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G8/ Prologue 5/6 - Connivences familiales

  • Photo du rédacteur: Nathalie986
    Nathalie986
  • il y a 2 jours
  • 9 min de lecture

Papa venait à peine de rentrer du travail quand nous le prévînmes que nous partions pour la clairière. Maman lui avait cuisiné de quoi dîner pour le cas où nous réussirions. Il faut dire qu’il était de notoriété familiale que, dans la clairière, le temps s’écoulait beaucoup plus vite que chez nous.

Lorsque nous arrivâmes à l’arbre majestueux, comme l’avait appelé Perrine, Maman était si éblouie qu’elle resta figée devant lui un bon moment. J’en profitai pour envoyer un message à Caleb, pour lui dire que j’avais bien reçu son colis et que j’allais bien malgré cette punition qui me pesait.


Je lui dis également combien moi aussi je l’aimais et que j’étais très heureuse qu’il ait trouvé une solution afin que nous puissions communiquer. Je ne lui dis pas que j’avais douté de son amour, au contraire, je lui dis que je savais qu’il m’aimait et que son amour était ma force pour continuer à surmonter cette « séquestration » injuste.

J’aurais tant voulu qu’il soit là, près de moi...


La voix de Maman me sortit de mes écrits. Heureusement, je venais juste de ranger mon téléphone.

- Comment comptes-tu procéder ? Cet arbre a un bois dur, pire que le chêne...

- Je vais simplement suivre les conseils de Perrine.


- Je te préviens, ça risque d’être un peu long...

- Je suis patiente. Ne t’en fais pas.


Il était presque vingt heures lorsque je réussis à ouvrir le passage.

- Et voilà ! C’est magique, hein ?


Mais ma mère n’arrivait pas à voir le passage. Pour elle, le tronc de l’arbre n’avait rien de magique. C’était juste un tronc d’arbre.

- Ha..., lui répondis-je lorsqu’elle me fit part de cet état de fait, Alors, ça veut dire que tu ne pourras pas aller dans la clairière avec moi...

- J’en ai bien peur.

- Bon, ben on va rentrer.


- Et pourquoi pas aller au restaurant toutes les deux ? me demanda-t-elle.

- Si tu veux. De toute façon, on ne peut pas visiter la clairière...

Et puis, je n’avais rien d’autre à faire.


Nous nous étions mises d’accord pour aller diner au Maritime. Maman appela Papa pour le prévenir.


A peine arrivées au restaurant, Maman me lança sur un sujet que j’aurais préféré éviter.

- Ecoute Rose, je tiens à m’excuser auprès de toi pour ne pas m’être mieux occupée de toi alors que tu en aurais eu besoin.


Je n’en revenais pas. Avais-je bien entendu ce que je venais d’entendre ?

- Je sais que nous avons été des parents déplorables.


- Et pourquoi me dis-tu cela maintenant ?

- Pourquoi pas ? Je devais te le dire à un moment ou à un autre, de toute façon.


Nous nous interrompîmes le temps que la serveuse prenne notre commande.


- Maman... Ce que tu dis me touche mais on ne rattrapera pas toutes ces années...

- Je le sais bien.


Je crois que j’avais besoin de vider mon sac.

- Tu ne m’as jamais lu d’histoire, tu ne m’as jamais aidée à faire mes devoirs, ni mes projets scolaires. Tu ne t’es pas inquiétée de mes notes, ni de savoir si j’avais des amis à l’école. Rien.

- Je sais tout ça. Malheureusement.


- Pourquoi tu ne m’aimes pas ?

- Ce n’est pas du tout cela. Je pense que je t’ai eue trop jeune. Et ton père et moi étions tellement fusionnels que nous t’avons mise de côté. J’aurais tant voulu que ça ne se passe pas ainsi.


- Tu vois, j’ai cherché de l’amour ailleurs. Avec mes papis et mamies. Puis avec Caleb.

- Et je ne peux pas t’en vouloir.


- Caleb est tout ce qu’il me reste maintenant. C’est un véritable ami. Il est toujours là pour m’écouter lorsque j’ai une bonne nouvelle, et il me console lorsque je ne vais pas bien.

- Tu le connais depuis longtemps ?

- Depuis que je suis une enfant. Je l’ai connu à la galerie Casbah un jour que tu m’y avais emmenée avec toi. Il m’a aidée à faire mes devoirs.

- Il n’a jamais eu de gestes déplacés envers toi ?


- Bien sûr que non ! Je crois que Papa et toi imaginez des choses qui ne sont pas.

- Mais il est ton petit ami pourtant, non ?


- Nos sentiments ont évolué avec le temps. Nous nous aimons, voilà tout.

- Et tu me dis qu’il ne se passe rien ?

- Il ne se passe rien d’inavouable. Caleb est quelqu’un de correct. Contrairement à ce que vous pensez. Et je n’ai pas à rougir de ce que nous faisons ensemble.

- Est-ce que tu sais quel âge il a ?


- Non. Il ne me l’a jamais dit. Et ça n’a pas d’importance pour moi.

- Heureusement que ton père ne sait pas tout ça.


- Tu ne vas pas le lui dire ?

- Bien sûr que non, enfin !


Mon oncle venait d’entrer dans le restaurant.

- Oh regarde ! Il y a Tonton Yann là-bas !


Je me levai pour lui dire bonjour.

- Bonsoir les filles ! entonna-t-il.

- Salut frangin, lui répondit ma mère.


- Tonton !

- Ça va, ma princesse ?


- Je ne suis pas là par hasard, me dit-il. Ta mère m’a dit que vous dîneriez ici. Il faut que je te parle.

- Oh non ! Ne me dis pas que tu vas me parler de Caleb ?


- Il le faut. Ton père m’a demandé de faire une enquête sur lui.

- C’est pas vrai...


- Je lui ai rapporté que ton ami était simplement un homme d’affaire respectable et qu’il n’avait rien à se reprocher.

- Mais je le sais, ça !


Je réalisai, ce soir-là, que ma mère et ses frères formaient une fratrie très soudée.


Mon téléphone vibra à ce moment-là et je le sortis instinctivement de ma poche, oubliant que je n’étais pas supposée avoir un téléphone puisque Papa me l’avait confisqué...

- Au revoir les filles !


Caleb me demandait si j’allais bien. Je lui répondis très vite que oui. Maman était en train de me regarder.

- Tu as un autre téléphone ?


- Oui... Je suis désolée...

- C’est Caleb qui te l’a donné ?


Je sentais que Maman allait me confisquer aussi ce téléphone, mon seul lien avec lui...

- Oui...

- Je ne te le prendrai pas, ne t’en fais pas. Je n’ai rien vu.


- Merci. Est-ce que tu sais de quoi parlait Tonton à propos de « la petite voix » qui lui a dit que Caleb était mon destin.

- Le Créateur, j’imagine. Il est venu lui parler.


- On peut peut-être en parler à Papa. Il me laissera tranquille comme ça, si ça vient du Créateur.

- Non. Il ne changera pas d’avis.

- Tu crois ?

- Il n’aime pas Caleb. Il le trouve beaucoup, beaucoup trop vieux pour toi.


- Il ne m’enlèvera jamais ma punition, alors ?

- Si, il le fera.


- Quand je serai adulte ? Parce qu’il n’aura pas le choix ?

- Laisse-lui un peu de temps. Ça va se tasser.


- Ça fait trois mois que je suis punie. Je trouve qu’il prend son temps...


Nous avions terminé notre repas.

- Je peux te prendre dans mes bras, Rose ?


Sa question m’avait surprise mais j’acceptai. Cette étreinte était compliquée pour moi. Le problème est que j’aimais bien ma mère mais je l’aimais bien, c’est tout. Je ne ressentis rien de particulier lorsqu’elle m’enlaça... C’était trop tard...


Quelques jours plus tard, je reçus un appel de Tatie Morgane sur mon « vrai » téléphone portable, celui que Papa avait fini par me rendre. Elle voulait que je vienne la voir.

- Je ne peux pas Tatie, tu le sais bien... Je suis punie.

- ENCORE ?!!!

- Ne crie pas, tu me fais mal aux oreilles.


- Désolée ma puce mais je suis révoltée !

- Tu devrais dire ça à ton frère.

- C’est bien ce que je compte faire. Je passerai le voir à la fin de la semaine. A bientôt, ma chérie.

- A bientôt Tatie.


J’espérais franchement que Tatie arrive à convaincre Papa. S’il y en a une qui pouvait le faire, c’était elle.


Alors que je consultais les sites internet, je reçus un sms de Caleb. Je lui répondis instantanément car j’étais seule dans la pièce. Papa était descendu faire un peu de sport au sous-sol.

Nous nous manquions tant. Il n’en pouvait plus de ne pas me voir et moi non plus...


Nous échangeâmes un long moment avant de nous séparer. Comme il me paraissait loin ce baiser qu’il m’avait donné au Majestic. Cette soirée me semblait si loin... comme si elle n’avait jamais existé. Et pourtant j’y pensais chaque jour.


La sonnerie du téléphone me sortit de mes pensées. C’était Tatie. Elle avait obtenu de Papa qu’il lève une partie de la punition. Une partie seulement, mais c’était déjà beaucoup, un semblant de liberté. Je pourrai sortir avec Tatie Morgane à la condition qu’elle vienne me chercher et me raccompagne à la maison. Au moins, je pourrais la voir seule.


Mais la punition était bel et bien toujours présente dans ma vie. Il était hors de question que je reste seule à la maison, aussi, Papa m’avait emmenée ce jour-là avec lui, à San Myshuno.

La veille, Maman lui avait offert un espace de spectacle et il avait décidé de l’étrenner dans le quartier des arts. Et comme je n’avais pas du tout envie de le regarder jouer, je m’étais installée plus loin pour faire mes devoirs. Caleb me manquait. Je supportais de plus en plus difficilement cette quarantaine injuste.


Heureusement, à présent, je pouvais voir Tatie. Ces moments étaient précieux car ils me permettaient de m’éloigner de ce père que je détestais.

- Je suis trop contente de te voir !

- Moi aussi, ma chérie !


Nous nous étions installées à la boulangerie Jules pour boire un café. C’était le premier jour du printemps.

- Ton père n’a pas fait de difficultés pour te laisser venir seule à la boulangerie ?

- Non mais je suis sûre qu’il m’épiait derrière sa fenêtre !

- Ça, c’est très probable.

- Il y est peut-être même encore.


- Alors, comment ça se passe avec Caleb ? Vous arrivez à vous parler quand même ?

- On communique le plus souvent par sms. Pour s’appeler, c’est plus compliqué. Il ne faut pas que Papa soit dans les parages.


- J’aime mon frère mais il est vraiment une tête de pioche quand il s’y met.

- Heureusement, je peux appeler, même s’il y a Maman dans la maison. Elle me laisse faire.

- Ta mère te couvre ?

- Oui.

- Et tu crois qu’elle te laisserait voir Caleb ?

- Ça, je ne pense pas.


- Moi, je peux le faire. Si tu veux voir Caleb, je peux te servir d’alibi.

- Tu ferais ça ?

- Si je te le propose... Je n’aurais même pas imaginé qu’on puisse m’empêcher un jour de voir Ludovic.

- Merci Tatie... ça me touche.


- Moi aussi, j’ai un côté rebelle. Et surtout, je n’aime pas qu’on contrarie les belles histoires d’amour.


Notre temps rien qu’à nous était déjà terminé. Je devais rentrer à la maison mais je repartais le cœur plus léger grâce à ma merveilleuse tatie.


- Allez, à bientôt ma puce. Dis-moi quand tu voudras voir Caleb et on mettra un plan au point.


- Pas au téléphone, hein ?

- Bien sûr que non ! Tu m’as prise pour une bleue. On se retrouvera ici pour en parler.


Lorsque j’arrivai à la maison, Papa et Maman étaient en train de discuter au salon.


En m’approchant, je perçus ce qu’ils étaient en train de dire et je décidai de m’annoncer.


Papa fit comme si de rien n’était...


Quoi encore ?


Je n’en revenais pas.


Evidemment ! Fallait s’en douter. Mais je suis maline, moi aussi !


S’il savait...

Je montai alors dans ma chambre pour prévenir Caleb. J’en avais verrouillé la porte et étais allée sur ma terrasse. Je voulais être sûre qu’ils ne m’entendent pas.


- Ma chérie, comme c’est bon d’entendre ta voix.

- Ça y est Caleb ! Je ne suis plus punie ! On va pouvoir enfin se voir !

- On va attendre un peu. Il faut être prudents si tu ne veux pas être punie à nouveau.

- Je lui ai laissé croire que tu étais un sale type à qui je ne voulais plus parler parce que tu ne m’avais pas donné de nouvelles pendant ma punition.


- Alors, tu vois, on n’a pas besoin d’attendre.

- Ton père est d’un naturel méfiant. Laissons-nous une semaine, d’accord ? Ce n’est pas si long que ça, après tout ce qu’on a attendu.

- Si justement. On a assez attendu.


- J’ai tellement envie de te voir !


- Moi aussi, ma douce... Mais nous devons être prudents. Je ne veux pas prendre de risque...

- D’accord...


Il avait raccroché. Une semaine ! Il fallait encore attendre une semaine ! J’en voulais un peu à Caleb de ne pas être aussi impatient que moi de nos retrouvailles...



1件のコメント


Eljisim
il y a 17 heures

J'ai beaucoup aimé ce moment mère-fille ❤️‍ Maewenn a bien conscience de leur absence, à Léandre et elle, dans l'éducation de Rose. C'est un peu triste que pour cette dernière, ce soit "trop tard", mais on ne peut en effet pas guérir tout cela en un seul dîner au restaurent... Au moins Maewenn se rattrape-t-elle un peu en la couvrant vis-à-vis de Caleb !


Au passage, j'ai complètement oublié de te demander ça la dernière fois que l'on a vu le cimetière des Chevalier, mais... comment est paramétré ce terrain, dans ta partie ? 😇 Ça m'intéresse car j'aimerais bien entreposer les urnes de mes familles dans un même lieu mais j'ai peur d'en "perdre le contrôle" s'il s'agit d'un…

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