n’ai pas eu de nausées.

- Formidable ! Tu vas voir, ça va aller de mieux en mieux.

- C’est une bonne chose car je compte bien profiter pleinement de ma grossesse.

 

- Alors, que vas-tu faire aujourd’hui ?

- Je compte aller faire un tour à la fête de la créativité cet après-midi. Nous avons un soleil magnifique ici !

 

 

Cet après-midi-là, j’allai donc retrouver Jade et Christian à la fête de la créativité. Je ne vis pas Christian tout de suite. Et pour cause ! C’est à lui que revenait, aujourd’hui, l’honneur de porter le costume de mascotte.

- Ah ben ça ! Si je m’attendais ! dis-je en lui tapant dans la main.

 

- On ne se moque pas, jeune fille ! Rappelle-toi que le souffle du dragon peut être redoutable !

- J’essayerai de m’en souvenir.

 

Pourtant, j’avais bien envie de m’amuser, et je comptais bien le faire à ses dépens.

 


 

Je décidai d’immortaliser l’instant. Christian en Darby, je ne verrai pas ça tous les jours...

 

Le semestre touchait à sa fin et il était temps car je me sentais très fatiguée et que mon ventre commençait à se voir malgré les vêtements amples que je m’astreignais à porter afin de cacher ma grossesse.

 

Certains avaient d’ailleurs cru bon de me dire qu’il fallait que je fasse attention à ce que je mange, car j’avais pris des rondeurs ces derniers temps...  Bientôt, il n’y aurait plus de confusion possible.

Ce matin, j’avais senti bébé bouger, pour la première fois, et j’en étais encore tout émue.

 

Ce jour-là, je retrouvai Christian au repaire de Darby, juste avant l’examen final de mon cours « le tour du monde en quatre-vingt plats ».

- Alors, comment tu te sens ?

 

- Un peu tendue. Mais ça va aller.

- Et à part ça ? Vas-tu me dire enfin ce que tu me caches ?

 

- Comment ça ?

- Je ne crois pas une seconde au fait que tu grossisses parce que tu manges trop. Tu caches quelque chose sous tes vêtement amples et particulièrement moches, surtout cette robe...

 

- Tu as raison.

- Tu es enceinte, c’est ça ? C’est Jonathan Moreau, le père ?

 

Je déglutis.

- Malheureusement, oui.

- Et comment prend-il la chose ?

 

- Il ne la prend pas. C’est pour cette raison qu’il m’a quittée le jour où tu m’as trouvée, malade, au pub. Il m’a dit de laisser le bébé, et il m’a larguée.

- Quel goujat ! Mais toi, tu as quand même gardé le bébé...

 

- C’est mon enfant. Je n’aurais jamais imaginé une seconde m’en séparer. Et c’est toujours le cas.

- Tu as bien fait. Jonathan sait que tu l’as gardé ?

- Non. Je lui ai laissé entendre que j’étais du même avis que lui.

- Ce n’est pas simple, tout ça... Il faudra bien que tu lui dises un jour qu’il a un enfant.

 

- J’en suis consciente. Mais pas avant que j’aie accouché. Tu penses, toi aussi, que j’aurais dû laisser le bébé ?

- Pas du tout ! Au contraire. C’est une vie qui grandit à l’intérieur de toi. De quel droit irions-nous tuer ce pauvre petit ?

 

- Je te remercie de me dire cela. J’avais vraiment besoin de l’entendre.

- Je suis ton ami, Cassandre. Et en plus je pense ce que je te dis. Et si tu allais à ton examen final ? Je t’accompagne.

 

- Je comprends mieux pourquoi tu te déplaces comme une baleine, maintenant ! me dit Christian, en riant.

- Moqueur, va !

 

- Tu n’as pas d’autres compliments en réserve ?

- Si, bien sûr. Tu es toujours la plus jolie fille du campus, même enceinte.

 

Après l’examen, j’allai voir Angela. Lilith m’accueillit. Angela n’était pas là.

- Elle doit être quelque part sur le campus.

 

- Dommage... Tu lui diras que je suis passée ?

- Et ta grossesse, ça se passe bien ?

 

Angela, Lilith et maintenant Christian, étaient les seuls au courant de mon état gravidique, sur le campus.

- Très bien. Et je me sens en pleine forme

- Il a déjà bougé ?

 

- Oui, c’est un vrai bonheur.

- Ce doit être une chose merveilleuse. Par contre, fais attention à la façon dont tu t’habilles parce qu’on commence à deviner que tu n’es pas seulement victime de surpoids.

 

- Oui, je le sais, mais comment veux-tu cacher ça ?

- Impossible.

 

- Bon j’y vais. Il faut que je me prépare. Moi aussi j’ai un examen final tout à l’heure.

- Bonne chance alors. Moi, j’en ai un autre à quinze heures.

 

Je décidai de retourner au repaire de Darby pour voir si Christian était là. En arrivant, je reconnus mon cousin Corentin, et non loin de lui, bien sûr, Aldéric.

- Mais qu’est-ce que vous faites là, tous les deux ?

- Nous sommes venus voir des amis.

 

 


 





Lorsque j’arrivai devant chez moi, Maman était là. Elle était venue me soutenir pour mon dernier examen du semestre.

- Comment te sens-tu ?

- Fatiguée. Je viens de passer une heure debout à discuter avec Aldéric et Corentin. Et bébé ne cesse de gigoter.

 

- Je peux ?

- Oh oui, bien sûr !

 

- Qu’est-ce qu’il gigote ! Il est encore plus remuant que toi, lorsque tu étais dans mon ventre.

- Ce sera un enfant plein d’énergie, c’est sûr !

 

Maman m’accompagna ensuite jusqu’à l’entrée des salles de cours.

- Et voilà, j’y suis. Le dernier examen sur le cours « posséder un restaurant ».

 

- Tu vas t’en sortir alors ! C’était ton cours préféré de ce semestre.

- Oh oui ! J’y vais les yeux fermés.

 

- Bonne chance ma chérie. Je t’attends à la maison ce soir.

 

Chris et moi nous retrouvâmes après la fin de nos examens au pub pour fêter la fin du semestre.

- Non mais qu’est-ce que tu fais ? Tu ne vas pas boire ça ?

- Et pourquoi pas ? C’est juste un verre.

 

- Il faut prendre soin de toi et du bébé, Cassandre. C’est important.

-Tu es trop mignon.

 

- Rien que pour ça, je ne vais pas le boire, ce verre.

 

- Tu veux bien arrêter de faire ta bouffonne !

- Mais je suis sérieuse ! Je te trouve trop mignon quand tu t’inquiètes.

 

- D’accord. Je vais le prendre comme un compliment alors.

- Tu as intérêt.

- Tu passes les vacances chez ta mère ?

- Oui. En plus, mon accouchement est prévu pour ce mois-ci. Donc, raison de plus. Et toi ?

 

- Moi je reste sur le campus. Mais je ne dis pas que je n’irai pas faire un tour à Windenburg, pour te voir.

- Ça me ferait vraiment plaisir, tu sais.

 

- Alors je viendrai. Tu pars quand ?

- Tout à l’heure. Je vais d’abord aller voir les résultats des examens sur le tableau d’affichage, puis je file.

 

- Tu vas me manquer.

- Les vacances ne durent qu’un mois. Et puis, tu as dit que tu passerais me voir.

 

- C’est vrai, mais le campus ne sera pas pareil sans toi. Et surtout, j’espère que tu reviendras après la naissance du bébé.

- Bien sûr ! Quelle question !

 

- Tu dis ça maintenant mais lorsque tu auras ton bébé, tu te sentiras certainement mieux avec lui.

- Il y a de fortes chances que oui. Mais je n’abandonnerai pas mes études. Je te le promets.


Lorsque je rentrai à la maison, c’était toujours un vrai bonheur. Maman était une vraie bouffée de fraîcheur, et elle avait une énergie débordante.

- Mais je le savais ! Je savais que tu allais me le valider, ce semestre !

 

- Ben tu vois, c’est fait !

- Encore un et tu seras diplômée. Ton père serait fier de toi.

 

- Ne mets pas la charrue avant les bœufs s’il te plait. Rien n’est encore joué. Le dernier semestre est le plus difficile.

- Peut-être bien mais tu es suffisamment motivée pour le valider lui aussi. Je le sais bien.

 

- D’accord. Mais maintenant, si tu allais faire un tour dehors ?

- Dehors ? Mais qu’est-ce que tu voudrais que je fasse dehors ?

- Va dehors, s’il te plait, Mamounette !

- Ok, d’accord. J’y vais puisque tu insistes.

 

Je voulais lui faire la surprise. Je lui avais ramené ses précieuses platines de DJ, celles auxquelles elle tenait tant. Maman m’avait dit qu’elle en rachèterait d’autres lorsque je serais partie à l’université, mais jamais elle ne l’avait fait. Elle nous avait fait danser, mon père, moi et ses amis sur ces platines. Je me devais de les lui rendre.

- Oh mon Dieu...

 

- Tu me les as ramenées...

- Je ne m’en sers jamais. Il n’y a pas la place dans ces logements d’étudiants. Et puis, elles seront mieux avec toi.

 

- C’est tellement inattendu...

- Elles sont à toi. Je te les rends.

 

Maman avait les larmes aux yeux. Je mesurais tout ce que ces platines représentaient pour elle.

- Merci Cass. Vraiment merci.

 

J’étais vraiment bien dans ma maison. Un vrai cocon. J’avais enfilé une vieille robe de chambre de Papa. Je me sentais bien.

 

Maman était aux petits soins pour moi. Je ne sais pas où elle puisait toute son énergie, mais elle était bien présente. Pourtant, je savais qu’elle pleurait encore mon père. J’entendais ses larmes couler presque chaque soir derrière la porte close de sa chambre. Mais elle était là pour moi, et son bonheur n’était pas feint.

 

Ce soir-là, je me résolus à appeler Christian pour lui annoncer que j’avais validé mon semestre. Je n’avais pas encore eu le loisir de le faire.

 

Je crois que nous passâmes environ deux heures au téléphone. Nous avions toujours quelque chose à nous dire. Puis Christian m’annonça qu’il aimerait passer le lendemain après-midi à Windenburg pour me voir. Je lui donnai rendez-vous au Cuba Libre. A quatorze heures.

- Mais oui, tu verras, c’est simple à trouver. Tu n’as qu’à suivre mes indications.

 

Et il trouva. Il était même là avant que je n’arrive. Qu’est-ce qu’il était musclé ! Je ne l’avais jamais vu en débardeur mais cela me sauta aux yeux. En plus d’être une crème, ce garçon-là était canon.

 

Qu’est-ce qu’il m’avait manqué ! C’était une vraie joie de le revoir.

- Tu es la reine des indications. J’ai trouvé du premier coup.

 

Christian alla chercher nos verres de sodas. Je n’avais pas oublié notre dernière conversation : la bière, c’était hors de question !

- A toi, belle windenbourgeoise !

- A toi aussi, gentil Brit boy !

 

- Par contre, il y a une chose à laquelle je n’étais pas préparé...

- Et quoi donc ?

 

- Tu es vraiment énorme !

- Je te remercie ! Tu sais que c’est la grossesse qui veut ça, j’espère !

 

- Je le sais bien mais, heureusement, tu es toujours aussi belle.

- Tu dis ça pour me flatter...

 

- Pas du tout. Je dis ça parce que c’est la vérité.

- Heureusement que nos copains du campus ne me voient pas. Il n’y aurait plus aucun doute sur mon état.

 

- Il y a pourtant quelques doutes... Certains disent que tu es enceinte, d’autres croient que tu es devenue grosse à force de trop manger. Lilith et moi nous efforçons de sauver ton honneur en disant que tu as prévu de faire un régime pendant les vacances...

- J’espère que je retrouverai la ligne alors. Et Angela ? Que dit-elle ?

 

- C’est bien là le problème. Angela a aussi quitté le campus pour les vacances, et de gros bruits courent sur son compte.

- Angela a quitté le campus ? Mais elle vit sur le campus ! Quels sont ces bruits ?

 

- On dit qu’elle serait enceinte, elle aussi. Sauf qu’à son sujet, ce ne sont pas des doutes mais des affirmations.

- Bon sang, mais c’est quoi cette histoire ? Et Lilith ? Que dit-elle ?

 

- Au vu de tous, elle défend sa sœur, et protège son honneur en infirmant l’état d’Angela. Mais lorsque je parle avec elle, je dois t’avouer que j’ai l’impression qu’elle me ment.

- Nom d’une pipe ! Angela serait enceinte alors !

 

- J’en ai bien l’impression.

- Mais pourquoi ne m’en a-t-elle pas parlé ?

 

En rentrant à la maison, j’étais encore abasourdie par ce que je venais d’apprendre mais, surtout, j’étais très heureuse d’avoir revu Christian. Pourtant, quatre jours seulement s’étaient écoulés depuis notre dernière rencontre au pub. Je ne sais pas quand, ni comment ça s’était produit, mais je me sentais de plus en plus attirée par lui. Je contais à Maman tout ce que lui et moi avions partagé, depuis notre première rencontre.

- Je crois que tu es amoureuse, ma chérie.

 

- Mamounette, n’exagère pas. Christian et moi sommes amis, depuis le premier jour de notre rencontre.

- Et Christian ? Qu’en dit-il ?

 

- Je ne vais quand même pas lui poser une telle question.

- Que dirais-tu de l’inviter à la maison ? J’aimerais beaucoup le rencontrer.

 

- Et quand est-ce que tu veux faire ça ?

- Demain, en fin d’après-midi. Ça te va ?

 

- Oui, mais je ne sais pas s’il sera libre...

- Appelle-le. Tu verras bien.

 

Maman rencontra donc Christian le lendemain. Celui-ci avait été ravi de l’invitation.

- Allons dehors, nous y serons mieux pour discuter.

 

- Vous avez une très jolie maison.

- Merci.  Mon mari et moi l’avons achetée alors que Cassandre était encore une bambinette.

 

 

 


 


 

Nous restâmes discuter là encore un moment, puis Christian prit congé.

- J’adoore ce garçon !

- Mamounette... Chut... Il est encore là.

 

- Franchement, je ne lui ai même pas trouvé un tout petit défaut.

 

- Peut-être mais il n’y aura jamais rien entre Christian et moi. Tu as entendu ce qu’il a dit ? Il veut fonder sa propre famille.

- Oui, j’ai entendu. Pauvre garçon. Son enfance n’a pas dû être facile.

 

- Alors, tu vois bien qu’il est inutile de tirer des plans sur la comète.

- C’est dommage, parce qu’il a l’air de se soucier vraiment de toi.

 

- Evidemment ! Nous sommes amis.

- C’est vrai, mais j’ai l’impression qu’il ressent pour toi autre chose que de l’amitié.

 

- On n’en parle plus, d’accord ? Christian est mon ami, et je veux qu’il le reste. Alors je vais m’ôter de la tête cette histoire d’attirance ridicule, à son égard !

- Très bien. On n’en parle plus et toi, tu arrêtes d’être attirée par lui.

 

- Tu es en train de te moquer de moi, ma parole ?

- Je te taquine un peu, c’est tout...

 

A la fin du mois, j’étais de retour à Britechester et je n'avais toujours pas accouché. Le troisième semestre n’allait pas tarder à commencer. Christian était venu me rendre visite et, la soirée étant douce, nous étions allés discuter sur un de ces nombreux ponts qui ornaient le campus.

- Le semestre reprend dans trois jours... Tout le monde va savoir que je suis enceinte.

- C’est certain. Même sous des vêtements amples, tu ne pourras plus cacher grand-chose.

 

Et puis, les contractions commencèrent...

- Christian, c’est le moment. Le bébé arrive.

- Quoi ? maintenant ? 

 

Mais Christian n’était pas homme à se laisser impressionner. Il saisit son téléphone et appela Maman.

- Oui... On passe vous prendre. Je vous déposerai directement toutes les deux devant l’hôpital.

 

- Mais oui, c’est génial !

Il n’allait quand même pas faire la conversation à ma mère, maintenant...

- Christian... Dépêche...

 

- Ça va aller... On y va ! La voiture n’est pas loin.

- Je n’en peux plus...

 

Christian nous déposa, Maman et moi, à la maternité, le temps pour lui de trouver une place pour se garer.

 

Depuis que nous l’avions récupérée devant sa maison, elle ne cessait de sourire bêtement. Ce fut encore le cas devant la réceptionniste de l’hôpital.

- Je vais être grand-mère !

 

 


L’aide-soignante en question m’installa rapidement, et le médecin ne tarda pas à arriver.

 

- Je vais être grand-mère ! lui dit ma mère.

- Je m’en doute, Madame. Laissez-moi m’occuper de votre fille. Vous le voulez bien ?

 

- Ma chérie, ça va ?

- Pas trop, non...

 

En très peu de temps, mon bébé arriva...

Bébé, tu es là...

J’étais tellement émue.

- Mais où est Christian ? réalisai-je soudain.

 

- Il gare la voiture, mon ange. Il va arriver.

- Il en met du temps...

 

- Et bien, le voilà, le papa ! s’enthousiasma le médecin. Félicitations Monsieur, vous avez un petit garçon.

 

Personne ne releva les paroles du médecin. Et bébé avait faim. Le médecin s’éclipsa, et Maman serra Christian dans ses bras, tout en exprimant sa joie.

- Oh Christian, je suis si heureuse !

- Félicitations Linette ! Je vous crois sur parole.

 

Christian me prit ensuite dans ses bras. C’est ce dont j’avais besoin en l’instant. Je me sentais faible et fragile. Il me transmettait sa force à travers son étreinte forte mais si pleine de douceur.

- Christian...

- Cassandre... Félicitations.

 

- Alors ? Comment vas-tu appeler ton petit bout d’chou ?

- Léandre... Je vous présente Léandre.

- Quel beau prénom ! me dit Maman.

 

J’avais longuement réfléchi aux prénoms éventuels de mes enfants sans n’en rien dire à personne. Morgane, si mon bébé avait été une fille, ce prénom signifiant « grande » et « brillante », et, en Bretagne « née de la mer » que j’avais interprété comme « née de la mère », interprétation toute personnelle c’est vrai mais qui me convenait très bien.

 

Et Léandre ? Léandre... mon bébé... mon enfant... mon garçon... Parce que Léandre signifie l’« Homme-Lion ». C’est un homme fort sachant défendre l’honneur de sa famille mais aussi les causes justes, fier comme un lion, droit, franc, honnête et loyal, comme tout homme se devrait d’être. L’homme-lion, parfait pour notre mission familiale. Un jour... Un lointain jour...

 

Maman était déjà complètement gaga de Léandre. Je regardais Christian et le trouvais ému, très ému... J’aurais tant voulu qu’il soit le père de mon enfant. Il était là, présent. Il était sincèrement heureux pour nous.

- Ton fils est si fragile, si petit... me dit-il. Cela donne envie de le protéger...

- Et je l’aime déjà tant ! confirmai-je.

- Oh moi aussi. Et tu l’aimes ta mamie, hein ? ajouta Mamie.

 

- Ce petit est un vrai bonheur, nous dit Maman.

- Allez, je vous ramène tous les trois ! Il est temps de rentrer chez vous.

Je me rhabillai, et quittai l’hôpital, entourée des trois personnes que j’aimais le plus au monde.


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