top of page
  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 9

Doreen - Attaques vénusiennes

Les Mercenaires de l'impossible


Je m’étais réveillée il y a quelques minutes, encore éreintée de la nuit de frayeur que nous venions de passer. Je m’étais étirée longuement pour me sortir de ma torpeur puis m’étais assise au bord du lit au moment où Fantine rejoignait notre chambre dans l’intention de dormir.

Elle me raconta qu’elle avait passé la nuit à discuter avec Amaël, et que cet homme lui plaisait beaucoup.

- Il n’est pas un peu vieux pour toi, lui avais-je alors dit.

Fantine avait rigolé :

- Le cœur n’a pas d’âge, tu sais. Et il est en pleine forme, je t’assure !



Je ne voulus pas en savoir plus. Fantine était allée se coucher tandis que j’avais pris une douche pour me dynamiser. Aujourd’hui, c’était à mon tour de veiller au fonctionnement de l’hôpital et il me fallait reprendre du poil de la bête.

Je descendis à la cuisine dans l’idée de préparer un petit déjeuner. Mais le temps me prenait en défaut. Yoram était déjà attablé et se délectait d’un fish un chips. Ce garçon mangeait vraiment tout et n’importe quoi, à n’importe quelle heure de la journée.

Je décidai de faire au plus court et d’user de magie pour préparer mon repas.



M’étant réveillée à neuf heure et demie, il fallait maintenant que j’active le mouvement.

Mince ! Des tacos au poisson... Ce n’est pas ce que j’avais imaginé au petit déjeuner. Cet hôpital me rend vraiment trop stressée. J’avais pourtant pensé à des œufs brouillés au bacon...

Tant pis, j’ai trop faim pour lancer une nouvelle tentative.



J’avais déposé le plat sur la table et m’étais installée en face de Yoram. Il n’était pas mon compagnon favori mais, puisqu’il n’y avait que lui dans la cuisine, j’aurais fait preuve d’impolitesse en allant m’asseoir plus loin.

- Si j’avais su que tu allais préparer quelque chose, j’aurais attendu. Tes tacos ont l’air délicieux. Tu crois que je peux en prendre quand même.

Il avait englouti son fish and chips à la hâte, sûrement pour goûter aux tacos. Yoram raffolait du poisson.

- Fais-toi plaisir, lui dis-je en essayant de ne pas me moquer.



Heureusement que j’avais l’estomac bien accroché car j’avais commencé ma journée en attaquant le nettoyage de cet infâme poulailler, non pas que je sois particulièrement délicate, mais l’odeur était vraiment saisissante.



Le jardin m’offrait d’autres joies. Je n’y connaissais pas grand-chose en jardinage mais, j’avais décidé de planter, sans en demander la permission à qui que ce soit, une graine de valériane et une de mandragore. Ces racines étaient la clé de voûte des potions magiques de tout jeteur de sorts qui se respecte, et nulle doute qu’Audric accueillerait mon audace avec joie.

Ensuite, un coup d’arrosage par-ci, et un jet de bouillie bordelaise par-là, pour faire fuir les insectes indésirables, et je suis certaine que je pourrais m’en sortir. Il n’y avait que le désherbage qui me posait problème ; j’étais obligée de le faire à la main car je n’avais pas compris le fonctionnement de la machine qu’utilisaient Audric et Odely.



Lorsque j’eus fini, je me fis un plaisir de faire un sort, à ma façon à plante tordue qui se trouvait au jardin.

Maintenant que nous avions débloqué la première pièce du deuxième étage, une chambre, encore une fois, Guidry nous avait fortement conseillé de nous débarrasser de tous ces objets maléfiques qui affermissaient la puissance de Tempérance. En plus, d’après ses dires, ces matières diverses contribuaient à nous rendre de plus en plus effrayés.

Et de un ! J’allais les faire valser, moi, les objets de Tempérance.



J’étais galvanisée. J’avais donc pris sur moi de contacter Juju de la boutique « Trouves-y-tout » par voie de talkie-walkie. Ce dernier, nous considérant certainement comme la poule aux œufs d’or, en avait mis un à notre disposition, directement relié sur la fréquence de son magasin.

Toujours sans demander l’autorisation d’Odely, j’avais pris sur moi de lui vendre les derniers éléments de la fontaine. Et il s’était fait une joie de m’envoyer son chauffeur pour nous soulager de ces sculptures immondes.

Vous avez déjà vu une fontaine aussi moche, vous ?



Elle m’apparut vraiment plus belle sans toutes ces affreusetés qui étaient supposées l’embellir.

Grâce à moi, nous avions encore récupéré 1176 simflouz. Ajoutés à la trésorerie que nous avions déjà, grâce aux dernières ventes, nous avions un sympathique petit pactole. Un vrai trésor, et ce n’était pas fini...

J’avais entendu Odely rallier ses troupes disponibles pour déblayer les deux salles de bain du premier étage, et la chambre du deuxième. Mes amis y feraient certainement quelques trouvailles lucratives.

Audric et moi étions à nouveau dispensés, tout d’abord parce que nous étions magiciens, mais ensuite parce que, moi-même j’étais tenue de gérer l’hôpital.


Nous nous retrouvâmes au salon pour échanger nos idées sur la façon de rendre son âme à Ancelin, mais nous parvînmes à la conclusion que cela risquait de ne pas être possible, à moins d’en finir réellement avec Tempérance.

D’ailleurs, Audric me fit part d’une idée de génie concernant la fin qu’il envisageait pour elle.



- C’est diabolique, n’est-ce pas ? me dit-il, un petit sourire en coin. Encore faudra-t-il que nous trouvions la faille par laquelle elle arrive jusqu’à nous. Et pour le moment, nous sommes loin d’en être là.



- Et si tu te liais d’amitié avec elle, ça pourrait être sympa, non ? Tu fais ami-ami avec Tempérance et tu lui soutires le renseignement !

- C’est quoi ce plan à la con , Doreen ? Cette bonne femme n’est amie avec personne, pas même avec Guidry qu’elle prétend aimer. Tu veux me faire tuer, ou quoi ?



- Pas du tout, mais tu es un expert en potion, et tu pourrais retourner cette harpie, à ton avantage.

J’avais usé de mon plus beau sourire, espérant le convaincre.

Si Audric savait jeter des sorts aussi bien que je ne le faisais, il admettait que ce n’était pas son truc... mais les potions, il les maîtrisait comme un chef alors que moi, je n’y connaissais rien.



- Tu parles d’amitié imposée ? me demanda-t-il. Je n’ai jamais essayé ce genre de potion sur un fantôme... Je ne sais pas où ça pourrait nous mener.

- C’est peut-être le moment d’essayer. Au pire, ça capotera.



- Peut-être, mais ça pourrait aussi être très dangereux pour moi.

Je connaissais Audric depuis longtemps et je savais qu’il n’aurait pas résisté au défi que je lui lançais. Danger ou pas, il adorait aller au-delà de ses limites. Cet homme-là, si délicat il faut bien le reconnaître, et qui faisait parfois sourire nos amis lorsqu’il exhibait son dégoût pour certaines choses, pouvait aisément sortir de sa zone de confort pour prouver ses compétences, même lorsqu’il en sortait nauséeux.

Il accepta donc tout de suite l’idée, malgré sa dangerosité.



Après notre discussion, j’ai laissé Audric, bien déterminée à supprimer toutes les substances malveillantes qui avaient élu domicile dans notre chez-nous. J’avais détruit, ce matin, une plante suspecte, et je commençai, en ce début d’après-midi, par cette horrible arborescence vénusienne. Un simple coup de pied suffit à la faire voler en éclat.



Pauvre petite plante maléfique. En réalité, tu t’es cassée comme de la pierre... éparpillée au sol, sans défense, avant de disparaître. Un vrai soulagement.



Je m’en pris ensuite à la poupée de Tempérance. Elle aussi, ne fit ni une, ni deux. Elle disparut sans un bruit, en pleine journée, loin de sa maîtresse maléfique...



Et plus je détruisais ses horribles choses, mieux je me sentais, ce qui me poussa à continuer.



Poussée dans mon élan, je me fis agressée par une entité invisible au moment où j’allais faire un sort à une autre des poupées de Tempérance. Les coups pleuvaient de toute part, et je mis un moment avant de me ressaisir, meurtrie par des douleurs bien réelles.



Tempérance protégeait, sans nul doute, cette poupée mais, j’étais tellement paralysée que je ne pus rien faire. La frayeur me consumait de l’intérieur, tout autant que ma souffrance était bien réelle.



Yoram, qui avait assisté à la scène, vint à ma rencontre. Sa voix chaude avait des vertus apaisantes et, j’avoue que cela me faisait du bien de l’entendre. Ma peur s’amenuisait à mesure que j’écoutais ses paroles.



- Si tu n’y arrives pas tout de suite, ce sera pour tout à l’heure, Doreen. Ne t’en fais pas... Nous donnons déjà pas mal de fil à retordre à la furie et à ses spectres.

Il avait raison. Ses mots étaient plein de sagesse. Je regrettais d’avoir pensé tant de mal de lui.



Aujourd’hui, je voulais me faire pardonner en m’intéressant à lui. J’ai remarqué tant de fois qu’il était attiré comme un aimant vers Opaline...

- Et comment vas-tu, toi ? lui demandai-je. Tu es tellement fort depuis la disparition d’Opaline.

- J’essaye de ne pas y penser, répondit-il humblement. Elle n’est plus de notre monde, mais la voir de temps en temps, même sous sa forme spectrale, m’aide à faire mon deuil...



- J’admire ta force, tu sais, réussis-je à dire simplement avant de me lever.

J’étais sincère, mais j’avais aperçu Odely, non loin de nous et je devais lui parler de l’entretien que j’avais eu avec Audric.



Lorsqu’Amaël nous avait appris qu’Odely et Ancelin formaient un couple marié depuis des temps qui nous paraissaient très lointains, nous étions tous tombés des nues. Nous les connaissions depuis une dizaine d’années et rien ne nous aurait laissé supposer que ces deux-là s’aimaient.

Et maintenant, je devais apprendre à Odely que nous n’aurions probablement pas de solution pour retrouver l’âme de son mari...

- Je comprends, me dit-elle. Vous faites au mieux. Si je t’ai bien suivie, il y a un mince espoir pour que tout rentre dans l’ordre si Tempérance est vaincue, y compris cette malédiction ?



- C’est ce que nous espérons, oui... mais il n’y a aucune garantie, malheureusement. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’Audric et moi continuons à chercher. Nous n’abandonnerons pas Ancelin.

- Merci, dit-elle simplement.



Après notre petite conversation, je retrouvai un peu de peps pour m’en propre à la poupée de Tempérance.

Il faut dire qu’en apercevant Yoram se faire attaquer par les créatures invisibles, mon sang n’avait fait qu’un tour et, adieu poupée maudite !



Je voulus vérifier ensuite si l’instabilité spirituelle avait diminué dans l’hôpital mais Odely interrompit ma séance pour discuter un peu.



Je saisis l’opportunité pour lui faire part d’une idée que j’avais eu pour le bien être de tous. Nous étions en été, dans un endroit bizarre dont Amaël nous avait dit que les saisons ne duraient qu’une semaine, et ce serait peut-être sympa de pouvoir prendre nos repas à l’extérieur et de profiter du jardin.

Odely approuva donc l’idée d’acheter un barbecue et me proposa de l’accompagner chez Juju pour en faire l’acquisition. Elle m’apprit qu’elle devait également se procurer, à la boutique, un chaudron pour Audric, qui lui en avait fait la demande.



Nous nous étions donc séparés de trois des quatre tapis de yoga qui restaient au jardin et en avions monté un au premier. Nous avions échangé chez Juju une des tables de composition florale contre un établi d’ébéniste puis nous lui avions acheté deux tables de pique-nique et un banc, en plus du chaudron et du barbecue.

Nous installâmes le tout au jardin et fûmes plutôt satisfaites du résultat. Juju nous avait même offert deux hortensias pour embellir notre environnement. Il pouvait bien le faire, avec tout l’argent qu’on dépensait dans sa boutique !



Odely était ravie du nouvel aménagement du jardin. Ce n’était pas grand-chose mais elle était persuadée que cela remonterait le moral des troupes. Je lui assurai alors que je m’occuperais du barbecue de ce soir.

Un chaudron énorme trônait au milieu de la cour, et elle m’avoua qu’elle avait accepté de l’acheter car elle espérait beaucoup de la magie, pour sauver Ancelin. Son regard était si triste qu’elle réussit à me transmettre son chagrin.



Vers dix-huit heures, alors que chacun vaquait à des occupations diverses, et que je m’employais à faire la vaisselle, nous ressentîmes tous une secousse violente, digne d’un tremblement de terre. C’était la première fois qu’un tel phénomène se produisait, même si nous avions déjà perçu le sol trembler. Cette fois, la force de la secousse fut foudroyante.

Un bruit énorme nous fit cesser les activités que nous avions en cours. Yoram, qui était à ce moment-là, seul au jardin, nous racontera qu’une bombe vénusienne avait atterri tout près de lui, et qu’il avait failli prendre feu.



Le bruit de l’eau qui coulait sur les assiettes et les verres que j’étais en train de nettoyer, me fit appréhender le phénomène comme s’il s’agissait, une nouvelle fois, d’une réaction de Tempérance ou de ses sbires. Je fus effrayée, mais je réagis ni plus, ni moins, que toutes ces fois où une singularité paranormale de ce genre, venait obscurcir notre environnement.

Heureusement, mes amis, qui se trouvaient non loin de là, réagirent avec vivacité. Amaël, Odely et Fantine s’employèrent à éteindre Yoram avant qu’il ne succombe aux flammes, puis s’attaquèrent à la bombe vénusienne pour la refroidir.

Yoram, qui en connaissait tous les secrets, avait même réussi à la casser et à en extraire des cristaux précieux.



J’avais encore la chair de poule lorsque je cuisinai notre premier barbecue en ces lieux. Les paroles de Yoram et des autres résonnaient encore à mon oreille ; ils m’avaient tout raconté. Yoram aurait pu être tué lors de cette attaque vénusienne, leurs bombes étant presque aussi hautes que nous, et leur diamètre quatre ou cinq fois plus large.



Nous nous mîmes à table vers vingt heures. Ce repas que j’avais imaginé source de joie, tourna autour de l’incident qui avait failli coûté la vie à Yoram.

Ce dernier nous expliqua que la bombe avait été intentionnellement dirigée vers lui. Il en connaissait beaucoup sur les vénusiens et ceux-ci le savaient. Leur but avait donc été de l’éliminer.

- S’il devait m’arriver quoique ce soit, nous avait-il dit, je laisserai une note pour vous indiquer comment détruire ces intrigants, à condition que je ne leur ai pas réglé leur compte avant. Odely et Ancelin pourront facilement voler jusqu’à l’antenne satellite. Quant à vous, les sorciers, vous y serez aussi en un coup de balai.

Yoram voulait faire de l’humour mais nous avions fini le repas avec des visages figés. La situation était grave.

La petite sauce à la ciboulette que j’avais préparée pour accompagner mes pommes de terre en robe des champs, ne fit pas du tout son effet.



J’étais tellement désappointée que je décidai d’aller invoquer les morts pour leur demander conseil. Audric et Amaël me suivirent.



Evidemment, le premier fantôme qui apparut fut Guidry. Il n’était jamais loin, celui-là, lorsque la nuit tombait, mais il avait quand même tendance à me taper sur le système avec ces airs de beau gosse frustré par l’au-delà... Et cette fois, tout comme Tempérance l’avait fait avant lui, il était accompagné de ses spectres.

- Bonsoir les amis ! clama-t-il.

Il était toujours tellement sûr de lui... que parfois, ça m’agaçait.



Je ne sais pas si Audric et Amaël pensaient la même chose que moi, mais ils se levèrent en même temps et quittèrent la table.

J’avais choisi de rester assise car j’avais une requête à faire à cet ectoplasme imbu de lui-même.

Tout d’abord, je voulais savoir s’il y avait une possibilité pour rendre son âme à Ancelin. S’il y avait quelqu’un capable de me répondre, c’était bien lui, mais il doucha froidement mes espoirs : le bout d’âme que Tempérance avait pris à Ancelin n’en était pas un. Ancelin, étant un vampire, il n’avait plus d’âme. Ce qu’elle lui avait pris était tout ce qui lui restait de sentiment... son amour pour Odely.

Les vampires n’aiment qu’une fois dans leur vie éternelle, m’expliqua-t-il, et cet amour leur est Unique. Tous ne le trouvent pas mais, Ancelin l’avait trouvé en Odely, tout comme Odely l’a trouvé en Ancelin. Ce petit bout d’amour permet au vampire qui le reçoit de conserver une part d’humanité et de ne pas sombrer en enfer. En l’état actuel des choses, Ancelin a perdu son Unique.

Il a perdu ce petit bout d’amour en l’offrant à Tempérance, et personne ne pourra le lui rendre. Elle va le conserver bien au chaud.



Le fantôme rose me cachait quelque chose, j’en étais convaincue... et je le lui fis savoir :

- Tu ne m’as pas tout dit. N’oublie pas que je suis une sorcière. Certaines choses m’apparaissent comme des évidences, Guidry.

- Peut-être... mais personne n’est prêt pour la suite.



Je m’efforçai de garder un sourire de contenance pour ne pas heurter le fantôme, mais j’avoue que j’aurais bien aimé le calciner d’un coup de magie... quoique... je ne sais pas du tout si on peut jeter ce genre de sort sur un fantôme...

Bref, je passai à un autre sujet ; Fantine et Amaël s’étant rapprochés, ils avaient investi la chambre qui nous était à présent accessible au deuxième étage, et dans laquelle nous avions mis un lit double. Le problème était que, si nous avions deux sanitaires au rez-de-chaussée et quatre salles de bain au premier étage, il n’y avait rien au deuxième, et ce n’était pas chose aisée pour nos deux amoureux que de devoir chaque fois descendre au premier, pour satisfaire des besoins naturels, ou simplement se laver. Yoram m’épaula. Et je savais que Guidry était un bon ami de Yoram.

Guidry me proposa donc de débloquer une salle de bain au deuxième étage pour régler ma difficulté. Ma surprise fut mitigée lorsqu’il me demanda encore trois cents simflouz pour accéder à ma requête, mais j’étais tellement heureuse pour Amaël et Fantine que j’acceptai tout de suite sans même demander l’accord de la grande chef. Mais, après tout, elle nous avait laissés, à tous, carte blanche pour les petites sommes.



Puis cette fin de nuit s’accéléra subitement. Tandis que Yoram et moi finîmes cette conversation que je prenais pour irréelle, car jamais je n’avais eu à en tenir de telles dans le passé, Ancelin fit une apparition furtive, mais pourtant remarquée, et alla s’installer à l’orgue pour jouer une musique troublante.

Odely l’écouta avec grand intérêt, de même qu’Audric. Je ne comprends pas pourquoi mais, nous étions tous perturbés par ces sons d’outre-tombe, sauf lui... Nous comprenions Odely qui était aussi un vampire mais, Audric semblait fasciné, lui aussi, par les notes qui prenaient vie sous les doigts d’Ancelin.



Il avait fini par s’arrêter de pianoter, puis s’en était allé, sans adresser la parole à personne, sûrement pour poursuivre son hibernation.

Amaël et Guidry semblaient, quelque peu, tendus alors que Yoram et moi continuâmes à discuter. Guidry disparut d’ailleurs quelques heures, tandis qu’Amaël avait décidé d’aller marcher un peu aux abords de l’hôpital, pour se changer les idées.



Une heure plus tard, alors que je discutais avec Odely dans le jardin, Guidry se joint à nous, accompagné de Susumu, le gentil fantôme désormais apprécié de toute notre équipe.



Je dois reconnaître que je passai, avec eux, l’une des plus belles soirées depuis que j’étais coincée ici. Nos discussions ne furent que rires et joyeusetés. L’ambiance était agréable et il faisait bon dehors. Une belle soirée d’été.



Au petit jour, Susumu s’en était allé, Odely s’était excusée (sûrement pour aller voir Ancelin) et Guidry, parti aussi, devait certainement faire son petit tour de l’hôpital pour examiner ce qui pouvait clocher, comme à son habitude.

Personne n’aurait imaginé qu’une attaque eût pu se produire aussi rapidement après la première, et surtout pas Yoram, qui avait décidé de prendre l’air sur le parvis de l’hôpital, maintenant que les déchets avaient été enlevés, et que l’air y était respirable.

Moi, j’étais restée au jardin pour en profiter un peu avant d’aller me coucher. La nuit avait été relativement calme, et cela faisait deux soirs que nous n’avions pas vu Tempérance.

La nouvelle attaque vénusienne n’était attendue de personne.



Je me trouvais encore dans la cour, lorsque la bombe vénusienne s’écrasa au sol, juste derrière moi. Je m’estimai chanceuse. Contrairement à Yoram, la bombe était tombée suffisamment loin de moi pour ne pas me brûler. C’est à cet instant que je décidai d’aller me coucher. Il était grand temps...



Je montai alors les escaliers me menant au premier, jusque dans ma chambre, ignorante de la catastrophe qui se jouait, non loin de nous.

Yoram avait subi « presque » le même sort que moi, à ce détail près qu’une autre bombe avait atterri près de lui et... ne l’avait pas raté. Le pauvre avait commencé à se consumer, sans pouvoir se défendre...



Amaël, qui était non loin de là, avait pu réagir le premier et avait saisi un extincteur alors que notre ami extraterrestre s’était effondré, sans force...



Audric l’avait rejoint, très peu de temps après, et lui avait dit d’arrêter... Yoram était déjà mort... Amaël n’avait pas voulu le croire. Il ne voulait pas perdre un autre des mercenaires qu’il avait engagé, alors que lui était toujours là. Il s’acharnait sur le feu.



La Faucheuse était alors apparue... Audric m’avait conté à quel point Amaël était anéanti. Il avait tellement voulu sauver Yoram.



Lorsque j’arrivai sur les lieux, le drame était encore plus avancé... Je constatai, avec horreur, que Yoram, l’extraterrestre que j’avais tant méprisé, puis que j’avais fini par comprendre, n’était plus.

La Faucheuse saisissait son âme... Elle s’emparait de lui.



Une lumière étincelante jaillit de son corps, nous éblouissant tous. Yoram était pur...



Nous ne pûmes que verser des larmes pour lui, et nous attrister de sa disparition si soudaine.



Amaël, Audric et moi, installâmes sa sépulture sur une table, non loin de la cheminée où reposait l’âme d’Opaline. Il avait aimé cette femme de son vivant et, nous espérions que leur amour serait réciproque dans la mort. Tous les trois, l’avions pleuré, puis avions déserté la pièce.

Guidry fut le suivant à verser des larmes sur l’urne de celui qui avait été son premier ami, parmi nous... Il resta là, tristement, jusqu’à ce que les sept heures du matin sonnent et ne le rappellent à sa sombre destinée. Guidry s’évapora alors.



6 vues

Posts similaires

Voir tout
bottom of page