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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 5- Et si on recommençait?

Oh non... ça n’est pas possible...

Hortense avait espéré que les symptômes qu’elle ressentait depuis près de deux semaines soient liés à la malbouffe qu’elle ingurgitait tous les midis, alors que Brady et les filles étaient respectivement au travail et à l’école. Mais il n’en était rien.

Elle voyait s’envoler son voyage de noces à Sulani...


Elle avait refait le test une deuxième fois dans la journée, histoire d’être sûre, puis une troisième fois, pour en être définitivement convaincue. Puis elle avait aidé les filles à faire leurs devoirs lorsqu’elles étaient rentrées de l’école, et avait embrassé son mari alors qu’il avait franchi le pas de la porte, heureux de retrouver sa famille.

Elle avait attendu le dernier moment pour lui annoncer la nouvelle. Les filles étaient couchées et, d’ordinaire, elle se vautrait dans le canapé, devant la télé, pour regarder des séries à l’eau de rose, tandis que Brady s’enfermait dans son bureau pour travailler ; mais, ce soir-là, elle devait lui parler.

- Tu es enceinte ? Tu es sûre ?


Bien sûr qu’elle était sûre ! Elle ne pouvait pas être plus sûre que ça : trois tests de grossesse en une journée. Tous positifs. Alors oui, elle était sûre.

Brady prit plutôt bien la nouvelle. Lui qui n’avait jamais connu ses parents, était même plutôt heureux de pouvoir offrir un foyer à tous les enfants que sa femme lui donnerait. Il ne s’était jamais autant senti homme que depuis qu’il était père.


Hortense ne vivait pas les choses du même point de vue. Brady pouvait être heureux, ce n’était pas lui qui ressentait les violentes nausées matinales qui la contraignaient à s’interrompre au milieu d’une composition pour devoir tout recommencer ensuite. Ce n’était pas lui, non plus, qui, à mesure que les semaines passaient, avaient de plus en plus de mal à s’accroupir pour aller cueillir les fleurs du jardin. Non, Brady était simplement heureux.


Brady était heureux, oui, mais il sentait que sa femme adorée s’étiolait. Elle n’avait plus envie de rien et dormait de plus en plus. Il s’inquiétait sincèrement.


Brady n’avait pas abandonné son projet de voyage de noces. Il avait obtenu le soutien de Sarah, la meilleure amie d’Hortense, qui s’était proposée pour accueillir les filles chez elle ; mais il savait qu’Emeline préfèrerait rester à la maison. Il devait lui parler. Serait-elle capable de s’occuper de sa petite sœur pendant leur absence ?


Evidemment ! avait répondu Emeline. Papa, tu me connais, je vais prendre soin d’elle. Et puis, j’ai le numéro de Sarah. Je sais qu’elle sera là s’il y a un problème. Alors ? on peut rester à la maison ?


Brady avait dit oui.

- Je te fais confiance, ma grande ! Je sais que tout se passera bien. Et ta mère a vraiment besoin de ces vacances !

- Ne t’en fais pas. Je ne ferai pas de bêtises, Papa. Vous pouvez partir tranquilles.


Evidemment, Brady n’avait pas dit à Hortense que les filles resteraient seules à la maison, mais leur voyage de noces avait pu commencer après plusieurs heures de vol vers les îles sulaniennes.

Sarah avait promis de venir deux fois par jour, pour vérifier que tout allait bien.

Pendant ce temps, Hortense avait commencé ses vacances dans le farniente le plus total. Le loft loué par Brady était idéalement situé sur une presqu’île paradisiaque. Sable et océan semblaient entourer leur location. Le calme, le silence... et juste Brady auprès d’elle. Elle se sentait bien.


Il y avait tellement longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés seuls qu’ils avaient presque oublié qu’ils pouvaient encore faire beaucoup de choses ensemble. Leur voyage de noces en était le parfait exemple.

Ils s’étaient amusés avec les équipements mis à leur disposition.


Ils avaient parcouru l’archipel à vélo et découvert des coins d’une beauté insoupçonnable, de jolis coins qui leur avaient permis de se retrouver, véritablement...


... et de mesurer que leur amour ne se ternirait jamais. Il se voyaient dans les yeux de l’autre, aussi beaux qu’au premier jour.


L’eau faisait énormément de bien à Hortense, qui appréciait de sentir ses jambes si lourdes, devenir presque légères lorsqu’elle effectuait quelques brasses dans l’océan. Bien sûr, elle n’avait pas la légèreté de Brady qui se mouvait comme une anguille alors qu’elle, elle ressemblait plutôt à une baleine, mais l’océan lui était bénéfique.


Elle avait même réussi à suivre son mari, au large, pour admirer les dauphins, et s’était réjouie, à ses côtés, du merveilleux ballet de ces animaux tout en ouvrant de grands yeux sur les coraux alentours.


Hortense appréciait beaucoup la présence de Brady, mais elle avait également besoin de s’isoler, pour savourer un peu de tranquillité ; et cela Brady le comprenait. Il en profitait d’ailleurs pour pratiquer certaines activités que l’état gravidique d’Hortense ne lui permettait pas d’exercer.


Mais ils se retrouvaient toujours le soir, présents l’un pour l’autre, discutant, parlant de leurs filles et de leurs bébés à venir. Brady prenait soin de sa femme, la bichonnait de petites attentions, en la massant pour soulager ses pieds endoloris, ou en lui concoctant ses petits plats préférés, ou d’autres, un peu plus locaux.


C’est ainsi qu’ils passèrent leur dernière soirée à Sulani. Et ils se promirent de ne plus jamais se perdre de vue dans le quotidien qui était le leur, à Willow Creek.


 

Leur retour fut marqué par la cérémonie des Topisims qu’Hortense remporta haut la main, grâce à l'une de ses compositions, volant la vedette à la très célèbre actrice Judith Ward.


Elle dédia son prix à sa famille, et plus particulièrement à son mari qu’elle aimait tant.



Le reste de la soirée se passa tranquillement devant un film tout public. Il était si bon de se retrouver tous ensemble.



Quelques jours plus tard, Hortense mit au monde un petit garçon qu’ils appelèrent Laurent...


... et une petite fille qu’ils prénommèrent Romane.


Les jumeaux firent l’unanimité auprès des filles qui ne demandaient qu’à passer du temps auprès d’eux, et à s’en occuper.


 

Lorsque son père avait émis l’idée d’agrandir le sous-sol, Emeline avait même accepté d’y déménager sa chambre pour leur laisser la sienne.

Elle avait tout redécoré à son goût et surtout, elle avait un espace dédié pour y pratiquer son yoga au calme.


Le calme, c’est ce dont sa mère avait besoin. Aussi, avec la complicité de Brady qui s’était proposé pour garder les petits, Emeline avait emmené Hortense au spa pour une journée détente sans bébés.

Hortense avait tellement apprécié ces moments qu’elle s’était même endormie sur la table de massage.


Il faut dire que les jumeaux ne lui laissaient pas beaucoup de répit, alors elle en profitait pour s’allonger auprès d’eux lorsqu’ils voulaient bien se synchroniser pour s’endormir. La sieste, c’était sacré, même si elle ne devait durer que quinze minutes.


 

Emeline était complétement désespérée. Elle avait juré à ses copines du lycée qu’elle trouverait un amoureux avant la fin de la semaine, et elle n’avait toujours pas trouvé le garçon susceptible de lui convenir. Pour qui elle allait passer, lundi, en retournant à l’école ? Elles allaient tous se moquer d’elle, c’est certain


Elle alla donc voir Mathieu, le fils de Sarah. Leur amitié datait des couches-culottes, et le jeune homme lui prêtait toujours une oreille compatissante.


Mathieu était, avec ses trois ans de plus, un confident de choix, lui dispensant toujours de très bons conseils.

Il lui proposa l’idée folle de faire semblant d’être en couple, pour clouer le bec à ses copines. Emeline accepta avec joie. Les filles seraient vertes de jalousie en la croyant avec une dernière année !

Ce jour-là, Mathieu et Emeline se firent la promesse de se marier aux trente ans d’Emeline, si aucun des deux n’avaient encore trouvé chaussure à son pied, d’ici-là.


Emeline était tellement contente qu’elle invita, le soir-même, sa petite sœur dans sa chambre, après s’être assurée que les parents étaient couchés.

Elles mirent la musique et commencèrent leur petite soirée à elles. Ce qui était bien, avec une chambre au sous-sol, c’est que les parents dormaient deux étages plus haut, et ne risquaient pas de les entendre.


- Mais, moi j’croyais que c’était déjà ton amoureux, Mathieu...

- Ben non, pas du tout, figure-toi !


Le lendemain, un des garçons les plus populaires de l’école vint frapper à sa porte pour l’inviter au Bal de la Rentrée, le fameux bal qui avait lieu, après chaque vacances d’hiver. Gabriel était beau comme un Adonis, et nul doute que son entrée au bal, à son bras, ferait frémir d’envie les copines. Elle accepta tout de suite l’invitation, en se disant qu’il faudrait qu’elle appelle Mathieu pour annuler leur plan.


 

Les jumeaux avaient grandi quelques temps après, dévoilant tous les deux la chevelure rousse de leur mère. Romane avait développé une légère myopie que l’ophtalmologue avait espéré ne pas voir évoluer. Quant à Laurent, il apparaissait en très bonne santé.


Les jumeaux avaient très vite pris possession de l’ancienne chambre d’Emeline, remeublée et décorée pour les accueillir. Ils s’y sentaient à leur aise et s’y isolaient souvent pour babiller tous les deux.


Avec la venue de deux nouveaux membres à la table familiale, le soir, les repas étaient de plus en plus animés. Emeline réussit cependant à informer ses parents qu’elle avait un nouvel ami et que celui-ci l’invitait au Festival de l’Amour, qui se tenait en ville le lendemain. Elle en profita aussi pour glisser son invitation au Bal de la Rentrée.

Brady et Hortense n’émirent aucune objection pour le bal, car ils savaient qu’il était chaperonné par les professeurs du lycée mais, s’ils n’empêchèrent pas Emeline de se rendre au Festival de l’Amour, ils imposèrent une heure de retour à la maison pour le film du samedi soir qu’ils devaient visionner en famille.


Leur fille aînée était une adolescente bienveillante, qui avait la tête sur les épaules. Elle l’avait démontré en s’occupant de Cendrine durant leur voyages de noces à Sulani, et elle convainquait encore ses parents en jouant avec les jumeaux et sa petite sœur.


Brady et Hortense ne se faisaient réellement pas trop de soucis. Ils savaient leur fille sérieuse.

Ils n’auraient pas imaginé une seconde qu’elle put entraîner le fameux Gabriel vers la fontaine à boissons du festival.


- Ben quoi ? Tu ne veux pas goûter à ce super jus ? C’est l’attraction principale du festival !

- On ne sait même pas ce qu’il y a dans ce truc. Je ne suis pas fou.


- Tant pis, moi j’y vais ! Je ne pensais pas que tu étais si poltron.


A ces mots, l’adolescent se décida à se joindre à Emeline et s’abreuva, lui aussi, à la fontaine du festival. La boisson était délicieusement douce et agréable...


...et les effets ne tardèrent pas à se faire sentir. Gabriel envoya une poignée de pétales de roses sur sa dulcinée, complètement séduite.


Et même s’il ne se passa rien de vraiment déterminant durant le reste de l’après-midi, Gabriel prit quand même sa jeune amie dans les bras au moment où elle lui dit au revoir pour rentrer chez elle.

Cette étreinte valait le coup, même si Emeline ne crut y ressentir que de l’amitié. Après tout, Gabriel avait bien confirmé qu’il l’espérait comme cavalière au Bal de la Rentrée.


Emeline rentra à temps pour la soirée pyjama, devant le film du samedi soir, accessible aux petits et aux grands. La soirée s’éternisa auprès du feu, alimentée par des discussions légères où chacun raconta sa journée.


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