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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 4

Yoram - Télépathie intrusive

Les Mercenaires de l'impossible


Point de vue de Yoram

Nous avions défini les tours de mission, comme nous les avions appelés, afin de nous conformer strictement aux écrits de nos murs. C’était donc à moi de gérer notre autarcie et de veiller à entretenir plantes et animaux.



J’adore les insectes. Ils sont bourrés de vitamines. Il faut dire que la plupart du temps, ils me servent de nourriture, mais aujourd’hui, je découvre que c’est aussi très ludique de s’en occuper, un peu déstabilisant, mais ludique. Et rien ne m’empêche d’en croquer un ou deux, après tout... Je mets au défi quiconque dans cet hôpital de savoir me dire s’il manque un scarabée ou une abeille.



Evidemment, il a fallu aussi que je m’attaque aux corvées les plus rébarbatives. Je me débrouille pas mal pour ce qui est du bricolage mais franchement, je préfère de loin la robotique. Ici, rien n’est automatisé ou domotisé, c’est un vrai cauchemar.

Dommage que Fantine ne sache pas tenir un marteau, elle aurait pu se charger des réparations... Enfin, c’est pas grave... Je vais réparer toute cette plomberie, il faut bien que quelqu’un le fasse...



Après avoir remis en état nos quatre salles d’eau sans douche, ni baignoire, je fis le tour des lieux pour m’assurer que tout était normal. C’est là que je découvris, à l’étage, côté ouest, une nouvelle marque que nous n’avions pas encore vue. Elle était similaire à celle qu’Opaline nous avait signalée la veille au soir.



J’étais en train de l’examiner lorsqu’Ancelin arriva devant moi à vitesse vampirique. Il jeta un œil à l’étrange dessin puis releva la tête :

- Yoram... on sait, toi et moi, que tu n’es pas très porté sur les histoires de cœur, n’est-ce pas ?

- Tu veux me parler d’Amaël et Odely ? C’est vrai que ça me perturbe beaucoup de me retrouver attiré par ces deux-là du jour au lendemain, mais ne dis pas que je ne suis pas porté sur ces trucs. Je ne suis pas pour l’engagement, c’est tout. Après... pour le reste...

- Yoram !



Bon sang, il m’avait coupé la parole. Si on ne peut plus finir ses phrases, maintenant. C’est tout de même lui qui a lancé le sujet sur les histoires de cœur.

- J’ai besoin de ton aide. J’ai essayé mon hypnose vampirique sur Amaël et Odely pour qu’ils ne ressentent plus rien l’un pour l’autre mais j’ai échoué... J’aimerais que tu essayes tes pouvoirs de persuasion sur Odely...



Oh la la ! Je sentais qu’Ancelin me cachait quelque chose, et Odely n’apprécierait pas du tout que je touche à son cerveau :

- Toi, tu as un pouvoir de persuasion, moi j’utilise la télépathie d’intromission. Ce n’est pas la même chose et c’est très invasif, comme méthode. Je dois m’introduire dans sa tête pour modifier un ou deux neurones afin que les informations qui sont transmises au cerveau n’intègrent plus ce sentiment qu’elle a par rapport à Amaël ou moi. C’est très délicat et très risqué. On n’a pas le droit à l’erreur.

- Je comprends bien... mais tu sais le faire, non ?



- Bien sûr, mais elle ne doit pas s’y attendre car, si elle lutte, je peux commettre des dégâts irréversibles et, qu’elle soit vampire, n’y changera rien.

- Alors fais-le pendant la réunion. Elle sera occupée à autre chose et son cerveau sera disponible pour toi.



- Elle va me tuer quand elle va réaliser ce que j’ai fait...

- Ne t’inquiète pas. Elle sera tellement heureuse d’être débarrassée de ses sentiments chimériques qu’elle te remerciera.



La réunion avait commencé à quinze heures. Odely nous avait tous réunis pour faire un point de notre situation, et avait allumé les bougies bleues, afin que personne ne se sente effrayé ou oppressé par l’atmosphère toujours effrayante de la demeure.

Après la vente fructueuse que nous avions réalisée la veille, il nous restait encore une somme très confortable. Notre chef préférée désirait donc savoir à quel poste nous dévouerions cet argent, sachant qu’il nous faudrait toujours garder un peu de trésorerie pour les exigences de l’entité qui nous ouvrait les portes.



Audric suggéra de s’intéresser aux ordures qui s’accumulaient devant notre porte. Il s’était renseigné auprès de Juju, notre désormais fournisseur et revendeur attitré, et celui-ci était d’accord pour nous débarrasser de nos déchets « à prix d’ami », tarif qui ne convint à personne car le montant était beaucoup trop élevé et que nous avions d’autres priorités, comme l’hygiène corporelle ou la cuisine.




Je pouvais comprendre la déception de notre magicien, connaissant son aversion pour les mauvaises odeurs et la saleté, mais manger froid ou se laver auprès d’un lavabo, devenait vraiment insupportable, surtout pour certains d’entre nous, comme ne manqua pas de le faire remarquer Amaël.

Je ne me sentais pas trop concerné car, l’hygiène et moi, ça faisait deux, et qu’un lavabo me suffisait amplement pour mes quelques ablutions quotidiennes, mais je pensais surtout à Opaline, notre amie sirène. Je n’imaginais même pas ce que ses pauvres écailles devaient subir ; et pourtant, elle ne se plaignait pas. C’est ce qui me décida à proposer à mes amis l’achat d’une baignoire. Peut-être Opaline retrouverait-elle son beau sourire. Depuis qu’elle était arrivée ici, j’avais l’impression d’observer une fleur en train de se flétrir et elle m’inquiétait beaucoup.



Elle détourna son regard de moi et j’aperçus un sourire se dessiner sur son visage... enfin ! Elle n’approuva ni ne désavoua ma requête mais sembla perdue dans ses pensées. J’aimais à espérer qu’elle se voyait déjà dans cette baignoire qui la soulagerait un peu... et que ce serait grâce à moi.



A l’unanimité, mon idée fut ratifiée et nous fûmes d’accord pour assortir l’achat de la baignoire à celle d’une douche ou de lits, selon le budget. Opaline m’apparut très émue et il ne m’en fallut pas plus pour être heureux. Un jour, peut-être, apprendrais-je à cacher ces auras qui révélaient, malgré moi, mes humeurs, mais, pour le moment, je n’en avais cure.



Je sentis, une troisième fois depuis le début de notre réunion, le regard d’Ancelin braqué sur moi. Nul doute qu’il s’impatientait et voulait en finir au plus vite avec ce qu’il m’avait demandé... mais je sentais que je devais attendre encore... Odely n’était pas prête et je ne pouvais pas forcer son cerveau à affronter ma télépathie d’intromission sans qu’elle ne soit complètement absorbée par le sujet.

Je renvoyai un léger signe négatif de la tête à Ancelin, en espérant qu’il comprenne mon message.



La réunion se poursuivit sans que personne ne se doutât de quoi que ce soit.

La proposition de Fantine d’acheter une gazinière fut acceptée à l’unanimité car, même si une cuisine nous avait été promise par l’entité au rire sardonique, nous ne savions pas dans quel état nous la trouverions, ni à quel moment, elle nous serait accessible... Fantine avait donc insisté pour que nous puissions cuire nos aliments, idée à laquelle personne ne résista.

Je suggérai ensuite de vendre le jeu de fléchettes que nous avions gardé car, sans réseau, le jeu ne fonctionnait pas. La proposition fut également ratifiée.



Nous fîmes ensuite le point sur les réparations des sanitaires et chacun fut heureux d’apprendre que nous avions, de nouveau, quatre toilettes et quatre lavabos utilisables pour huit.

Le confort tenait à peu de choses, mais il était indispensable dans ce bâtiment où la terre tremblait régulièrement et où les murs tout entiers semblaient vous vouloir du mal.



On enchaîna ensuite sur l’enlèvement d’Audric par les Vénusiens qui avaient détecté ici une anomalie dangereuse, puis sur l’expérience de Fantine avec le fantôme dénommé Susumu, suivie de son aventure effrayante et des menaces qu’elle avait reçues en utilisant la table de Parcémente.



Fantine nous raconta combien elle avait eu peur, l’impression de froid qu’elle avait ressenti puis sa chute en arrivant à l’étage ; son dos s’en souvenait encore et elle avait toujours du mal à réchauffer son corps. Elle en voulait personnellement à l’esprit qui lui avait fait subir tout ça parce que, oui, c’était un esprit, et non une âme égarée, affirma-t-elle.



Susumu lui avait très bien expliqué le fonctionnement de l’au-delà et des trois secteurs qui le composaient.

Elle était persuadée que l’entité malfaisante n’était pas un esprit de Purgo, ni une âme égarée d’Inferno mais plutôt un esprit qui avait réussi à se frayer directement un passage entre Purgo et Inferno.

- Ah oui ? railla Ancelin. Et comment peux-tu savoir ça ?



Odely coupa court à leur conversation :

- Fantine a rencontré le fantôme. Il lui en a dit suffisamment pour qu’elle ait une connaissance, même approximative, de l’endroit où toutes ces entités demeurent. Je serais d’avis d’invoquer ce Susumu. Il nous en dira peut-être un peu plus.

Personnellement, je trouvai que l’entreprise était un peu risquée, mais je n’avais pas le temps de m’appesantir sur le sujet. C’était le moment que j’attendais. Ancelin était accaparé par autre chose qu’Odely, et c’était le plus important car, connaissant les connexions que les vampires avaient entre eux, il aurait pu tout faire capoter, sans même le savoir. Il fallait donc que j’agisse au plus vite, avant qu’un sujet moins captivant pour lui, ne vienne sur le tapis.



J’alignai alors mes mains pour accumuler l’énergie nécessaire à l’effort que je devrais fournir pour infiltrer le cerveau d’Odely, lorsque je sentis le regard d’Opaline sur moi. J’eus du mal à déceler si elle me donnait son consentement ou si elle m’incitait, de ses yeux magnifiques, à tout arrêter, mais elle savait. Elle m’avait déjà vu à l’œuvre.



Je me connectai alors à mon propre cerveau de manière à pouvoir atteindre celui d’Odely. L’intromission ne dura quelques longues secondes critiques durant lesquelles je devais à notre cheffe d’être extrêmement précis.



Elle se tortilla douloureusement sur sa chaise jusqu’à ce que je mis fin au processus d’infiltration, puis me regarda sans mot dire. Il y avait un silence pesant dans la pièce et j’en vins à douter d’avoir atteint mon but. Et si j’avais commis des dégâts irréparables ?



Je n’eus cependant pas à me faire de soucis trop longtemps puisque, lorsqu’Odely finit par s’exprimer, je sus tout de suite qu’elle était en pleine possession de ses capacités intellectuelles :

- Ne t’avise plus jamais de refaire une chose pareille, cracha-t-elle d’une voix menaçante. Tu touches encore une seule petite fois à mon cerveau, et je te tue.



Je n’ignorais pas que la menace était réelle, et qu’elle n’hésiterait pas à la mettre à exécution si je ne la prenais pas eu sérieux, mais j’étais réellement soulagé qu’Odely aille bien. Il fallait cependant que je m’assure de l’efficacité de l’intromission, afin de lever définitivement le doute :

- Ressens-tu encore des sentiments pour Amaël, ou moi ?

Odely fronça les sourcils en me scrutant avec insistance :

- Non, en effet... C’est donc pour ça que tu es entré dans ma tête ?



- Crois-moi, j’en suis désolé... mais te voilà libérée de ce fardeau.

- Parfait, on va donc pouvoir reprendre la réunion.

La discussion était close. Odely ne s’attardait jamais sur un sujet qui lui déplaisait. Tout le monde le savait.



Fantine fut conviée à nous raconter l’expérience qu’elle avait vécue, sur la table de parcémente, avec cet esprit invisible qui nous conseillait vivement de quitter les lieux, invectivant que le « passage » était à lui.

Fantine avait clairement identifié la voix comme étant celle d’une femme.



Nous parlâmes ensuite des trois objets maléfiques découverts sur le terrain puis Odely déclara devoir nous informer d’une chose importante :

- Je sais qu’Ancelin n’approuvera pas mais il faut que vous sachiez que nous sommes déjà venus ici, lui et moi, il y a une trentaine d’années. Nous étions accompagnés alors d’Adrian Duplantier, l’homme qu’Amaël a rencontré et qui l’a conduit à nous embaucher.



- Ce vieux bougre ne m’avait pas dit qu’il était venu ici avec vous, s’exclama Amaël.



- Je crains qu’il n’ait malheureusement pas de bons souvenirs de cet endroit. Nous avions, avec nous, une quatrième personne, un magicien de ses amis... Il y a laissé la vie, et Adrian a vu la sienne sauvée de justesse grâce à Ancelin. Nous avons tous perdu quelque chose, ce jour-là.



Au son de sa voix, je compris qu’Odely avait très certainement souffert en ces lieux et je pouvais aisément deviner que la plaie n’était pas refermée.

Ancelin poursuivit à sa place :

- Il y avait autrefois ici, à la place de l’hôpital psychiatrique, un manoir appartenant à une jeune femme du nom de Tempérance. Celle était fiancée à un certain Claude-René, romantique incorrigible, qui rompit leurs fiançailles pour se consacrer à une jeune femme enceinte de son futur enfant. Tempérance fit mine de comprendre la situation et elle invita Claude-René dans son manoir pour une dernière nuit passionnée. Ne se doutant de rien, il accepta et, alors qu’il s’était endormi, elle mit le feu au manoir pour assouvir sa vengeance. Si Claude-René ne pouvait être à elle, Tempérance se jura que personne ne l’aurait. Ils périrent tous les deux dans l’incendie.



- Mais quelle horreur ! se mortifia Doreen. Ce sont eux qui hantent maintenant l’hôpital ?



Ancelin s’était tourné vers Odely :

- Il est évident que plusieurs entités hantent à présent l’hôpital mais, à l’époque, Tempérance était seule. Nous n’avons croisé qu’elle, et nous l’avons vaincue... enfin... nous l’avons cru.



- Vous êtes certains qu’elle est toujours là ?

- J’en suis certaine, me répondit Odely. Je ne sais pas comment c’est possible mais elle est ici.



- Comment avez-vous fait pour la vaincre ? Le problème vient peut-être de là ?

- Ancelin et moi l’avons vaincue au combat à plusieurs reprises mais elle trouvait refuge dans divers objets et revenait chaque fois.



- C’est Luc, l’ami magicien d’Adrian, qui apporta la solution. Il avait trouvé le moyen d’ouvrir un brèche vers les enfers et d’y envoyer Tempérance, mais Ancelin et moi ne voulions pas qu’il prenne ce risque lui-même car il était encore très jeune. Adrian avait déjà 30 ans mais Luc n’en avait que vingt...



- Nous devions être deux pour lancer les sorts. Nous devions le faire simultanément si nous voulions que Tempérance ne s’évapore pas une fois la brèche ouverte. Luc nous a appris comment formuler les incantations, et Odely et moi les avons prononcées. Tout a presque fonctionné comme prévu. Tempérance a été happé par une sorte de tourbillon mais cela s’est fait trop lentement. Elle a entraîné le jeune Luc avec elle puis elle s’en est pris à Adrian. J’ai pu le tirer de là mais, pour Luc, c’était trop tard.



- Quelle tragédie... soufflai-je.

- La brèche s’est-elle refermée une fois que Tempérance est tombée aux enfers ? demanda Audric

- Oui, nous l’avons vue se fermer. Nous n’avons pas attendu la fin mais, lorsque nous sommes partis, cette sorcière essayait de remonter et elle en a été incapable, confirma Ancelin.



- Ce que tu me racontes, me laisse à penser que le passage vers l’hôpital n’a pas été complètement verrouillé, un peu comme une fermeture éclair mal recousue... dit Audric en se lançant ensuite dans des explications singulières. En couture, si ton point d’arrêt est mal fait, la fermeture éclair ne tiendra pas dans le temps. Je pense que la brèche de Tempérance avait un point faible et qu’elle a su l’exploiter. Cela a mis trente ans mais elle est parvenue à la rouvrir. Il va falloir trouver cette faille et l’obturer définitivement.



Peu après la réunion nous avons reçu la visite d’une employée municipale zélée venue nous faire la morale parce que nous entassions nos déchets sur le pas de de notre porte.

Amaël s’était discrètement échappé pour ne pas qu’il soit relié à cette « infamie » sur une commune dont il est le maire, et je l’avais suivi, laissant les filles gérer la situation.

La jeune femme avait compati et nous avait accordé un délai pour évacuer nos poubelles, mais nous promit que, si elle avait à revenir, ce serait pour nous verbaliser. Il ne manquait plus que ça !



Amaël s’était éclipsé au jardin pour s’occuper du poulailler tandis que je profitais de cette visite impromptue pour aller m’allonger un peu. La télépathie m’avait complètement vidé et je ressentais une grande fatigue cérébrale.



J’ignore ce qu’on fait les autres à ce moment-là, mais j’avais besoin de me ressourcer. On m’a tout de même dit que Doreen s’était faite attaquée par un essaim d’abeille à l’intérieur même de l’hôpital. Les abeilles étaient apparues, s’étaient jetées sur elle, puis étaient reparties. Personne n’a su d’où elles venaient mais ce n’étaient pas les nôtres.



Il faisait nuit lorsque je me suis réveillée, bien décidé à en découdre avec notre table de spiritisme, la célèbre table de Parcémente.



Malheureusement, je ne parvins pas à grand-chose ; il me sembla bien entendre une voix, presque lointaine, me dire qu’elle arrivait, mais j’attendis un peu et rien ne se produisit.

Amaël s’était approché de moi pour discuter et je saisis l’opportunité pour le convier à une discussion plus discrète au jardin.



Je ne sais pas à quoi s’attendait notre pauvre maire mais, aussitôt assis, j’employai sur lui la même technique d’intromission dont j’avais usé sur Odely, envoyant définitivement notre petit trio amoureux dans les oubliettes.



Amaël, loin de m’en vouloir pour ce que je venais de lui faire endurer, me remercia de mon initiative et m’assura se sentir bien mieux. J’avoue que, pour ma part, le soulagement était grand de ne plus avoir à subir les assauts romantiques de personnes que je n’avais pas choisi d’aimer.



Ce soir-là, alors que nous étions tous réunis, un fantôme rose et chapeauté fit une apparition tonitruante et remarquée à la réception.



Il nous dit s’appeler Claude-René Duplantier et nous pria de l’appeler Guidry. Il était l’esprit de ce jeune homme dont nous avaient entretenu Odely et Ancelin un peu plus tôt dans la journée. C’est également lui qui m’avait contacté pour m’annoncer son arrivée prochaine, juste avant que je ne sorte avec Amaël.



Il était charmant et très amical. Guidry nous confirma sa triste histoire avec Tempérance et attesta de sa malveillance sans limite.



Contrairement à la Tempête Rouge, lui n’était pas mort brûlé, mais il s’était éteint tranquillement dans son sommeil, asphyxié par la fumée. Il ne s’était rendu compte de rien et n’avait pas souffert, ce qui avait rendu son ex-fiancée encore plus furieuse.



Guidry fut très heureux d’apprendre que la mère de son enfant était restée en vie et que son enfant lui avait donné une descendance.



Il nous révéla qu’il était à l’origine des messages qui nous permettaient de débloquer différentes pièces dans l’hôpital et s’en excusa, mais il n’avait eu d’autre choix que ce biais pour nous aider car il quelques difficultés à matérialiser sa forme fantomatique.



Lorsque je lui demandai pourquoi nous devions absolument lui remettre de l’argent étant donné qu’il n’en avait pas grande utilité dans l’au-delà, il me répondit que l’idée n’était pas de lui.



Tempérance était responsable de l’inaccessibilité de toutes les pièces et elle avait mis des conditions pour que celles-ci soient déverrouillées. Bien sûr, elle n’avait pas prévu que Guidry nous assiste et nous révèle les actions à effectuer pour que cela se produise, et on devrait très probablement s’attendre à son prodigieux courroux lorsqu’elle daignerait se montrer.



Notre ami ectoplasme nous indiqua donc, dans le détail, presque toutes les prouesses que nous devrions accomplir afin d’accéder à l’hôpital dans son entier mais, il en omit volontairement certaines qu’il nous déclara juger préférable de découvrir par nous-mêmes.



Nous avions bien fait de ne pas nettoyer toutes les traces maléfiques que nous avions remarquées. Une deuxième avait même fait son apparition dans la salle des artistes, en fin d’après-midi, et j’avais été à deux doigts de l’écraser. Je salue donc mon hésitation et mon désir d’en parler aux autres avant d’avoir fait quoi que ce soit.




Nous étions en pleine conversation sur nos tenues vestimentaires qui semblaient beaucoup intriguer Guidry lorsque nous entendîmes un grincement de gonds en provenance de l’étage :

- Une nouvelle pièce accessible ? demanda Odely. Mais qu’avons-nous fait pour ça ?

- Oh rien, c’est cadeau parce que j’aime bien Yoram et que je le considère comme un ami.



J’étais franchement très flatté que notre visiteur me tint pour son ami, mais je venais de voir apparaître un petit spectre rouge derrière la porte d’entrée et je voulais l’examiner de plus près.



J’aurais mieux fait de m’abstenir... J’ignore ce que cette âme égarée me transmit mais je me sentis soudainement très mal à l’aise et, surtout, embarrassé. Je pourrais jurer qu’elle a deviné ma nature sixamienne et que cela ne lui a pas du tout plu.



Pendant ce temps, à l’intérieur, Guidry et Opaline paraissaient se trouver de nombreuses affinités, et de nouveaux gonds se mirent à grincer. J’avais probablement débloqué la cuisine et nous allions être soulagés de 200 simflouz supplémentaires. Quelle guigne, je ne supportais pas qu’on penne mon argent.



Je me dirigeai vers notre cuisine actuelle pour préparer une salade pour tout le monde ; j’avais très faim. Quand je pense au travail qui nous attendait demain, ça me démoralisait. Il nous faudrait déblayer deux pièces et déménager les meubles de cuisine jusqu’à leurs nouveaux quartiers.

Heureusement, lorsque je regardais le sourire si frais d’Opaline, mon moral remontait. Dommage qu’il ne m’ait pas été adressé... Je me demande quand même ce qu’elle peut bien trouver à un fantôme !



Lorsque je m’assis auprès d’Audric pour avaler ma salade de pastèque, j’étais encore envahi par cet ineffable embarras qui ne semblait pas vouloir se dissiper, et, alors que je l’observai qui s’attelait à ses exercices respiratoires supposés combattre l’anxiété, je me demandai finalement si je n’étais pas mieux loti que lui.



J’avais envisagé une petite séance de spiritisme, après mon repas, non pas pour appeler les esprits, non ; nous en avions déjà un sur place et le dernier spectre que j’avais croisé, m’avait achevé pour la soirée. Non, je voulais surtout m’entraîner pour être capable, moi aussi, d’inviter plusieurs personnes à ma table... mais cet embarras... il me tourmentait.



Je pris donc la sage décision d’aller me coucher, du moins le crus-je...

Mon sommeil fut ponctué de cauchemars. J’y voyais les vénusiens en train d’enlever Opaline. Ils chuchotaient tandis qu’elle les implorait... Elle avait froid... très froid... mais ils n’entendaient rien. Je n’arrivais pas à l’atteindre, elle était beaucoup trop loin.



Je me réveillai en sursaut... Si j’avais été un humain, je crois que j’aurais sué toute l’eau de mon corps, mais je suis un sixamien et mes oreilles se mirent à osciller contre mes tempes.



Et alors que je repris mes esprits, je compris...

Je me levai d’un bond et me mit à courir aussi vite que je le pus.



La plupart de mes amis étaient déjà là. Personne ne comprenait ce qui s’était passé. Guidry, lui-même, nous avait rejoint et ne comprenait pas non plus.



Je m’effondrai, sans retenue, lorsque la Faucheuse arriva pour nous la prendre. Nous étions tous là, sauf Ancelin.



Je me demandais où il pouvait bien être...



Certainement concentré sur une partie d’échec, ignorant le drame qui se déroulait sous nos yeux... Opaline.. morte de frois sur un vaisseau vénusien... et raptriée ici sans aucune once de bonté...

Je savais qui en était les responsables... les vénusiens... et je me fais la promesse aujourd’hui que leur crime ne restera pas impuni.

Adieu Opaline, mon amie... Repose en paix... C’est tout ce que je te souhaite.




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