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  • Photo du rédacteurNathalie986

Semaine 14 (Part.2)

Quatrième année - Automne


Nous sortîmes de la tente vers cinq heures du matin. Jamais je n’aurais pensé vivre une telle expérience. Nous avions bécoté, nous avions somnolé d’un sommeil entrecoupé de câlins, dans le dos ou sur les bras, dans la nuque ou dans les cheveux, mais nous ne pouvions plus rester dans la tente. Dormir nous était impossible. C’était magique. Je me sentais une autre.


La nuit était fraîche mais nous avions envie d’en profiter. Jérôme m’embrassa, puis m’embrassa encore en me chuchotant de jolis mots à l’oreille. Nous ne voulions pas réveiller Alain et Greta.


Nous passâmes un moment à discuter (ce que nous n’avions pas vraiment fait jusque-là) et nous nous découvrîmes beaucoup de points communs. Lui aussi, tout comme moi, aimait la nature mais il était également fan de nouvelles technologies. Il se passionnait pour tout ce que notre planète avait à nous offrir.


Il connaissait le nom des étoiles par cœur et me les montra les unes après les autres. Le ciel était complètement dégagé, et nous nous étions allongés dans l’herbe, près de notre tente, pour l’observer de plus près. Nous n’avions définitivement plus envie de dormir.


Vers six heures et demie, Alain et Greta se réveillèrent, alertés par l’odeur des bananes de mon jardin, que j’étais en train de faire griller pour le petit déjeuner.


Ils ne mirent pas longtemps à comprendre que quelque chose s’était passé entre nous, durant la nuit.


Jérôme n’arrêtait pas de m’embrasser.

- Tu crois qu’ils l’ont fait ? demanda Greta à mon cousin.

- Bien sûr ! Ça se voit, non ?


- Ça me rassure. Au moins, on n’est pas les seuls à avoir transgressé les règles.

- Quelles règles ? lui répondit Alain, comme s’il n’avait pas compris.


- Je te préviens, lui dis-je d’un air sérieux, si tu vas tout raconter à mes parents, ce n’est même plus la peine de venir me voir, c’est clair ?

- Et pourquoi je ferais une chose pareille ? Je ne suis pas fou à ce point. Rahul me tuerait.


Greta continuait de sourire bêtement :

- Moi, je suis très contente pour vous deux !

Et elle était aussi visiblement très contente pour elle-même et Alain.



 

Point de vue de Thérèse


Lorsqu’ils étaient rentrés de leur virée camping, ce soir-là, nous avions dîné puis nous étions retrouvés, au salon, avec les jeunes, après le repas. Jérôme devait repartir dans la soirée, pour retrouver sa famille, tandis que nous ramènerions Alain chez mon frère, le lendemain.

Rahul les avait abreuvés de questions : Comment c’était, qu’est-ce que vous avez fait etcetera, etcetera...


Quel curieux il faisait, mon mari, toujours méfiant ! Mais les jeunes n’avaient pas l’air de s’en offusquer et ils nous racontèrent leurs visites dans la forêt et dans les ruines, ainsi que leur baignade dans la rivière.


Pourtant, quand il leur demanda comment s’était passée leur nuit dans les tentes, ma fille nous répondit du tac au tac :

- Ben, on a dormi, c’est tout !

Alain acquiesça d’un air tout gêné, et Jérôme semblait ne pas oser ouvrir la bouche, mal à l’aise.


Rahul ne s’aperçut de rien et goba leurs paroles. Pourtant, je ne pus m’empêcher d’observer la réaction de ma fille, et je sus que quelque chose s’était produit, quelque chose que Rahul n’aurait pas apprécié. Mais il n’avait pas le sixième sens d’une mère. Quelque chose s’était concrétisé entre Jérôme et Cyrielle.


J’en eus la confirmation quatre semaines plus tard, alors que nous étions seules au jardin, Cyrielle et moi, et qu’elle me demanda de la conduire en urgence chez le médecin. Il me fallut user de diplomatie pour avoir une idée précise de ce qui semblait l’affoler. Elle paraissait vraiment inquiète, et elle finit par déballer son sac :

- J’ai bécoté avec Jérôme et... j’ai du retard.


La situation était grave, je le sentais au plus profond de moi, mais je voulais la rassurer et, surtout, ne pas la juger. J’esquissai un sourire bienveillant :

- D’accord. Je vais tâcher de nous obtenir un rendez-vous chez le médecin dès ton retour de l’école, mais, en attendant, essaye de ne pas trop penser à ça. Ce n’est peut-être qu’un simple dérèglement inoffensif. Cela arrive parfois.

Cyrielle me promit de ne pas s’en faire puis s’en fut, en courant, pour ne pas rater son bus.


Je passai la journée à m’occuper des bêtes et des plantes, et à éviter Rahul. Je ne voulais surtout pas lui avouer mes craintes car il aurait été furieux. J’eus de la chance dans notre malheur, car il s’absenta, en fin de matinée pour aller rendre visite à Kim, qui ne se sentait pas très bien, et avait besoin qu’on lui fit quelques courses.


Je récupérai Cyrielle à la sortie du lycée et nous arrivâmes un peu en avance, au cabinet gynécologique de la ville. La secrétaire enregistra la visite de Cyrielle puis nous informa que le Docteur Levasseur avait du retard dans ses rendez-vous :

- Il y a deux personnes devant vous.


Trois jeunes filles attendaient dans la salle d’attente. Nous supposâmes que l’une d’elle avait rendez-vous avec l’autre médecin.

Nous nous assîmes l’une à côté de l’autre ; Cyrielle avait l’air inquiet.


- Et si j’étais enceinte, Maman ? me chuchota-t-elle. Ce serait terrible...

- Essaye de ne pas t’en faire. Nous aviserons après avoir vu le médecin.

Mais j’étais inquiète, moi aussi. Je lui pris la main et la tint doucement dans la mienne, puis nous attendîmes ainsi, en silence, que l’on nous appelle.


Nous dûmes patienter une bonne heure avant de voir notre tour arriver.

Le docteur Levasseur était une femme sympathique qui nous mit tout de suite à l’aise. On sentait qu’elle avait l’habitude de s’adresser aux adolescentes. Elle commença par demander à Cyrielle si elle voulait que je patiente dans la salle d’attente, ou si elle préférait que je reste avec elle.

Cyrielle ne voulait pas que je m’éloigne et le docteur entreprit donc de lui poser quelques questions, et de discuter avec elle.


Evidemment, j’aurais préféré ne pas entendre certains détails intimes sur ma fille, mais je tenais à ce qu’elle se sente rassurée, alors j’écoutai leur conversation sans les interrompre. Et puis, je ne voulais pas être de ces mères qui ne communiquent pas avec leur enfant. Ma fille devait se sentir libre de s’exprimer devant moi.

Lorsqu’elles eurent terminé, Le docteur Levasseur conduisit Cyrielle jusqu’à la table d’examen.


Lorsque celui-ci fut terminé, je l’entendis ébaucher son diagnostic :

- Tu n’es pas enceinte, tu n’as plus rien à craindre.

- Oh, merci docteur !


Le docteur n’y était pour rien, mais qu’est-ce que j’étais soulagée !

- Tes hormones t’ont joué un vilain tour, mais tout va bien. Ça arrive souvent à l’adolescence. Je vais te prescrire un petit traitement, mais aussi la pilule. Je pense que ta maman n’y verra pas d’inconvénient.

- Bien sûr que non, approuvai-je en constatant que ma fille avait retrouvé son sourire.

La professionnelle de santé se tourna vers Cyrielle :

- Et interdiction de bécoter tant que tu n’auras pas pris ce que je t’ai prescrit. On est bien d’accord ? lui dit-elle chaleureusement.

- Oh oui.


Lorsque nous sortîmes du cabinet médical, il faisait nuit. Je fus surprise de voir Jérôme, mais Cyrielle me dit qu’elle l’avait prévenu de sa visite chez le médecin.

« Au moins, il se sent concerné... », ne pus-je m’empêcher de penser.

Cyrielle s’empressa de lui donner la bonne nouvelle.


- Je suis navré de m’imposer comme ça, me dit-il, mais je ne voulais pas attendre derrière mon téléphone. J’ai préféré venir.

- C’est tout à ton honneur, le rassurai-je. J’envoie un petit sms à mon mari pour le prévenir qu’on ne va pas tarder, puis j’aurai deux ou trois choses à vous dire, à tous les deux.


Evidemment, je leur fis la morale. J’avais beau être cool, il était hors de questions qu’ils me refassent un coup pareil, et je comptais bien le leur faire savoir.

Cyrielle laissa parler son petit ami qui tentait de s’excuser maladroitement, et ne vint, à aucun moment à son secours.


Je décidai donc de mettre un terme à son calvaire :

- Allez, on n’en parle plus. Tu devrais rentrer chez toi maintenant. Par contre, Cyrielle sera privée de sortie pendant une semaine.

- Oui, d’accord, Madame Bellecour. Merci !

Il fallait quand même que je marque le coup mais, franchement, je me trouve plutôt cool, comme mère !



 


Durant sa « semaine de pénitence » (Cyrielle l’avait surnommée ainsi), notre fille se mit dans l’idée de faire pousser une nouvelle plante-vache, pour remplacer celle que nous avions inopinément perdue récemment, et que personne n’avait pleurée, il faut bien le reconnaître.

Nous avions encore deux survivantes, ce qui était largement suffisant, mais Cyrielle s’était donné tellement de mal à greffer ses plants, pour en avoir une troisième que, ni Rahul, ni moi, n’avions eu le cœur de l’en empêcher.


Cette semaine-là, nous avions achevé l’aile ouest de la bâtisse. Mathurin et Oliver avaient pris des congés pour aider Rahul et notre maison s’était vu enrichie d’une salle de sport, d’un sauna et d’une nouvelle salle de bain. L’échiquier de Rahul avait également trouvé sa place de ce côté-là de notre habitation, ainsi qu’un aquarium dont Cyrielle voulait se servir pour conserver les poissons qu’elle pêchait.

Lorsque je pensais à Papa et Maman, je me dis qu’ils auraient été fiers de nous. Rahul, Mathurin et moi avions suivi les plans que Papa avait dessinés pour en faire la ferme idéale de Maman ; leur rêve à tous les deux. J’étais très émue.


Une fois sa punition accomplie, Cyrielle fut de nouveau autorisée à sortir et à voir ses amis. Je lui avais toutefois donné pour consigne de ne pas dépasser 23 heures pour rentrer à la maison, et elle n’y dérogea jamais.

La première sortie qu’elle fit, fut une soirée avec ses amies Greta et Céline. Elles avaient toutes deux terminé leur programme d’échange. Greta allait donc repartir pour Tartosa, et Céline revenait de Mont Komorebi. Cyrielle souhaitait qu’elles se rencontrent, toutes les deux, et la soirée fut une véritable réussite car les trois jeunes filles s’entendirent à merveille.



 

Point de vue de Cyrielle


Depuis quelques temps, je pouvais de nouveau sortir librement, alors j’avais persuadé Jérôme de se rendre avec moi, dans la dernière boutique à la mode qui se trouvait non loin de notre lycée. J’adorais y flâner en regardant leurs dernières collections, et passer du temps à user leurs cabines d’essayage.

Jérôme avait trouvé le temps long et s’était assis en sirotant une boisson, tandis que je lui promettais pour la troisième fois que je n’en avais plus pour très longtemps.

Devant son air découragé, nous finîmes par nous en aller, et il me conduisit tout droit au photomaton du coin de la rue. Nous fîmes notre plus beau sourire à l’objectif mais la photo ressortit floue. Nous étions tous les deux déçus.


Jérôme fit alors un truc incroyable ; il me récita une poésie de son cru, à moitié chantée, à moitié parlée, tout ça au beau milieu de la rue. Je ne savais plus où me mettre, mais j’étais tellement touchée par cette belle déclaration, que je me fichais un peu des passants qui s’étaient arrêtés pour nous regarder.


- Mais tu es complètement fou ! lui dis-je après qu’il eut terminé.

- Et c’est grave, tu crois ? me sourit-il

- Oh non !

Je me jetai dans ses bras et l’embrassai très fort.


- J’ai vraiment de la chance d’avoir un petit ami comme toi. Tu peux refaire ça, quand tu veux.


Et pour finir la soirée, Jérôme me demanda, comme un gentleman, de l’accompagner au bal de promo.

Cette nuit-là, je ne dormis pas beaucoup car je me repassais, en boucle, cette jolie déclaration. Je ne le lui avais pas dit, mais moi aussi je l’aimais très fort.



 

Point de vue de Thérèse


Un soir de la semaine, nous reçûmes Jérôme à dîner. Cyrielle et lui nous annoncèrent qu’ils iraient ensemble au bal de promo qui aurait lieu juste après les examens de fin d’étude et, depuis le temps qu’ils se fréquentaient, Rahul et moi nous attendions à une telle nouvelle.


Jérôme était un garçon qui semblait avoir la tête sur les épaules. Il vivait seul, la plupart du temps, car ses parents étaient souvent en déplacement pour leurs affaires, et nous avions appris à bien le connaître car il venait régulièrement à la maison. Il se gérait tout seul, savait se faire à manger, et avait même planté son propre potager.

Nous étions heureux que Cyrielle se soit trouvé un petit ami comme lui. Après toute une année à avoir travaillé dur au lycée, elle méritait de souffler un peu, auprès de celui qui était dans son cœur.


Cyrielle s’impliquait totalement dans le fonctionnement de la ferme et s’intéressait à tout. Elle prenait grand soin de Crapule, et la petite chienne progressait chaque jour grâce aux nouveaux ordres qu’elle avait appris.


Ma fille écoutait patiemment tous les conseils que je pouvais lui donner pour maintenir le niveau d’excellence de nos jus de fruits pétillants, car elle savait qu’il en allait de la réputation de la ferme.


A chaque fois qu’elle revenait de l’école, elle allait s’occuper du jardin et des bêtes, avant d’aller faire ses devoirs, et n’oubliait jamais d’aller nourrir sa mini plante vache, même si elle la gardait pour la fin.


Elle se joignait souvent à moi lorsque je vendais nos produits, même si elle se laissait facilement distraire par Crapule, mais je dois reconnaître qu’elle avait le sens commercial et qu’elle se sentait très à l’aise avec nos clients.


Depuis peu, je m’étais lancée dans la composition florale. Depuis le départ de Jeanne, personne n’avait touché à son établi, et j’avais décidé de le faire vivre, à nouveau, pour mettre en valeur les jolies fleurs de notre jardin. Si Cyrielle reconnaissait que j’étais douée dans ce domaine, et qu’elle appréciait les jolis bouquets que je dressais, préférait de loin la cuisine.


C’est d’ailleurs elle qui confectionna le gâteau d’anniversaire de Rahul. Mon amour, et ami de toujours, allait vieillir, et l’évènement devait être célébré comme il se doit.


Je l’aimais tellement ! Se petites rides au coin des yeux me le rendaient plus charmant encore.


Ce soir-là, Cyrielle nous annonça qu’elle reprendrait la ferme, et qu’elle continuerait à l’exploiter. La ferme appartenait à la famille, et elle promit de la faire prospérer.

Rahul était aux anges car les espoirs que nous avions en Cyrielle, devenaient réalité.


J’étais tellement heureuse que je m’empressai d’envoyer un sms à ma sœur pour la prévenir. Jeanne serait, elle aussi, rassurée de savoir que la ferme que Maman et Papa avaient bâtie à la sueur de leurs fronts, resterait dans la famille.


Cette semaine-là, alors que nous dormions tous, notre cher Biscuit s’en alla au paradis des Lamas, pour y passer ses vieux jours.


Le programme de cette fin de saison fut très chargé pour Cyrielle puisque les examens du baccalauréat avaient lieu le vendredi.

Notre fille avait invité ses amis pour des révisions communes et nous avions proposé d’héberger Greta pour la nuit car, notre lycée local étant centre d’examen, elle passerait son bac avec Cyrielle, Alain, Jérôme et Céline.

Les jeunes avaient passé la journée à potasser et s’étaient octroyés un peu de temps libre, en début de soirée pour « distraire leurs neurones », disaient-ils.

Nous sentions, cependant, Rahul et moi, que le stress était à son comble.



 


Point de vue de Cyrielle


Ça y est ! On y est presque. C’est le jour des exams.

Je suis arrivée au lycée, un peu en avance, pour me mettre dans l’ambiance et courir un peu sur le tapis de course de la salle de sport. J’avais besoin de me vider la tête avant de passer aux choses sérieuses.

Greta avait un peu râlé lorsque je l’avais réveillée mais, finalement, elle était allée boire un café avec deux filles de son lycée de Tartosa, qui étaient déjà là. Du coup, elle était toute contente d’être en avance, et me remercia de l’avoir sortie du lit.

Madame, Coombes, ma prof de commerce international, s’approcha de moi avec un grand sourire, alors que je sortais de la douche et que je m’étais rhabillée. J’étais fraîche et pimpante, prête à affronter cette journée d’examens.

Elle me dit toute la confiance qu’elle avait en moi, et se dit certaine que j’aurais mon bac sans difficulté.

- Tu es la meilleure élève de ma classe, Cyrielle. Je ne sais pas ce que tu veux faire plus tard, mais tu pourrais être chef d’entreprise. Tu en as l’étoffe. Je sais que tu ne te laisseras pas impressionnée par ces examens, mais dis-toi que c’est comme les contrôles surprises que je vous ai donnés cette année.


Madame Coombes était adorable. Elle m’avait complètement donné confiance en moi. Même l’oral ne me faisait plus peur.

Les premières épreuves de la matinée, concernèrent les langues étrangères, puis le simlish.


Lorsqu’enfin arriva l’épreuve de commerce international, j’étais dans mes petits souliers. Le sujet me plaisait, et me concernait.

Le crayon suivait les lignes des feuilles tout seul, mes idées fusaient ; j’aurais presque pu rédiger mon devoir sans utiliser de brouillon, mais il aurait fallu que je rature les fautes que j’aurais pu faire.

Lorsque je rendis ma copie, une bonne demi-heure avant les autres, j’étais assez fière de moi.


Nous nous retrouvâmes tous à la cafète, après cette matinée bien chargée. Nous avions besoin de nous restaurer et, surtout de décompresser. Sidney, un des membres de l’équipe de pom-pom sims, vint se joindre à nous.


Chacun y allait de son ressenti sur ces premiers sujets, et aucun d’entre nous n’avait complètement séché sur les épreuves proposées. Même Céline, qui n’avait pas de notes mirobolantes en classe, semblait confiante. Nous espérions que ça allait continuer.


L’après-midi nous réservait les épreuves de maths et de sciences, ainsi que la très redoutée épreuve orale de Simlish qui consiste à tester notre capacité à savoir nous exprimer dans notre propre langue, de manière correcte, voire soutenue, et riche en vocabulaire.

J’avoue que j’avais un peu peur. Non pas que je ne sache pas parler, mais je m’exprimais comme une jeune, quoi ! (d’ailleurs, il va falloir que j’évite ce genre d’interjection... Quoi, à la fin d’une phrase pourrait me coûter des points...)


Nous inaugurâmes l’après-midi avec les épreuves de sciences, puis de maths.

J’eus presque de la peine pour le garçon assis près de moi, qui donna sa copie de maths, quinze minutes seulement après la distribution du sujet. Il n’avait, apparemment pas, été inspiré, et semblait complètement abattu.


Nous eûmes quinze minutes de pause, avant l’épreuve orale de Simlish qui me stressa, à peine eussé-je franchi la salle d’examen.

Tout d’abord, je ne pouvais pas m’asseoir. Aucune chaise n’avait été prévue pour les pauvres élèves angoissés. Ensuite, les membres du jury était composé, pour les deux tiers, de vieux croûtons... Oui, je sais... ce n’est pas très gentil de dire ça, mais ils y connaissent, quoi, eux, à la façon dont on parle aujourd’hui ? Bref, je sentis la panique m’envahir. Heureusement, il y en avait un, plus jeune qui semblait assez cool.

- Et si nous nous présentions à cette jeune fille ? dit-il à ses collègues. Ça pourrait briser la glace.


Les deux autres m’observèrent avec un sourire qui me sembla bienveillant. Ils s’appelaient Romain Dumont et Kim Acharya. Le plus jeune était Gabriel Fabulous. Bizarre, comme nom de famille... Quoiqu’il en soit, ils me mirent à l’aise. Je m’étais peut-être trompée.


Nous commençâmes une conversation très fluide sur mes loisirs, mon avenir et mon parcours scolaire. On aurait dit une conversation banale mais je ne devais pas perdre de vue que c’était une épreuve de Simlish.

Les trois m’écoutaient attentivement, et ne me parlaient que pour relancer la discussion. De temps en temps, je les voyais sourire, comme s’ils avaient noté une faute et puis, ils écrivaient sur leurs petits papiers. Au bout d’une demi-heure, c’était fini, et je pus enfin rentrer chez moi. Je ne transpirai pas la quiétude. Je me souvenais avoir lâché deux ou trois abréviation, et peut-être même une interjection. Si j’obtenais la moyenne à l’oral, j’aurais du bol.


Heureusement, Papa et Maman avaient confiance en moi. Ils surent me rassurer dès que je fus de retour.

Le lendemain, j’accompagnai Maman à la foire de Finchwick car elle voulait acheter un autre lama. J’emmenai avec moi un champignon géant que j’avais planté et fait grandir, ainsi qu’une tarte aux framboises, que j’avais préparée le matin-même. Je voulais les présenter à la foire. Qui sait ? Je gagnerai peut-être un prix.

Maman était persuadée que je pouvais gagner avec mon champignon. Sa seule rivale était une aubergine à peine moyenne, et sans aucun éclat.

- Par contre, pour la tarte, ajouta-t-elle, ne te fais pas d’illusion. J’en ai présentées plusieurs, et je n’ai jamais eu de nouvelles du classement.


Maman avait dressé son stand de jus de fruits non loin des étals du concours. Nos jus avaient un grand succès, de même que nos gâteaux aux miel. J’espérais bien, plus tard, faire aussi bien qu’elle, voire encore mieux. J’avais quelques idées pour promouvoir notre travail, des idées novatrices dont je lui ferai part, plus tard.

Vers dix-huit heures, j’abandonnai Maman. Je devais me préparer pour mon bal de promo, et je ne voulais pas rater ça. Jérôme avait dit qu’il m’attendrait à l’intérieur.

- Profite bien de ta soirée, ma puce ! Je m’occupe de récupérer ton prix, si tu en as un. Salue tes amis de ma part.


Je n’avais pas traîné pour rentrer, prendre ma douche, me maquiller, et enfiler la belle robe que ma tante Jeanne m’avait offerte. Elle m’avait envoyé les simflouz nécessaires pour que je puisse porter la robe de mes rêves. Merci tatie !

Jérôme, Alain et mes copines m’attendaient alors que j’arrivais à l’auditorium avec un peu de retard.

- Alors, vous vous amusez bien ?

- Plutôt ! On a fait honneur au buffet, on a pris quelques photos rigolotes dans le photomaton, et j’ai invité plusieurs filles à danser, me dit Jérôme en rigolant.

- Même pas vrai, me rassura Greta alors que je n’avais pas besoin de l’être. Il est resté assis ici, comme un pauvret, à guetter la porte d’entrée. Tu lui manquais trop.


Jérôme me fit danser la plus grande partie de la soirée. Nous étions tellement bien, tous les deux.

Mais, il n’y avait pas que nous... Tandis que Céline s’était trouvé un cavalier, Alain et Greta, eux aussi, paraissaient ne pas vouloir quitter la piste.


Ce soir, c’était l’anniversaire de Greta. Elle ne le savait pas encore, mais Alain lui avait réservé une surprise.

Pour commencer, nous avions voté en force pour qu’elle soit élue Reine du Bal de promo.


Et ça avait marché ! Tout le monde avait suivi, et la proviseure l’avait acclamée (tout comme le bouffon, mais lui, il compte pas) avant d’entamer un air de « joyeux anniversaire » que toute la salle reprit.

Nous sortîmes ensuite son gâteau d’anniversaire, et elle souffla ses bougies dans la liesse générale.


Quelle fantastique soirée ! Jérôme me raccompagna jusqu’à la ferme, et nous trouvâmes sur notre route, un petit chat perdu, qui ne demandait que notre affection.

Jérôme adorait les chats mais, même si ses parents n’étaient presque jamais là, ils ne voulaient pas d’animaux à la maison.

- Je te le confie, ce sera notre chat, à tous les deux. Et lorsque je viendrai chez toi, je m’en occuperai aussi.

Le chat nous regardait avec de grands yeux écarquillés. Sa petite bouille nous fit bien rire, et nous fûmes d’accord pour l’appeler Boubouille.

Jérôme m’embrassa amoureusement, et je m’empressai de rentrer. La nuit était vraiment fraîche, et ma robe de bal me couvrait à peine.



Point de vue de Thérèse


Nous l’avions vue arriver avec Jérôme, et nous entendions encore des bribes de conversations dont on ne pouvait comprendre la teneur. Pourquoi ne rentrait-elle pas.

Rahul et moi l’attendions, impatients de connaître ses impressions sur son premier bal.

Mais quelle ne fut pas notre surprise, en voyant Cyrielle franchir le seuil de la porte, dans sa jolie robe, avec un chat dans les bras.


- Tu vois ce que je vois ? me dit Rahul.

- J’en ai bien l’impression...

Cyrielle avait l’air complètement gaga devant l’animal :

- Il est câlin comme tout ! Bon, il griffe aussi un peu, mais c’est parce qu’il ne me connait pas encore. Il s’appelle Boubouille. J’aimerais vraiment qu’on le garde.


Cyrielle me faisait penser à Jeanne, à l’époque où elle avait ramené Crapule. Comment aurions-nous pu lui dire non ?

Rahul regarda notre fille avec un air de dire « tu plaisantes ? ».


Il fit même mine de réfléchir intensément pour être sûr de la décision qu’il fallait prendre, mais nous savions déjà tous les deux que Boubouille était le bienvenu, et Cyrielle n’était pas dupe devant les petites mimiques de son père.


Comment aurions-nous pu remettre ce pauvre chat dans la rue, d’ailleurs ? C’est vrai qu’il avait une bonne bouille et puis... il se sentait déjà chez lui, bien à l’aise sur notre canapé.




Crédit : Le lycée est une création de @sirhc59 Vous le trouverez dans la galerie sous le nom de « nouveau lycée de Copperdale ».

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