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G8/ Prologue 1/6 - L'enfance, rencontre avec Caleb

  • Photo du rédacteur: Nathalie986
    Nathalie986
  • il y a 12 heures
  • 11 min de lecture



Lorsque j’atteignis l’âge enfant, j’eus le droit à une grande fête d’anniversaire. Toute ma famille était là sauf Tatie Morgane. Je ne me souviens plus pour quelle raison, mais elle n’avait pu être présente.


Tout le monde avait chanté à tue-tête et Mamie Angela avait jeté des confettis. J’adorais mes deux mamies. Elles avaient toujours été là pour moi et je rigolais toujours avec elles.


Tatie Morgane me manquait. Mes oncles, Yann et Gildas étaient très gentils, de même que Tatie Béatrice, mais Morgane était ma préférée. Elle s’était toujours occupée de moi et je l’aimais très fort.


Et mon Papi Christian. C’était une vraie perle, le seul papi qui me restât, malheureusement.


Il m’écoutait vraiment lorsque je parlais et il montrait de l’intérêt, pas comme mes parents. Avec lui, je partageais de grands moments de complicité. Je n’ai connu ça, ni avec mon père, ni avec ma mère.


Après ma fête d’anniversaire, la seule chose que me dit mon père fut de me prier de débarrasser les vestiges du repas avant d’aller me coucher. Ma mère, elle, ne me parla même pas.


Elle était sûrement trop fatiguée... Elle avait quand même cuisiné deux gâteaux et puis, elle pensait probablement au livre qu’elle était en train d’écrire à ce moment-là.

J’aurais pourtant tellement voulu que mes parents me prêtent un peu plus d’attention...


Mais ils étaient bien trop occupés à leurs histoires d’adultes comme leur travail. Ou encore l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre que je devinais très fort.


Et, dans leurs cœurs, je crois qu’il n’y avait pas de place pour moi... D’ailleurs, contrairement à mes mamies, à mes papis et à mes oncles et tantes, eux ne m’avaient jamais dit « je t’aime ». Et je le leur rendais bien.


Pour clôturer en beauté cette journée d’anniversaire, je dormis cette nuit-là dans mon petit lit de bambin. Papa et Maman n’avaient même pas prévu un lit plus grand pour moi... J’en parlais le lendemain soir à Papa...

-          Oups, c’est vrai ! Je crois qu’on a peu zappé ce petit détail ! Nous irons t’acheter un lit demain, tu veux ?


-          Oui, mais pour ce soir ? Parce que j’ai vraiment très mal dormi la nuit dernière...

-          C’est juste pour ce soir. Demain, tu auras un lit plus grand, c’est promis.


J’avais donc choisi, cette nuit-là, de dormir sur le canapé du salon. Le pire, c’est que mes parents ne s’en rendirent même pas compte...


Le lendemain, Papa tint sa promesse (une chance pour moi, il ne se dérobait jamais à une promesse) et il m’emmena avec lui pour acheter mon lit et une table de chevet. Je pus même les choisir, tout comme il me laissa choisir une parure de draps qui me plaisait.

Ce jour-là, il m’offrit même un ordinateur. Ce n’était pas vraiment prévu au programme mais il était le bienvenu. Ainsi, je n’aurai plus à aller dans la chambre de Papa et Maman pour consulter les sites web. Je sentais bien que cela les agaçait et je me demande d’ailleurs si ce n’était pas la raison profonde de cet achat inattendu.


J’aurais bien aimé changer les couleurs de ma chambre mais Papa avait tellement dépensé aujourd’hui que je ne m’imaginais pas lui demander de refaire la tapisserie ou de changer les meubles.

Au lieu de cela, j’avais jeté ma maison de poupée (je n’y jouais jamais, de toute façon) et ôté tous ces horribles stickers qui étaient supposés décorer ma chambre. Je n’avais gardé qu’une affiche que Papa m’avait offerte ainsi que les boules à neige et les tubes à bulles qu’il m’avait ramené des festivals auxquels il s’était rendu.

J’aimais à penser que si mon père m’avait ramené ces objets, c’est parce qu’il tenait à moi. Je voulais donc les conserver précieusement.


Je passais beaucoup de temps toute seule car les occupations respectives de mes parents ne leur permettaient pas souvent d’être avec moi. A cette époque-là, je me lançai à fond dans le travail scolaire car j’étais persuadée que pour avoir ce que je désirais dans la vie, il fallait être bonne à l’école.


Lorsque je ne faisais pas mes devoirs, j’allais au parc ou à la bibliothèque pour jouer aux échecs. Mes parents n’étaient pas du tout embêtants pour cela. Je sortais quand je voulais et où je voulais. Ils ne me posaient jamais de questions et c’est chaque fois, de moi-même, que je leur disais où je me rendais.

J’aimais aussi beaucoup jouer avec les tubes à bulles que mon père m’avait offerts. J’étais fascinée par ces bulles de couleur, différente selon les tubes et qui influençaient notre humeur. Celles de la convention geek permettaient la concentration et j’en avais souvent besoin. J’aurais bien voulu savoir comment cela fonctionnait.


A cette même époque, je m’étais également mise au chant. J’avais convaincu Papa de préparer un spectacle de chant en duo pour Maman, alors que je n’aimais pas du tout chanter. Mais j’espérais secrètement que cela me rapprocherait un peu de mes parents. Alors, je m’entraînai tous les jours. Je voulais qu’ils soient fiers de moi.


Mais il me manquait quelque chose. Faire des bulles, utiliser mon coffre à jouets ou chanter n’étaient pas des choses qui me passionnaient vraiment. J’étais passionnée par les échecs, certes, et heureusement, on trouvait des échiquiers un peu partout et à disposition de qui voulait s’en servir, parce qu’à la maison, nous n’en avions pas. Mais il y avait autre chose que j’aurais bien aimé avoir : un kit d’apprenti scientifique. J’en avais vu la publicité à la télévision et je savais que je pourrais passer des heures sur ce jeu.

Je savais aussi que le jeu n’était pas donné et même si j’en avais parlé quelquefois à mes parents, je n’osais pas trop insister. Cette sortie au marché aux puces fut donc une aubaine pour moi puisque Papa et Maman acceptèrent de m’acheter le kit si j’en trouvais un sur le marché.


Malheureusement, personne ne vendait cet objet. J’étais revenue penaude auprès de mes parents... Je crus voir que Maman avait l’air sincèrement désolée pour moi mais je n’avais pas le cœur à rester avec eux. Je leur dis que je partais chez Papi et Mamie. J’avais besoin de réconfort et mes parents ne savaient pas m’en donner.


Je passai donc un après-midi sensationnel avec Papi, Mamie et Tatie Morgane. Mais, il me fallait bien rentrer à un moment donné à la maison. Heureusement, Mamie proposa de me garder à dîner.


-          Tu vois ! Tu restes avec nous ! me dit Tatie Morgane en me serrant dans ses bras.

-          Je suis trop contente ! Je n’avais pas envie de rentrer tout de suite.

-          Je vais appeler tes parents et après, on se fait une partie de cartes, ok ?


Papi m’avait ramenée en voiture jusqu’en bas de l’immeuble. Nous avions beaucoup rigolé et il m’avait fait plein de bisous avant que je ne parte. J’ignorais alors que c’était la dernière fois que je le verrai. Lorsque j’arrivai à la maison, mes parents me dirent qu’une surprise m’attendait à l’étage.


Pour une surprise, c’était une surprise ! Ils m’avaient acheter le kit d’apprenti scientifique ! Je n’en revenais pas. Peut-être que mes parents m’aimaient finalement.


J’étais tellement heureuse que j’étais redescendue voir Papa pour lui demander de faire notre petit spectacle pour Maman, tout de suite. Quelle belle soirée j’ai passé ! Un de mes meilleurs souvenirs avec mes parents.


Quelques jours plus tard, Maman m’avait emmenée à la galerie Casbah. Elle s’était mise en tête de me sensibiliser à l’art. C’est vrai que certains tableaux étaient très beaux...


Mais passer des heures entières, comme elle, à les regarder, ça ne me plaisait pas du tout.

-          Maman ? Je peux aller voir ce qu’il y a, là-haut ?

-          Pourquoi ? Tu n’aimes pas ces tableaux ?


-          Si. Mais je les ai tous regardés et j’aimerais voir ce qu’il y a d’autre dans le musée.

-          D’accord. Je te rejoins quand j’en aurai fini ici.


Je savais que ça n’allait pas être pour tout de suite.


Lorsque j’arrivai à l’étage, ce n’était guère mieux. Je sentis l’ennui monter d’un coup... Il y avait une rangée de statues, toutes identiques. Et des bancs. Et je n’avais pas pris ma tablette...


L’après-midi allait être long... J’avais toujours mes devoirs à faire... C’est là que j’ententendis une voix.

-          Bonjour ! Tu es Rose ? c’est ça ?


-          Oui. Mais comment le savez-vous ? Je ne vous connais pas.

-          Je t’ai déjà rencontrée. Tu étais alors une bambinette.

-          Ah bon ?


On m’avait pourtant dit de ne jamais parler aux inconnus mais, je ne sais pas pourquoi, j’avais envie de lui parler quand même. Il me raconta notre première rencontre, dont je ne me souvenais absolument pas, puis nous nous assîmes ensemble. Il m’inspirait confiance et je me disais que je ne risquais rien puisque j’étais dans le musée.

-          Et mon père a rouspété Tatie Morgane ?

-          Oui. Il pensait que je te voulais du mal. Mais en réalité, je ne voulais que te garder, le temps qu’elle revienne des toilettes.


-          Personne ne m’a jamais parlé de cette histoire !

-          C’est un peu normal. Tu étais toute petite. Et puis ton père m’a pris en grippe. Il est persuadé que j’ai voulu te faire du mal.


-          Mais ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ?

-          Non, ça ne l’est pas. Mais il ne serait pas ravi de me voir discuter avec toi.

-          On n’a qu’à pas lui dire. Ce sera notre secret. Et comment tu t’appelles ?

-          Caleb.


-          Moi c’est Rose Chevalier ! Mais ça, tu le sais déjà !

-          Et qu’est-ce qui t’amène au musée, Rose ?


-          C’est ma mère... Elle tient absolument à ce que j’aime l’art, je crois...

-          Et tu n’aimes pas ça ?


-          Si. Il y a des choses jolies mais il y en a d’autres qui sont vraiment très moches ! Et puis, passer l’après-midi ici, c’est pas mon truc.

-          Et c’est quoi ton truc ?

-          Mon kit de scientifique, ou encore les échecs. Et j’aime beaucoup lire aussi.

-          Tout comme moi. Et j’adore jouer aux échecs.


Nous passâmes plusieurs heures je crois, à discuter. Maman n’était toujours pas montée me rejoindre. Elle avait dû m’oublier, comme d’habitude. Je m’étais un peu épanchée sur ma courte vie et sur mes parents qui ne s’occupaient pas beaucoup de moi. Je lui avais confié combien je pouvais me sentir seule parfois. Et il m’avait écoutée sans jamais porter de jugement. Le temps passait. Je demandai à Caleb si ça ne l’ennuyait pas que je fasse mes devoirs pendant que l’on conversait. Je devais les faire maintenant si je voulais avoir un peu de distraction en rentrant à la maison.


Cela ne le dérangea pas, au contraire. Il me trouva consciencieuse et m’aida même à plusieurs reprises.


-          C’est gentil de m’avoir aidée. Mes parents, ils ne le font jamais, eux. Pourtant, des fois, j’aimerais bien qu’ils m’aident...

-          Ils sont sûrement plus occupés que moi.


Caleb me prit dans ses bras. Je me sentis si bien au creux de son épaule, rassurée et en sécurité.

-          Je serai toujours là si tu as besoin d’aide, Rose. Pour quoi que ce soit. Nous sommes amis maintenant.


-          Je vais te laisser mon numéro de téléphone et mon adresse mail. Comme ça, si tu veux me contacter, tu le pourras. Quand tu veux. Même pour me raconter ta journée, si ça te chante ! Tu es d’accord ?


Bien sûr que j’étais d’accord !

-          Tu laisses des traces bizarres derrière toi quand tu te déplaces, Caleb !

-          Je sais !


On aurait dit de petites ailes... C’était peut-être mon ange gardien... Mais peu importe, j’avais enfin un ami, un vrai.


A cet âge-là, je passais beaucoup de temps sur mon établi de chimiste. C’était la seule vraie distraction que j’avais à la maison, à part les livres que Mamie Cassandre m’avait prêtés sur l’histoire de notre famille.


Je faisais beaucoup d’expériences et j’avais failli mettre le feu plusieurs fois ! Heureusement, Papa et Maman n’en avaient rien su.


Je me rappelle cette journée comme si c’était hier. J’étais revenue de l’école avec un B ! J’avais tout de suite appelé mes deux mamies.... Mais aussi Caleb. Lui aussi faisait maintenant partie des personnes qui s’intéressaient à moi et auxquelles j’avais envie d’annoncer mes bonnes nouvelles.

Ils m’avaient tous félicitée et encouragée à continuer dans cette voie. J’étais vraiment contente d’entendre tous leurs compliments. C’étaient de réels leviers pour moi.


Cette journée-là était loin d’être terminée puisque Mamie Cassandre me fit la surprise de venir dîner avec nous.


Quelle coquine ! Elle ne m’avait rien dit lorsque je l’avais eue au téléphone !


Après le repas, ma surprise fut encore plus grande puisqu’on m’annonça que nous allions déménager pour aller vivre chez Mamie. Ce fut vraiment la plus belle journée de ma vie.


Et lorsque Mamie s’en alla, je n’étais pas triste car je savais que bientôt, je la verrai tous les jours.


J’étais montée dans ma chambre pour savourer mon bonheur tranquillement. La tablette était posée sur ma table de chevet. Il fallait que je prévienne Caleb. J’étais trop heureuse ! Mais comme il était tard, je lui ai envoyé un petit mail pour lui dire tout mon bonheur.


Deux mois après, nous partions. J’emportai avec moi les boules à neige que Papa m’avaient offert ainsi que l’affiche de dinosaure. C’étaient les seuls objets qui me faisaient croire qu’il pensait à moi.

Puis je regardai par la fenêtre une dernière fois. La vue que j’avais de ma chambre était bien la seule chose qui me manquerait lorsque je serai chez Mamie. Mais je serai avec Mamie et Tatie. Et c’était beaucoup mieux !


Lorsque nous arrivâmes à Windenburg, Tatie m’annonça que je dormirais avec elle, dans sa chambre. J’étais toute contente. Elle me laissa exposer mes objets de « valeur » où je voulais. Toute contente, oui mais...

-          Elle est vraiment rose, ta chambre, Tatie !

-          Et tu n’aimes pas le rose, c’est ça ?


-          Ben pas trop, non... Et à part le lit qui est un peu foncé, tout est rose. Ça fait très fille !

-          Je te rappelle que nous sommes des filles !


-          Et tu la verrais comment, toi, la chambre ?

-          Plutôt dans les tons foncés... Le noir, c’est bien, non ?

-          Et ben, on va essayer de faire quelque chose !

-          T’es vraiment la meilleure Tatie du monde !


Une semaine après, la chambre était refaite à neuf. Tatie avait fait venir un artisan pour personnaliser les meubles et refaire la peinture et le parquet. Elle n’avait pas voulu de noir mais elle avait choisi du marron foncé, coupé avec du blanc car elle m’avait dit ne pas vouloir vivre dans un endroit sombre. Le résultat était génial !

-           Alors, ça te plait ?

-          Alors, ça te plait ?

-          C’est super ! Et même le jaune sur le tapis est super !

-          Ça me plait beaucoup à moi aussi. Et ça fait plus adulte. Tu avais raison, le rose faisait trop petite fille.


Nous en avons passé du temps à discuter dans cette chambre, Tatie et moi, à lire aussi, ou à faire mes devoirs avec son aide. Elle me parlait beaucoup de son chéri, Ludovic. Et c’est ici-même qu’elle m’annonça qu’elle allait se marier avec lui.

-          C’est vrai ? Tu vas te marier ? Mais alors, ça veut dire que tu vas partir...

-          Pas du tout. Ludovic et moi allons habiter ici. La seule chose qui changera est que tu ne pourras plus dormir avec moi...

-          Ah, c’est tout ! Ah ben c’est pas grave ! J’avais peur que tu t’en ailles.

-          Pas du tout. Et ça ne changera pas. On continuera à se raconter nos petites histoires, toi et moi.


-          Ça me fait trop plaisir que tu te maries avec Ludovic. Il est très gentil et je sais que tu l’aimes beaucoup. Je pourrai venir à votre mariage ?

-          Evidemment ! Je ne me marierai pas sans toi !


La vie était vraiment belle auprès de Mamie et Tatie. Je n’étais plus jamais seule. Nous papotions souvent, avec Mamie lorsque je faisais mes devoirs et qu’elle était devant son ordinateur. Je ne la dérangeai jamais, elle...


Parfois même, elle venait me donner des conseils judicieux pour apprendre plus efficacement mes leçons.


C’était super ! Oui, la vie était belle comme toutes ces histoires qu’elle me racontait sur notre famille. J’avais déjà lu une partie des ces histoires mais lorsque Mamie racontait, c’était autre chose. C’était vraiment vivant.

-          Tu saisis donc l’importance de ne pas dévoiler notre secret, n’est-ce pas ?

-          Evidemment Mamie ! Ce serait trop grave si d’autres méchants s’attaquaient à nous.


J’avais tellement hâte de grandir pour devenir, à mon tour, l’Elue. Comme Mamie. Et comme Papa aussi. Mais c’est à Mamie que je voulais ressembler. Je l’aimais tant.


1 Comment


Eljisim
il y a 9 heures

J'aime beaucoup ce retour en arrière focalisé cette fois-ci sur le point de vue de Rose. On se doutait fortement qu'elle s'était sentie très seule, mais l'entendre de sa bouche (ou plutôt le lire de sa main), c'est dur. Le pire étant cette phrase :


"J’emportai avec moi les boules à neige que Papa m’avaient offert ainsi que l’affiche de dinosaure. C’étaient les seuls objets qui me faisaient croire qu’il pensait à moi." 💔


Déjà, à cet âge-là, elle n'était pas dupe. On comprend bien qu'elle se soit autant confiée avec Caleb, finalement le seul (hormis ses grands-parents et sa tante) à réellement la connaître...


Quelque chose me dit que les débuts de cette génération, après le prologue, seront sous…

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