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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 6 - Investissements

L’été s’était bien installé sur Willow Creek, beau et caniculaire. Hortense avait ressorti du grenier la piscine gonflable d’Emeline, pour les jumeaux, tout en se disant, qu’elle aussi, aurait bien voulu une piscine pour s’y rafraichir et nager un peu.


Il avait fallu parlementer un peu avec Brady pour le convaincre que ce serait une bonne idée, mais les négociations furent finalement simplifiées grâce au soutien enthousiaste des filles qui appuyaient, à cent pour cent, le projet de leur mère.

Et la piscine sortit de terre en quelques jours.


Emeline se fit un plaisir d’y inviter ses amis, si bien que le jardin devint le lieu de rencontre préféré de toute cette jeunesse, presque tous les jours.


Brady et Hortense avaient donc été obligés de mettre le holà pour réinvestir les lieux et faire comprendre à leur fille aînée que leur maison n’était pas une annexe du parc Magnolia.


Quelques jours avant la rentrée scolaire, Gabriel annonça à Emeline qu’il ne pourrait pas l’accompagner au Bal de la Rentrée. Sa maman, venait de décéder, et il n’avait pas du tout le cœur à la fête.


Si Emeline avait pensé, le temps d’une seconde, que le jeune garçon cherchait une excuse pour retirer son invitation, elle lut très vite le chagrin dans ses yeux et s’empressa de le consoler.


Sa meilleure amie Laura, qui se trouvait non loin de là, s’approcha dès que Gabriel se fut éloigné.

- Rassures-moi, tu viens quand même au bal ?

- Sans cavalier, certainement pas, et il est trop tard pour que j’en trouve un autre. Avec qui tu y vas, toi ?

- Avec Orange.


Le soir du bal, Emeline passa donc la soirée à regarder un film pour enfants en compagnie de sa mère, de son frère et de sa sœur, avant de faire quelques enchaînements de yoga qui la détendirent avant qu’elle n’aille se coucher.


Pendant ce temps, Brady avait emprunté le synthétiseur d’Hortense pour créer ses propres morceaux. Il s’y était mis depuis quelques temps, réalisant que les cachets obtenus par ce moyen, pouvaient parfois représenter des sommes indécentes.


Les vacances scolaires s’étaient achevées et, malgré la chaleur ambiante, il avait fallu reprendre le chemin de l’école et le rythme des devoirs à la maison.


 

Cette année-là, Emeline avait commencé à donner des cours de yoga au spa de Willow Creek, deux fois par semaine, le soir, après les cours, ainsi que les week-ends.

Ses amies, Elsa et Laura s’étaient même fait une joie d’accepter de participer à son tout premier cours.


Les copines avaient même réussi à entraîner leur ami commun, Guillaume, dans l’aventure.


Petit à petit, Emeline réussit à se faire une clientèle locale puis, un peu plus étendue. Les curieux venaient, de plus en plus nombreux, séduits par la gratuité du premier cours, et finissaient souvent par s’inscrire.


Emeline et Cendrine fêtèrent leur anniversaire le même jour. L’aînée avait évidemment invité tous ses copains, et la plus jeune s’était contentée de son unique amie Amandine.

Elle souffla ses bougies la première.


Bon... un petit relooking va s’imposer, mais ce sera après la fête.


Emeline devait d’abord souffler ses bougies, et puis, il y avait aussi un gâteau à manger.


Avant cela, tous les amis d’Emeline avaient, eux aussi, eu le privilège de souffler leurs bougies. La petite bande d’amis voulait vieillir ensemble, et ne comptait pas se priver de partager les mêmes activités.


Mathieu fut le seul à ne pas éteindre de bougies ce soir-là, car il était passé à l’âge adulte quelques jours avant. Il ne se priva pas, pour autant, de se servir du délicieux gâteau à la fraise, préparé par sa meilleure amie, avant de quitter la fête pour cause d’obligations familiales.


Cendrine avait allumé la chaîne-hifi et Laura avait entrainé les filles, et les bambins, sur la piste de danse. Cette fille avait le rythme dans la peau.


- Il faudrait vraiment que tu fasses quelque chose pour ton look, sœurette !

- On verra ça plus tard ! Pour l’instant, je m’amuse !


Pendant ce temps, Brady et Hortense faisaient la connaissance de Gabriel et de Guillaume.


Gabriel eut même l’audace de leur demander la permission d’offrir une rose à leur fille.


Ils n’y avaient vu aucun inconvénient, bien sûr.


Le jeune homme était charmant. Il voulait se faire pardonner leur rendez-vous manqué pour le Bal de la Rentrée.


Après le départ des jeunes, Hortense tint cependant à mettre les points sur les « i » avec Emeline, à coups de recommandations particulièrement détaillées sur certains aspects de la vie amoureuse.


Sa fille lui renvoya quelques sourires crispés en hochant la tête, tandis que son mari la contemplait, médusé, se demandant quelle mouche pouvait l’avoir piquée.


Ils désertèrent la table, de concert, et entreprirent alors de débarrasser les restes de la fête, pour ne plus avoir à entendre son discours inhabituel. Décidément, Hortense étonnerait toujours Brady !


Son épouse se fit aider de Cendrine pour aller mettre les petits au lit. Heureusement que leurs chastes oreilles n’entendaient encore rien à ce genre de propos.


Après la fête, les filles se refirent une beauté. Emeline se maquilla et coiffa ses cheveux autrement, laissant apparaître une chevelure aussi frisée que celle de sa mère, tandis que Cendrine se défit de l’horrible chignon qu’elle avait gardé toute la soirée, et se démaquilla complètement. Le rouge vif ne lui allait pas vraiment.


Les jumeaux parlèrent longtemps de la fête d’anniversaire de leurs sœurs. Ils avaient hâte, eux-mêmes, de grandir pour avoir plein de cadeaux et un bon gâteau à manger. En plus, ils pourraient rester danser très tard dans la nuit.


En attendant, ils profitaient pleinement de leur petite enfance, en s’amusant ensemble ou en babillant très sérieusement, sur des sujets très importants.


 

En plus du yoga, Emeline s’était récemment mise à la méditation, et elle avait pris des cours pour être capable de dispenser des massages.

Elle avait également été embauchée, à temps complet, au spa de Willow Creek comme professeur de yoga titulaire. Elle aurait pu déménager et vivre aisément de son salaire, mais elle préférait rester à la maison, dans sa chambre d’adolescente, entourée des objets qu’elle aimait ; et elle avait besoin de temps pour mener à bien le projet qu’elle avait en tête.

Aussi, elle reversait l’intégralité de ce qu’elle gagnait dans le pot familial, apportant ainsi sa contribution.


Les activités de Cendrine étaient quelque peu différentes.

A l’adolescence, elle se rendit compte que son intérêt pour les excursions emprunteuses devenait, à mesure que le temps passait, une vraie passion ; et elle adorait ces montées d’adrénaline lorsqu’ils s’apprêtaient à passer à l’acte.


Elle apprenait énormément de son père, notamment le respect des maisons qu’ils visitaient. Ils ne devaient toucher à rien, sauf à l’objet convoité. Le but n’était pas d’abîmer l’intérieur de leurs victimes. Elle se souvient qu’une fois, alors qu’il avait plu, il l’avait même incitée à s’essuyer les pieds avant d’entrer dans une vieille demeure. Un vrai gentleman.

Brady lui avait même appris sa technique pour savoir si la maison ciblée allait être vide ou occupée. Il préférait toujours éviter les maisons vides.


Evidemment, la technique n’était pas sûre à cent pour cent, comme cette fois où son père s’était mis en tête d’emprunter la dernière télévision murale acquise par les Charm.

Brady avait brillamment crocheté la serrure de la demeure et avait eu la surprise de trouver Darrel, le père de famille, tranquillement assis dans son salon, en train de regarder un film, justement, sur cette télévision. Heureusement, celui-ci ne l’avait pas vu, et Brady avait pu s’éclipser discrètement.


Cendrine était alors entrée en scène. Elle avait sonné à la porte, prétextant vouloir voir Raphaël, le fils de la maison, pour recopier un cours qu’elle avait mal compris. Darrel et sa femme l’avait alors conduite à l’étage jusqu’à la chambre de leur fils. La maman n’avait pas l’air commode. Elle rappela trois fois à Cendrine qu’on téléphonait d’abord aux gens, au lieu de passer à l’improviste chez eux, surtout quand on ne les connaissait pas.


Malgré tout, cela valut le coup d’écouter patiemment le discours de cette femme. Son père put emprunter tranquillement la télé tant convoitée.


Depuis le temps qu’il avait promis à Hortense un téléviseur dans leur chambre. Au moins, c’était chose faite.


Sa petite femme pourrait regarder « Duels de Chefs », au calme, sur leur lit et s’assoupir ensuite pour une petite sieste salvatrice. Ce serait tout de même plus douillet qu’au salon, entourée de toute sa bruyante famille.


Les grandes étaient les moins bruyantes, car elles s’enfermaient souvent au sous-sol, dans la chambre d’Emeline, pour écouter de la musique ou discuter.

Emeline aidait aussi beaucoup Cendrine pour faire ses devoirs, dans certaines matières où elle avait du mal à obtenir de bonnes notes.


Grâce à ses investissements, Brady s’était enfin acheté le matériel de sport dont il rêvait et avait installé un tapis de course et un appareil de musculation, dans son antre.


Il avait aussi aménagé une sortie secrète, de sa salle des emprunts vers l’arrière du jardin et, si un jour venait à venir où il recevrait la visite indésirable des forces de l’ordre, il pourrait s’échapper discrètement.


 

La veille de l’anniversaire des jumeaux, Emeline était venu le trouver pour lui parler de son projet. Elle avait besoin de lui, et, surtout, de son argent.

Sa fille souhaitait ouvrir son propre spa. Elle excellait dans son domaine et souhaitait pouvoir donner ses propres cours de yoga et de méditation. Son projet était grandiose. Elle en avait même dessiné les plans. Non, elle ne voulait pas ouvrir son spa, Emeline voulait construire un centre de bien-être.


Tout cela allait coûter cher, très cher... Le projet était pharamineux. Elle prévoyait d’installer dans son centre un coin massage, une piscine d’eau de mer à température ambiante, des sources chaudes, et même de quoi restaurer ses clients. Tout cela, San Myshuno, dans le quartier des épices.


Emeline connaissait son projet, et c’est bien ce qui embêtait Brady qui ne pouvait lui opposer un refus catégorique. Elle avait bien prospecté et analysé la situation, réalisé une étude de marché, et contacté la Chambre de Commerce et d’Industrie pour recevoir une formation en gestion et comptabilité.

Brady soupira... Oui, ça allait lui coûter très cher.

- Pas si cher que ça, Papa. Les banques me prêtent la moitié de la somme dont j’ai besoin. Tu es investisseur, non ? Alors vois ça comme un investissement et investis dans la moitié de mon affaire. Tu fais bien confiance à des inconnus, alors fais-moi confiance. Moi, je ne suis pas une inconnue.


Elle savait lui parler, la coquine ! Mais elle avait raison, non seulement, elle était sa fille mais, de surcroit, son projet tenait la route et l’emplacement du terrain était idéal.

Tous les documents qu’elle lui avait présentés étaient édifiants. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne réussisse pas.

- C’est d’accord, je marche. Dis-moi quand tu voudras commencer les travaux.


- Oh, merci Papa ! Tu me sauves la mise ! Tu es le meilleur père du monde entier. Je t’aime, tu sais ?

- Bien sûr que je le sais. Et je t’aime aussi très fort, ma chérie.


Le lendemain, Laurent et Romane fêtèrent leurs anniversaires en petit comité familial.


Après la dégustation du gâteau, tous se changèrent pour faire une bataille de bombes à eau dans le jardin. Le ciel était voilé, mais la chaleur était là. Ce serait certainement une des dernières occasions d’en profiter, alors toute la famille fut partante pour faire découvrir cette activité ludique aux plus jeunes.


Laurent ne s’attendait pas à ça lorsqu’il se prit le premier ballon en pleine tête. Merci Cendrine !


Il s’était retrouvé à plat dos alors que son père et sa jumelle, qui était prudemment resté en retrait jusque-là, se faisaient face, l’arme fatale à la main.

Au loin, il entendait sa mère sermonner Cendrine sur la force de son lancer, mais personne n’était venu voir s’il allait bien...


Ça faisait certainement partie du jeu...

Laurent s’était alors relevé fièrement et s’était repositionné à côté d’Emeline.

- T’inquiète pas, p’tit frère, on ne va pas en rester là ! C’est sérieux, ces batailles, et Cendrine a blessé un membre de mon équipe.

Ça promettait, surtout, d’être très sympa, et Laurent ne voulait rater ça pour rien au monde. C'était chouette, le monde des grands !


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