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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 8

Amaël - Traitement des déchets

Les Mercenaires de l'impossible


Après cette nuit sordide et irréelle, j’avais fait le tour, au petit jour, de l’hôpital afin d’évaluer les dégâts commis par Tempérance.

Nous avions à présent neuf objets maléfiques sur le terrain, le pire étant certainement cette étrange arborescence à trois mains, en lieu et place de branches. Les poupées faisaient peur, mais pas autant que cette chose.


Yoram nous éclaira sur son origine. C’était un trident de Vénus, présent que les vénusiens offraient régulièrement à leurs alliés, un présent bienveillant pour ceux qui le recevaient mais, particulièrement malfaisant pour les ennemis de Vénus ou de ceux qui acceptaient leur alliance. Il faisait monter en eux une terreur irraisonnée, qui ne leur permettait plus de réfléchir rationnellement, ou de se défendre.


Il ne faisait plus aucun doute, maintenant, pour Yoram, que les Vénusiens ne s’étaient pas aventurés dans ce secteur de l’espace, par hasard, et que les enlèvements d’Audric, puis d’Opaline, n’avaient pas été fortuits. Tempérance avait très certainement dû s’allier à cette bande d’extraterrestres malveillants.


Malgré la frayeur ambiante qui s’intensifiait, nous réussîmes à évoquer les évènements de la nuit passée.


Ancelin et Odely nous avaient laissés en début de soirée, lorsqu’ils avaient appris que Tempérance était dans les parages, bien déterminés à lui mettre la main dessus.


Nous étions tous dans l’ignorance de ce qui avait pu se passer ensuite, mais nous ne les avions pas revus de la nuit. Quelque chose de terrible avait cependant dû se produire car Guidry nous avait assuré qu’Ancelin venait de perdre son âme. Et il s’y connaissait en âmes, Guidry...

Mes amis se demandaient donc quelle genre de créature avait pu devenir notre ami vampire.


Je le savais déjà et je le leur dis.

Alors que j’étais allé prendre l’air, au petit matin sur le perron, j’avais vu Ancelin revenir de la ville, maculé de plasma. Je n’osais imaginer ce qu’il était advenu de l’un de mes administrés mais, Ancelin n’était plus celui que nous avions connu.


Il s’était avancé, puis s’était arrêté au pied de l’escalier. Il m’avait regardé sans mot dire, mais je devinais un petit sourire au coin de ses lèvres. Je ne pus voir son regard, dissimulé derrière des lunettes de soleil, mais je pressentis aisément que celui-ci ne devait traduire aucune trace de remords.

Il fallait se rendre à l’évidence. Ancelin s’était perdu, en même temps que son dernier bout d’âme.


Doreen et Yoram ne trouvaient pas cela étonnant. Ils n’étaient pourtant pas souvent sur la même longueur d’onde mais, cette fois, ils s’accordaient à dire qu’Ancelin avait toujours été aux limites de l’humanité.


Alors que Fantine prenait sa défense en arguant qu’il avait toujours été un ami fidèle, Odely apparut derrière nous :

- Je vous interdis de dire du mal d’Ancelin. Il a toujours été présent pour chacun d’entre vous, et c’est maintenant à notre tour de l’aider. Nous devons lui rendre son âme.


- C’est exactement ce que disait Yoram, hier soir, clama Audric. Il faut lui rendre son âme. Le problème est que nous ne savons pas comment.


- Vous, les jeteurs de sort, vous devez probablement avoir un moyen magique de le faire. Je vous conseille donc de vous mettre au travail, et d’y réfléchir très vite. Ancelin est des nôtres.

Audric et Doreen s’étaient concertés rapidement.

- Nous allons y réfléchir, nous te le promettons. Mais pourrais-tu nous expliquer ce qui s’est passé cette nuit ?


- Certainement pas. Je ne veux pas que vous soyez influencés par ce qui nous est arrivés. Et maintenant, si nous avons fini, je vous rappelle qu’on a une pièce à débarrasser. N’oubliez pas pourquoi nous sommes ici.


Son regard était si triste. Je ne me faisais pas d’illusion sur la douleur qu’elle devait ressentir. Odely était proche de nous tous, mais sûrement davantage d’Ancelin, puisqu’ils se connaissaient depuis de nombreuses années. Avoir perdu un coéquipier devait être pour elle une véritable souffrance, mais elle donnait bien le change.

Elle savait que cette journée était la mienne, et que j’aurais dû être dégagé des corvées de déblayage, mais, étant donné qu’elle avait demandé à Audric et Doreen de travailler sur un moyen de restituer son âme à Ancelin, ils n’étaient plus que trois pour cette pénible tâche. Elle me demanda donc, comme une faveur, de venir les aider ; ce que j’acceptai volontiers.


J’avais donc suivi Odely jusqu’au premier étage, accompagné de Fantine et Yoram.

La pièce était sombre. Il y avait pourtant ici quelques luminaires qui avaient dû être puissants autrefois, mais, sans électricité, ils ne servaient à rien.


Nous fûmes surpris de voir, que pour une fois, la pièce qui s’était ouverte à nous n’en formait pas une, mais plusieurs.

Les quatre portes qui se trouvaient là étaient toutes accessibles et constituaient un ensemble. Nous nous trouvions apparemment au cœur de l’hôpital.


Yoram et Fantine découvrirent les salles de soin tandis que nous tentâmes, avec Odely d’ouvrir les deux autres portes ; les nombreux déchets qui jonchaient le sol nous en empêchèrent. Nous décidâmes donc de nous en débarrasser avant de refaire une tentative.


Nous travaillâmes donc sans relâche pour rendre l’endroit accueillant, la sueur au front, les bras et le dos en compote, mais nous y parvînmes.

Nous avions même nettoyé les murs, certes pas aussi scrupuleusement qu’Ancelin l’aurait fait, mais nous n’avions pas à rougir de notre travail.

Nous avions une nouvelle fois déniché quelques trouvailles au milieu des détritus, petits trésors qui nous permettaient d’avoir un peu d’argent pour améliorer notre quotidien.


Odely demanda donc à Fantine et Yoram de se rendre chez Juju afin d’acheter des bougies pour nous éclairer. Je n’en compris pas la raison car, d’ordinaire, nous finissions de nettoyer avant d’aller à la boutique « Trouves-y-tout ».

Yoram en profita pour négocier l’achat d’une antenne satellite. Il jurait sur toutes les étoiles du ciel, que cela nous permettrait d’éviter les enlèvements vénusiens. Odely décida de lui faire confiance et accepta cet achat imprévu. Elle ne tenait pas à voir un autre de ses mercenaires se faire tuer par les vénusiens.


Nous nous retrouvâmes seuls, Odely et moi... Odely découvrit le réfectoire...


... tandis que je tombai sur le bureau.

Nous nous employâmes à débarrasser les détritus. Odely alla beaucoup vite que moi, de par sa nature vampire, et elle finit par me rejoindre pour m’aider.


Après le nettoyage, nous nous assîmes l’un près de l’autre sans un mot.

Après de longues minutes d’un silence pesant, Odely prit enfin la parole :

- Amaël... J’ai envoyé Yoram et Fantine au bourg sous un faux prétexte. Je voulais t’entretenir de ce qui s’est passé la nuit dernière.


Elle me raconta tout... Le pacte avec Tempérance... leur trahison pour une nuit ensemble...


Son mariage avec Ancelin, leur amour Unique, de vampires... Cette nuit qui avait été la leur après 22 ans de séparation...


Je ne m’attendais pas à cela. Jamais, en les voyant, je n’aurais pensé qu’Odely et Ancelin étaient mariés.

Des larmes coulèrent le long de ses joues et sa voix s’étrangla :

- J’ai senti le moment où son âme a quitté son corps parce que le lien qui nous unissait, tous les deux, a été rompu brutalement.


J’essayai de trouver les mots pour la réconforter mais elle essuya ses larmes d’un revers de la main, et se ressaisit. Elle ne souhaitait pas qu’on la console. Elle voulait simplement que je dévoile aux autres l’histoire de cette malédiction. Pour vaincre Tempérance, personne ne devait être dans l’ignorance, mais elle ne se sentait pas la force d’en parler elle-même, et d’affronter leurs questions. Je promis donc de le faire.


Yoram et Fantine interrompirent notre conversation à leur retour du village.

Ils avaient trouvé les bougies et l’antenne satellite. Décidemment, la boutique de Juju portait bien son nom.


Il me vint alors une idée. Je proposai à mes amis de me rendre moi-même chez Juju pour y vendre les objets dont nous n’avions aucune utilité.

Puisqu’on trouvait tout chez lui, il aurait certainement une solution pour nous débarrasser de nos déchets accumulés. L’idée fut accueillie avec beaucoup d’enthousiasme.


Comme nous le pensions, Juju avait effectivement un moyen pour résoudre notre problème. Il me proposa de mettre à notre disposition, un camion avec chauffeur pour récupérer nos déchets. Deux passages seraient nécessaires, un pour les ordures, et l’autre pour les déchets verts. A nous de voir si nous acceptions les deux solutions, ou si nous n’options que pour une seule.

Etant donné le prix d’ami qu’il m’annonça, et qui collait parfaitement au budget dont nous avions débattu avec Odely, j’acceptai avec joie puis m’en allai récupérer quelques minéraux et autres végétaux à des fins de revente.


En début d’après-midi, l’homme de Juju nous avait entièrement débarrassé de nos détritus, et l’hôpital avait retrouvé un peu de sa splendeur d’antan et une partie de sa façade, au niveau du rez-de-chaussée. Tous semblaient soulagés mais Audric en avait presque sauté de joie.


Si l’on ajoute à cela, la théière et le micro-onde que nous avions trouvés dans le réfectoire de l’infirmerie, nous étions comme des enfants qui venaient de recevoir un cadeau.

Fantine ne se fit pas prier pour nous préparer un thé apaisant, extrêmement bienvenu dans cet endroit où la peur ne nous donnait plus aucun répit. Nous vivions avec, à chaque seconde qui passait.


Le thé eut un effet bénéfique sur nous tous. Nous nous sentions moins tendus, mais surtout, moins terrifiés par l’atmosphère lugubre qui s’éternisait dans l’hôpital. Yoram semblait cependant faire exception. Son visage restait fermé et inquiet.


Il finit par cracher le morceau :

- J’ai croisé Ancelin, tout à l’heure. Il avait encore ses lunettes de soleil et il portait, sous le bras, un cercueil de bois.

- Sous le bras ? m’étonnais-je.

Il faut dire que j’étais loin de leur univers, à eux, les mercenaires. Je connaissais l’existence des vampires ou des sirènes, des extraterrestres et sorciers, mais jamais je n’avais eu à les côtoyer jusque-là.


Doreen m’expliqua que, pour les vampires, rien n’était trop lourd. Leur force surhumaine leur permettait de supporter des charges que les humains n’auraient pu appréhender.

Fantine posa alors sa question :

- Mais que ferait-il d’un cercueil ? Il en a déjà installé un dans l’une des chambres...

- Il en avait installé un pour nous deux, répliqua Odely. Aujourd’hui, il a besoin du sien propre.


- Il était différent... souffla Yoram en fermant les yeux.

- Ne te soucie pas de cela. Nous finirons par le ramener.

- Odely a raison, Yoram, lui dit Doreen. On n’abandonne pas l’un des nôtres.

Mais la raison était plus forte que ça. L’histoire, je la connaissais... Elle était si triste. Odely m’avait jeté un regard pour que je ne dévoile rien en sa présence, mais ce n’était pas mon intention. Je parlerai à chacun en privé pour leur expliquer la situation.


Après notre petit thé de seize heures, je m’employai à réparer les dégâts que Tempérance avaient commis la veille, sur notre gazinière et nos toilettes. C'était bien la peine de nous être débarrassés de ces esprits, casseurs de plomberie... Tempérance était pire qu'eux...

Je n’étais pas un féru du bricolage, mais je me sentais quand même le devoir de m’atteler à ces tâches dont je ne connais pas grand-chose.

J’avais réussi à remettre notre gazinière en état de fonctionnement, mais ce ne fut pas sans mal, car je fus électrisé par le tournevis que je tenais pour la réparer. Je crois que je n’avais pas dû choisir le bon. Son manche ne devait pas être suffisamment isolé pour m’empêcher de recevoir les décharges électriques.

C’est complètement ahuri que je me retrouvai donc à m’occuper des toilettes défectueux mais, au moins, avec eux, je ne risquais à part quelques éclaboussures.


Mes amis, pendant ce temps, vaquaient à d’autres besognes, bien plus ludiques.

Doreen s’était installée à la réception pour faire du point de croix, tandis que Yoram s’exerçait à nous peaufiner de jolis bouquets pour rendre notre intérieur plus agréable.

Quant à Audric, je l’avais aperçu se rendant en salle de médiation, probablement pour faire du yoga et se relaxer. Je ne savais pas où était Odely, et encore moins Ancelin... Je ne l'avais pas revu depuis le petit matin.


Fantine et moi avions convenu de nous retrouver devant l’hôpital vers dix-sept heures. Elle était déjà là lorsque j’arrivai.

Je ne sais pas comment nous avions pu nous rapprocher tous les deux, malgré une différence d’âge d’une quinzaine d’années, mais nous l’avions fait. Les jeunes femmes ne m’avaient jamais attiré, mais son espièglerie et sa maturité avaient eu raison de mon cœur. Était-ce cet endroit ou les circonstances de notre rencontre, qui avaient voulu cela ?


Nous n’en savions rien, mais nous étions bien ensemble. Elle ressentait la même chose que moi car, elle non plus, n’aurait un jour envisagé de se laisser séduire par un homme d’âge mûr, selon son expression. Elle avait trente ans, j’en avais quarante-cinq ; mais nous savourions chacun de ces instants précieux que nous passions l’un près de l’autre.


Nous ne parlions pas d’amour... Comment aurait-il pu en être autrement ? Trois jours à peine s’étaient écoulés depuis notre premier baiser... Son enthousiasme, sa jeunesse... ou simplement le fait qu’elle soit aussi spontanée, avaient pourtant fait chavirer mon cœur qui ne s’était pas ému de la sorte depuis ma séparation de la mère de ma fille, Gwen.


Fantine avait pour habitude de sauter du coq à l’âne dans n’importe laquelle de nos conversations. Elle suivait très probablement le fil de ses pensées et, aujourd’hui ne fit pas exception. Elle avait aperçu le jour se coucher et souhaitait invoquer les esprits sur la table de Parcémente. Bien sûr, elle me voulait à ses côtés.

C’en était donc fini de notre romantique tête à tête, et je me fis un plaisir d’accepter, pliant face à sa gaité et son euphorisme.


C’est ainsi que nous nous retrouvâmes à appeler les morts en compagnie de Doreen et Audric qui se trouvaient à ce moment-là dans le hall de la réception.


Nous maintenions depuis plusieurs minutes déjà, le cercle parfait, lorsque les lumières se mirent à vaciller.

Doreen et Audric se fixaient d’un regard entendu tandis que Fantine et moi nous observions pour savoir si tout allait bien.


Le cercle s’éteignit ensuite. La séance n’avait rien donné. Mais il était sûrement trop tôt, à peine dix-neuf heures.

Je partis alors à la recherche d’Odely et la trouvai, debout, dans l’une des salles de soins de l’infirmerie, devant un cercueil de bois d’où émanait des vapeurs violacées.

- Qu’y-a-t ’il ? lui demandai-je d’une voix que j’espérais être la plus douce possible.

- Il hiberne... Ancelin s’est mis en hibernation. Nous ne le reverrons pas avant un moment.


Je ne savais que dire. Mais qu’aurais-je pu dire, finalement ? De simples mots qui auraient paru insipides face à la douleur qu’elle ressentait ? Mieux valait se taire.

Elle reprit finalement :

- J’aimerais tant qu’il se réveille lorsque tout sera fini... qu’il ne se rappelle rien de cette étape de sa vie...


Sa mélancolie ne dura pas car elle souhaita que nous essayâmes de monter l’escalier qui menait au deuxième étage. Elle avait déjà tenté de le faire mais, elle avait ressenti une force qui l’en empêchait.

Je n’eus pas plus de succès. Il y avait vraisemblablement une barrière invisible qui nous interdisait d’aller plus haut. Sans doute une pièce dont l’accès nous serait accordé, une nouvelle fois, sous conditions.


Après notre tentative, Odely m’avait demandé de la laisser seule. J’étais alors descendu au jardin pour m’occuper nourrir les poules et ramasser leurs œufs, puisque je n’avais pas eu le temps de le faire ce matin. Je récoltai le miel dans les ruches d’abeilles très agressives puis je m’employai à arroser nos plantes.

J’aurais au moins fait la part du travail que l’on attendait de moi.


Vers 20h30, j’acceptai une partie de cartes avec Audric, Yoram et Doreen. Nous n’eûmes pas le temps de nous concentrer sur nos cartes que Guidry apparut dans la pièces et fit, comme à chaque fois, vaciller les bougies.


- Coucou les amis ! nous lança-t-il. Alors, comment ça va ce soir ?

Comment ça va ? L’ectoplasme se moquait de nous, ou quoi ? Il avait beau être bienveillant, il ne paraissait pas à ce point stupide pour savoir ne pas savoir que nous sursautions au moindre bruit, ou la moindre lumière tremblotante...

Doreen entrait d’ailleurs déjà en panique, et avait lâché son jeu de cartes avant de se lever. J’avais l’impression qu’elle était la plus terrifiée d’entre nous.


- Nous allons bien, lui répondis-je. D’ailleurs j’aurais une question à te poser.

Yoram exultait car il avait une main gagnante, mais son enthousiasme retomba vite en s’apercevant que j’avais aussi abandonné mes cartes, et qu’Audric s’apprêtait à faire de même.

- Je t’écoute, Amaël, me dit joyeusement le fantôme.


- J’allais gagner... soupira Yoram.

- Que veux-tu que je te dise, la mission est plus importante, lui sourit Audric, que l’arrivée inopinée de Guidry avait certainement dû arranger.

J’exprimai à Guidry mon souhait de rendre accessibles les deux dernières pièces du premier étage, et lui demandai aimablement quels actes il nous faudrait accomplir pour qu’elles soient nôtres. Aucun acte. Juste de l’argent. Il nous fallait débourser deux-cents simflouz par pièce, et nous les avions largement.


Je me levai alors pour aller piocher dans la trésorerie, donnai notre contribution à Guidry et des gonds grincèrent. Parfois, tout me semblait si simple.

- Merci, me dit-il simplement en s’approchant de la fenêtre. Vous avancez rapidement, et j’en connais une à qui cela ne va pas plaire du tout.


Il allait nous quitter lorsqu’Odely fit son entrée dans la pièce et le ramena vers nous. Audric lui avait gentiment cédé sa place.

Elle voulait savoir pourquoi Tempérance n’était pas venue ce soir. Elle l’avait pourtant attendue de pied ferme.

Guidry n’en savait rien et répliqua qu’il n’était plus dans toutes les confidences de la furie, depuis fort longtemps.


- Et comment pourrions-nous faire pour la vaincre au plus vite ? insista Odely. Nous sommes ici depuis huit jours maintenant et nous ne parvenons à rien contre elle, et ses esprits. Je veux me débarrasser de cette plaie.

- Il y a bien une solution... mais elle risque de ne pas vous plaire.

Guidry avait hésité avant de prononcer ces mots et, je reconnais que j’étais tout aussi curieux qu’Odely, que notre mission ici se terminât. J’avais hâte de revoir ma fille, Gwen.


- Dis toujours, s’impatienta notre cheffe.

- Il vous faudrait activer la main pour rentrer en mode héroïque... en pliant le pouce et l’index... Seulement, vos terreurs deviendraient encore plus grandes que maintenant, et je ne sais pas si vous pourriez y survivre. Toi, oui. Mais pour tes amis humains, je ne présume de rien...


Je m’étais alors levé, j’avais plié le pouce et l’index de la main magique, qui s’étaient aussitôt redressés dans un bruit infernal. Je ne sais pas si mon impulsion avait été la bonne, mais il était maintenant trop tard.

- Tu as fait le bon choix, me dit Guidry. Tout ira plus vite dorénavant.


Mes amis s’étaient tous levés de leur chaise, affichant une vague d’incompréhension sur leurs visages, mais Odely me remercia sincèrement.


Quelques secondes après, nous étions tous en proie à la frayeur, y compris elle... Des bruits assourdissants provenaient des murs, et plusieurs secousses vinrent faire trembler et craquer le parquet.


Une fois notre terreur amoindrie, Odely questionna Guidry sur les moyens qu’on avait de rendre son âme à un vampire. Celui-ci inspira avant de répondre à sa question :

- Techniquement, un vampire n’a pas d’âme. Je crois que tu le sais aussi bien que moi... Nous en parlerons donc une autre fois, en privé.

Guidry s’était ensuite volatilisé, laissant Odely, seule, dans ses pensées.


Notre petite bande s’était ensuite dispersée.

J’avais, pour ma part, rejoint Fantine, qui s’était assise, non loin de là, sur le canapé, bien déterminé à lui faire oublier la réaction spontanée, mais pourtant réfléchie, que j’avais eue en activant la main maléfique. Elle ne m’en voulait pas, au contraire... Elle me remercia même d’avoir eu le courage de faire ce que personne n’aurait osé faire.

Derrière nous, sans que nous nous en rendîmes compte, Audric, se fit attaquer par des chauves-souris.


Nous étions sur notre petit nuage. Odely me dit plus tard qu’elle nous avait trouvé adorables, à nous voir ainsi lovés l’un conte l’autre.


Nous ne les avions même pas vu partir, Audric et elle. J’aimais sentir Fantine contre moi... et elle aimait sentir mes bras autour d’elle.


Mais, subitement, elle s’éloigna de moi, de nouveau apeurée.

- Il y a quelque chose ici, Amaël... une présence malfaisante.

Je crus, sans conteste, ce qu’elle me racontait, Fantine n’étant pas femme à fabuler.


Nous nous levâmes tous les deux, prêts à parer les attaques mais, celles-ci était invisibles, une nouvelle fois, et atteignirent ma jolie petite amie.

Je tentai alors de la convaincre que l’attaque n’était qu’une illusion destinée à nous faire peur, bien que n’y croyant pas moi-même... car j’avais réellement peur pour elle.


Au même moment, Audric, qui avait envisagé une séance de yoga et s’était rendu en salle de méditation, ainsi que Yoram qui voulait se régaler d’un petit plat en cuisine, furent victimes des mêmes esprits invisibles que Fantine.


Odely, qui discutait avec Guidry, à cet instant-là, m’affirma n’avoir pas été non plus dans son assiette, même si elle appréhendait, mieux que les autres, les créatures paranormales.


J’avais essayé de calmer Fantine mais la tâche ne fut pas aisée et me prit un temps qui ne semblait pas vouloir finir.


Heureusement, je finis par la convaincre que nous pourrions vaincre nos frayeurs en occupant nos pensée à autre chose... Et elle finit par me suivre, comblant mes attentes alors que je n’y avais pas cru vraiment.


Elle m’offrit un merveilleux moment, de ceux que j’avais oubliés depuis très, très longtemps.


Pendant notre douche romantique, l’orgue d’Ancelin se décolla du sol et Guidry allait et venait des enfers, jusqu’à l’hôpital. Mais nous étions bien et, rien n’eut pu gâcher notre bonheur.


Ce petit intermède de plaisir nous avait fait le plus grand bien, et nous ne ressentions plus aucune peur.


En traversant le hall pour nous rendre au jardin, nous remarquâmes que Guidry et Odely discutaient à bâtons rompus, mais nous n’y portâmes aucune attention.


Audric, Yoram et Doreen étaient vraisemblablement partis se coucher mais, nous, nous voulions encore profiter de ces moments ensemble en regardant les étoiles, le cœur léger et l’esprit libéré de nos peurs irraisonnées.



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