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G6/ Chapitre 9 - Un père, malgré tout

  • Photo du rédacteur: Nathalie986
    Nathalie986
  • 12 mai 2024
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 mai 2024


Ce lundi-là, je repris ma vie sur le campus, sachant qu’il ne me restait qu’une toute petite semaine à vivre ici... Cet endroit allait me manquer.

Cet après-midi, j’avais suivi mes cours, et ce soir, je m’occupais de mon fils. Bientôt, ce serait plus facile.

 

J’avais repris le cours de mon existence étudiante pour une semaine, et mes cours... La dernière semaine, mais la plus dure. Christian était souvent là, le soir, pour dîner avec nous. Il jouait avec Léandre pendant que je préparais notre repas.

 

Lorsque je revenais de mes cours, je profitais de ces moments privilégiés avec mon petit garçon. Il avait toujours foule de choses à me raconter.

 

Ce jour-là ne fit pas exception, et Christian vint se joindre à nous en fin d’après-midi. Il me prit, comme chaque fois, dans ses bras, pour me dire bonjour.

-          Mon amour...

 

Léandre accourut, à son tour. Il était toujours heureux de voir Chris.

 

J’étais extrêmement gênée par rapport à Christian. Mais la situation avait l’air de l’amuser, et même de l’émouvoir.


 -          Christian, tu es vraiment formidable, tu sais... lui dis-je.

 

-          Je n’ai rien fait d’extraordinaire, pourtant.

-          Si. Tu es là. Tu es toujours là pour nous. Même quand Léandre t’appelle Papa.

 

-          Allez, mon bonhomme, je te pose un peu. Maman et moi on va jouer au foot.

 

Christian me regarda :

-          Et je serai toujours là. Et si cela ne te gêne pas qu’il m’appelle Papa, je ne le contredirai pas.

-          Ça ne me gêne pas.

 

Nous jouâmes donc au ballon pendant une bonne demi-heure de ballon. Léandre était en admiration devant Christian.

-          On va peut-être arrêter. Maman doit venir pour le dîner, leur dis-je.

 

Pendant que Christian couchait Léandre, Maman était arrivée.

 

Nous passâmes rapidement à table.

-          Dis, tu ne serais pas allée chez Aldéric avec Léandre aujourd’hui, par hasard ? demandai-je à Maman.

 

-          Si. Il t’en a parlé ?

-          Non, mais il est revenu en appelant Christian, Papa. Il veut faire comme Yann.

 

-          Ah bon... Je ne savais pas...

-          J’imagine que les deux bambins ont dû discuter ensemble...

 

-          Certainement. Alors, te voilà promu, Christian ?

-          Il semblerait.

-          Ceci dit, ça ne m’étonne qu’à moitié. Tu t’occupes de ce petit depuis qu’il est né.

 

-          Il est tellement attachant.

-          Je ne peux qu’être d’accord.

 

-          Bon, après cette bonne nouvelle, j’aimerais qu’on parle d’un sujet sérieux, les enfants. C’est demain la remise des diplômes.

-          Oui Mamounette, on le sait bien.

 

-          Vous avez reçu vos notes ?

-          Oui, ne t’en fais pas. Nous serons tous les deux diplômés.

 

Maman se leva à la fin du repas, pour prendre congé.

-          Bonne remise des diplômes pour demain, ma chérie.

 

Nous nous retrouvâmes seuls Christian et moi.

-          Eh bien voilà ! Je crois qu’on va peut-être terminer la soirée. Nous avons un diplôme à recevoir demain, et il est déjà tard.

-          J’aimerais rester ici ce soir...

 

J’avais très bien compris ce qu’il sous-entendait, mais je voulais m’en assurer :

-          Dormir, tu veux dire ?

-          Oui. Avec toi.

 

Nous n’avions jamais franchi ce cap, Christian et moi, nous contentant de nous enlacer et de nous embrasser, amoureusement, ou plus fougueusement. J’acceptai cependant qu’il restât, le cœur tremblant.

 

-          Je te sens bizarre, tout d’un coup, me demanda-t-il. Ça ne va pas ?

-          Non, ce n’est pas ça...

 

-          Si tu veux que je parte, je partirai.

-          Non. J’ai envie que tu restes.

 

-          J’ai juste envie de dormir avec toi, de te sentir contre moi. Et si tu le veux, ce sera en tout bien tout honneur, je te le promets.

-          D’accord, en tout bien, tout honneur.

 

Christian m’embrassa alors, passionnément.

 

Très passionnément.

 

Et je ne savais pas du tout si j’avais toujours envie qu’il se comportât en gentleman.

 

Je pourrais même dire que je n’en avais pas du tout envie...

 

C’était quoi déjà, cette histoire de « tout bien, tout honneur » ? J’étais sens dessus-dessous...

-          Es-tu déjà revenu sur une de tes promesses ?

-          Jamais

 

-          Ce serait pourtant pas mal, si tu pouvais le faire, juste aujourd’hui...

-          Je suis d’accord. J’ai beaucoup trop envie de toi, pour respecter cette promesse...

 

Christian me jeta sur le lit et m’étreignis avec force.

 

Je passai, avec la lui, la nuit la plus merveilleuse de mon existence, une nuit pleine de fougue et de passion, mais aussi une vraie nuit d’amour.

 

Nous avions à peine terminé lorsque...

-          Cassandre... Je crois que j’entends Léandre qui t’appelle.

 

-          Tu veux que j’y aille ? me proposa-t-il.

-          Non, c’est bon, j’y vais.

 

-          On a dû faire trop de bruit...

 

Je m’en voulais à mort et me dépêchais de rejoindre la chambre de Léandre.

 

-          Qu’est-ce qu’il y a mon chéri ?

-          Maman... Ça fait très longtemps que je t’appelle... J’ai fait un cauchemar !


-          Je suis là mon chéri, c’est fini.

 

-          J’ai entendu du bruit, et aussi la voix de Papa.

-          Ah bon ?

 

-          Oui, et j’ai aussi entendu que vous rigolez tous les deux.

-          Et c’est ça qui t’empêche de dormir ?

 

-          Non mais moi aussi je veux rigoler avec vous.

 

-          Tu rigoleras avec nous une autre fois. Là, il est tard et il faut dormir.

-          Mais je veux dormir avec vous !

 

-          Mais moi, je vais dormir toute seule. Christian est déjà parti.

-          Et je peux dormir avec toi quand même ?

 

C’était la première fois que je mentais à mon fils. Il fallait absolument que je le recouche.

-          Non, on fait comme d’habitude. Chacun dans sa chambre.

-          Mais j’ai pas envie...

 

Après un petit bras de fer, je réussis à remettre Léandre dans son lit.

-          Allez, à demain, mon amour. Je t’aime.

 

L’évidence me sauta aux yeux. J’avais négligé mon fils parce qu’un homme avait partagé mon lit. Il n’était plus question que cela se reproduise. J’aimais Christian de tout mon cœur, mais Léandre passait avant tout le reste.

 

Lorsque je revins dans la chambre, Christian était endormi. Je n’eus pas le courage de le réveiller pour lui dire de s’en aller. Il avait l’air si paisible. Je l’aimais tellement.

 

Je dormis très mal, cette nuit-là. Je ne savais pas que faire, ni comment le faire...

 

Christian descendit pendant que je préparais le petit déjeuner. Sa bonne humeur m’empêcha de lui dire quoi que ce soit.

-          Bonjour mon amour ! Ça sent vraiment très bon par ici !

-          Ce sont de simples toasts...

 

-          Peut-être, mais ils me semblent délicieux.

 

-          Tu sauras si c’est vrai dans quelques instants.

-          Tu es très belle ma chérie, même au petit matin.

 

-          Christian, j’t’en prie...

Il ne me facilitait pas la tâche.

-          Quoi ? C’est la vérité.

 

-          Et je t’aime plus que tout. Tu es ma princesse.

 

Christian partit après le petit déjeuner.

-          A tout à l’heure mon amour. Je t’aime.

-          Moi aussi, je t’aime.

 

Je ne pus m’empêcher de lui répondre, car je savais que c’était certainement la dernière fois que j’aurais l’occasion de le lui dire.

-          Je vais chercher ma robe et ma toque. On se retrouve au stade pour la remise des diplômes ?

-          Oui. A tout à l’heure.

 

Je le regardai partir. Christian était la dernière personne à qui je voulais faire du mal, mais j’allais lui en faire. Comment faire autrement ?

 

Nous étions enfin diplômés ! Toutes ces années d’études avaient porté leurs fruits !

 

Christian me prit dans ses bras.

 

Je ne voulais plus le lâcher... Pourquoi, pourquoi Léandre n’était-il pas de lui ?

 

Je pris Christian à part, pour lui dire que je voulais mettre fin à notre relation. Je lui expliquai ma culpabilité de la veille au soir quand Léandre nous avait entendu.

-          Je dois le protéger, Christian...

-          Nous ferons plus attention, à l’avenir. C’est vrai qu’on s’est laissé emporter par l’instant, hier soir...

 

-          Il ne s’agit pas que de cela. Lorsque je suis avec toi, j’ai l’impression d’oublier Léandre.

-          Mais tu ne l’oublies pas, tu le sais très bien...

 

-          Je ne peux pas... Je ne peux pas concilier les deux... Il commence même à t’appeler Papa... Nous devons nous quitter.

-          Ne fais pas ça, Cassandre, s’il te plait...

 

Il me serra fort contre lui.

-          Je t’aime. Tu es tout pour moi...

 

-          Rappelle-toi, tu voulais fonder ta propre famille...

 

-          Ce n’est pas ce que tu as dit ?

-          Oui, c’est vrai mais...

 

-          C’est fini, Christian. Toi et moi, c’est fini.

 

Il me regarda sans rien dire. Je crus apercevoir les larmes affluer jusqu’à ces yeux. Il fit volte-face et s’en alla, sans se retourner.

 

Je venais de lui briser le cœur et j’avais brisé le mien en même temps... Quel gâchis... Mes larmes aussi se mirent à couler.

 

Je rentrai, le cœur lourd, jusque chez moi, et essayai de reprendre figure humaine devant Léandre.

-          Maman ! C’est aujourd’hui qu’on part vivre avec Mamie ?

 

-          Oui, mon chéri. C’est aujourd’hui. Mais je dois d’abord ranger nos affaires.

-          Ça sera long ?

 

Léandre m’aida en rangeant ses jouets, et mes fanions. En très peu de temps, j’avais tout emballé.

-          Maman, il n’est pu pareil le salon.

-          C’est parce que j’ai tout remis comme c’était.

-          On s’en va ?

 

J’avais énormément de peine. J’avais partagé tellement de merveilleux moments, avec Christian, dans cette maison. Il y avait eu tellement de joie lorsque je le voyais jouer avec Léandre, tellement d’amour...

 

Et c’est là que je le vis, derrière la porte. Je ne pouvais pas lui ouvrir. Je devais penser à mon fils. Nos regards se croisèrent un instant. Il me souriait.  Je fis demi-tour et sortis par la porte de derrière.

 

Lorsque j’arrivai chez Maman, elle nous attendait dehors.

-          Ma chérie, qu’est-ce que tu es belle dans ta robe...

-          Une vraie diplômée !

-          Evidemment ! Et un diplôme avec mention, je te prie.

 

-          Nous avons eu une superbe cérémonie. C’était magique ! Le stade était plein à craquer.

-          Ça je veux bien te croire.

 

-          Et Christian ? Il a eu une mention ?

-          Oui.

-          Qu’est-ce qu’il y a mon ange ? Quelque chose ne va pas ? Tu es toute pâle.

-          J’ai quitté Christian.

 

-          Tu as quoi ? Mais ce n’est pas possible.

-          Mamounette... Je ne veux pas en parler ce soir. La conversation est close.

 




Deux mois plus tard...

Je finis par tout dire à Maman. Elle ne m’approuvait pas du tout car elle était persuadée que Christian aimait Léandre comme son fils. Elle me disait que j’avais fait une grosse bêtise. Mais c’était ainsi. Christian ne m’avait jamais parlé d’avenir, et je voulais prioriser mon fils et son éducation.

Léandre, non plus, ne me facilitait pas la tâche. Il ne comprenait pas pourquoi nous ne voyions plus Christian, et il réclamait souvent après « son papa », un air triste dans le regard. Je me demandais, alors, si je n’avais pas pris la mauvaise décision.

Ce soir-là, je trainais avec Léandre. J’avais revêtu un vieux short et un débardeur, tout aussi vieux, dans lesquels je me sentais à l’aise. Et surtout, j’avais essayé une nouvelle coiffure. Angela m’avait dit que ça me remonterait le moral.

-          Je vais aller préparer le repas de demain. Tu veux m’accompagner ? Comme ça, on pourra continuer à discuter.

-          Oh oui ! J’aime quand tu prépares des bonnes choses qui sentent bon. Et là, tu vas faire quoi ?

 

-          Du saumon.

-          C’est trop bon, le saumon. Mais je préfère quand c’est en barbecue.

 

-          Et bien là, ce ne sera pas un barbecue, mais je sais que tu vas aimer.

 

J’entendis qu’on frappait à la porte, et que Maman allait ouvrir...

-          Linette, je suis désolé de venir à l’improviste, surtout à cette heure mais...

J’aurais reconnu sa voix entre mille...

-          Ne t’excuse pas. Entre.

Léandre était tout joyeux :

-          Maman !! C’est Papa !

 

J’osais à peine me retourner.

  

Je décidai de m’approcher, tout de même...

 

Christian ne s’embarrassa pas de préambule, et entra immédiatement dans le vif du sujet qui l’avait amené jusque chez moi.

-          Cassandre... Tu t’es trompé sur mon compte. Je t’aime et j’aime aussi Léandre. Vous êtes ma famille. Je n’en ai pas besoin d’une autre, puisque vous êtes là. Vous êtes mon foyer, mes amours.

 

Maman allait monter à l’étage mais en entendant cela, elle s’était rapprochée...

  

Je n’en croyais pas mes oreilles. Et où Christian avait-il trouvé l’argent pour m’offrir pareil diamant ?

  

Je me jetai dans les bras de Christian. Mon amour était revenu malgré tout ce que je lui avais dit.


Maman embrassa Christian sur les deux joues. C’est ainsi qu’ils procédaient habituellement.

 

Mais ensuite, elle le prit dans ses bras. Elle était aussi émue que moi.

 

Je laissai Maman et Christian discuter tandis que j’allais border Léandre.

-          Je suis vraiment heureuse que tu sois ici. Cass commençait vraiment à dépérir, depuis cette remise de diplôme.

-          J’en étais persuadé. Elle n’avait pas compris que si je l’aimais, j’accepterais Léandre.

 

-          Non. Elle a cru qu’elle t’empêchait de fonder ton propre foyer. Tu avais tellement l’air d’y tenir.

-          Bien sûr. Mais je l’ai trouvé, mon foyer. En Cassandre et Léandre. Et même en toi, Linette. Je n’ai jamais eu de mère, et tu es pour moi ce qui s’en rapproche le plus, aujourd’hui.

 

Pendant ce temps, je couchai Léandre. Mon petit garçon était tellement épuisé, qu’il s’endormit tout de suite.

 

Lorsque je redescendis, Maman et Christian étaient toujours en train de discuter.

-          Je suis touchée par ce que tu me dis, Christian...

-          Et moi, je suis touché par ta proposition.

 

-          Quelle proposition ? leur demandai-je, en prenant place autour de la table.

-          Ta mère nous propose d’organiser notre mariage. Elle veut aussi que nous restions vivre ici.

 

J’étais enchantée !

-          Maman est la spécialiste lorsqu’il s’agit d’organiser des fêtes. Je lui fais confiance, les yeux fermés.

-          Et moi aussi ! approuva Christian. Je pense qu’elle est la mieux placée pour cela.

 

-          Je contacterai pour vous, un de mes amis, client de la boulangerie, nous dit Maman. C’est un avocat spécialisé dans les adoptions. Il connait tous les textes de loi.

-          Linette, tu es notre providence, la remercia Christian.

 

L’émotion était en train de me gagner.

-          J’ai l’impression de rêver. Tout cela est si inespéré. C’est toi, ma providence, dis-je à Christian, les larmes aux yeux.


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